LA VOIE MYSTIQUE

adveniat regnum tuum

Teresa Musco

La crucifiée de Caserte

Notes biographiques

CHAPITRE V

Extraits du “Journal”

Humble hostie d’amour

Le 23 octobre 1963, le mystérieux religieux qui venait habituellement porter la Sainte Communion à Teresa, à un certain moment — comme il l’avait fait une semaine auparavant, le 15 octobre — se tourna vers Teresa et lui ordonna : « Prends la plume et écris. Ainsi tu pourras la lire souvent, lorsque je n'aurai plus d'ordre de venir ».

« Jésus, avant de te voir là haut dans les cieux — divin Épouse de mon âme —, dans la joie de la vision éternelle, je veux passer ma vie ici-bas comme une petite Hostie de l'Hostie d'Amour.

Comme l'Hostie du Tabernacle, je veux être toute blanche, je veux que mon cœur reste sur l'autel entre le ciel et la terre avec Toi, Jésus, unie et immolée pour ta gloire.

Comme l'Hostie du Saint Sacrifice, je veux être dans les mains de mes Supérieurs comme Tu l’es par amour pour moi, et pour mon instruction dans celles du Prêtre, que je me laisse, à ton imitation, abaisser et élever, casser, consommer dans les sacrifices dans une vraie abnégation.

Je suis prête à recevoir, comme l'Hostie du Sacrifice, des croix sur des croix. O Jésus, je veux aller vers tous, sous forme d'Hostie, c'est-à-dire, du sacrifice inspiré par ton Amour. Amen » [1]

Dans cette prière, si lumineuse et au parfum si copieux, qui ne voit pas un programme complet, détaillé, précis pour la vie d'une âme qui, avec sa consécration, a tout remis entre les mains de Celui de qui elle a tout a reçu ? Cette prière, simple autant que sublime, complète et concrétise, de manière merveilleuse, la précédente prière de « consécration à Dieu » dictée à Teresa par le même mystérieux religieux.

Les cinq roses… les cinq plaies…

Le 8 mai 1966, jour de la fête de la Madonna de Pompéi, Teresa demanda à la Vierge ce qu’elle devait faire pour lui faire plaisir. La Maman du ciel lui répondit :

« Je veux que tu m'offres cinq roses, avec grand sacrifice ».

Teresa se mit vite à la recherche, auprès des fleuristes, des roses demandées par la Vierge, mais elle ne réussit pas à les trouver. Elle chargea alors son amie de les acheter à Caserte. Celle-ci les achète et les porte à Teresa. Mais elle ne ressemblait pas tout à fait à celles que la Madone lui avait montrées.

Le 23 mai, la Vierge se présenta de nouveau à Teresa, qui, en la voyant, lui dit :

« Je suis peinée de ne pas avoir réussi à trouver les roses comme Toi, tu les as demandées. S'il est possible de les échanger avec ma vie, prends-la tout de suite !  ».

Mais « la douce Maman », à l’angélique visage, lui dit :

« Ma fille très chère, le sais-tu ? Les cinq roses que tu voulais acheter ne sont pas celles que je cherche. Les cinq roses que toi, avec une ferme volonté, dois accepter, ce sont les cinq plaies de mon bien-aimé Fils ».

Alors, baissant les yeux, Teresa regarda instinctivement les pieds de Marie qui posaient sur un nuage soutenu par quatre anges : sur chaque pied de la Madone étaient était une rose était posée. Elle regarda encore les mains et, sur chaque main une rose était aussi posée, ainsi que sur le Cœur. De ces cinq roses elle vit sortir « une très grande lumière ». Alors elle comprit que les cinq roses désirées par la Madonna ne signifiaient pas autre chose que les cinq blessures qui apparaissaient alors dans ses mains, dans ses pieds et sur son côté, c'est-à-dire, les Stigmates (Journal, pp. 1837-1838).

« Teresa, aimes-tu mon Rosaire ? »

Le 22 octobre 1968, après les prières, une « Dame » se présenta à Teresa. Presque effrayée, Teresa voulait crier, mais la « Dame », « avec voix douce et suave », lui demanda :

« Teresa, aimes-tu mon Rosaire ? ...  ».

« Oui ! » répondit Teresa. La Dame, après cette réponse, continua :

« Récite-le avec beaucoup amour ! Car ce n’est pas la quantité qui compte (Teresa récitaient, en moyenne 5 Rosaires complets par jour) mais est l'intensité de la prière, est la façon dont il est récité. Pense, ma fille, que tu dois beaucoup aimer mon bien-aimé Fils, et que tout le monde doit savoir combien est grand l'amour du Cœur de mon Fils. Je veux que tous les hommes connaissent mon amour et celui de mon Fils adoré (à travers, évidemment, la méditation des 15 mystères du Rosaire). Savent-ils seulement tout ce que j'ai fait pour eux ? Je viens leur dire qu'il est vain de chercher le bonheur hors de moi, puisque vous ne le trouverez pas ».

« O Marie, ma Mère chérie — s’exclama Teresa — combien je suis reconnaissante envers Toi ! Comme je voudrais t'aimer ! Mon cœur, je le sens, éclate en mille morceaux, car je voudrais que tous t'aimaient comme moi. O ma Mère et Mère du divin Amour, comment puis-je ne pas t'aimer alors que tu m'aimes sans mesure ? ... Toi, avec ta beauté et ta voix maternelle, dissipe chaque ombre, chaque petit nuage qui voudrait offusquer la sérénité de mon cœur. La seule pensée que tu es à côté de moi, me soulage tant le cœur, et je suis heureuse de souffrir. Il suffit que mon esprit aille au paradis. Je te donne mon cœur et ma volonté ! Sauve l'humanité ! ... » (Journal, pp. 1930-1931).

« Teresa, Teresa, aide-moi !... Aide-moi !... »

Le vendredi 2 février 1970, Teresa, à un certain moment, vit Jésus attaché à la colonne, pendant qu'on le flagellait.

« À chaque coup — raconte-elle — sa chair sautait en lambeaux. De voir traiter ainsi mon Jésus, mon Épouse, mon Seigneur, je sentais que les forces me manquaient. Il y a une chose que je ne sais pas expliquer : Il avait des plaies par tout, et elles étaient fondes d’au moins un centimètre. Et pendant qu’on le frappait, Jésus me dit :

« Teresa, Teresa, aides-moi ! aides moi !... ».

À cette voix — poursuit Teresa — je me suis jetée (dans la mêlée) et eus la force d'arracher le fouet (le « flagellum ») qu’avait en main l’un des bourreaux et je les ai fait revenir à la sainte raison. Ils sont alors tous partis, et moi, accompagnée d'une femme, nous avons pris Jésus et nous l’avons couché sur un lit. Il n’était qu’une plaie. Je l’ai soigné, lui ai replié les couvertures et je me suis assise à côté, comme si ces blessures je les sentais, moi aussi. A la fin de cette vision, j'ai trouvé mes chairs aussi blessée que celles que j'avais vues en Jésus » (Journal, p. 1991).

« Je veux ton aide pour une âme, en particulier… »

Le matin du 6 août 1971, de retour chez elle, après avoir assisté à la Sainte Messe, et pendant qu’elle épluchait des pommes de terre, Teresa entendit une voix l’appeler et lui dit :

« Teresa, mon enfant, vois-tu combien mon coeur souffre ? ...  »

Et elle vit Jésus avec les bras levés et les yeux fixes sur le ciel bleu..., enveloppé dans un vêtement blanc comme neige.

« Teresa —continua Jésus — veux-tu consoler mon Cœur ? ».

Après la réponse affirmative de Teresa, Jésus continua son discours, lui disant :

« Je veux ton aide, Teresa, pour une âme particulière, et toi tu dois la rapprocher de mon Coeur : c’est une âme qui m’est très chère. Maintenant toi, ma fille, tu dois offrir toutes tes intentions pour elle... Teresa, présente souvent mon sang de mon Cœur à mon Père ! Baise la terre pour adorer ce sang si outragé et piétiné par ce pécheur qui m’est si cher ! Avec la permission de ton confesseur, tu dois respecter pleinement et régulièrement l'observance des vraies religieuses, en adorant mon sang et en l'offrant au Père pour lui » (« Journalier », pp. 2077-2079).

Teresa se mit vite à l’œuvre, offrant au Père céleste toutes ses « tentations, actions » et toutes « les palpitations de son cœur », en les unissant à ceux du Cœur de Jésus, afin que ce ne soit pas lui à agir, mais plutôt que Jésus agisse en lui. Mais « pour faire arriver, comme par télégramme, dans les mains de Dieu le Père » ses offres, le 15 août Teresa jugea bon de les mettre « dans les mains de la très Sainte Vierge » pour le salut dudit pécheur. « Aujourd'hui — ajouta-t-elle — le télégramme du salut est sûrement arrivé au Ciel, car j’ai entendu Jésus dire à sa Mère :

« Maman, Toi, tu le veux, et je le veux avec Toi ! » (Journal, pp. 2079-2080).

La brebis égarée

Le matin du 18 octobre 1973, alors que Teresa priait avec ferveur pour la conversion d'un pauvre Prêtre complètement “sorti de la route”, Jésus lui apparut. Son visage était très sévère (elle l'avait pas jamais vu dans un tel état). Teresa lui recommanda chaudement ce pauvre Prêtre ; mais Jésus lui répondit :

« Teresa, ma fille, il est inutile que tu pries pour lui, parce que depuis le jour de sa première Messe, il m'a toujours outragée et ne m’as jamais priée... ».

Puis le Seigneur reprit d’une voix et d’un ton très triste et conclut :

« Combien il fait saigner mon Cœur ! Et maintenant tu cesses de prier pour lui, car je ne veux plus rien en savoir ! ».

Mais Teresa, animée d’une sainte audace, lui répond :

« Jésus, ceci tu ne le permettras pas ! Tu ne permettras pas qu’il aille en enfer ».

« Je t'ai déjà dit — reprit Jésus — que je ne veux pas que tu pries encore pour lui. Je ne veux plus de lui ! »

« Jésus — répliqua hardiment Teresa — écoute ! Mais que t’es-tu mis en tête ?... Si tu l'envoies en enfer, tu dois m’y envoyer moi-même, parce que je prierai et je le veux : là où il ira, j’y irai moi-même. Jésus, dit que ta Teresina tu ne l'enverras pas en enfer, vrai ! »

« Ma petite — lui répondit Jésus — ceci je ne peux pas le faire, envoyer mon Épouse en enfer ! ».

« Et alors, Jésus — conclut Teresa — sauve-le lui aussi ! Il viendra avec moi : si tu le renvoies, tu me renverras moi aussi ».

« Ma fille — répondit Jésus — tu as gagné ! Mais regarde que les peines que tu auras pour lui — ajouta le Seigneur — seront insupportables, et Je ne sais pas ce que tu en penseras ».

« O Jésus, mon amour — reprit Teresa — seule je ne peux rien, mais avec Toi, sur ta propre Croix, je ne reculerai pas ! » (Journal, p. 2553).

Puis, Teresa ajouta encore :

« Je veux offrir avec beaucoup d'enthousiasme tout ce qui m'arrive. Je te prie, accepte mes souffrances, même lorsque je serai découragée et sans amour, sache que je veux être à Toi, et pour Toi seulement j'offre ma vie, mon âme, mon cœur qui bat seulement pour Toi : chaque palpitation et chaque soupire sont pour Toi. Je t’offre tout ce qui me reste pour les âmes les plus abandonnées, spécialement pour les âmes de tes chers Prêtres ».

À ce moment-là, une voix lui répète :

« O très chers qui m'aimez et vivez dans mon Parole, écrins dans lesquels je dépose les germes de ma pensée, lampes d'or qui brillez, venez ! Je regarde ce petit troupeau d'agneaux amoureux parmi les tanières des loups rapaces et féroces, ces agneaux qui témoignent de Moi et prouvent qu’ils sont à Dieu et étincellent de joie d’être marqués de mon signe ! Oh ! venez, mes bénis ! Mon Cœur vous est ouvert. Venez vous y reposer. Venez, venez, tous, tous. Jésus » (Journal, pp. 2253-2254) [2].

Le rappel…

Trois jours après, le 25 octobre, Teresa exprimait dans ces termes l'atrocité de ses souffrances pour les âmes :

« Jésus, mon Amour, combien dure est cette souffrance ! L'obscurité est telle qu’elle repousse ma pensée ; mais c’est à cause de mon grand amour envers Toi que je réussis à me tenir unie à Toi, mon doux Époux. Mais je sens s’évanouir en moi ta présence, et combien est dure la solitude sans Toi ! J'ai si peur, une peur que l’on ne peut pas mesurer, parce qu'elle est énorme sans Toi. Viens Jésus, mon amour ! Viens en moi, me protéger et me tenir collée à ton Cœur ! Oui, oui, Jésus, je veux enlever toutes les épines que tu as sur ta tête et je veux te faire une couronne de roses et de lis : roses pour le grand amour que j'ai pour Toi, et les lis pour conserver pour Toi ma pureté jusqu'à l'instant de ma mort et après ma mort. Je veux être toute, toute à Toi ! » (Journal, pp. 2254-2255).

Le lendemain, 26 octobre, Teresa avançait cette demande :

« O Jésus, que signifie ma tristesse pleine d'angoisse et d’une peur sans mesure ? Aide-moi, Jésus, viens me protéger, que la peur et l’angoisse disparaissent de moi. Je te prie, ne me laisse plus seule ! Sans Toi je ne suis que misère et pauvreté ! »

A ce moment-là Teresa vit Jésus sur la Croix qui lui dit :

« Te souviens-tu de ce Prêtre ?... Si tu avais cessé de prier pour lui, il serait allé en enfer. Je suis content que tu aies insisté et lutté pour lui. Combien plus dure est ta bataille et ta souffrance, plus grand et le nombre d’âmes qui viennent à Moi pour me louer avec tous les Anges et Séraphins » (Journal, p. 2256).

« Jésus, sauve l’humanité ! »

Le premier novembre 1973, Teresa, écrivait dans son Journal :

« Jésus, combien tu as été bon envers moi en m’envoyant l’Ange Gabriele me donner la Sainte Communion ! Je suis vraiment confuse, parce que je ne suis pas digne d'avoir devant moi un Ange envoyé par Toi. A peine l'Hostie reçue je me suis mise en prière. L'Ange qui était encore et m’accompagnait dans la prière m’a suggéré :

« Teresa, tu dois prier ainsi : Jésus, je te donne mon cœur, mon âme, mon amour et ma volonté ! Sauve l'humanité ! Ceins ma tête de ta couronne ! Transperce mes mains et mes pieds avec tes propres clous ! Transperce mon coûté avec ta lance ! Oui, oui, oui, Jésus, je le veux, si Tu le veux, expérimenter ta flagellation. O Jésus, mon amour, laisse-moi goûter l'amertume de ton calice ! Je veux savourer la blessure précieuse que Toi, Jésus, mon amour, tu gardes, cachée dans la profondeur de ton très aimable Cœur ».

Après lui avoir suggéré ces il sublimes expressions, l’Ange Gabriele disparut...

« La souffrance qui a envahi mon cœur — nota Teresa — à quatre heures trente, fut quelque chose d’épouvantable... » (Journal, pp. 2259-2260).

« Je te veux victime ! Veux-tu l’accepter ? »

Ce fut vers midi, le 15 août 1974, fête de l’Assomption de Marie, en âme et corps, vers la gloire du Ciel, que Teresa eut une vision : elle vit devant elle « une très belle Dame, mais sa beauté était enveloppée d’une lumière éclatante que l’on ne pouvait regarder. Sa voix était comme une mélodie ; de ses mains sortaient des rayons lumineux, et de son Cœur sortaient également des rayons de lumière. Elle était vêtue de blanc ; la ceinture était bleue et son manteau était de la couleur du ciel. Le voile, sur sa tête, était blanc, mais parsemé d’étoiles brillantes ; ses pieds reposaient sur un nuage très blanc, plus banc que la neige. C’était comme si je m’étais trouvée dans un très grand jardin, où des très nombreux anges s’étaient rassemblés.

J'étais là, sous la forme d’un ange, et je regardais... J’ai vu que la Dame sortait du milieu d’eux et se tournait vers moi. Elle me dit :

« Ma fille, je ne suis pas morte, je me suis seulement endormie, et maintenant je me trouve au milieu de vous pour voir qui veut s'offrir comme victime sur cette terre pour ensuite jouir du règne de mon doux Fils ; et je te veux toi aussi, chère fille, dans cet état de victime. Veux-tu l’accepter ? ».

À cette question, Teresa ne hésite pas un instant à répondre :

« J'accepte avec toute mon âme et avec toute ma volonté, en m’offrant âme et corps pour les pécheurs et pour la libération des âmes du Purgatoire. Maman du ciel, fais de moi tout ce que tu veux ! » (Journal, pp. 2319-2321).

A la suite de quoi, Teresa, s’adressant à Jésus, n’hésite pas à lui dire :

« Je te prie, Jésus, mon amour ! Accepte mon pauvre corps, que je voudrais mettre en miettes et poussière, pour les pécheurs » (Journal, p. 2322).

« L’heure est grave… »

Le 18 novembre 1975, Teresa remarqua que du Crucifix accroché au mur de sa chambre « coulait du sang ». Impressionnée par ce phénomène, elle posa à Jésus cette question :

« Jésus, dis-moi, pourquoi saignes-tu et, que puis-je faire ? Guide-moi ! »

« Alors — écrivit-elle — Jésus crucifié me dit : “Ma fille, ma colombe, je viens encore à toi pour te dure : l’heure est grave ; grave est le danger. Accepte, ma fille, tout ce que j’ai à te demander : regarde-moi bien et répare pour moi : je n’ai plus de Cœur ; les hommes me l’ont anéanti avec toutes leurs iniquités ; ils l’on détruit avec les douleurs qu’ils m’ont infligé”. Alors — continue Teresa — j’ai vu Jésus sans cœur dans sa poitrine : son divin Corps n’était plus qu’un squelette : ses yeux ne brillait plus et il en coulait des larmes. J’ai ressenti en moi un mélange de compassion et d’amour. Élevant mon cœur et mes mains vers Lui, je lui ai dit : “Demande-moi tout ce que tu veux, toute la douleur, mais dis-moi ce qu’il en est de ton Cœur et de ta beauté !...”

Mais Jésus, encore plus triste me répéta : “O ma fille, comment peux-tu m’aimer dans cet état ?”

“Mon doux époux — répondit Teresa — je t’aime, je suis ta victime. Je veux souffrir, souffrir, souffrir, dans la certitude et la fermeté de la foi que Toi, mon Époux, tu m’aideras à souffrir, que tu ne m’abandonneras pas. Je ne veux pas te voir souffrir !... Je désire, et je le veux. Par amour pour toi et pour la Maman du ciel, je te demande de pardonner à l’humanité. Dans quel état ils t’ont réduit, alors que tu es un Dieu tout-puissant !...”

“Jésus — continua encore Teresa — avec ta douce voix, dis-moi : ‘Ma fille bien-aimée, tranquillise-toi !... Je t'aime, et je continue encore. Pour t'aimer j'ai un coeur, un corps, et toute ma beauté ; mais c’était celui-ci l'état dans lequel m'avaient réduit les hommes’” »

Teresa conclut en disant :

« O j'ai vu Jésus tout Amour, toute beauté, ainsi que son divin Cœur». (Journal, pp. 2509-2512).

« Tu as la mission la plus riche et la plus belle !... »

Le 26 novembre 1975, dans la matinée, Teresa était en proie à l’angoisse. Mais, aussitôt après avoir communié, après avoir Jésus, son divin Époux en son cœur, « l’angoisse est disparue — écrivit-elle — mieux encore, on dirait que l’on avait allumé un feu brûlant en moi, mais un feu qui ne consume pas ; et pendant que je remerciais Jésus de s’être sacrifié pour mon âme, Jésus m’a répondu :

« Ma fille, tu vois, tu ne peux vivre un seul instant sans moi. Les âmes ont besoin, pour se sauver, de tant d'actes de amour. Dans ton cœur j'ai trouvé le repos. O ma fille, j'aime et j’ai beaucoup d’amour à donner ; mais nombreuses sont les âmes qui ne connaissent pas mon amour. Je désire qu'ils le connaissent. Je me servirai de toi pour faire comprendre combien j'aime les âmes ».

Puis — continue Teresa, il m’a laisser, non sans me dire :

« Je suis avec toi et je te béni » (Journal pp. 2514-2515).

Quelques jours passèrent et, le 30 novembre, Jésus vint l’encourager en lui faisant dans le cœur comme une “piqûre” de confiance dans l’immense miséricorde de son divin Cœur.

Prosternée devant Jésus, Teresa donne libre cours à son coeur et lui dit :

« Jésus, je désire consoler ton Cœur ; je fais toujours la promesse d'être meilleur, mais à la fin de la journée je m'aperçois que je n'ai rien fait de bien. Comment puis-je te dire ancre : “Je veux éviter le péché, parce que je ne veux pas te faire souffrir”, alors qu’à la fin de la journée encore une fois je vois ma misère, et que j'aurais pu me comporter d’une autre manière ; je me sens toute endolorie, comme si je n'étais qu’une plaie de péché. Je sens en moi toute l'indignité de tourner mon regard vers mon céleste Épouse” ».

Quelques instants après, Teresa entendit une voix qui l'encourageait, lui disant :

« Teresa, ma fille, donne-moi tes péchés ! Donne-moi tout ce qui est en trop dans ton cœur, et viens te jeter dans mon Cœur : là tu trouveras de la paix, la force et la sérénité ».

Pendant que Jésus lui adressait ces mots, Teresa se sentit comme « éclairée d'une grande lumière ».

« En moi — dit-elle — tout était devenu serein... je me sentais tranquille... Mais, rien que la pensée de ne pas savoir aimer Jésus m'attriste ».

Mais Jésus, une fois encore, à l'improviste, revient et il lui dit :

« Ma fille bien-aimée, si tu crois que tu ne sais pas aimer, laisse-toi aimer de Moi, Moi qui t'aime tant !... Abandonne-toi à mon Coeur et à ma volonté autant que tu le peux, et tu verras que tu auras de Moi beaucoup d’amour ! ... Tu ne peux pas aimer parce que tu ne sais pas aimer » (Journal pp. 2521-2522).

Quelques jours plus, le 5 décembre, Teresa, toute prise de l’ardent désire de sauver les âmes égarées et les arracher à l’enfer, se tourna vers Jésus et lui dit :

« Le désir de souffrir, se fait en moi de plus en plus ardent...  ».

Mais Jésus lui répondit :

« Ma fille, tu ne peux pas souffrir davantage, mais courage ! ... Je suis avec toi, et avec toi je vaincrai et je triompherai. Tu es ma Victime la plus aimée. Tu as la mission la plus riche et la plus belle pour Moi ».

Cette merveilleuse déclaration d’amour mit Teresa dans un état de joie et d’amour extrêmes. Levant les yeux vers le Seigneur, humblement elle lui répondit :

« O mon céleste Époux... j’ai confiance en Toi... Quelle autre chose puis-je désirer sino d’être crucifiée ? Crucifie-moi, ô Jésus, ne m'épargne pas, mon Amour ; mais épargne les âmes des peines de l'enfer... Retiens-la fermée, Seigneur, la porte de l'enfer ! Mets, ô mon Époux, une barre à cette porte, et laisse-la là jusqu’à ce que dans le monde il n’y ait plus aucune âme. Prends-moi tout ! ... Laisse-moi seule ! ... Toi seul me suffis, ô mon Époux, Jésus ! Mon Amour, je sens que pour l'âme, l'unique Vérité c’est Toi ! Mon vrai chemin c’est Toi ! L'unique vie c’est Toi ! O mon Jésus, fait que tous te suivent, que tous t'aiment ! Je ne désire pas autre chose que ce que Tu veux !... ». (Journal, pp. 2523-2525).

“Coïncidences”… divines

Après ce très beau texte et cette commune « déclaration d’amour », nous ne pouvons nous empêcher de faire ici un parallèle entre deux âmes-victimes du XXe siècle : la bienheureuse Alexandrina Maria da Costa et Teresa Musco.

La comparaison entre ces deux êtres exceptionnels est d’autant plus vraie que Jésus Lui-même, vers la fin du parcours de la bienheureuse portugaise, lui révéla qu’il avait trouvé une autre âme qui prendrait la suite de cette extraordinaire mission : les Tabernacles et les âmes.

Alexandrina Maria da Costa naquit le 30 mars 1904, dans un petit village du nord du Portugal, village marqué par la Croix : Balasar. Elle y est décédée le 13 octobre 1955, jour anniversaire de la dernière apparition de la Vierge Marie à Fatima. Le “saint” Pape Jean-Paul II la béatifia le 25 avril 2004.

Il est bon de savoir que la bienheureuse est à l’origine de la Consécration du Monde au Cœur Immaculé de Marie, consécration effectuée par le Pape Pie XII, en 1942.

Dès 1932-1933, elle se vit confier une grande mission de réparation, basée, en quelque sorte, sur les trois mots qu’elle entendit distinctement : « aimer, souffrir, réparer ».

Comme pour Teresa Musco, le Seigneur lui dit, textuellement la même phrase que ci-dessus : « Tu as la mission la plus riche et la plus belle ».

Les « coïncidences » sont très nombreuses et, l’on peux dire, sans certainement se tromper, que Teresa Musco fut la « fille spirituelle » et la continuatrice, ô combien méritante et admirable, de la bienheureuse Alexandrina de Balasar.

Son amour pour la sainte Eucharistie la poussa à écrire l’Hymne aux Tabernacles qui est, aux dire des spécialistes en théologie mystique, un vrai chef-d’œuvre d’amour et d’offrande.

Comme à Teresa Musco, Jésus lui confia l’âme d’un prêtre qui courrait le risque d’être condamné aux peines éternelles. Alexandrina souffrit et offrit et ce « fils de prédilection » de Jésus et Marie fut sauvé, peu avant son décès qui eu lieu à Fatima, lors d’une retraite et où ce prêtre s’était présenté un civil. Pendant cette retraite, touché à nouveau par la grâce divine, il demanda à se confesser, dévoila son identité et son état et, peu après avoir retrouver la paix de l’âme, il la rendit à Dieu, propre et digne, lavée de toute souillure. Alexandrina, l’apprenant, fut toute joyeuse de cette nouvelle et du résultat si bénéfique pour cette âme sacerdotale.

Il serait long faire ressortir ici tous les points communs entre ces deux âmes exceptionnelles, mis une étude à ce sujet ne serait certainement pas dénoué d’intérêt.

« Je désire de l’amour à travers l’Eucharistie »

Comme pour confirmer ce qui vient d’être dit, voici que le 23 décembre 1975, Jésus se présenta à Teresa et l’exhorta à la dévotion envers le très Saint-Sacrement, au moyen de l’adoration et de la réparation :

« Ma fille — lui dit-Il — fais que je sois consolé et réparé dans mon Eucharistie… Je désire qu’à partir de maintenant et tous les jours, tu sois en intime communion avec Moi. Je promets le ciel. Je désire de l’amour à travers l’Eucharistie et mes saintes plaies ».

Sans la moindre hésitation, Teresa répondit :

« O ma délice, je fais et je désire faire tout ce que je peux pour t’aimer et te faire aimer de mes autres frères. Je ne te demande que la force et beaucoup de courage » (Journal, p. 2544).

Un “incendie spirituel”

Comme tant d’autres âmes mystiques, Teresa, elle aussi, fut assaillie et tourmentée par les dévorantes et purifiantes flammes de l’amour.

Écoutons-la :

« Je sens le feu dans mes veines — écrivit-elle dans son Journal des 10 et 11 mai 1969. Je me sens évanouir : mes jambes tremblent. Jésus ! je ne veux pas être abandonné sur ce lit de morbides plumes, alors que ton lit était une croix ! Jésus, mon amour, nourriture des âmes fortes, fortifie-moi, purifie-moi, divinise-moi ! Jésus de mon âme, aide-moi à me sauver !... J'ai soif de Toi. O Jésus, ne vois-tu pas combien je souffre au matin avant de me nourrir de Toi ? Fais que je sois rassasiée de Toi, de ton amour, de ton feu ! O Jésus, mon petit cœur brûle de beaucoup d’amour, la brûlure est si forte qu’elle me brûle la peau jusqu’à la superficie externe… O Jésus, Tu le sais, si je continue dans cet état spirituel, le phénomène du feu, qui au départ se limitait à mon cœur, s’est maintenant répandu à tout mon corps. Je sens que mon pauvre corps est devenu tout une flamme, et je sens la voix de mon cœur qui, de façon continue, dans le douleur du feu, crie vers le Père qu’elle veut être victime d’amour » (Journal, pp. 1959-1960).

« O Parole éternelle, je veux passer ma vie à t’écouter ! »

En janvier 1972, Teresa a vingt-huit ans — bientôt vingt-neuf —, un vécu déjà extraordinaire et, ses réflexions “théologiques”, inspirées, bien entendu, par le Maître de feu qu’est le Saint Esprit, sont très souvent — pour ne pas dire : toujours ! — d’une beauté toute angélique et d’une vérité spirituelle qui ne laisse personne indifférente.

Voici une page de son “Journal” spirituel qui exprime cette intimité divine dont elle bénéficiait, pour notre plus grand bien, et où la collaboration de l’Esprit Saint est latente. Lisons :

« Lorsque je me regarde et vois en moi l'image du Christ, lorsque je contemple avec amour les plaies rédemptrices de mon Crucifix, par un coup d'aile, mon âme s’élance vers le Verbe. O Verbe éternel, Parole de mon Dieu et mon Seigneur, je te le promets : je veux passer ma vie à t’écouter. Que peut-il y avoir de plus important pour l’âme qui a rencontré le Verbe : toutes les merveilles de la nature ?. Elles sont en Toi, et c’est en Toi que nous les cherchons, ô doux Amour. Les cieux qui chantent ta gloire, ne te cachent pas à mes regards, ô Verbe éternel, Parole éternelle de mon Dieu. Je veux passer ma vie à t'écouter ! Tu me découvres tous les secrets renfermés dans le sein du Père : le mystère des Trois dans l’unité. Je veux être très douce, pour tout apprendre de Toi !. O mon aimé Christ ! Lorsqu’il s'agit de Toi, je ne peux rien faire d’autre que de t’aimer jusqu'à en mourir. J'ai déjà dit que j'aurais voulu te faire connaître au monde entier... Sept ans d'intimité de vie quotidienne d’épouse du Christ ! Toujours en épouse fidèle, travaillant pour l’honneur de Dieu... Jésus, dis-moi comment faire pour corriger mon corps et mon âme pour qu'ils ne soient pas ennemis mais amis dans le voyage terrestre, jusqu'à ce que je puisse rejoindre ma Patrie, le Paradis ! » (Journal, p. 2120).

Quel coup d’aile dans les sphères les plus hautes se la spiritualité mystique. Sa patronne, l’autre Teresa — celle d’Avila — n’en rougirait certes pas des propos tenus ici par Teresa Musco. En effet, comme le dit si judicieusement le père Gabrielle Roschini, la jeune fille de Caiazzo, vole ici « vers les plus hauts sommets de l’amour, pour être immolée avec la Victime des victimes, Jésus ».

« Douceur jamais goûtée… »

Le 23 février 1972 nous pouvons lire dans le Journal spirituel de Teresa ce cri de joie, venant du plus profond de son virginal et noble cœur :

« Je sens mon cœur plongé dans une douceur que jamais je n’ai goûtée ! »

Cet aveu mérite, bien entendu une explication et elle va nous la donner elle-même :

« A l’improviste, mon père et ma mère sont venus me rendre visite. Presque aussitôt, mon père commença à me menacer, me disant qu’il était plaisant pour moi de faire la citadine et la bourgeoise… Entendant ces mots, j’ai ressenti comme une blessure au cœur, comme si une lance avait transpercée mes côtes et mon cœur ».

Mais Teresa n’était pas rancunière : elle aimait tendrement ses parents, pour lesquels elle aurait donner sa vie. Elle connaissait aussi le côté bourru de son père et son humeur changeante et colérique, c’est pourquoi, malgré la douleur qui opprimait son noble cœur, elle lui pardonna immédiatement ses insertions désobligeantes et indignes d’un père envers sa fille.

« Je ne le haï pas — écrivit-elle dans son Journal —, bien au contraire, je sens en moi un grand désir de les aimer encore davantage et, mon père est la personne que j’aime le plus, après le Christ crucifié…

Après la crise de mon père, je n’ai retrouvé la paix qu’auprès de Jésus Eucharistique. Je passe beaucoup de temps ici, auprès de Jésus Eucharistique ».

Et Jésus de la consoler par un conseil pratique :

« La douleur que te causent ceux qui te son chers, tu dois la changer en joies, tendresses et intentions pour eux. Je le veux ainsi » (Journal, p. 2127).

Teresa, en fille obéissante, suivit le conseil à la lettre.

Quelques jours plus tard, en effet, Teresa acheta des oranges, « sachant qu’il aimait manger ces fruits, plutôt que d’autres » et partit rejoindre la maison paternelle.

Avant de remettre les oranges à son père, Teresa l’embrassa tendrement, chose qu’elle n’avait jamais faite. Il aurait mieux valu qu’elle ne l’ait point fait !

Salvatore — peut-être surpris — commença par s’essuyer le visage, la où sa fille avait déposé son baiser, puis, pris de l’une de ces colères dont il était coutumier, il lui dit, à hauts cris et gesticulations :

« Tu veux à tout prix que j’attrape ta maladie ! Tu as voulu partir pour te mettre à ton compte… Pourquoi viens-tu ici m’insulter ? »

« Papa — répondit toute affligée la pauvre fille — je ne vous veux que du bien, et je ne viens pas vous insulter. Si vous pensez cela, je m’en retourne tout de suite ».

Et Teresa repartit à Caserte, le cœur serré, par la “méchanceté” de son père.

« Mais moi — poursuit la “sainte” jeune fille — je ressentais envers lui un feu d’amour tel que je n’arrivais pas éteindre ».

Mais elle ne se laisse pas vaincre facilement et, arrivée chez elle, elle se “venge” à sa manière de la cruauté de son père. En effet, dès son arrivée, elle prit une photo de lui et la couvrit de baisers, « pour calmer le feu d’amour qui brûlait son cœur ».

Ensuite elle se tourna vers son céleste Époux et s’épanche à Lui :

« Merci, ou Jésus ! Combien de douleur, mais aussi combien de joie de pouvoir être avec Toi sur ta même croix ! O Jésus mon crucifié, Époux que j'adore, pacifie mon l'âme, transforme-la en ton Ciel, ta demeure aimée, en un lieu de ton repos !... Que je ne te laisse plus seul !... Jésus, détache-moi de toute affection terrestre et attache-moi uniquement à ton affection, à ton amour ! Je ne veux embrasser et baiser que Toi, mon Époux bien,-aimé !. Je veux embrasser tes blessures, ton Cœur transpercé et me cacher en lui pour ne plus jamais pécher... Je veux puiser tout en Toi ! » (Journal, pp. 1127-1129).


[1] Voir aussi : “Hymne au Tabernacles”, composée par Alexandrina Maria da Costa, de Balasar (Portugal), sur http://alexandrina.balasar.free.fr

[2] Cette même demande a été faite aussi par Jésus à Alexandrina de Balasar, pour en prêtre de Lisbonne qui menait une vie dissolue, incompatible avec son ministère. Le résultat fut le même : le salut dudit Prêtre et la joie manifestée par Jésus à sa victime. Voir sur : http://alexandrina.balasar.free.fr, au chapitre : “Journal”.

   

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