LA VOIE MYSTIQUE

adveniat regnum tuum

8-7
L’Incarnation - La paternité de Saint Joseph
Saint Joseph et
la Sainte Famille

L’Incarnation et la paternité de Saint Joseph

Depuis le XIVe siècle, époque à partir de laquelle les théologiens se sont penchés avec attention sur le mystère de Saint Joseph, de très nombreux auteurs ont contemplé, non seulement les vertus éminentes de Saint Joseph, mais également les caractéristiques de sa paternité, paternité authentique et réelle, quoique partielle et exceptionnelle.

Le Cardinal de BÉRULLE (1575-1629)

Bérulle, fondateur en France, de la Congrégation de l’Oratoire, exerça sur la spiritualité française une influence décisive. Il introduisit en France le Carmel réformé de Sainte Thérèse d’Avila et adopta sa grande dévotion envers Saint Joseph.

Le Cardinal de Bérulle a peu écrit sur Saint Joseph. Toutefois, dans son ouvrage, “Les grandeurs de Jésus” , on peut lire, dans le discours XI sur la seconde naissance de Jésus:

“La naissance intérieure de Jésus (à Nazareth) se passe sans éclat et sans bruit au monde, se passe entre le Saint-Esprit, l’Ange et la Vierge, en l’intime  de son coeur, au secret de son sein, au cabinet de Nazareth, tout le reste de la terre ignorant ce mystère, et Joseph même, qui toutefois est un ange en la terre, choisi en la terre pour être le seul participant à ce grand conseil, le tuteur du Fils, l’époux de la Mère, le chef de la famille et de la maison du Père Éternel en la terre, comme étant établi de Dieu en la puissance et principauté, et son lieutenant sur la partie la plus noble de son État et de son empire; car le plus noble empire du Père Éternel, c’est Jésus et Marie, et  Joseph a puissance sur l’un et sur l’autre par le vouloir du Père. Et toutefois cet ange, ce prince, cet époux, ce tuteur du Fils et de la Mère de Dieu, n’est point appelé au secret de cette naissance intérieure de Jésus. Secret qui adore le secret de la naissance éternelle, comme la résidence intime du Fils en la Mère par cette naissance intérieure, va adorant la résidence intime du Fils au Père par la naissance divine.”

Jean-Jacques OLIER (1608-1657)

Saint Joseph image du Père

Pour J.J. Olier “l’admirable Saint Joseph fut donné à la terre pour exprimer sensiblement les perfections adorables de Dieu le Père. Dans sa seule personne il portait ses beautés, sa pureté, son amour, sa sagesse et sa prudence, sa miséricorde et sa compassion. Un seul saint est destiné pour représenter Dieu le Père tandis qu’il faut une infinité de créatures, une multitude de saints pour représenter Jésus-Christ; car toute l’Église ne travaille qu’à manifester au dehors les vertus et les perfections de son chef adorable et le seul Saint Joseph représente le Père Éternel... Aussi faut-il considérer l’auguste Saint Joseph comme la chose du monde la plus grande, la plus célèbre, la plus incompréhensible... Le Père s’étant choisi ce Saint pour en faire sur la terre son image, il lui donne avec lui une ressemblance de sa nature invisible et cachée et, à mon sens, ce Saint est hors d’état d’être compris des esprits des hommes.”  [1] 

En effet, “le Fils de Dieu s’étant rendu visible en prenant une chair humaine, il conversait et traitait visiblement avec Dieu son Père, voilé sous la personne de Saint Joseph, par lequel le Père se rendait visible à Lui... Jésus regardait en Joseph le Père Éternel comme son père; de son côté la Très Sainte Vierge considérait, en la personne de Joseph, le même Père Éternel comme son épouse.... Aussi devons-nous aimer avec tendresse Dieu le Père en Saint Joseph... et parce qu’en Dieu le Père, Saint Joseph est source de tout bien et de toute miséricorde, on dit de ce Saint qu’on ne lui demande rien qu’on ne l’obtienne.”

Bénigne BOSSUET (1627-1704)

Pour Bossuet, le mystère de l’Incarnation, c’est l’union très étroite de Dieu et de l’homme, de la divinité avec la chair. Le Père éternel va mettre, en les mains de Joseph, Jésus-Christ lui-même, et Il veut qu’Il soit conservé par ses soins. “Car Jésus, ce divin Enfant sur lequel Joseph a toujours les yeux et qui est l’admirable sujet de ses saintes inquiétudes, est né sur la terre comme un orphelin, et il n’a point de père en ce monde.”  

Joseph est choisi pour être le père de cet orphelin! Et pour avoir un amour de père en faveur de cet orphelin! Et Saint Joseph comprendra rapidement que le mystère de l’Incarnartion, c’est le mystère de la souffrance. Car, heureux époux de Marie, à peine commençait-il à jouir du Fils de Dieu, qu’il dut songer à Le défendre et à s’enfuir pour Le soustraire aux menaces d’Hérode.  

Jésus orphelin du Père Éternel! Oui, et Il s’en plaindra un jour sur la Croix:  “Mon Père, pourquoi m’as-tu abandonné?” Mais dès sa naissance Jésus semble orphelin puisque dès ses premiers instants sur la terre le Père l’expose aux persécutions.  Alors, “pour montrer qu’Il ne l’oublie pas, du moins à ce qui paraît à nos yeux, c’est de Le mettre en la garde d’un homme mortel qui conduira sa pénible enfance: et Joseph est choisi pour ce ministère...”

Daniel Joseph LALLEMENT (1894-1977)

Daniel Joseph Lallement découvrit la place unique de Saint Joseph dans l’Incarnation rédemptrice en scrutant le mystère de la Maternité divine. Prédicateur, conférencier, professeur de théologie, il fut ainsi amené à méditer pendant longtemps sur le mystère de la paternité de Saint Joseph, paternité d’abord à l’égard de Jésus, et qui s’étend naturellement en une action spirituelle de père envers l’Église du Christ et chacun des êtres humains que le Christ est venu appeler à être tous ses frères. Il en résulte que le mystère de la paternité de Saint Joseph n’est pas seulement une question pour théologiens, mais surtout un objet de contemplation pour ceux qui désirent progresser dans la vie spirituelle.

Les méditations du Chanoine Lallement l’ont conduit à quelques conclusions essentielles. Pour lui, la paternité de Saint Joseph est une paternité humaine au sens propre, mais c’est une paternité partielle. Il faut aller à Joseph pour bien entrer dans le grand dessein de Dieu qu’est l’Incarnation. De plus, la fonction de Joseph la plus marquée est celle d’insérer le Christ dans son peuple. Enfin, il est nécessaire d’entrer chez Joseph, chef de la Sainte Famille, pour entrer dans l’intimité de Marie et de Jésus. 

La paternité de Saint Joseph est une paternité partielle [2] 

La paternité de Saint Joseph est une paternité unique. “Il s’agit d’une dignité unique, d’une union à Dieu unique, donc, d’une sainteté unique.” Il faut passer par Saint Joseph pour entrer dans le grand dessein de Dieu qu’est l’Incarnation et toute la théologie de Saint Joseph est intimement liée à la théologie de l’Incarnation. “Indirectement et moralement Saint Joseph appartient à l’ordre de l’union hypostatique par ses rapports et ses relations à la Sainte Vierge: indirectement, c’est-à-dire par la Sainte Vierge; moralement, cela veut dire par ses fonctions à l’égard de la Sainte Vierge...

La théologie de Saint Joseph consiste tout entière à comprendre comment il est père du Christ par ses relations avec  la Sainte Vierge... il s’ensuit qu’il est évidemment le modèle éminent de toute voie mariale, c’est-à-dire de tout accès au Christ par la Vierge. “

Mais, et c’est peut-être là une découverte originale de D.J. Lallement, “il n’y a pas de place pour une paternité humaine complète dans l’Incarnation, de sorte que la maternité de Marie est une dignité incomparablement supérieure à la paternité de Joseph, lequel apparaîtra de plus en plus comme l’antidote de l’humanisme activiste par son service de la Vierge toute à la réception de Dieu.”

Selon D.J. Lallement, “la maternité divine est complète, mais il ne pouvait pas y avoir de paternité complète d’un homme à l’égard de Dieu... Il fallait que dans l’oeuvre de l’Incarnation toute l’initiative vienne de Dieu. C’est le pur don de Dieu. Il n’y avait pas de place pour une intervention paternelle...”

Si l’Enfant-Dieu ne pouvait pas être procréé humainement, il était cependant à recevoir, et il lui fallait un père. “La paternité de Saint Joseph est donc une paternité humaine au sens propre, en ce qu’il pose la condition de l’Incarnation en consacrant la virginité de son épouse; mais une paternité partielle, parce qu’il n’engendre pas... ”  C’est par Marie, et seulement parce qu’il est son époux, que Saint Joseph exerce sa paternité à l’égard du Fils de Dieu. Saint Joseph a accepté l’Incarnation en acceptant et en consacrant la virginité de Marie.

“La virginité de Marie était strictement requise pour l’Incarnation... Saint Joseph, vierge avec la Vierge, et comme assistant de la virginité de Marie...” réalise la condition de l’entrée du Fils de Dieu dans le monde. Saint Joseph exercera toutes les fonctions d’un père envers Jésus, mais d’une manière cachée, dans une vie de contemplation silencieuse, une vie de souffrance.  Et c’est en cela que Joseph est l’antithèse de l’humanisme, de l’homme qui cherche à se faire dieu.

C’est dans l’Incarnation rédemptrice que culmine l’oeuvre de l’Amour miséricordieux.

“L’Incarnation va jusqu’au bout de l’Amour divin qui voulait pour la création l’union à Dieu. L’amour veut l’union au bien-aimé... Dans l’Incarnation ce sera l’union d’une nature finie à une Personne divine... et la nature humaine était particulièrement apte pour cette union à une Personne divine comme Dieu voulait la réaliser... car elle fait la jonction du monde spirituel et du monde matériel...” 

Reprenant une parole de Saint Bernard, D.J. Lallement affirme: “Le Seigneur a fait de Saint Joseph son unique et parfaitement fidèle assistant sur la terre pour l’accomplissement de son grand dessein.”

Saint Joseph avait la fonction d’insérer le Christ dans son peuple.

L’Incarnation fut réalisée en Marie, mais en Marie qui était déjà sous l’autorité familiale de Joseph. Marie apporte un concours physique; Joseph apporte un concours social, de l’ordre des institutions et du droit, car, “prendre une nature humaine, c’était de la part du Verbe de Dieu, prendre une nature sociale... Pour que le Fils de Dieu nous fût donné, il ne suffisait pas qu’Il prît chair dans le sein d’une mère, il fallait encore qu’Il fût accueilli dans le sein spirituel, moral, d’une famille. “ Et d’une famille dotée d’un chef éminent: Saint Joseph. “Il fallait que Joseph fût un humble, un petit selon le monde, un pauvre, un persécuté, un réfugié... un obéissant dans la nuit.” 

Saint Joseph appartenait à la descendance de David de laquelle devait naître le Messie. Par son obéissance à la Loi, Joseph inséra Jésus dans une famille, dans son peuple. Il L’initia à toutes les exigences de la Loi et il Lui donna un métier. Aux yeux de tous, Jésus sera le Fils de Joseph le Charpentier.

Cependant la fonction de Joseph dans la Sainte Famille ne pouvait pas être celle d’un père selon la chair; sa fonction, “primordiale pour que le Verbe de Dieu s’incarnât dans les conditions voulues par la divine Sagesse,”  devait être entièrement consacrée à la réalisation du mystère de l’Incarnation et à la préparation du sacrifice de la Rédemption.

“Le Fils de Dieu a été confié à Joseph, comme un petit enfant naissant dans la race déchue d’Adam, comme petit enfant ayant toutes les faiblesses des enfants d’Adam, hormis la faiblesse de l’intelligence et la faiblesse de la concupiscence ou du péché, mais du moins toutes les faiblesses naturelles corporelles des enfants d’Adam. S’il a fallu que Joseph protège le Christ, s’il a fallu qu’il en prenne soin, dans des conditions de vie extrêmement précaires et menacées, s’il a fallu qu’il peine, pendant des années, pour nourrir le Christ, c’est en raison de la vocation de Rédempteur qu’avait le Fils de Dieu Incarné... Nous comprenons pourquoi la paternité de Saint Joseph a commencé par un sacrifice, par une immolation et une offrande. La paternité de Joseph a commencé par sa consécration virginale avec la Vierge... La paternité de Joseph est ainsi, dès son principe, paternité sacrificielle, parce qu’elle est paternité à l’égard du Rédempteur.”

Il faut entrer chez Saint Joseph pour entrer dans l’intimité de Jésus et de Marie

“La sainteté de Joseph n’est rien d’autre que sa fidélité à laisser le Seigneur entrer... En entrant chez Joseph nous serons en face de la divine Présence... et le silence de Joseph, plein de la Parole de Dieu, venue pour nous racheter, nous apprendra comment la Parole de Dieu vint à nous .”

D.J. Lallement estime que la grandeur de Saint Joseph ne sera reconnue qu’après une très profonde purification des âmes. “Ce sont les âmes vraiment brûlées de la jalousie de Dieu unique, de Dieu seul, qui peuvent comprendre Saint Joseph...Ce sont les âmes très intimes avec Dieu, ce sont les âmes très détachées de tous les biens de ce monde qui peuvent entrer dans l’intelligence de Saint Joseph.”  [3]

Saint Joseph est père de l’Église universelle, pour garder, aider l’œuvre de la Rédemption en nous

Les divers aspects de la paternité de Joseph demeurent mystérieux dans l’éternité. Cependant ils continuent à s’exercer en faveur des membres de la grande famille du Christ qu’est l’Église universelle. “Demandons surtout à Saint Joseph de vivre pleinement le mystère de la Rédemption... Car ce mystère comporte des exigences... Précisément parce que le mystère de la Rédemption est terrible, ce serait de la présomption de nous y offrir sans demander, comme des tout petits, d’être portés, d’être aidés, d’être soutenus... Demandons par conséquent à Saint Joseph ces bienfaits que les pères, les grands-pères surtout, savent donner aux tout petits. Demandons-lui cela humblement.”

Un autre point est à signaler concernant la paternité de Saint Joseph que le Chanoine D.J. Lallement  rapproche de la paternité de la première Personne de la Sainte Trinité.  Il écrit: “La paternité de Saint Joseph est divine par son terme parce que s’exerçant à l’égard d’une Personne divine, le Fils. Cela donne à Joseph une étonnante ressemblance avec la première Personne de la Sainte Trinité, ressemblance qui paraît bien être l’aspect le plus profond du mystère de Joseph.”  Pour cela D.J. Lallement s’appuie sur l’Évangile de Saint Luc, d’abord au chapître 2, versets 48 à 51 lorsque Marie dit à Jésus: “Votre père et moi nous vous cherchions...”, à quoi Jésus répond: “Ne saviez-vous pas que je me dois aux choses de mon Père?” Ensuite, au chapître 3, versets 22 et 23, lors du Baptême de Jésus quand le Père Céleste se manifesta en disant: “Celui-ci est mon Fils bien-aimé...”, alors que Jésus passait pour être le Fils de Joseph le Charpentier.

D.J. Lallement médite aussi sur la paternité virginale de Joseph, encore plus mystérieuse que la maternité virginale de Marie et, pour tenter de l’expliquer revient à l’Évangile: “Très nettement ce que l’Évangile nous montre le plus dans la conduite de Saint Joseph, c’est sa souplesse sous l’initiative divine. Joseph est un homme qui ne prend pas d’initiative, Joseph est un homme qui est dans l’attente de l’initiative divine, qui est aux écoutes de Dieu, qui est mû par Dieu, qui est obéissant à Dieu. Et c’est ce qui a permis à Dieu de faire de lui son seul assistant sur la terre pour la réalisation de son grand dessein, assistant très fidèle. C’est Dieu et Dieu seul qui agit par Joseph.”

Et maintenant, un peu de théologie, selon D.J Lallement
Saint Joseph appartient à l’ordre de l’union hypostatique

L’union hypostatique est l’union d’une nature créée à l’une des trois Personnes divines. “Joseph ayant une paternité à l’égard d’une Personne divine, se trouve nécessairement en de très spéciales relations avec les deux autres Personnes. Par sa relation au Verbe Incarné, Joseph appartient vraiment à l’ordre de l’union hypostatique.”

Avant de développer sa thèse, D.J. Lallement fait quelques rappels théologiques dont voici l’essentiel:

“Il existe trois ordres d’union des créatures à Dieu: l’ordre de la nature, l’ordre de la grâce et l’ordre de l’union hypostatique.”

        L’ordre de la nature

Dieu est le principe des créatures, êtres limités capables d’opérations correspondant à leur nature. Dieu est le principe des natures créées, et il existe des hiérarchies dans l’ordre des natures.

        L’ordre de la grâce

Dieu est le principe de la grâce qui est infiniment au-dessus de la nature mais qui la présuppose. Il s’agit ici, d’abord “de la grâce sanctifiante avec ce qui résulte d’elle, les vertus surnaturelles, spécialement les vertus théologales et les dons de l’Esprit Saint,” puis “des grâces actuelles qui mettent les vertus et les dons surnaturels en exercice... La grâce est principe d’une sainteté qui glorifie Dieu d’une gloire incomparablement plus haute et directement  connue de Lui seul.”

        L’ordre de l’union hypostatique

Dieu est le principe de l’union hypostatique, laquelle est infiniment au-dessus de la nature et de la grâce, mais suppose l’une et l’autre.

“L’union hypostatique suppose la nature humaine de Notre-Seigneur,... une nature humaine créée, avec ses limites... L’union hypostatique, qui comporte une nature créée, implique aussi la grâce sanctifiante, est réalisée au moment même où la nature humaine du Christ est formée dans le sein de sa mère... Cette union comporte donc une double sainteté, suprême louange de la gloire de Dieu.”

Il existe des rapports entre ces trois ordres: “Dieu crée librement des natures finies... Puis Il leur donne la grâce, gratuitement...” L’union hypostatique n’était pas obligatoire: “elle est libre par rapport aux deux autres ordres... La nature est ordonnée à la grâce, et la grâce est ordonnée à la gloire de l’union hypostatique... La nature est donc embellie par sa subordination à la grâce, la grâce chrétienne, ressemblance de la grâce du Christ. La grâce chrétienne nous fait fils adoptifs de Dieu, mais en fraternité avec Celui qui est Fils par nature.”

Ainsi, et en un certain sens, on peut dire que tout appartient à l’ordre de l’union hypostatique, c’est-à-dire à l’ordre de l’Incarnation. Mais attention! “Tout n’appartient pas à l’ordre de l’union hypostatique constitutivement. Tout appartient à cet ordre, comme ayant en lui sa fin, l’Incarnation, mais tout n’appartient pas à cet ordre pour sa constitution.”

        Et Saint Joseph?

Entendons-nous bien: “L’union hypostatique n’est réalisée substantiellement que dans le Christ lui-même, dans le seul Christ. Il y a cependant deux personnes créées qui, par leur vocation, ont été principalement voulues par Dieu pour la réalisation directe du mystère de l’Incarnation... Premièrement la Sainte Vierge qui a été appelée à coopérer physiquement et moralement... Quant à Saint Joseph, il est vraiment aussi coopérateur dans la réalisation du mystère de l’Incarnation, mais il l’est uniquement dans l’ordre moral et juridique. Joseph a permis l’Incarnation en sanctionnant de son autorité humaine, en gardant, en protégeant la virginité de Marie...” C’est par cette relation au Verbe Incarné qu’il appartient vraiment à l’ordre de l’union hypostatique.”

Et cela fait de Saint Joseph un saint à part parmi tous les autres saints.

André DOZE [4]

André Doze, dans son livre ”Joseph, ombre du Père” [5] s’attarde d’abord sur la nuée qui conduisit le peuple de Dieu à travers le désert. La nuée révélait Dieu, mais elle le révélait en le cachant. Elle exprime le mystère du Père. “Elle traduit à la perfection le Père agissant par son Esprit pour susciter des fils, dans le Fils. Elle traduit exactement ce que deviendra le couple de Joseph et de Marie, Joseph abritant Marie, au service de l’Incarnation, l’ombre du saint Mariage.”  Car Dieu a voulu deux conditions, deux êtres particulièrement saints pour  réaliser la venue de son Fils sur la terre: Marie et Joseph. Il a voulu “Joseph et Marie, deux êtres parfaitement humbles, simples, courageux, sans défense, et cependant doués d’une force et d’une supériorité tellement indiscutables que l’image du Dieu invisible, le Premier-Né de toute créature, a choisi de leur être soumis... Joseph est celui en qui se cache le Père pour accueillir cet Enfant et Le cacher à son tour, L’entourer de tendresse, Le protéger, L’aider à grandir de toutes les manières... Joseph est l’ombre du Père. Il est directement préfiguré par cette nuée biblique...”

Quand commencera la mission de Jésus, Joseph aura complètement disparu, car “il ne faut pas qu’il y ait la moindre équivoque lorsque Jésus parle de son Père. Joseph disparaît. Il sait parfaitement le faire: c’est sa spécialité, cacher sa personne et celle de ceux qui lui sont confiés.” 

Cependant le Père ne l’oublie pas: “C’était en Joseph, pour l’éternité, que Jésus avait appris à dire “Père”. Cette expérience fondamentale du Coeur de Jésus a introduit entre le Père Éternel et l’humble Joseph, des liens tout à fait mystérieux qui sont, présentement, ce mystère dans lequel nous sommes invités à entrer.”

Et mystérieusement Joseph restera présent auprès de Jésus jusqu’à la Croix lorsqu’un certain Joseph (d’Arimatie) offrira son tombeau neuf pour garder le Corps de Jésus mort. “Ce n’est pas un hasard. Le nom est important dans la Bible: il accompagne non seulement une personne mais aussi une fonction. Joseph, soit en personne, soit par une mystérieuse présence spirituelle qui ne peut être qu’insinuée, est chargé de veiller sur le Corps du Christ.”

Saint Joseph et la Sainte Famille

Isidore de ISOLANI (mort en 1528)

En 1522, dans un ouvrage dédié au pape Adrien VI, intitulé ”La somme des dons de Saint Joseph”, Isidore de Isolani a souvent contemplé Saint Joseph et la Sainte Famille. Il a écrit: “Pendant que Joseph travaillait, combien de fois Jésus lui disait-il: ô mon père bien-aimé! Je donnerai à ces travaux une éternelle récompense. Et Saint Joseph lui répondait: ô mon fils, ô Dieu très- Haut! ce bonheur d‘entendre vos paroles ne compense-t-il pas tous ces travaux, et ne surpasse-t-il pas toute récompense? Votre voix a pour moi une douceur extrême, et vos discours sont plus doux que le miel... Recevez, ô Fils de Dieu, mes travaux de charpentier comme un hommage envers Vous dont la bonté m’a choisi pour être regardé comme votre père. Dans le Ciel ce sont les anges qui vous servent; sur la terre, c’est un homme, un charpentier. Vous, la félicité des esprits bienheureux, Vous ne dédaignez pas de charmer les peines d’un ouvrier.”  [6]

Jérôme GRATIEN de la Mère de Dieu (1545-1614)

Dans un livre intitulé ”Les excellences du glorieux Saint Joseph”, Jérôme Gratien de la Mère de Dieu rappelle que plusieurs auteurs avaient pensé que Joseph était forgeron! Cette interprétation résulte de l’Évangile qui nomme Joseph “faber”.  Ce terme peut, en effet, s’appliquer, soit aux forgerons, dans l’expression “faber ferrarius”,  soit aux charpentiers, dans l’expression “faber lignarius”. Pour des raisons essentiellement pratiques, Jérôme Gratien de la Mère de Dieu estime que Joseph, même s’il savait travailler le fer, ne pouvait pas être forgeron, et voici pourquoi: “Dieu ayant élu Joseph pour servir, nourrir et accompagner en tous leurs voyages Marie et Jésus, selon les conditions de leur pauvreté, l’état de forgeron n’aurait pas été convenable. Pour porter seulement les soufflets, l’enclume, les marteaux et les limes, un mulet eût été nécessaire. Quant au menuisier, sa scie sur l’épaule, le rabot à la ceinture, un compas et un ciseau dans sa poche, il peut parcourir le monde, muni des instruments nécessaires pour gagner son pain. En traversant les déserts, quatre branches sciées du premier arbre eussent fait une cabane pour se mettre à couvert...

Saint Justin, philosophe et martyr, dit que Joseph fut menuisier, et qu’en cet état il eut pour aide, Jésus; que celui-ci, après la mort de Joseph, continua le même métier pour subvenir aux besoins de sa mère. Il faisait des jougs et des charrues...”

Jérôme Gratien devient soudain plein de lyrisme à l’adresse des charpentiers: “Heureux pouvez-vous être appelés, vous autres frères charpentiers, puisque vous avez en votre office deux si bons compagnons, Jésus et Joseph! Oui, heureux si vous savez les imiter, leur être reconnaissants et les servir. Heureux état! Excellent art dont nous ne retrouvons d’autre inventeur que Dieu lui-même, et Joseph et Jésus parmi ceux qui l’ont exercé!...”  [7]

Continuant son panégyrique, Jérôme Gratien de la Mère de Dieu en arrive à l’Église: “... pour servir, accompagner et subvenir tant à la Mère qu’au Fils, Dieu créa un autre charpentier et architecte, et il en fit l’époux de la Vierge. en travaillant ensemble et exerçant toutes les choses conformes à leur état, Joseph et Jésus communiquaient encore, parlaient et traitaient de l’édifice de la Sainte Église en présence de la glorieuse Vierge Marie... “

Dom Prosper G UÉRANGER (1805-1875)

Dom Guéranger énumère aussi les sentiments qui remplirent le coeur de Joseph, cet homme juste, ainsi que les motifs de sa gloire: “l’affection conjugale qui avait pour objet la plus sainte et la plus parfaite des créatures... les joies de Bethléem lorsqu’il assista à la naissance de Jésus,... les alarmes qui interrompirent tant de bonheur quand, au milieu de la nuit il fallut fuir en Égypte... les rigueurs de l’exil, la pauvreté... la vie humble et laborieuse qu’il mena à Nazareth où tant de fois ses yeux attendris contemplèrent le Créateur du monde partageant avec lui un travail grossier...

Paul CLAUDEL (1868-1955)

Paul Claudel a écrit, le 24 mars 1911: “Que de contrastes chez Saint Joseph! Il est le Patron des célibataires et des pères de famille, celui des laïcs et celui des contemplatifs! Celui des prêtres et celui des hommes d’affaires. Car Joseph était charpentier. Il était obligé de discuter avec les clients et de signer de petits contrats, de poursuivre les débiteurs récalcitrants... d’acheter des fournitures, etc... Parfois c’est Jésus qui prend l’outil en mains... Et cela se passe au pied d’une montagne toute ronde qui est le Thabor, et au loin on voit le long faîte du Carmel. Les villages voisins s’appellent Cana, Nathum, Endor, Mageddo...”

Michel GASNIER

De nombreux saints ont pressenti que, si Joseph avait été un père et un éducateur pour Jésus Enfant, rapidement Jésus devint un maître pour Saint Joseph, le grand favorisé. “C’est du matin au soir qu’il vit dans l’intimité de Jésus. C’est près de lui qu’il travaille, qu’il prend ses repas. C’est dans la même chambre, sans doute, qu’ils dorment...  Dans la mesure où Jésus se révèle à lui, son obéissance à Dieu se fait plus entière; sa nourriture comme celle de Jésus, c’est de faire toute la volonté du Père.”

Jésus et Joseph travaillent ensemble, à des tâches que l’on qualifie trop souvent d’obscures. En réalité “Jésus est venu nous apprendre que l’accomplissement des tâches humbles est, à ses yeux, chose si sacrée, qu’Il n’a pas estimé indigne de sa divinité de s’y astreindre Lui-même.”

Daniel FOUCHER

Daniel Foucher, auteur contemporain, ne craint pas d’écrire, dans son livre ”Notre, père, Joseph le Charpentier”  [8]:

“Ce qui constitue l’enchantement de la vie de Nazareth c’est toute la vie trinitaire qui enveloppe Marie et Joseph, grâce à Jésus situé au centre. Ce qui doit définir notre bonheur c’est notre insertion dans le même Royaume d’amour et de partage, de paix et de joie. Le moindre geste sur terre devient l’écho, la réplique de ce qui se déroule à l’intérieur de la Sainte Famille...  N’ayons pas peur de demander à Joseph de nous aider à nous construire dans cet univers à trois dimensions et d’y édifier les autres. On comprend pourquoi Marie ne peut rester seule à seul avec son Fils; bien que vierge-mère, elle n’est pas une maman célibataire; Joseph est là, principalement à la naissance pour les disjoindre et éviter une relation trop fusionnelle...”  [9]

André DOZE [10]

L’Incarnation et le couple Marie-Joseph

André Doze contemple le Shabbat qui, dans la Bible, est présenté comme l’achèvement de l’action du Dieu Créateur, le lendemain de la création du premier couple humain. Saint Joseph est étroitement lié au mystère de l’Incarnation. C’est vraiment un pauvre de coeur “ayant la conviction profonde de son incapacité personnelle, un sentiment d’écrasement et, d’autre part, une immense confiance qui le fait se tourner vers Dieu avec la certitude de ne pas être repoussé...“

Le mystère de l’Incarnation s’est réalisé à Nazareth, “lieu toujours inconnu, toujours à découvrir, de l’enfance spirituelle confiée à Joseph, le Patron de la Bonne Mort.”  De plus, Dieu n’improvisant  pas, à Nazareth, “l’Incarnation, ce n’est pas seulement un Enfant d’apparence humaine venant traduire le Dieu invisible, mais c’est un Enfant avec des parents, indissociables, le couple que Dieu a uni, s’il en fut, de Joseph et de Marie.”  [11] 

En effet, “Le sommet et la source de cette merveille (la gloire de Dieu) est l’Incarnation dont la clé est le couple de Joseph et Marie. Ils définissent un espace aux propriétés étonnantes, l’espace divin sur la terre, confié par le Seigneur au juste Joseph.” [12]  Sur Joseph, le Père s’est reposé pour accomplir cette œuvre essentielle, l’Incarnation. Car, pense André Doze, “une clé manque d’ordinaire, pour entrevoir l’importance unique du repos de Dieu, du rôle du Septième jour, (de la Création) cette clé, c’est le rôle de Joseph... Et Joseph donne l’exemple de ce repos divin quand nous le voyons recevoir, pendant son sommeil, les avis les plus indispensables.”  [13] 

Bérulle, cité par André Doze, avait déjà entrevu “ce qu’on ne voit jamais, d’ordinaire...

Bérulle voit où Dieu se repose, le Septième jour de la création. Il est introduit dans le jardin secret et soigneusement fermé où s’élabore l’Incarnation. Il devine ce qu’il appelle, en toute rigueur de termes, le Paradis céleste en la terre, l’âme de Marie.” [14]   

La contemplation du mystère de l’Incarnation, vu sous cet angle, ne peut manquer de révéler le mystère du couple de Jésus et de Marie. André Doze s’y attarde longuement: “Si l’être humain masculin veut se situer par rapport au Christ, qui est sa tête, comme le Christ se situe par rapport au Père Éternel, un seul modèle: la femme... La femme en face de l’homme, dit Saint Paul  (1 Co 11, 3), est le modèle de ce que l’homme doit être en face du Christ. Je veux que vous le sachiez. L’illustration parfaite de cette loi est donnée par le couple de Joseph et de Marie. Joseph ne devient l’être remarquable qu’il est, que parce qu’il sait s’ouvrir totalement à l’influence de son épouse. L’Annonciation faite à Marie est première par rapport à l’Annonciation à Joseph et la conditionne... La sainteté de Joseph, sa pureté, n’ont pu naître que dans la lumière exceptionnelle de l’Immaculée. Cet homme ne devient le père terrestre du Verbe Incarné que par cette femme.”  [15] 

Sainte Bernadette Soubirous ne craignait pas de dire: “La Sainte Vierge et Saint Joseph sont parfaitement d’accord. Au Ciel, il n’y a pas de jalousie.”  Non, au ciel, il n’y a pas de jalousie, ni dans les couples humains, ni entre les élus. Méditer sur Saint Joseph a curieusement conduit André Doze à se pencher sur le couple “Joseph-Marie”, puis, à partir de ce couple exceptionnel, sur la jalousie.  L’importance de cette réflexion est si grande qu’on ne peut pas ne pas s’y attarder un peu, bien qu’elle ait l’air de s’écarter du sujet: Saint Joseph, l’Incarnation et la paternité de Saint Joseph.

En effet, Jésus nous a redit que nous ne devons pas séparer ce que Dieu a uni. Or, si tant de couples se déchirent, “c’est que nous n’avons pas compris que c’est justement le couple et pas l’être humain en tant que tel qui est le centre de la Création. Dans le Seigneur, dit Saint Paul (1 Co 11,11), ni la femme ne va sans l’homme, ni l’homme sans la femme... Et pour le Seigneur, Marie est indissociable de son époux. L’annonciation à Joseph suit logiquement celle à Marie et l’Ange dit des paroles d’une force extrême, qu’il n’est pas possible de comprendre ici-bas: “ Joseph, fils de David, ne craint pas de prendre chez toi Marie, ta femme, car ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit-Saint.”  La grandeur de ces quelques mots est incommensurable... L’Ange fait savoir aux hommes que Joseph, cet homme absolument unique entre tous les hommes, est celui qui a été choisi pour être l’époux de celle que nous savons être, maintenant, l’Immaculée, et le père terrestre de celui que nous connaissons avec certitude comme le Messie. “ 

Dès l’origine de la création tout devait monter ves le Christ que l’Esprit nous donne en Marie, chez Joseph. Marie, la Bien-Aimée de Dieu, “assimilable au jardin clos où Dieu cache la source de Vie, mais, de toute éternité, Dieu a uni le couple. Cette Bien-Aimée est confiée à Joseph, fils de David, dont le travail est de manier “la clé de David” (Is 22,22), précisément celle qui permet au Seigneur d’ouvrir et de fermer à volonté sur la terre, comme Joseph le fera parfaitement dans sa maison de Nazareth qui abritera les plus divins secrets pendant trente ans.

C’est lui, Joseph, le gardien de ce jardin, celui qui garde la porte  (Jn 10, 3), (cette porte qui est Jésus Lui-même), Lui, ce descendant  de David à qui sont confiés l’Immaculée et le Sauveur qu’elle porte. Il est le gardien du Shabbat, puisque le Shabbat est comme le temps, comme le lieu spirituel de tous ces mystères.” [16]  Saint François de Sales avait bien compris “les secrets de ce divin repos de l’âme que Dieu propose dans le jardin de la Sulamite, en se référant au Cantique des Cantiques, jardin qu’il savait, quant à lui, confié à Joseph: Ô Marie et Joseph, paire sans pair, lis sacré d’incomparable beauté entre lesquels le Bien-Aimé se repaît et repaît tous ses amants.”  [17] 

Lucien DEISS [18] 

Lucien Deiss se penche, lui aussi, sur la paternité de Saint Joseph. Pour lui, le mystère de l’Incarnation, mystère de Jésus, apparaît particulièrement émouvant dans le clair-obscur de Nazareth. Jésus, la deuxième personne de la très Sainte Trinité domine les siècles éternels, mais Marie et Joseph l’ont contemplé Enfant. Jésus proclame la loi nouvelle, mais “c’est Joseph et Marie qui lui ont appris à parler, avec l’accent galiléen qu’on reconnaissait si bien à Jérusalem.” Jésus, Verbe Éternel, est l’artisan de l’univers, mais “c’est Joseph qui lui a appris à raboter les planches et à se servir d’une équerre.”

La conception de Jésus est uniquement l’oeuvre de l’Esprit-Saint. Cependant, il y eut  vraiment un mariage entre Joseph et Marie, lorsque, sur l’invitation de l’Ange, Joseph prit chez lui, Marie, enceinte. Par ailleurs, selon la tradition biblique, toute paternité étant un appel de Dieu à accueillir l’Enfant comme un don de Dieu, il y eut pleine reconnaissance de paternité devant le monde, lorsque Joseph, toujours sur l’invitation de l’Ange, donna son nom, à l’Enfant Jésus. Jamais dans le monde il n’y eut une paternité semblable à celle de Joseph. “Ce qui fait la beauté inexprimable de cette paternité reste le secret entre Dieu et Joseph.”

La formation de Jésus

Quelles sont les sources de la formation de Jésus? On pense immédiatement d’une part à la tradition d’Israël, et d’autre part à l’influence familiale de Joseph et de Marie. “Sa formation ressemble à celle des fils et des filles de Nazareth de son temps. Cette tradition comprenait non seulement la révélation écrite, c’est-à-dire ce que Jésus appelait la loi et les Prophètes, mais aussi les lois jadis transmises oralement, qui étaient en usage à l’époque, et qui furent rassemblées par la suite dans la Mishnah.

Sur le plan familial “nous ignorons comment Joseph et Marie ont vécu et exprimé au sein de leur foyer l’amour qui les liait l’un à l’autre, et nous ne pouvons que deviner leurs deux mains jointes en un geste de tendresse mutuelle et d’offrande à Dieu; mais le parfait équilibre de Jésus, tant sur le plan simplement humain que sur le plan religieux, révèle la qualité de l’amour qui unissait Joseph et Marie... La splendeur de cette humanité révèle, comme dans un miroir, la beauté de celle de Joseph et de Marie... ” Avec Lucien Deiss, nous pouvons nous émerveiller “sur la réalité la plus sublime que Dieu ait créée sur terre, c’est-à-dire l’amour d’un homme et d’une femme -ici de Joseph et de Marie- amour qui s’est unifié dans l’amour de leur Enfant, Jésus.” Et surtout rappelons-nous sans cesse, en contemplant la Sainte famille, l’importance de la famille dans le développement harmonieux de n’importe quel être humain: “Le développement de la personnalité de Jésus s’est réalisé sous le soleil de son Père d’En-Haut, certes, dans son dialogue le plus intime avec son Père du Ciel, mais aussi dans la chaleur du foyer de son père Joseph et de sa mère Marie.”  Car,“son intelligence et son coeur, comme en tout homme, demeuraient soumis à la loi humaine de la croissance.”

Joseph, icône du Père [19] 

“Joseph était si bon, si tendrement aimable, si affectionné, que Jésus Enfant a appris à découvrir en lui l’image du Père Céleste... Dans la Sainte Famille de Nazareth, on n’avait du père qu’une image de bonté... Joseph fut pour Jésus l’icône de l’Abba du Ciel. La découverte de la tendresse humaine dont l’entourait Joseph fut le chemin de découverte de la tendresse infinie dont l’entourait le Père du Ciel.“

Jo CROISSANT

Jo Croissant, comme son époux, Éphraïm, fondateur de la communauté des Béatitudes, a été amenée, dans le cadre de son apostolat, à soulager des âmes blessées, parfois profondément. De nombreux jeunes ont complètement perdu la notion de père, soit parce que le père s’était montré défaillant dans son rôle paternel, soit parce que le père avait été inexistant. Aussi un certain nombre de techniques de guérison ont-elles pour but de faire retrouver toute la valeur irremplaçable du père, et surtout de rencontrer Dieu, le Père par excellence. Saint Joseph et la Sainte Famille se trouvent souvent sur le chemin qui mène au Père. La scène du recouvrement de Jésus au Temple est un exemple caractéristique de ce retour au Père.

“Quitter la maison de son père signifie quitter les fausses images que nous avons de Dieu, car il veut se révéler à nous tel qu’Il est... Dans le recouvrement de Jésus au Temple, la Sainte Famile elle-même vit cette séparation. Pour Joseph et Marie, elle se fait dans la souffrance. Marie rappelle à Jésus les liens de la chair: “Ton père et moi, nous te cherchions,...” et Jésus leur montre le Père Céleste: “Ne savez-vous pas que je me dois aux affaires de mon Père?” Il fallait donc que Jésus lui-même soit séparé de Joseph et Marie, pour qu’Il puisse rentrer pleinement dans son identité de Fils de Dieu. Et bien qu’Il retourne avec ses parents à Nazareth, et qu’Il leur soit soumis, Il est entré dans une nouvelle dimension.”  [20] 

L’achèvement de toute chose, c’est le retour au Père: “Marie, dans toutes les étapes de la vie de Jésus ne cesse de le conduire au Père, tout d’abord dans sa soumission à Joseph, son époux. C’est lui Joseph, qui aura toutes les initiatives, qui prendra les décisions de leurs déplacements. C’est à lui et non à Marie que l’Ange parle en songe, comme pour l’établir dans son autorité de chef de famille. Et au moment du recouvrement de Jésus au Temple, Marie rappelle à son Fils la soumission à son père.”  [21]


[1] Jean-Jacques Olier - La journée chrétienne -  Cité par André DOZE dans ”Joseph, ombre du Père”

[2]D.J. Lallement “Mystère de la Paternité de Saint Joseph”  Éditions Téqui

[3] D.J. LALLEMENT ”Mystère de la paternité de Saint Joseph “   Éditions TÉQUI

[4] André DOZE “Joseph, Ombre du Père”  -  Éditions des Béatitudes

[5] André DOZE ”Joseph, Ombre du Père “ -  Éditions des Béatitudes

[6] Cité par le Chanoine LAMOTHE-TENET  “Saint Joseph Patron des communautés religieuses”  Éditeur J. Martel aîné, Imprimeur de N.S.P. le Pape.  Montpellier (1879)

[7] Cité par Mrg Villepelet dans “Les plus beaux textes sur Saint Joseph”

[8] Daniel Foucher “Notre Père, Joseph le charpentier”   Éditions de Montligeon

[9] Daniel Foucher “Notre Père, Joseph le charpentier”   Éditions de Montligeon

[10] André DOZE ”Joseph, Ombre du Père”   Éditions des Béatitudes

[11]  André DOZE ”Joseph,  Gardien du Shabbat”   Éditions des Béatitudes

[12]  André DOZE ”Joseph, Ombre du Père”  Éditions des Béatitudes

[13]  André DOZE ”Joseph, Gardien du Shabbat”   Éditions des Béatitudes

[14] Cité par  André DOZE Joseph, Gardien du Shabbat “  Éditions des Béatitudes

[15] André DOZE  “Joseph, Gardien du Shabbat”  -  Éditions des Béatitudes

[16] André DOZE  “Joseph, Gardien du Shabbat”  -  Éditions des Béatitudes

[17] Cité par André DOZE dans  “Joseph, Gardien du Shabbat” -   Éditions des Béatitudes

[18] Deiss Lucien “Joseph, Marie, Jésus”   - Éditions Saint Paul

[19] Deiss Lucien “Joseph, Marie, Jésus”   - Éditions Saint Paul

[20] Jo Croissant ”Le Corps, Temple de la Beauté”   Éditions des Béatitudes

[21] Jo Croissant ”Le Corps, Temple de la Beauté”   Editions des Béatitudes

   

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