LA VOIE MYSTIQUE

adveniat regnum tuum

L'ornement des Noces spirituelles

LIVRE I

1 Le Prologue - Voici que vient l'époux, sortez à sa rencontre

2 La première venue du Christ

3 La seconde venue du Christ. Les sacrements

4 De la troisième venue du Christ. Le jugement

5 Conclusion du Livre 1

 

LIVRE 1

La vie active ou extérieure

1
Le Prologue.
Voici que vient l'époux, sortez à sa rencontre

Ruysbroeck commence son ouvrage en rappelant les grandes lignes de l'histoire de notre salut. Nous ne rapportons ici que les thèmes principaux du prologue, afin de rendre plus compréhensible la suite de notre travail.

Ruysbroeck écrit: "Le Christ est l'Époux et la nature humaine l'Épouse, créée par Dieu à son image et ressemblance, et placée par lui, dès l'origine, au lieu le plus digne, le plus beau, le plus riche et le plus fertile de la terre, qui s'appelait le Paradis... Alors vint un fourbe, l'ennemi infernal, qui, rempli de jalousie, prit la forme d'un serpent rusé et trompa la femme... Et ainsi l'ennemi, par ses faux conseils, ravit cette nature, l'Épouse de Dieu; et elle fut exilée en une terre étrangère, devint pauvre et misérable, captive et opprimée sous le joug de ses ennemis...

Mais lorsque Dieu vit le temps venu et que les souffrances de sa bien-aimée l'eurent rempli de pitié, il envoya son Fils unique sur la terre, en un riche palais et un temple glorieux, le sein de la Vierge Marie. Là le Fils épousa sa fiancée notre nature, et il l'unit à sa personne du sang très pur de la noble vierge. Le prêtre qui présida à ces noces fut le Saint-Esprit...

Ainsi le Christ, notre fidèle Époux, s'est uni à notre nature; il nous a visités sur la terre d'exil, il nous a enseignés d'une manière céleste et avec une fidélité parfaite... Il a brisé la prison et remporté la victoire... Son sang nous a rachetés, afin que, parés de toutes les vertus, nous puissions sortir, comme il dit, et le rencontrer dans le palais de sa gloire...

Le christ nous donne un précepte: "Voyez!" l'Époux vient, il nous montre ce que nous devons voir, et nous dit: "Sortez!" Alors, nous pourrons entrer dans contemplation divine, état que peu d'hommes atteignent, avertit notre auteur, Jean de Ruysbroeck. (Livre 1-Prologue)

2
La première venue du Christ
.

Des trois choses nécessaires pour que l'on puisse voir dans la vie active (Livre 1-chapitre 1)

"Le Christ, Sagesse du Père, a fait entendre une parole... Voyez...

Or pour voir corporellement, il faut que la lumière matérielle illumine l'air... La volonté libre doit permettre aux yeux de saisir les images... et les yeux doivent être sains et sans tache..." Trois conditions sont requises: "la lumière de grâce, l'action de la volonté libre qui se tourne vers Dieu et une conscience purifiée de tout péché mortel... Dieu... donne sa grâce de deux manières: la grâce prévenante donnée communément à tous les hommes, païens et juifs, bons et méchants, et celle qui fait mériter la vie éternelle.. Qui veut se tourner vers Dieu peut se convertir."

Et pour que tous les hommes puissent se convertir,  Dieu leur a donné les sacrements. Hélas! tous les hommes ne se convertissent pas; aussi est-il nécessaire de tailler les sarments sauvages qui ne donnent pas de fruit. La taille des rameaux sauvages, c'est la grâce:

– La grâce prévenante se présente extérieurement sous la forme d'épreuves. Elle peut se présenter aussi "par les bons exemples des saints, la méditation des douleurs et des souffrances de Notre-Seigneur, ou, enfin, par la contemplation des merveilles répandues au ciel, sur la terre et en tous les êtres...

Lorsque l'homme fait ce qu'il peut et que sa propre faiblesse l'empêche d'aller plus avant, c'est à l'infinie miséricorde de Dieu de parfaire l'œuvre. Alors apparaît une lumière plus haute de grâce divine, semblable à un rayon de soleil qui entre dans l'âme...

– Le libre retour de la volonté, qui alors donne naissance à la charité, le lien d'amour entre Dieu et l'âme... En cette âme naît la charité, à la fois de Dieu et de l'âme elle-même; car la charité est un lien d'amour entre Dieu et l'âme aimante."

– De cet amour naît le troisième élément, la purification de la conscience... "C'est parce qu'il aime Dieu, que l'homme, apercevant ses péchés et les souillures de son âme, en éprouve du mépris pour soi-même et pour ses propres œuvres."

2-1-Comment nous pouvons connaître les trois modes selon lesquels vient le Christ (Livre 1-Chapitre 2)

Quelques considérations sur la Sainte Trinité (Livre 1-Chapitre 2 et Livre 2-Chapitre 49)

"Voyez", nous dit Ruysbroeck de la part du Jésus. Le Christ nous montre ensuite ce que nous devons voir, l'Époux qui vient, et les trois modes ou venues de l'Époux: Jésus-Christ se fait homme; Il envoie sa grâce; ensuite interviendra le jugement. Les motifs, qui ont poussé le Christ à agir ainsi sont: "son amour divin, sans mesure; puis l'amour créé ou charité qu'il possédait en son âme...  et la grande détresse de la nature humaine; enfin la gloire du Père céleste... Le Christ est en effet la Sagesse du Père, et tous deux produisent un seul Esprit, un seul Amour qui est leur lien mutuel et celui de tous les saints et de tous les hommes justes, au ciel et sur la terre." (Livre 1-Chapitre 2)

Ruysbroeck s'efforcera plus loin de définir la Sainte Trinité, exercice particulièrement difficile. Mais pour bien comprendre la suite de ce chapitre, il est intéressant de savoir comment Ruysbrœck "voit" la Sainte Trinité. Il écrit: "La haute unité superessentielle en laquelle le Père et le Fils possèdent la nature divine, en union avec le Saint-Esprit, dépasse toute compréhension, intelligence et faculté de notre esprit, en son essence la plus pure; et dans ce grand silence, Dieu défie toute créature ne jouissant que de lumière créée. Cette haute unité de la nature divine est vivante et féconde, car c'est du sein de cette même unité que le Verbe éternel naît sans cesse du Père. Par cette génération le Père connaît le Fils et toutes choses dans le Fils, et le Fils connaît le Père et toutes choses dans le Père, car ils sont d'une nature unique. De ce commun regard du Père et du Fils, dans une clarté éternelle, procède une complaisance éternelle, un amour immense, et c'est le Saint-Esprit...

C'est par son divin Esprit et son éternelle Sagesse que Dieu s'incline vers chaque créature en particulier, répandant et enflammant l'amour en chacune, selon sa dignité et l'état où l'ont située et élue ses vertus et l'éternelle providence de Dieu." (Livre 2-chapitre 49)

Revenons au livre 1. Ruysbroeck nous propose de retenir les trois vertus essentielles du Christ:

– "L'humilité,

– la charité

– et la patience dans les peines soit intérieures soit extérieures."

2-2-Les vertus essentielles: l'humilité, la charité et la patience du Christ (Livre 1-Chapitres 3 à 5)

      2-2-1-L'humilité de Jésus (Chapitre 3)

De son humilité, Jésus "donna d'abord la preuve en se faisant homme... La seconde sorte d'humilité chez le Christ fut de prendre pour sa mère, non une fille de roi, mais une pauvre vierge qui devint ainsi mère de Dieu et de celui qui est Seigneur du ciel, de la terre et de toute créature..." Non seulement "son âme, avec toutes ses puissances, s'inclinait avec respect et vénération devant la haute puissance de son Père..." mais Il obéissait à la loi des hommes, "et même à de simples coutumes, quand cela était utile. Il fut circoncis, présenté au Temple, racheté selon l'usage, et il paya l'impôt à César comme les autres juifs. Il se soumit en toute humilité à sa mère et à saint Joseph..."

      2-2-2-La charité du Christ (Chapitre 4)

La charité est le principe de toutes les autres vertus. "Sous l'action de cette charité, le Christ s'élevait sans cesse vers son Père en toute révérence et louange, avec amour et ardente intercession pour les besoins de tous les hommes, et il offrait toutes ses œuvres à l'honneur de son Père... À tous les hommes bien disposés il dispensait l'aliment spirituel, et parfois il leur procurait l'aliment matériel, qu'ils n'auraient pu trouver dans les déserts où ils l'avaient suivi: il faisait entendre les sourds et marcher les boiteux, il rendait la vue aux aveugles et la parole aux muets, chassait les démons du corps des possédés et ressuscitait les morts, ce qui doit s'entendre tant du corps que de l'esprit.

      2-2-3-La patience de Jésus (Chapitre 5)

"La troisième vertu remarquable dans le Christ est sa patience dans les souffrances... En naissant il eut déjà à supporter le dénuement et le froid. À la circoncision il versa son sang; il dut fuir en terre d'exil, et fut le serviteur de sa mère et de saint Joseph... Durant sa vie publique "il souffrit la faim et la soif, les opprobres et le mépris..."

Enfin, "trahi, bafoué, injurié, flagellé et frappé, condamné sur de faux témoignages, il porta sa croix avec grande souffrance... Rien ne lui fut épargné. Il fut attaché au bois de la croix avec des clous grossiers, et on étira tous ses membres jusqu'à les lui déchirer... Il souffrait encore spirituellement en son âme, de l'endurcissement des juifs et de ceux qui le mettaient à mort... Le Christ portait aussi la douleur et l'affliction de sa mère et de ses disciples... Il souffrait de ce que sa mort demeurerait inutile pour beaucoup, et il s'affligeait de l'ingratitude d'un grand nombre et des blasphèmes impies que tant d'hommes devaient proférer... Mais, plein d'amour pour nous, il faisait taire toutes ces douleurs et criait à son Père: 'Pardonnez-leur, ô Père, car ils ne savent ce qu'ils font'. "

Vient la première conclusion de Ruysbroeck: "Puis le Christ s'est élevé au ciel par sa propre puissance, et il y siège à la droite de son Père, partageant son règne pour l'éternité. C'est la première venue de notre Époux, qui est pleinement achevée."

2-3-La pratique de toutes les vertus. D'une sortie spirituelle par la pratique de toutes les vertus (Livre 1- Chapitres 11 à 22)

Ruysbroeck précise ensuite sa pensée concernant les vertus dans le cadre de la seconde venue du Christ. Afin de ne pas trop éparpiller notre réflexion, il nous a semblé utile de poursuivre ici même, les réflexions de Ruysbroeck concernant la pratique des vertus. Ainsi, il écrit: "Le Christ a dit tout d'abord: Voyez; et pour l'accomplir, il faut la charité et une conscience pure... Il nous indique maintenant ce que nous avons à faire ensuite, et il dit: Sortez. Or cette sortie doit se faire de trois manières; car il nous faut sortir vers Dieu, vers nous-mêmes et vers notre prochain, et cela se fait par la charité et la justice... Ces deux vertus, charité et justice, donnent un fondement au royaume de l'âme, où Dieu doit faire sa demeure, et ce fondement c'est l'humilité; ces trois vertus portent tout le poids et l'édifice de toutes les autres et de toute noblesse..." (Chapitre 11)

Ruysbroeck traite alors des principales vertus liées à la charité, à la justice et à l'humilité, en commençant pas l'humilité, ce sentiment bas et profond, cette inclination ou prosternement intérieur du cœur et de l'âme devant la haute dignité de Dieu. Face à Dieu qui "est si haut, si puissant et si noble, et l'homme si pauvre, si petit et si chétif, l'homme sent naître en son cœur une immense révérence et haute estime de Dieu... Il est humble encore dans toute son attitude, devant Dieu et tous les hommes... Et c'est ainsi qu'il triomphe et se débarrasse de l'orgueil, cause et principe de tout péché. Par l'humilité sont rompus les liens du démon, du péché et du monde." (Chapitre 12)

Mais l'humilité conduit à l'obéissance qui "est le fait d'une âme humble, soumise et souple, et d'une volonté prête à tout bien. Elle soumet l'homme aux commandements, aux défenses et à la volonté de Dieu... L'obéissance de volonté et d'acte orne, étend et manifeste l'humilité de l'homme. Elle donne la paix aux communautés... et maintient la concorde et l'égalité d'âme entre frères... L'obéissance engendre l'abandon de la volonté propre et de l'opinion personnelle... La volonté de Dieu devient dès lors maîtresse en toutes choses, et celle de l'homme lui est si unie, qu'il ne peut plus vouloir ni désirer autre chose... (Chapitres 13 et 14)

Du renoncement à la volonté propre naît la patience... support tranquille de tout ce qui peut nous atteindre de la part de Dieu et de toutes les créatures... La patience donne naissance à la douceur, car nul ne peut être doux dans la mauvaise fortune s'il n'est tout d'abord patient.

La douceur donne à l'homme paix et tranquillité au milieu de toutes choses. Il peut alors supporter paroles et gestes de menace, visage mauvais et méchants procédés, ou encore l'injustice sous toutes ses formes... De ce même fonds de douceur naît la bonté, nul ne pouvant être bon que celui qui est doux de cœur... Grâce à la clémence et à la bonté, la charité demeure vivante et féconde en l'homme...

La bonté fait naître la compassion, c'est-à-dire une commune sympathie pour tous les hommes... mouvement intérieur du cœur ému de pitié... C'est sous cet empire que l'on souffre avec le Christ en sa passion, lorsque l'on considère le pourquoi de ses souffrances, la manière dont il les a portées et la patience dont il y a fait preuve... Devant ces peines inouïes et multiples du Christ, notre Sauveur et notre Époux, l'homme vraiment bon se sent ému de compassion et de pitié à son égard..." (Chapitres 15 à 16)

Selon Ruysbroeck, l'homme remarque maintenant ses propres fautes, et se prenant lui-même en pitié il "gémit de l'aberration et de l'aveuglement des hommes, de l'oubli où ils sont de leur Dieu et de leur propre salut, de leur ingratitude vis-à-vis de tout le bien que Dieu leur a fait et de toutes les souffrances endurées pour eux... En constatant tout cela, l'homme vraiment bon se sent pris d'un grand désir du salut de tous. Son souci de miséricorde s'exerce encore sur les besoins temporels de son prochain et les souffrances multiples qu'il endure... Mais sa plus grande souffrance est de voir les hommes porter tout cela sans patience, perdre ainsi leur récompense et mériter souvent l'enfer. Telle est l'œuvre de la compassion et de la miséricorde..." amour commun à tous les hommes "qui expulse le troisième péché capital qui est la haine et l'envie." (Chapitre 17 et 18))

Ruysbroeck peut aborder la libéralité, "large effusion du cœur ému de charité et de miséricorde... Voyant l'aberration, l'aveuglement et l'injustice des hommes, il souhaite et implore de Dieu avec une intime confiance l'effusion de ses dons divins et de sa libéralité sur tous, afin qu'ils le connaissent et se tournent vers la vérité. Il regarde aussi avec compassion les besoins matériels de tous les hommes, et il se dépense, donne et prête, consolant chacun selon qu'il est nécessaire et selon son pouvoir, en toute discrétion..." (Chapitre 19)

Ruysbroeck parle ensuite des vertus de sobriété et surtout de pureté d'âme et de corps. Pour lui, la "pureté d'esprit consiste pour l'homme... à se donner à Dieu seul... La pureté de cœur consiste à se tourner vers Dieu en toute tentation des sens ou poussée de la nature, avec sa volonté libre, un abandon toujours renouvelé, sans hésitation, avec une nouvelle fidélité et le ferme propos de demeurer sans cesse avec Dieu..." (Chapitres 21 et 22)

Sous l'empire des vertus, l'homme devient joyeux et se trouve rempli de zèle, "poussée intérieure et pressante vers toutes les vertus et vers la ressemblance du Christ et de ses saints... " (Chapitre 20)

2-4-Le libre arbitre et la justice (Livre 1-Chapitres 23 et 24)

Comment acquérir toutes ces vertus? Ruysbroeck va nous répondre en développant les notions de justice et de libre-arbitre. Si nous voulons acquérir toutes les vertus énumérées ci-dessus et expulser les vices qui leur sont contraires, il nous "faut posséder la justice, la pratiquer et la garder jusqu'à l'heure de notre mort, avec pureté de cœur... car nous avons trois puissants adversaires... le démon, le monde et notre propre chair..."

C'est pourquoi "nous devons supporter volontiers toute souffrance, peine ou persécution pour la justice, pour l'honneur de Dieu et par amour de la vertu, afin d'acquérir et de posséder la justice dans la pureté du cœur... Au moyen de ces vertus, l'homme sort pour aller vers Dieu, vers soi-même et son prochain, par une vie bonne, vertueuse et juste...

Quiconque veut acquérir et conserver ces vertus doit orner, posséder et gouverner son âme comme un royaume. Là c'est le libre arbitre qui est roi... Le manteau royal dont il est revêtu et paré se compose de deux parties. À droite, c'est le don divin de force... Le côté gauche du manteau est la vertu cardinale qui s'appelle la force morale... Ce roi doit aussi choisir des conseillers en sa terre, les plus sages qu'il puisse trouver. Ce sont la science et la discrétion... Il appartient encore à ce roi, qui est le libre arbitre, d'établir en son royaume un juge, la justice elle-même..."

Ce juge devra parcourir le royaume avec sagesse et prudence, et les puissances de l'âme, établies sur l'humilité devront lui être soumises. "Celui qui a, de cette manière, disposé, ordonné et régi le royaume de son âme, est sorti par amour et par vertu, pour aller vers Dieu, vers soi-même et son prochain."

3
La seconde venue du Christ. Les sacrements

(Livre 1-Chapitres 6 et 7)

"La seconde venue a lieu quotidiennement chez les bons; elle est source de grâces nombreuses et de dons nouveaux..." La raison? La miséricorde de Dieu et notre misère, sa libéralité et la grandeur de nos désirs. Ce sont quatre causes de croissance en vertu et en dignité pour l'âme..."

Ruysbroeck prend alors une comparaison simple: le soleil qui éclaire même les profondes vallées.  De même, pour "l'âme qui prend conscience de sa pauvreté et de sa détresse... qui connaît sa misère, qui l'expose et en gémit devant la bonté et la miséricorde de Dieu. Ainsi peut-il reconnaître et la hauteur de Dieu et sa propre bassesse, et il devient une vallée profonde. Or, le Christ est un soleil de justice et aussi de miséricorde, qui se tient au plus haut du firmament, c'est-à-dire à la droite de son Père, et il brille jusqu'au fond des cœurs humbles...

La vallée, qui est le cœur humble, reçoit ainsi une illumination plus haute de la grâce, une ferveur plus grande de charité, une croissance de vertus parfaites et de bonnes œuvres. En cela consistent la cause, le mode et l'effet de la seconde venue du Christ."

Chaque jour notre âme peut progresser lorsque nous recevons "d'un cœur humble quelque sacrement, sans apporter d'obstacle à son efficacité... c'est-à-dire c'est pour le baptême le manque de foi, pour la confession l'absence de contrition, pour le sacrement de l'autel le péché mortel ou la volonté perverse, et ainsi de suite pour les autres sacrements..."

Dès lors, grâce aux sacrements reçus humblement, l'âme peut progresser. "Telle est la seconde venue du Christ notre Époux, qui se fait pour nous quotidiennement."

4
De la troisième venue du Christ. Le jugement

(Livre 1-Chapitres 8 à 10)

"La troisième venue, qui est encore future, se fera au jugement ou à l'heure de la mort..." Alors, le Christ, notre Époux, "récompensera et punira en toute justice, rendant à chacun selon ses mérites... Au jugement sont cités comme témoins les anges et la conscience de chacun. L'accusateur, c'est le démon d'enfer, et le juge, c'est le Christ que nul ne peut tromper."

Il y a cinq catégories de personnes qui doivent comparaître devant ce juge:

– "des chrétiens qui meurent en péché mortel, sans repentir ni pénitence,

– les infidèles et les païens...

–La troisième catégorie se compose des bons chrétiens qui, tombés parfois dans le péché, se sont relevés avec contrition, en y joignant l'expiation de la pénitence; mais ils n'ont pas achevé cette expiation conformément à la pleine justice, et ils appartiennent au purgatoire.

– La quatrième catégorie comprend ceux qui ont gardé les commandements de Dieu, ou qui, s'ils les ont enfreints, se sont retournés vers lui avec contrition et pénitence, accomplissant des œuvres de charité et de miséricorde, et qui ont si parfaitement expié que de leurs lèvres leur âme s'exhale pour aller au ciel sans passer par le purgatoire.

– La cinquième catégorie, ce sont ceux qui... à peine délivrés des liens du corps, en un instant jouissent de leur éternelle béatitude, sans autre jugement...

Telle est la troisième venue que nous attendons tous et qui est future. La première a déjà eu lieu, lorsque Dieu s'est fait homme; la seconde est présente et se fait en chaque cœur aimant par la grâce; la troisième enfin aura lieu au jugement dernier ou à l'heure de notre mort."

5
Conclusion du Livre 1

Le désir de connaître l'époux en lui-même: une rencontre spirituelle entre Dieu et nous  (Livre 1-Chapitres 25 et 26)

"Lorsque, par la grâce de Dieu, l'homme peut voir, lorsqu'il a purifié sa conscience et s'est rendu attentif à la triple venue du Christ, notre Époux, lorsqu'enfin il est sorti au-devant de lui en pratiquant les vertus, la rencontre doit suivre, et c'est le quatrième et dernier point à considérer. Il y a là, en effet, toute notre béatitude, ainsi que le principe et le couronnement de toute vertu, car tout acte vertueux suppose une rencontre de Dieu." Cette rencontre se fait en cherchant Dieu et Lui seul le Maître de tout, en Le connaissant mieux pour L'aimer plus que tout, en se reposant en Lui, en s'abandonnant à sa miséricorde. "Ce mode et ce procédé, que je viens d'exposer, s'appellent une vie active.

Lorsque l'homme atteint la perfection qui vient d'être décrite, consacrant toute sa vie et toutes ses œuvres à l'honneur et à la louange de Dieu, et le recherchant et l'aimant par dessus toutes choses, il est souvent saisi du désir de voir, de savoir et de connaître qui est cet Époux, le Christ, qui pour lui s'est fait homme et par amour a porté le labeur jusqu'à la mort."

Comme le publicain Zachée, il doit monter sur un arbre, mais c'est ici l'arbre de la foi du sommet duquel vient Jésus, l'Époux. Jésus dit: "Descends vite, car il faut que je demeure aujourd'hui dans ta maison." Descendre, ici, cela signifie "descendre par l'amour dans l'abîme de la divinité."

Ruysboeck conclut alors le livre 1 des Noces Spirituelles:

"C'est ainsi que nous devons rencontrer le Christ au point culminant de la vie active. Si donc vous avez établi comme fondements la justice, la charité et l'humilité; si vous avez ensuite construit là une habitation, c'est-à-dire les vertus qui ont été exposées ci-dessus, et si vous avez rencontré le Christ par la foi, l'intention et l'amour, alors vous habitez en Dieu et Dieu en vous, et vous êtes en possession d'une vie active c'est la première chose dont nous avons voulu parler."

VOIR : G - L'Ornement des Noces éternelles 3

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