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Mystères Joyeux — Mystères Lumineux —
Mystères Douloureux
Mystères Glorieux
Mystères du Rosaire
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La vie de Jésus fut
réellement une vie d’homme, avec ses joies, ses bonheurs, ses peines et
ses douleurs. Malgré ses deux natures, sa nature divine et sa nature
humaine, Jésus fut vraiment homme comme Il était vrai Dieu. Vrai homme,
Jésus a voulu vivre notre vie, avec nous et devenir l’un de nous, au
sens plénier du terme.
Jésus a donc connu les
sourires et les joies de l’enfance. Il a connu pleinement la sécurité
d’une famille pauvre mais unie et pleine d’amour. Il a connu les joies
de l’adolescence, sans oublier toutefois qu’Il se savait aux affaires de
son Père. Méditer sur le sourire des mystères joyeux est donc
relativement facile. Il en sera de même pour les mystères lumineux et
les mystères glorieux.
Mystères lumineux, mystères
de la Gloire de Jésus qui se manifeste à ses apôtres afin qu’ils croient
en Lui. Mystères lumineux, mystères de joie et mystères pleins
d’espérance... Quand les apôtres, après la Résurrection et l’Ascension
de Jésus se souviendront de ces moments intenses pendant lesquels Dieu
bénit son Fils Bien-Aimé, leur cœur se gonflera de joie... Mystères
lumineux, sourires de Dieu sur la terre...
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Jésus est ressuscité et
Jésus va entrer dans sa Gloire. Il est ressuscité et ses amis profitent
de l’intense bonheur de sa présence malgré l’inquiétude que provoquent
certaines de ses paroles. Jésus entre dans sa Gloire, et bientôt Il
viendra chercher Marie, sa Mère devenue Mère de l’Église. Le sourire des
mystères glorieux est un sourire grave car il est tout entier contenu
dans le mystère de Pâque, le mystère de la Rédemption, mais c’est un
sourire de paix. C’est aussi un sourire de Gloire.
Le mystère de Pâque, ce
mystère de Gloire, achève le mystère de la Rédemption qui est d’abord
passé, et passera toujours par la Croix. La Croix de Jésus, ce fut la
souffrance intense, ce fut le rejet de beaucoup d’hommes et même de ceux
qui s’étaient dits ses amis. La Croix de Jésus, sa Passion, ce furent
aussi pour Lui le mépris, l’incompréhension totale de la part des autres
hommes, même de ses proches, sauf, bien sûr, de Marie.
La Croix de Jésus, ce fut
l’abandon : Jésus fut abandonné de tous, même du Père. Oh ! l’abandon du
Père, mystère terrible de la nuit obscure, de la détresse suprême et
totale. Pourtant, au plus profond de la détresse humaine de Jésus et de
sa souffrance absolue, il y eut comme quelques rayons de lumière, comme
des sourires de réconfort.
Nous allons méditer ces
mystères du Rosaire en contemplant ce qui, tout au long de la vie de
notre Sauveur, a pu être comme un sourire de paix et d’Amour de Dieu
pour Dieu.
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Mystères joyeux |
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Contemplons Marie chez
elle, à Nazareth. Elle est légalement mariée bien qu’elle ne vive pas
encore avec Joseph. Chez les juifs d’alors, le mariage légal, que nous
appelons “fiançailles”, était le vrai mariage légal. Les festivités qui
précédaient la vie commune ne venaient que plus tard, quand les
circonstances le permettaient.
Marie a donc été mariée à
Joseph. Tous les deux resteront vierges: de cela Marie est sûre et elle
est pleine de confiance. En attendant elle prie le Seigneur d’envoyer
son Messie, le Messie promis depuis si longtemps à Israël, le Messie
sans cesse annoncé par les prophètes.
Marie prie, et Marie
sourit : elle ne sait pas encore qu’un Ange la regarde, la contemple et
se réjouit de sa pureté et de son innocence. Marie lève les yeux ;
l’Ange peut saluer la pleine de grâce et se réjouir avec elle qui sera
la Mère du Sauveur: “Réjouis-toi, Marie, comblée de grâces, le Seigneur
est avec toi.”
Marie, comblée de grâce est
comblée de bonheur, d’un bonheur qui transparaît sur son visage. Marie
est infiniment heureuse : Marie sourit, et son sourire est plein de
lumière, de la lumière de Dieu qui est en elle.
Le sourire de Marie déborde
de reconnaissance et d’amour, car le sourire de Marie c’est le
rayonnement visible d’une âme en accord parfait et amoureux avec la
volonté de l’Amour, de Dieu-Amour. |
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La Visitation
L’annonce de l’Ange a
rempli Marie d’allégresse et d’amour. Élisabeth, sa cousine est
enceinte !... À son âge !... Il faut vite aller l’aider. Alors Marie
part, immédiatement, car la charité n’attend pas.
Quelle rencontre
extraordinaire que celle de ces deux femmes ! La joie d’Élisabeth
rejoint le bonheur de Marie, la bénie entre toutes les femmes.
L’enfant d’Élisabeth
tressaille de joie, lui aussi, dans le sein de sa mère, car Jésus vient
de purifier son âme. Alors Élisabeth bénit Jésus, l’Enfant béni que
Marie porte dans son sein.
L’âme de Marie exulte de
joie en Dieu son Sauveur. Le visage de Marie ne peut cacher son bonheur,
car le Très-Haut s’est penché sur son humble Servante, celle que toutes
les générations appelleront Bienheureuse.
Le Seigneur fit pour Marie,
et pour nous des merveilles, car Il s’est souvenu de son Amour, des
promesses faites à nos pères.
Élisabeth sourit à Marie
qui sourit. Merveilleux mystère que ce mystère de la Visitation, le
mystère du sourire ! |
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La Nativité de Jésus
Il fait froid dans la
crèche inconfortable mais Joseph est radieux. Joseph sourit à Marie et
tous deux regardent l’Enfant qui sourit. Il fait froid dans la crèche
inconfortable mais le bonheur de Marie et de Joseph est incommensurable.
Il fait froid dans la crèche inconfortable, mais l’Amour réchauffe les
cœurs car Jésus, l’Enfant attendu est né.
À quelques centaines de
mètres de la Crèche une inhabituelle agitation règne, surtout à cette
heure de la nuit. Que se passe-t-il ? Quelle est cette musique céleste
qui réveille les corps et enchante les coeurs. “Hosanna ! Au plus
haut des cieux ! Paix aux hommes de bonne volonté !” Quelle est
cette voix angélique si rassurante : “Ne craignez pas, le Sauveur, le
Messie que vous attendiez vous est né. Vous Le trouverez dans la crèche,
petit bébé enveloppé de langes.”
Les bergers s’empressent.
Le Messie est né : il faut aller le voir. Il faut lui rendre hommage.
C’est un petit bébé: il a besoin d’une couverture chaude. Il faut aussi
du lait... et des fromages pour ses parents...
Les bergers se hâtent
d’arriver : ils ont perdu toute timidité. Ils avancent dans la crèche et
ils voient : ils voient un tout petit bébé qui déjà leur sourit. Les
bergers alors oublient tout: ils oublient leurs présents, ils oublient
leurs questions.
Les bergers regardent Marie
et Joseph qui leur sourient aussi et les pressent d’entrer. Les bergers
sont ravis ; leur bonheur les paralyse. Les bergers sont ravis et
sourient à Jésus.
Notre-Dame du doux sourire,
nous accueillons votre sourire. Notre-Dame du doux sourire qui souriez à
Jésus, donnez-nous votre sourire, et puis, priez aussi pour nous... |
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Quarante jours sont
passés : il faut aller au Temple pour présenter l’Enfant selon la
coutume juive, et lui donner son nom. Il s’appellera Jésus a dit
l’Ange. Joseph se souvient bien : “Ne crains pas de prendre chez toi
Marie, ton épouse... L’Enfant qui va naître est engendré du
Saint-Esprit. Il sera appelé Fils de Dieu. Tu lui donneras le nom de
Jésus, c’est-à-dire: sauveur.”
Joseph se souvient bien...
Aujourd’hui, le jour
annoncé par l’Ange est arrivé... Il faut présenter Jésus au Temple, et
lui donner son nom. Joseph, en bon père a averti toute la famille: soyez
dans la joie, je présente Jésus au Temple de notre Dieu. Aujourd’hui,
Jésus va recevoir son nom, et Marie, sa mère, sera purifiée.
Joseph est rayonnant; son
sourire éclate de bonheur. Lui et Marie sont vierges, et pourtant il est
père.
Tout est joie autour de la
Sainte Famille. Tout le monde admire ce beau petit bébé, tout le monde
veut le prendre pour le caresser. Même le vieux Syméon est venu.
Qu’est-ce qui a bien pu faire venir ce pauvre vieux qui peut à peine
marcher ? Voici maintenant qu’il veut prendre l’Enfant! Et Syméon
sourit, son visage s’illumine : “Maintenant, Seigneur, Tu peux
laisser ton serviteur s’en aller en paix, car mes yeux ont vu ton salut
que Tu préparais à la face des peuples...”
La joie de Syméon devient
prophétie : “Ce petit enfant sera la lumière des hommes... la lumière
pour éclairer toutes les nations, et la Gloire d’Israël.”
La joie est sur tous les
visages. Pourtant le regard de Marie s’assombrit : que dit-il ce
vieillard Syméon ? Quel glaive, quel signe de contradiction ? Soudain
Marie a peur. Elle regarde Joseph qui lui aussi a entendu.
Mais la famille est là, les
invités aussi. Il faut sourire encore, sans rien laisser paraître et
sans vraiment comprendre.
Il faut sourire encore :
aujourd’hui c’est la joie, mais pour Marie et Joseph, comme pour tous
les saints de tous les temps, sur cette terre il n’est pas de joie
parfaite, et chaque joie cache une croix. Oh ! sourire de Marie, sourire
de bonheur, sourire taché de peine, Oh ! sourire de Marie, apprends-nous
à sourire, apprends-nous à aimer. |
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Le temps était magnifique,
la douceur idéale. C’était l’époque des examens pour les enfants arrivés
à l’âge adulte, et il fallait que Jésus, qui venait d’atteindre ses
douze ans, remplisse les formalités auxquelles tout jeune adulte devait
se soumettre. Jésus connaît la Torah par cœur. Il connaît toute la Loi,
il peut réciter tous les psaumes. Il sait même interpréter des théories
difficiles. Jésus fait l’admiration des docteurs qui ne se lassent pas
de l’admirer.
Tous les docteurs sourient
autour de Jésus : que deviendra ce jeune homme si doué ? On félicite
Joseph : vraiment, il fut un maître exceptionnel ! Et Joseph accepte le
compliment avec un grand sourire. A quoi peut-il bien penser pendant
qu’on le félicite pour ses dons de pédagogue, alors qu’il sait
parfaitement, lui, Joseph, que c’est Jésus qui souvent enseigne ses
parents. Mais Joseph se contente de sourire et il se tait.
Quand toutes les formalités
sont enfin achevées, Joseph et Jésus rejoignent Marie qui les attend sur
le parvis des femmes. Il fait joie dans la Sainte Famille. Il fait joie,
et Joseph propose que, ce soir, on fasse une fête avec les amis. En
attendant, il faut penser au départ: il y a une longue route à faire
avant la halte de la nuit. Comme les hommes et les femmes ne se mêlent
pas durant les pèlerinages, on se donne rendez-vous : ce soir, vers la
douzième heure, près de la Fontaine de...
On se sépare en souriant.
Jésus ne dit rien...
Inutile d’insister sur la
suite: l’absence de Jésus au rendez-vous, la recherche angoissée de
Marie et de Joseph, et enfin les retrouvailles...
Que s’est-il passé dans la
tête de Jésus, cet enfant toujours si docile ? Pourquoi n’a-t-il pas
prévenu ses parents : il devait bien savoir que les docteurs lui avaient
donné rendez-vous ! Pourquoi aucun mot d’excuse mais juste une question
imprévue : “Pourquoi me cherchiez-vous ?”
Marie ne dit plus rien, et
Joseph se tait. Jésus redevient l’Enfant obéissant et soumis qu’il avait
toujours été. Marie conserve toutes ces choses dans son cœur. Pour
l’instant elle ne comprend pas. Mais qu’importe ! Il ne faut pas gâcher
la joie des retrouvailles. L’important c’est que Jésus soit là.
Alors Marie retrouve son
sourire. Elle regarde Joseph qui sourit aussi. Tous deux regardent Jésus
qui leur sourit aussi.
La Sainte Famille est au
complet. La Sainte Famille est dans la joie. La Sainte Famille a
retrouvé la paix de Nazareth. Marie et Joseph, malgré les difficultés
inévitables qui jalonnent toute vie, rayonnent d’un merveilleux sourire
qui éclaire leur visage. Car Jésus est toujours avec eux, et Jésus leur
était soumis.
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Mystères lumineux |
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”Voici l’Agneau de
Dieu !” Jean le Baptiste annonce le mystère aux deux jeunes gens,
ses disciples, venus écouter son enseignement. Il l’annonce à Jean qui
deviendra “le disciple que Jésus aimait”, et l’Évangéliste de
l’Amour; il l’annonce à André, le timide et humble frère de Simon, qui
deviendra Pierre, le Roc... Jean et André seront, dans quelques heures,
les deux premiers apôtres de Jésus... l’Agneau de Dieu.
Les deux jeunes hommes
hésitent. Ils regardent le Baptiste, ils regardent Jésus que Jean vient
de baptiser et qui s’éloigne lentement. Jean et André n’osent plus faire
un mouvement. Leurs regards sont de plus en plus interrogateurs : qui
suivre maintenant ?
Les deux jeunes hommes au
cœur pur regardent le Baptiste qui, souriant, continue à leur montrer
Jésus, et à les inviter à Le suivre... Jésus se retourne et les regarde
aussi. Et Jésus leur sourit, mais Il ne leur dit rien. Jésus continue à
avancer, lentement; le Baptiste désigne toujours Jésus, en souriant.
André et Jean sourient à
Jean le Baptiste, sourient à Jésus qui vient encore de se retourner. Les
voici qui se décident: ils regardent encore leur maître qui désigne
encore Jésus en souriant. Ils regardent aussi Jésus, et ils se regardent
l’un l’autre... Puis, ensemble, ils se mettent à suivre Jésus :
— Qui cherchez-vous ?
demande Jésus en souriant.
— L’Agneau de Dieu, murmure
Jean dans un souffle.
— Où habites-Tu ? risque
André.
— Venez, et voyez.
Les deux futurs apôtres ont
passé la journée avec Jésus. Que s’est-il passé pendant ces premières
heures d’intimité avec Celui qui deviendra leur Maître ? Pourquoi n’en
ont-ils jamais parlé ? Pourquoi ne nous ont-ils jamais raconté les
secrets que le sourire et le langage de Jésus leur avaient révélés ? Il
est certains mystères qu’il n’est pas permis de dévoiler... car ce sont
les secrets du Roi.
Alors, imitons Jean et
André : contemplons, nous aussi, le sourire de Jésus, et gardons dans
notre cœur, le secret de son mystère. |
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Jésus vient de faire
remplir d’eau les jarres vides. Puis Il a demandé aux serviteurs de
puiser de cette eau et de la porter au maître d’hôtel. Les serviteurs
obéissent sans bien comprendre ce qu’ils font, et font goûter cette eau.
Le maître d’hôtel apprécie l’excellent vin qui lui est présenté ; mais
d’où vient-il? Il est pourtant bien sûr que, même pour la noce, il n’a
pas fait acheter du vin d’une telle qualité. Il interroge les serviteurs
toujours inquiets et qui n’osent encore rien dire. Mais la satisfaction
évidente du maître d’hôtel les rassure...
Pendant ce temps Jésus est
retourné s’asseoir à sa place ; maintenant Il sourit à Marie. Les mariés
tout à leur joie, ne se sont aperçus de rien, mais comme Jésus et Marie
sourient comme des complices, ils sourient aussi...
Les disciples de Jésus, un
peu plus loin, entourent les serviteurs, comme pour s’informer de ce qui
se passe autour des jarres, où tout le monde veut goûter l’eau, l’eau
changée en vin.
— Enfin, allez-vous
répondre! D’où vient ce vin? demande le maître d’hôtel, agacé.
Les serviteurs désignent
Jésus :
— C’est Lui.
Et les serviteurs racontent
ce qui s’est passé...
Soudain, c’est une clameur
admirative, une explosion de joie. Les yeux des disciples présents
s’ouvrent. Jésus vient de manifester sa gloire, ses disciples, et ceux
qui vont immédiatement le devenir, croient en Lui. La vie publique de
Jésus est vraiment commencée, et c’est dans un sourire de bonheur que
Jésus, pour la première fois, révèle ce qu’Il est. |
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“Seigneur, apprends-nous
à prier...” demandent les apôtres. Jésus regarde longuement ses amis
et leur sourit, puis se lève :
— Venez avec-moi dans le
jardin qui est près d’ici. C’est un endroit frais et apte au
recueillement.
Les apôtres se sont placés
tout autour de Jésus ; ils se taisent, attendant un enseignement qu’ils
devinent important. Jésus attend quelques moments, les yeux levés vers
le Ciel, vers le Père. Son visage est radieux, comme illuminé. Il reste
ainsi absorbé dans une prière pleine de joie, et, s’adressant enfin à
ses amis qui Le contemplent, émerveillés, Il dit :
— Quand vous voulez prier,
dites : Notre Père, qui es aux cieux...
Jésus attend quelques
instants, puis :
— Notre Père, qui es aux
cieux, que ton Saint Nom soit glorifié. Oui, nous Te prions, Père saint,
infiniment bon, nous Te prions, notre Père, pour que la Gloire de ton
Nom illumine tous les hommes nos frères. Nous Te demandons, Père très
saint, de faire connaître ta Gloire à tous les habitants de la terre.
Notre Père, que ton saint Nom soit glorifié, et que ton Règne vienne.
Jésus se tait, regarde ses
apôtres qui, littéralement boivent ses paroles, réfléchit et ajoute :
— Le Père m’a envoyé pour
vous faire connaître sa Gloire et pour que, avec sa grâce, vous
travailliez, vous aussi, à l’établissement de son Règne de paix. C’est
la volonté du Père, et le bonheur de tous les hommes, que son Règne de
paix et d’amour s’établisse enfin sur la terre comme il l’est déjà dans
le Ciel. Mais les hommes ne le comprennent pas ; alors, il faut prier,
avec foi et persévérance, pour que la volonté du Père, sa volonté de
rendre tous les hommes heureux, dans son amour, soit faite, sur la
terre, comme au Ciel.
Un apôtre s’agite un peu,
et il est sur le point de dire quelque chose, mais Jésus l’interrompt :
— Le Règne de Dieu et sa
paix ne seront établis dans le monde que lorsque sa volonté,
c’est-à-dire sa justice, sera faite. En attendant, il y aura toujours du
malheur au milieu de vous, il y aura toujours des pauvres et des malades
parmi vous. C’est pourquoi vous devez aussi supplier le Père de vous
donner votre pain de chaque jour, le pain nécessaire à la vie : le pain
de la vie quotidienne, et le pain de la vie éternelle.
Jésus s’arrête pendant
quelques instants, pour que les apôtres méditent ses paroles. Jésus
sourit encore et reprend :
— Mes enfants, j’ai encore
beaucoup à vous enseigner sur ce que vous devez demander au Père.
Méditez d’abord longuement ce que je viens de vous dire, puis nous
achèverons notre prière en suppliant le Père de nous apprendre à
pardonner et à nous donner les forces dont nous avons besoin pour
résister aux tentations. |
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Jésus vient d’être
transfiguré : sa gloire a éclaté et le Père a répété ce qu’Il avait déjà
déclaré lors du Baptême de son Fils dans le Jourdain : “Celui-ci est
mon Fils Bien-Aimé, écoutez-Le !”
Les trois disciples
“étaient tombés la face contre terre, saisis d’effroi.” Mais
maintenant tout a repris son aspect normal : Moïse et Élie sont partis,
remontés au Ciel, le Père s’est tu, et Jésus est le Maître avec qui les
apôtres vivent depuis de nombreux mois. Tout est calme dans la nature,
mais les trois, terrorisés, sont toujours allongés, la face contre
terre, comme paralysés.
Jésus s’approche de ses
apôtres tremblants. Il sourit en les regardant :
— Ces pauvres enfants !
Comme ils sont faibles, comme ils sont fragiles! Père, fortifie-les: Tu
sais que de rudes épreuves les attendent... et que c’est pour bientôt.
Jésus se penche en souriant
vers ses trois apôtres toujours à terre. Il touche successivement
Jacques, Pierre et Jean. Tous les trois se redressent, regardent Jésus,
seul, et reprennent confiance :
— Mes amis, ne parlez pas
de cette vision avant que le Fils de l’Homme soit ressuscité d’entre les
morts.
Les apôtres ne comprennent
pas ce que Jésus veut dire, mais ils se taisent et sourient à Jésus,
comme soulagés.
Jésus et ses trois apôtres
redescendent du Thabor, en silence. Jésus soupire tout en souriant.
Pourquoi semble-t-Il heureux, mais d’un bonheur grave ? C’est comme si
Jésus voyait l’avenir, le destin de ses trois apôtres, ces trois qu’Il
choisit toujours, chaque fois qu’Il a quelque chose de très important à
faire.
Oui, en descendant du
Thabor, Jésus “voit” le destin de ses trois préférés : Jacques sera le
premier de ses martyrs. Jésus soupire, mais retrouve vite son sourire,
car il sait que son disciple Lui sera fidèle jusqu’au bout. Jésus se
retourne vers Pierre : celui-là devra être fort pour consolider ses
frères dans la foi, dans toutes leurs épreuves. Oui, Pierre est encore
bien trop sûr de lui, mais, après avoir péché, gravement, il saura
reconnaître sa faute et demander pardon. Il aura acquis l’humilité qui
lui manque aujourd’hui, et qui lui sera indispensable comme aimer et
comprendre les faiblesses de ses frères.
Jésus sourit, d’un sourire
baigné d’amour. Il contemple Jean, le témoin de son amour. Jean sera là,
avec Lui, au pied de la Croix, avec Marie, sa Mère. Jésus sait qu’Il
pourra confier sa Mère bien-aimée en toute confiance à l’apôtre de
l’Amour, de son Amour. Et Jésus sait aussi que Jean a été choisi, de
toute éternité, pour être le dernier témoin de sa vie d’Homme parmi les
hommes... |
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Le repas pascal s’achève
dans la joie. La table a été débarrassée de ses plats vides, et la nappe
de dessus, celle qui avait été tachée par les sauces a été enlevée.
Jésus a juste demandé de laisser la coupe de vin et la grosse miche de
pain. Il y a aussi un grand vase plein d’une délicieuse sauce qui peut
être savourée froide. Les apôtres chantent les psaumes de louange, puis
sur un signe de Jésus, se rassoient autour de Lui.
— Que Dieu soit loué ! Que
Dieu soit béni ! Rendons grâce à Dieu notre Père... Que soit béni le Nom
de Dieu !
À peine un psaume ou un
hymne, est-il achevé que Pierre en entonne un autre. Jésus aussi rend
grâce... Tout est joie et la fatigue de la journée est oubliée. Jésus
sourit d’un étonnant sourire d’amour.
— Mes amis, dit Jésus, j’ai
désiré d’un si grand désir manger cette Pâque avec vous. J’aime vous
voir heureux avec Moi, mais l’Heure dont Je vous ai si souvent parlé est
arrivée. Je dois partir.
— Non, s’écrie Pierre, Tu
ne vas pas partir !
— Seigneur, gémit Jean, ne
pars pas, nous T’aimons. Comment pourrions-nous vivre sans Toi ?
— C’est vrai, Jésus,
affirme Matthieu, nous Te devons tout.
— Et Tu as les paroles de
la vie éternelle, continuent le Zélote et les deux Jacques. Les autres
confirment en hochant la tête.
Jésus regarde ses apôtres :
— Mes amis, ne vous
inquiétez pas. Je dois retourner vers le Père, mais je ne vous laisserai
pas orphelins. Je vous enverrai le Consolateur. Mais maintenant c’est
l’Heure, c’est mon Heure. Jean, s’il te plaît, approche le pain et la
coupe de vin.
Jean se lève, donne le pain
à Jésus et met la coupe de vin à portée de ses mains, puis se rassied
tout près de Jésus, presque contre Lui.
Jésus semble regarder au
loin, d’un étrange regard de prophète, et ce regard intérieur est
accompagné d’un sourire qui n’est plus de la terre. Jésus est comme en
extase, comme s’Il voyait le Père, comme s’Il retournait déjà vers le
Père. Et le sourire intérieur de Jésus s’illumine encore plus :
— Père, glorifie ton Fils
pour que ton Fils Te glorifie. Père je sais que Tu m’exauce toujours...
Jésus regarde de nouveau
ses disciples ; en souriant, Il prend le pain, et le rompt :
— Prenez et mangez en tous,
ceci est mon Corps...
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MYSTÈRES DOULOUREUX |
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Mystère de la Passion de
Jésus, mystère du Calvaire, mystère de l’Agonie. C’est l’Heure de Jésus,
son Heure ; c’est aussi l’Heure du Père. Jésus vient de célébrer la
Pâque avec ses disciples, cette Pâque qu’Il avait tant désirée. Jésus
vient de célébrer la première Eucharistie, son Testament d’Amour, car Il
sait qu’Il ne boira plus de vin avec ses amis jusqu’à...
Jésus sait qu’Il va mourir,
dans quelques heures, dans des conditions atroces, abandonné de tous,
même de ceux qui sont là, ses héritiers, ses préférés, ses prêtres qui
avaient juré de lui rester fidèles jusqu’à la mort. Jésus sait qu’Il
sera délaissé, abandonné, même de ceux-là qui dorment car ils n’ont pu
rester une heure à prier avec Lui. Jésus est abandonné de tous, même du
Père.
Jésus sait qu’il va mourir
pour racheter tous les hommes pécheurs. Il a pris sur Lui tous les
péchés du monde. Il s’est fait péché pour nous, pour tuer le péché.
Jésus va payer le prix fort pour sauver toutes les âmes : toutes, sans
exception. Mais Jésus sait aussi que beaucoup d’âmes ne voudront pas se
sauver et que, pour ces âmes, son sacrifice aura été inutile. Cela,
Jésus ne peut le supporter, et Jésus crie vers le Père qui se tait, et
Jésus sue le sang... Mais Jésus fera la volonté du Père...
Jésus pleure, Jésus souffre
dans son âme et dans son corps. Jésus est torturé à cause de Satan, à
cause du péché du monde, à cause des hommes qui se perdent, à cause de
Marie, sa Mère, associée à sa Passion, à cause des traîtres qui voudront
rester des traîtres, à cause de nous tous.
Quel sourire peut-il y
avoir dans une telle agonie ? Où trouver un sourire pour apaiser une
telle souffrance ? Ici, à Gethsémani, c’est le domaine des ténèbres,
c’est l’Heure de la puissance des ténèbres. Ici il n’y a pas de
consolation. Ici il n’y a pas de sourire : “Père, si c’est possible,
que ce calice passe loin de moi !”
Pourtant, l’espace d’un
instant le visage de Jésus s’éclaire : un rayon de lune illumine
quelques petites fleurs qui étaient dissimulées dans l’herbe, aux pieds
de Jésus. Jésus les cueille et sourit. Et voici un ange, un ange envoyé
par le Père pour consoler le Fils et Lui présenter le calice de la
Consolation, le calice qui contient les âmes qu’Il va sauver, une
multitude infinie d’âmes, de ces âmes qu’il a tant aimées.
Et dans son Agonie, à
Gethsémani, Jésus, apaisé, sourit à ces âmes bénies, à ces multitudes de
petites âmes qui sont et qui seront, sa consolation, tout au long des
siècles. |
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La Flagellation
Des soldats envoyés par le
Sanhédrin sont venus arrêter Jésus, sans ménagement. Pourtant Jésus
s’était livré sans résistance : c’était son Heure, et c’était Lui que
l’on cherchait...
On a conduit Jésus chez
Caïphe le grand prêtre, puis chez Anne. On a imaginé de faux témoignages
et engagé de faux témoins, mais les témoignages ne concordent pas...
Alors on a interrogé Jésus, longuement pour qu’Il avoue... qu’Il avoue
quoi ? Il avait parlé ouvertement au monde. Tous les jours Il enseignait
dans le Temple, Lui le Messie, le Fils du Béni !
Jésus ! Tu as osé dire la
vérité : Tu es vraiment le Fils de Dieu ! Quel blasphème pour les
docteurs de la Loi, pour les chefs de ton peuple, ces hommes décidés à
ne pas Te reconnaître ! Quel blasphème ! Tu dois mourir... Alors on Te
conduit chez Pilate.
Dans la cour de la maison
de Pilate, Pierre et Jean sont là, au milieu des serviteurs. Tu sais que
dans quelques instants Pierre Te reniera. Mais Jean restera fidèle,
jusqu’au bout, jusqu’à la Croix.
Voici Pilate : il ne veut
pas Te condamner car il sait que Tu es innocent : sa police est bien
faite... Mais les gens qui sont là veulent ta mort, et l’émeute n’est
pas loin. Alors, pour calmer tout ce monde agité, on va Te faire
flageller. Jésus, on T’emmène déjà sur le lieu du supplice, et Pierre
est là. Il vient de Te renier: “Non vraiment, il ne Te connaît pas...”
Mais le coq chante et Pierre se souvient : “Avant que le coq n’ait
chanté deux fois, tu m’auras renié trois fois.”
Pierre se souvient et Te
regarde, Jésus. Pierre implore ton pardon... Jésus ! Tu oublies où l’on
Te mène pour Te flageller. Tu oublies que dans quelques heures on Te
crucifiera. Jésus, voici que Tu regardes Pierre anéanti, brisé, humilié,
désolé. Jésus, Tu regardes Pierre, et malgré ta peine et tes propres
souffrances, Tu lui souris. Et Pierre sait que Tu viens de pardonner sa
faute, son immense faute.
Jésus, on Te conduit vers
un supplice atroce. Jésus, les chefs du Sanhédrin veulent ta mort. Jésus
le monde T’abandonne, tes disciples T’abandonnent et fuient. Jésus, on
va T’infliger un des plus douloureux supplices inventés par les hommes
de ton époque. Et Toi, Jésus, Tu souris parce que celui qui T’a renié
vient de prendre conscience de son péché et implore ton pardon. Jésus,
Tu souris parce que Tu sais que maintenant Pierre Te restera fidèle, et
fidèle jusqu’à la mort, jusqu’au martyre.
Tu souris Jésus pour
signifier au pécheur qui se convertit que Tu as pardonné. |
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Jésus ! Tu viens de subir
l’atroce flagellation. Tu viens d’être couronné “Roi” par des païens...
Avec des épines, certes, mais inconsciemment, ces hommes sans pitié,
sans foi, ces païens viennent de reconnaître ta Royauté. Jésus, Tu es
vraiment le Roi des juifs !
Maintenant, Jésus, aux yeux
du monde entier, Tu es Roi. Tu es couronné, Tu es revêtu de la pourpre
royale, et Tu tiens un sceptre de roseau, ce sceptre qui est comme le
symbole de ta Royauté d’Amour, et l’image de ton humilité et de ton
obéissance au Père.
Car, Jésus, Tu es Roi. Il
fallait que Tu vives ta Passion, mais il fallait aussi que le monde
sache que Tu étais son Roi: le Père le voulait. Le Père voulait que les
hommes pécheurs reconnaissent ta royauté malgré ton humilité, malgré tes
souffrances et tes humiliations. Ton obéissance à la volonté du Père, il
fallait que le monde la sache.
Il fallait que tous les
hommes sachent que Tu étais leur Roi. Pilate T’a bien compris quand Tu
lui as affirmé : “Tu l’as dis, Je suis Roi.”
Mais ta Royauté n’est pas
de ce monde. Ta Royauté n’est pas de ce monde, et pourtant tout en Toi
la dit, la crie. Ta Royauté est humble, et c’est avec des instruments
destinés à humilier que les acteurs de ta Passion la proclament. Mais Tu
es le Roi des juifs, et tous les peuples présents à Jérusalem pendant
ces jours terribles de ta Passion le sauront : “Jésus de Nazareth,
Roi des Juifs”
“Jésus de Nazareth, Roi
des Juifs” C’est le motif de ta condamnation, et c’est écrit en
gros, en très gros : Pilate n’a pas lésiné sur les moyens et il a choisi
un grand écriteau.
Jésus! Tu as été bafoué,
méprisé, humilié, délaissé. Même le Père a semblé T’abandonner... On
T’as torturé, flagellé, couronné d’épines. On ne pouvait pas faire plus
pour Te déconsidérer et Te rayer de la mémoire des hommes.
On a tout fait pour Te
rayer de la mémoire des hommes. Cependant, malgré la volonté affirmée de
ceux qui ne voulaient pas de ta Royauté, ta Royauté s’est affirmée,
humblement, à la manière de Dieu, mais jusqu’à l’Éternité. Tous les
hommes pourront s’unir et se lier à Satan pour Te faire disparaître, on
ne va pas contre la Volonté de Dieu...
Tu es couronné, Jésus: Tu
es notre Roi !
Tu es couronné, Jésus,
notre Roi! Les épines de ta couronne sont-elles aujourd’hui comme le
sourire du Père qui reconnaît son Fils, son Unique, le Rédempteur du
monde, le Sauveur de sa Création ?
Tu es couronné, Jésus, et
nous T’adorons ! |
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Jésus, notre Roi,
maintenant Tu dois mourir : c’était écrit. Pilate s’en lave les mains,
cela ne le regarde plus, il a fait tout ce qu’il avait à faire.
Maintenant il n’a qu’une hâte : en finir au plus vite. Pilate se lave
les mains et les chefs de ton peuple, aveuglés par la haine, n’ont plus
qu’une soif : ton sang... Peu importe ce qui arrivera... “Que son
sang retombe sur nous et sur nos enfants !”
Pilate signe ton arrêt de
mort et Te charge de ta Croix, celle qui, au cours des siècles et
jusqu’à la fin du monde deviendra la Croix Glorieuse. Celle qui attirera
tous les croyants du monde entier et de tous les siècles : “Quand
J’aurai été élevé de terre, J’attirerai tout à Moi.”
Sur ton Chemin de Croix,
Jésus, Tu tomberas... de nombreuses fois. On continuera à T’insulter, à
Te faire souffrir de toutes les façons, mais il y aura cependant
quelques femmes qui pleureront sur Toi, pour Te plaindre. Il y aura une
femme qui viendra essuyer ton visage ensanglanté et souillé de crachats.
Il y aura Marie que Tu rencontreras et qui s’offrira avec Toi pour la
Rédemption du monde. Et il y aura Jean, avec Marie ta Mère.
Sur ton Chemin de Croix,
Jésus, quand Tu ne pourras plus avancer, il y aura Simon de Cyrène. Il
n’était pas très volontaire, au début, pour porter ta Croix !... Mais
quand il vit que c’était Toi, l’Innocent, le bienfaiteur du peuple qu’on
menait au Calvaire, alors lui aussi Te sourit pour apaiser ton âme.
Sur ton Chemin de Croix,
Jésus, Tu vis aussi le coeur de Longin, le soldat romain, qui se
transformait. Tu vis l’âme de Longin se purifier assez pour Te
reconnaître et découvrir bientôt ta divinité, juste après ta mort :
“Vraiment, cet homme était vraiment le Fils de Dieu !”
Sur ton Chemin de Croix,
Jésus, Tu vis aussi un autre condamné, vraiment coupable, lui, mais qui
commençait à se repentir de ses fautes. Dans quelques heures il serait
avec Toi dans le Paradis...
Sur ton Chemin de Croix,
Jésus, Tu nous vis tous, tous les sauvés de tous les temps, de toutes
races et de toutes nations. Tu nous vis tous, Jésus, sauvés par Toi, sur
ton Chemin de Croix.
Et les sauvés du monde
entier, c’est le sourire du Père, sur ton Chemin de Croix. C’est le
sourire du Père qui ne T’abandonnait pas... |
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Jésus meurt sur la Croix.
Jésus est mort, en poussant un grand cri. À ce cri, le soldat romain,
celui que l’on a appelé Longin, découvre la divinité de Jésus :
“Vraiment cet homme était le Fils de Dieu !”
Il fait nuit sur la terre
qui pleure son Seigneur. Ceux qui riaient tout-à-l’heure, maintenant ont
peur et ils s’en vont. Sur le sommet du Calvaire il n’y a plus que
quelques fidèles et les soldats romains. Il y a aussi deux membres du
Sanhédrin, deux de ceux qui n’avaient pas voulu assister aux séances
illégales durant lesquelles on condamna Jésus. Il y a Nicodème et Joseph
d’Arimatie. Deux anciens, deux amis de Jésus qui jusqu’à présent
n’osaient pas trop le dire, deux hommes qui maintenant se manifestent
ouvertement : ils vont chez Pilate pour réclamer le corps de Jésus afin
qu’il ne soit pas profané.
Jésus est bien mort: le
soldat romain s’en est soigneusement assuré, et pour plus de sécurité il
a transpercé le coeur de ce condamné pas comme les autres. Et du coeur,
il coula du sang et de l’eau. Jésus est vraiment mort ; le soir arrive,
le soir de la Pâque solennelle. Il ne faut pas laisser les corps en
croix. Il faut tout de suite descendre Jésus de la croix.
Et l’on peut assister à ce
spectacle aussi émouvant qu’insolite : les personnes qui étaient
présentes à la naissance de Jésus, sont là aussi, ou comme représentées
lors de sa mise au tombeau :
— Voici Marie, la Maman
bénie, pleine de grâces, aujourd’hui si douloureuse.
— Un petit Jean fut
sanctifié dès avant sa naissance par Jésus qui était encore dans le sein
de sa Mère ; de même, un autre Jean, ce soir, est sanctifié par le sang
de Jésus, son sang qui coula de ses plaies et de son coeur.
— Joseph, le père légal de
Jésus, le père choisi par le Père pour veiller sur son Fils, reçut dans
ses bras l’enfant Jésus naissant. C’est un autre Joseph qui reçut dans
ses bras le corps inanimé du Seigneur...
— Les bergers et les mages
nous représentaient tous lorsqu’ils reconnurent le Messie dans un pauvre
bébé... Celui à qui Jésus avait dit qu’il fallait renaître de nouveau,
renaître de l’Esprit pour voir le Règne de Dieu, Nicodème était là ce
soir... Avec Jean et Joseph, il transportait le corps de Jésus pour le
porter au tombeau. Avec Nicodème et Joseph, c’était toute l’humanité qui
rendait au Seigneur un douloureux devoir, mais un glorieux hommage.
Étranges sourires du Père
au Fils obéissant, au Fils qu’Il n’avait pas abandonné, au Fils dont Il
venait de recevoir l’Esprit.
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Mystères Glorieux |
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La Résurrection de Jésus
Jésus ! Ils sont encore
tout tristes, tout retournés, tes apôtres, ce dimanche matin qui n’est
pas encore pour eux le premier jour de la semaine. Ils sont tous en
train de gémir, de pleurer sur leurs défaillances, leurs péchés, leur
reniement. Ils sont tristes et humiliés : humiliés d’avoir fui quand Tu
avais besoin d’eux, humilié de T’avoir renié, devant une servante ! Ils
sont tristes de T’avoir perdu, et humiliés d’avoir eu peur, eux qui se
croyaient si courageux... Ils sont tristes, découragés, humiliés. Ils se
plaignent et pensent surtout à eux. Seules les femmes s’activent pour
préparer les aromates et Marie-Madeleine s’efforce de rassurer les uns
et les autres. Son espérance est fragile, mais pourtant elle espère...
Pendant ce temps Marie
prie, seule, dans sa chambre. Elle attend la venue de son Jésus. Elle ne
sait pas comment cela se fera ; aujourd’hui il n’y a pas d’ange pour la
rassurer. Marie ne sait pas comment cela se fera mais elle sait que
Jésus reviendra, bientôt, ressuscité, et qu’elle pourra le serrer dans
ses bras.
Il commence à faire jour,
les femmes sont prêtes : elles peuvent partir vers le tombeau avec leurs
aromates. Elles ne savent pas qui leur poussera la lourde pierre, mais
elles vont quand même. Elles arrivent dans le jardin où se trouve la
tombe où Jésus a été déposé. Le soleil illumine les arbres couverts de
fleurs blanches. Tout est sourire ce matin, dans la nature. Les femmes
n’en ont pas conscience, elles ont trop de chagrin, elles sont trop
préoccupées.
Tout est sourire dans la
nature en ce merveilleux matin : c’est comme si la terre avait oublié
son terrible deuil. Pourtant, elle avait longtemps pleuré, la nature, il
y a à peine trois jours. Elle avait pleuré et tremblé de douleur... Elle
a même un peu tremblé encore, tout-à-l’heure, se souviennent les femmes.
Et maintenant, elle a l’air si heureuse, si paisible... Tout est sourire
dans ce Jardin des Oliviers, mais Marie-Madeleine n’en a cure,
Marie-Madeleine pleure...
— Femme ! Pourquoi
pleures-tu ? Pourquoi pleures-tu puisque Jésus que tu cherches est
ressuscité comme Il l’avait dit... Marie! Va trouver mes frères et
dis-leur que Je les précède...
Tout est sourire, ce matin
dans le Jardin. Pierre et Jean contemplent le tombeau vide: Jean vit et
il crut. Tout est sourire, ce matin, dans la nature. Tout est sourire,
tout est vie, tout est espoir dans le Jardin de Joseph d’Arimatie. Le
Seigneur est ressuscité !
Le Seigneur est
ressuscité ! Le Seigneur est de retour parmi nous. Le Seigneur va
retrouver ses apôtres et manger avec eux : car Il n’est pas un fantôme.
Le Seigneur apparaît à ses disciples, à tous ceux qui l’ont aimé, à plus
de cinq cents frères à la fois. Le Seigneur se montre et enseigne ses
apôtres et leur promet l’Esprit Consolateur.
Tout est sourire, ce matin
dans le Jardin. Le Seigneur est ressuscité ! Béni soit son saint Nom ! |
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Depuis quarante jours Jésus
est ressuscité. Il se montre à ses disciples. Il se montre à ses apôtres
qu’Il enseigne. Ils en ont bien besoin, Jésus, de tes enseignements, car
ces pauvres humains n’ont encore rien compris... Et même, ils attendent
encore que Tu rétablisses le Royaume en Israël : est-ce pour bientôt ?
Certes, ils n’ont rien
compris, mais ils sont rassurés. Ils sont toujours rassurés quand Tu es
là...
Pourtant Tu recommences à
dire des paroles obscures : “Il vous est avantageux que Je m’en
aille... Je ne vous laisserai pas orphelins... Je Vous enverrai un
Consolateur, mon Esprit, qui vous enseignera toutes choses...”
Jésus, avec Toi on ne peut
jamais être vraiment tranquille ! Tu as les paroles de la Vie éternelle,
mais la vie éternelle ne ressemble pas à notre vie de tous les jours,
notre vie dans le temps. Et, par-dessus le marché, tes pensées ne sont
pas nos pensées...
Les apôtres sont un peu
inquiets car Tu viens de leur dire d’attendre un peu. Attendre,
maintenant ils ont l’habitude ; ils ne font que çà, attendre ta venue
parmi eux. Mais Tu leur promets Quelqu’un d’autre, Quelqu’un qu’ils ne
connaissent pas. Et eux, c’est Toi qu’ils veulent car c’est Toi qu’ils
connaissent, et surtout c’est Toi qu’ils aiment.
Jésus, Tu es là avec tes
apôtres, avec tes disciples. Comme autrefois, voilà que Tu sors, Tu Te
diriges vers la Montagne tout en parlant. On est bien avec Toi, et
aujourd’hui Tu es si tendre, Jésus, tellement tendre et aimant. Et
tellement proche aussi. Tu montes, Jésus, vers la Montagne ; ton sourire
est Amour et chacun se sent bien. Tu lèves les yeux au Ciel et Tu
souris, Jésus... Ton sourire, Jésus, est bonheur, ton sourire est Amour,
et ton sourire est Paix.
Tes disciples Te regardent
et leur coeur est plein de Toi, leur coeur est plein d’Amour. Jean
sourit et Pierre essuie une larme, une larme d’amour. Tous les autres se
taisent et Te sourient aussi. Et Tu montes, Jésus, Tu t’élèves au-dessus
du sol... Où vas-Tu, Jésus ? Reste avec nous Jésus! Jésus, Reviens !
Mais Tu montes, Jésus. Et
puis Tu disparais, comme dans un sourire, un sourire plein de promesses.
Tes apôtres écarquillent les yeux. Ils ne voient plus qu’un nuage,... Et
deux anges qui viennent et qui leur disent : “Allez ! Allez, n’ayez
pas peur ! Il reviendra comme Il s’en est allé ! Quant à vous, retournez
à Jérusalem, comme il l’a demandé. Retournez à Jérusalem et attendez
l’Esprit !” |
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La Pentecôte
Jésus s’en est allé, vers
le Père. Avant de partir, Jésus avait demandé à ses disciples de prier
en attendant l’Esprit, son Esprit qu’Il devait bientôt leur envoyer.
Alors les apôtres sont là, dans la salle du Cénacle. Ils y viennent tous
les jours: ils prient et ils attendent.
Ils viennent aussi
rencontrer Marie, la Maman que Jésus leur a laissée. Elle n’est pas
triste Marie, juste un peu nostalgique parfois, mais elle sourit si
bien. Et quand Marie sourit, c’est comme si le Ciel soudain s’ouvrait.
Alors les apôtres viennent la voir, tous les jours. Ils viennent la
rencontrer, et parler aussi. Et avec elle, ils invoquent le Père des
Cieux : elle sait si bien prier.
Marie continue les
enseignements de Jésus et prie avec les apôtres désemparés et
impatients : quand va-t-il venir, cet Esprit qu’ils attendent ? Et
qu’est-ce que cet Esprit dont Jésus leur a si souvent parlé mais qu’ils
ne voient jamais? Et s’ils s’étaient trompés ? S’ils avaient mal
compris ? Ils se tournent vers Marie, et Marie leur sourit pleine
d’espérance. Elle leur sourit et calme leurs impatiences.
Alors en attendant l’Esprit
qui se fait tant attendre, ils prient avec Marie. Ils prient et
interrogent. Et Marie, toute patience, toute douceur, toute bonté et
tout amour, Marie l’Épouse de l’Esprit, Marie raconte. Elle raconte la
venue de l’Ange, elle raconte sa rencontre avec Élisabeth et la joie des
deux femmes ; elle raconte aussi le petit Jean Baptiste...
Et puis Marie, tout
attendrie, raconte enfin la peine de Joseph. Elle sourit d’amour et de
bonheur en expliquant comment lui aussi, eut sa visitation. Et Marie
s’attarde sur la naissance de Jésus...
Marie raconte sa vie à
Nazareth, sa vie de tous les jours, sa vie avec Joseph, sa vie avec
Jésus.
Marie, l’Épouse du
Saint-Esprit raconte sa vie d’Amour avec Dieu et avec Jésus. Elle peut
en raconter des choses, elle qui les conservait soigneusement dans son
coeur. En revoyant sa vie avec l’Esprit de Dieu, Marie sourit. Marie
sourit d’un sourire vraiment céleste.
Marie est en extase. Qu’a
donc vu Marie ? Le coeur des douze apôtres est soudain tout brûlant. Ils
regardent Marie qui sourit. Ils regardent les flammes qui se posent sur
elle, et puis sur chacun d’eux.
Les apôtres regardent et se
taisent. Ils regardent l’Esprit qui vient sur eux. Ils regardent
l’Esprit que bientôt ils ne verront plus. Ils regardent et sourient, car
eux aussi sont en extase. Soudain ils comprennent Jésus, leur Jésus qui
leur donne son Esprit.
Les apôtres sont remplis
d’Amour, l’Amour que Jésus leur envoie. Les apôtres comprennent tout,
les apôtres savent ce que Jésus voulait leur dire.
Les apôtres sourient à
Marie et se sourient entre eux. Les apôtres sont heureux: à eux
maintenant de rendre leurs frères heureux. Ils peuvent sortir sans
crainte, l’Esprit est avec eux. |
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Marie est dans sa chambre;
Marie sourit. Marie sourit toujours quand elle pense à son Fils, et
quand elle pense à Dieu : Dieu le Père qui lui donna son Fils, son
Unique. Marie sourit toujours quand elle pense à l’Esprit : l’Esprit
d’Amour du Père et du Fils, l’Esprit qui l’épousa.
Marie sourit toujours quand
elle pense à l’Amour... l’Amour du Père, l’Amour du Fils, l’Amour qui
est Esprit.
Marie est dans sa chambre :
elle s’active à ranger quelques affaires. Elle soulève le coffre qui
contient tous ses objets précieux, spécialement les souvenirs de son
Fils: la coupe de la première Eucharistie, le voile que lui remit
Véronique, ce voile qui contient le visage tant aimé de son Fils chéri.
Elle touche aussi la tunique sans couture, et le suaire qui enveloppa le
corps de son Jésus mort. Marie n’a rien lavé : elle a voulu tout
conserver intact.
Parfois Marie essuie une
larme, puis elle sourit encore car elle est rassurée : les apôtres sont
fidèles. Ils sont fidèles à observer les commandements d’amour de son
Fils, et ils accomplissent bien leur tâche, avec force et courage:
l’Esprit est avec eux.
Marie revoit sa vie, et la
vie de Jésus, sa mort et sa Résurrection. Et puis son Ascension, et la
venue de l’Esprit... et les premières persécutions de l’Église
naissante, l’Église dont elle est la Mère.
Marie sourit, mais soudain
elle se sent un peu lasse. Ce n’est pas habituel. Alors Marie s’assied
et se met à penser. Sa prière se fait plus intense et soudain son visage
s’éclaire, son être tout entier rayonne de lumière.
Marie est sourire, Marie
est lumière, Marie est joie et bonheur : aujourd’hui son Fils est là,
présent, près d’elle, et si tendre, si doux, si affectueux. Jésus est
tout Amour ; Il entrouvre ses bras, Il embrasse sa Mère. Il enserre sa
Mère de ses bras pleins d’Amour et voici qu’Il lui dit : “Viens,
Maman !”
Marie est sourire et Marie
est lumière, et Marie est amour. Elle étreint son Jésus et disparaît en
Lui, baignée dans la lumière, la lumière de Dieu.
Aujourd’hui Jésus est venu
chercher la Femme qu’Il aimait, sa Mère Bien-Aimée, Marie, Ève
bienheureuse et sans tâche, Vierge co-Rédemptrice. Jésus accueille sa
Mère, sa Mère toute sainte qu’Il reçoit dans ses Cieux. |
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Marie fut conçue immaculée.
Marie fut comblée de grâces et Marie demeura Vierge et sans péché. La
toute pure, la toute sainte, la tout immaculée, l’Épouse de
l’Esprit-Saint arrive près de Dieu dans les bras de son Fils. Le Père la
reçoit et l’embrasse, elle sa fille bien-aimée, elle sur qui reposa sa
Sagesse..
Jésus bénit sa Mère, la
Vierge consacrée. L’Esprit enveloppe d’Amour la Vierge son Épouse et
Mère de Jésus, Jésus le Fils du Père, l’Unique. Marie, Servante du
Seigneur rejoint la Trinité bienheureuse. Marie est comblée de joie.
Marie peut enfin aimer Dieu autant qu’elle le souhaite, autant que Dieu
le désire. Et Dieu, en regardant Marie, contemple la perfection de son
œuvre ; et Dieu fait entrer Marie dans l’immensité de son Amour...
Que s’est-il réellement
passé lorsque Marie, conduite par Jésus, arriva au Ciel ?
Il est impossible à
quiconque est encore sur la terre de le savoir vraiment, sauf si ce
quelqu’un est un saint à qui Dieu veut révéler une partie de ses
mystères. Et ce quelqu’un serait tellement surpris qu’il serait ensuite
incapable de raconter ce qu’il a vu et entendu: les choses du Ciel ne
sont pas racontables avec les mots humains.
Pourtant l’Église affirme
que Marie fut couronnée au Ciel. Reine des anges, Reine du Ciel, Reine
des saints, Reine de l’univers... Qu’est-ce que cela veut dire ? Comment
Dieu peut-il couronner une de ses créatures?
Car Marie, comme nous, est
une créature. Mais c’est la créature parfaite, comblée des dons de Dieu,
de son intelligence, de sa bonté, de son Amour, de sa Sagesse. Les dons
de Dieu sont merveilleux. Ils sont inexprimables dans leur perfection.
Dieu vit que cela était bon, était très bon...
En couronnant Marie, Dieu
couronne ses propres dons, Dieu couronne sa perfection.
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