LA VOIE MYSTIQUE

adveniat regnum tuum

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Mystères JoyeuxMystères LumineuxMystères Douloureux

Mystères Glorieux

Mystères du Rosaire

Le silence

Le silence dit Dieu... Le silence raconte Dieu. Dieu est dans le silence. Dieu se trouve dans le silence...

Le silence! Notre monde agité et bruyant ne connait plus le silence, le silence de Dieu, le silence qui seul construit.

Dieu agit dans le silence. Dieu crée en silence. Et c’est toujours dans le silence que Dieu nous parle.

Dieu est Silence... Quand Dieu vient sur la terre, quand Dieu vient parmi les hommes, Il ne vient pas dans une grande ville grouillante d’activités, Il ne vient pas à une époque où les guerres font rage, Il ne vient pas dans notre siècle envahi par la radio, la télévision, le téléphone, internet, les communications de toutes sortes, il ne vient pas dans notre monde où le bruit est roi, où le mensonge semble régner en maître. Non, Dieu vient là où il y a du silence.

Dieu ne travaille pas dans le bruit. Dieu aime le silence et la paix. Quand Dieu visita la terre, Il vint quand la paix s’était établie sur la terre: certes, c’était la Paix Romaine, mais c’était la Paix voulue par Dieu, c’était la Paix de Dieu.

Quand Dieu visita la terre, Il vint parmi les pauvres, ceux qui ne font pas de bruit... Quand Dieu visita la terre, Il naquit dans un petit pays, dans un petit village, Bethléem, et Il vint habiter dans la plus simple des bourgades, Il habita à Nazareth.

Pendant trente ans Jésus se tut. Pendant trente le monde ignora que le Messie était là, Dieu parmi les hommes, Dieu au milieu de nous, Dieu Emmanuel.

Jésus naquit dans le silence. Jésus vécut dans le silence. Jésus se taisait quand on Le tortutait. Et Jésus mourut sur la Croix, en silence. Seul un grand cri nous informa que Dieu quittait la terre, que Dieu quittait ce monde...

Le silence dit Dieu. Tous ceux qui, sur terre, entourèrent Jésus de très près, tous se taisaient... Marie et Joseph conservaient et méditaient ces choses dans leur coeur.

Nous aussi, avec Marie, avec Joseph, en silence, nous allons méditer la vie de Jésus. En silence nous adorerons le Seigneur. En silence nous suivrons Jésus à Bethléem, à Nazareth, durant sa vie publique. En silence nous suivrons Jésus au long de sa Passion. Et nous contemplerons les merveilles de sa résurrection et de sa vie de Ressuscité.

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Mystères joyeux

Premier mystère joyeux :

L’Annonciation

La petite ville de Nazareth semble endormie en cette douce après-midi de printemps. Aucun bruit extérieur ne vient troubler la paisible quiétude de Marie, quiétude priante et laborieuse. Marie file du lin très blanc. Ce fil deviendra bientôt un magnifique tissu avec lequel Marie confectionnera une tunique qu’elle offrira à Joseph, l’époux que Dieu lui a donné. Marie pense à sa consécration virginale, à son récent mariage. Marie remercie Dieu qui lui a donné l’époux chaste qui saura la protéger, la garder. Comme elle sera fidèle à Joseph, son époux qu’elle aime déjà si tendrement, et en qui elle a toute confiance.

Marie pense à Joseph qui viendra la saluer, ce soir, comme tous les soirs. Ensemble ils prieront Dieu de leur envoyer vite le Messie attendu. Ils prieront pour que soit hâtée la venue du Messie, et chacun dans son coeur aimerait devenir la servante ou le serviteur de celle qui sera choisie pour être la Mère bénie du Sauveur.

Marie pense à Joseph. Marie prie. Marie espère... Marie travaille avec application: il faut que son travail soit beau, qu’il soit vraiment un don de son amour à l’époux choisi par Dieu. Marie prie en silence, avec intensité, sans cesser de travailler.

Quelle est cette lumière soudaine qui illumine la chambre où se tient Marie? Cette lumière plus claire que le soleil? Marie lève les yeux. Qui est là, devant elle? Marie esquisse un mouvement de recul, ou de fuite, mais l’Être de lumière lui dit: “Ne crains pas Marie, voici que tu as trouvé grâce devant Dieu. Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi.”

Marie s’étonne: que signifie cette salutation? Silence... et enfin la grande Annonce, l’Annonce attendue par tout le peuple d’Israël: “Voici que tu vas enfanter un fils à qui tu donneras le nom de Jésus... Il sera appelé Fils de Dieu.” Comment cela se fera-t-il pense tout bas Marie? Je suis vierge et je dois le rester. Je suis mariée et je ne peux tromper mon mari. Et Joseph est si bon... Comment cela peut-il se faire?”

L’Ange a tout compris:”L’Esprit-Saint viendra sur toi et te couvrira de son ombre... Rien n’est impossible à Dieu.” Marie se tait, Marie accepte: “Qu’il me soit fait selon ta parole.” L‘ange peut se retirer, en silence... Le monde sera sauvé.

Marie se tait toujours. Marie prie. Voici que soudain Marie pense aux conséquences de son ‘Fiat”:

Comment informer Joseph? Comment réagira-t-il? Mon Dieu, que de souffrances pour lui, Joseph. Marie, dans son silence ne pense qu’à Joseph; elle n’envisage pas encore qu’elle pourrait être lapidée, comme adultère. Non elle prie, et elle se tait. Elle ne dira qu’une seule chose à Joseph quand il viendra ce soir: “Quelqu’un est venu m’annoncer que notre cousine Élisabeth, celle qu’on croyait stérile, est enceinte depuis six mois. Car rien n’est impossible à Dieu.”

 

Deuxième mystère joyeux :

La Visitation

Rien n’est impossible à Dieu! Élisabeth est enceinte depuis six mois. Joseph, en apprenant la nouvelle n’a pas une seconde d’hésitation: il faut que Marie aille l’aider...

Il faut que Marie aille aider sa cousine Élisabeth, car le Seigneur vient de lui accorder une grande grâce, mais une grâce bien fatigante, vu son âge. Joseph ne dit rien, ne pose aucune question: il a une telle confiance en son épouse!

Joseph aide Marie à préparer son petit baluchon. Joseph a trouvé quelqu’un parmi ses connaissances qui va prochainement à Jérusalem et qui pourra l’accompagner jusqu’à la ville du pays de Juda où habitent Élisabeth et Zacharie son époux. 

“Élisabeth entendit la salutation de Marie et l’enfant qu’elle portait tressaillit dans son sein.” Zacharie aussi entendit la salutation de Marie et se hâta pour venir l’accueillir. Mais Zacharie ne dit rien: Zacharie était muet. Zacharie était muet depuis le jour où, dans le Temple, dans le Saint des Saints, il avait reçu, lui aussi, la visite de l’Ange. Mais la nouvelle était si insensée que Zacharie ne crut pas en la parole de l’Ange. 

Depuis ce jour Zacharie était muet et un peu sourd aux choses de Dieu. Zacharie n’entendit pas son épouse bénir sa petite cousine Marie. Il n’entendit pas Élisabeth dire à Marie:”D’où m’est-t-il donné que la Mère de mon Sauveur vienne à moi? Heureuse celle qui a cru que s’accomplirait tout ce qui lui avait été dit de la part du Seigneur!” Zacharie était muet et sourd aux bénédictions de Dieu car il n’avait pas cru ce qui lui avait été dit de la part du Seigneur. 

Marie, la toujours silencieuse ne peut se retenir: elle laisse éclater sa joie: “Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur. Il a regardé l’humilité de sa servante. Toutes les générations me diront Bienheureuse...” 

Puis Marie se tait. elle entre dans la maison de Zacharie. Pendant plus de trois mois elle sera attentive aux besoins de la maman et du pauvre papa, lui aussi bien fatigué. Marie ne dira jamais rien de ces quelques mois passés loin de chez elle. Quand le petit Jean naîtra, Zacharie comprendra tout et louera le Seigneur: ”Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël... Et toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Seigneur, car tu prépareras ses voies...” 

Zacharie sait que le Sauveur va naître. Zacharie sait que Marie est la choisie entre toutes les femmes. Mais Marie se tait: déjà elle garde toutes ces choses dans son coeur. 

L’enfant de Marie, le Fils du Très-Haut qu’elle porte dans son sein se développe régulièrement. Maintenant il est facile de deviner que Marie est enceinte. Mais Joseph ne sait toujours rien... 

Marie rentre à Nazareth. Joseph constate la grossesse de Marie. Joseph est malheureux, très malheureux... Et Marie ne dit toujours rien: elle se contente de sourire, d’un sourire si lumineux dans sa tristesse douloureuse. Joseph ne sait quelle décision prendre. Joseph souffre dans son coeur et dans son âme, mais il ne dit rien. Joseph va partir; il ne peut rester avec Marie, elle est trop sainte. Joseph pleure... Mais Dieu veille et Joseph aura, lui aussi, sa visitation. Alors il pourra prendre chez lui son épouse...

 

Troisième mystère joyeux :

La Nativité de Jésus

Joseph est de nouveau bien malheureux: se serait-il trompé? A-t-il vraiment vu et entendu l’Ange du Seigneur qui lui demandait de prendre chez lui son épouse Marie, car ce qui était en elle venait de Dieu? Lui et son épouse vivent à Nazareth. Lui, Joseph a son travail à Nazareth. Et son épouse va accoucher, incessamment. Ce n’est plus qu’une question de quelques jours... Or, le Messie doit naître à Bethléem... 

Le Messie doit naître à Bethléem, et Joseph n’a aucune raison de se rendre à Bethléem. D’ailleurs, même s’il devait y aller, il n’emmènerait pas Marie, dans l’état où elle est, ce serait la pire des imprudences. Alors, l’enfant attendu est-il vraiment le Messie? Car les prophètes ne peuvent se tromper. Joseph souffre, Joseph ne sait pas quoi penser. Joseph est dans l’obscurité intérieure la plus totale. Pourtant Joseph se tait: il sait que Dieu l’éclairera bientôt. 

Joseph espère, Joseph souffre, Joseph se tait... et attend. Aujourd’hui, il a été beaucoup moins vite dans son travail car l’inquiétude le ronge. Tiens! Voilà quelqu’un: c’est son frère.  

—Tu es au courant Joseph? L’empereur vient de signer un édit: il faut que nous nous fassions tous inscrire dans notre ville d’origine. C’est un recensement dit-on. Ah! ces Romains, ils ne doutent de rien. Est-ce qu’on a du temps à perdre ainsi pour ces bêtises? On voit bien que ce sont les maîtres, ils en profitent... Aller à Bethléem, quand on est déjà débordé de travail! 

Joseph ne dit rien; il se contente d’approuver son frère, sans dire un seul mot. Joseph ne dit rien, mais son coeur exulte: voilà enfin la réponse du Seigneur. L’Enfant naîtra à Bethléem. Mais il faut faire vite, très vite, car l’heureux évènement n’attendra pas. Il faut partir tout de suite. 

Joseph exulte mais tranquillement il expose la situation à Marie qui se réjouit autant que lui. À la hâte on prépare les objets indispensables. Et l’on prie, beaucoup, dans le silence. 

Joseph et Marie sont partis discrètement. L’entourage était ému à cause de la fatigue du voyage et plaignait Marie: au passage on en profitait pour maudire l’empereur. Mais Marie et Joseph se taisaient. 

Marie et Joseph sont partis. Marie est assise sur un petit âne. Un autre âne porte les bagages, bien légers certes, mais assez encombrants car il a fallu prendre  suffisament de layette et des objets pour le bébé. Marie et Joseph avancent doucement pour éviter les cahots. Marie se tait et prie. Marie ne se plaint jamais, ne dit rien, mais son coeur exulte comme celui de Joseph. 

Joseph et Marie, après cinq jours de voyage arrivent enfin à Bethléem. Jésus peut naître... 

Jésus est né! Paix sur terre aux hommes de bonne volonté!

 

Quatrième mystère joyeux :

Présentation de Jésus au Temple

Jésus est né, à Bethléem comme l’avait annoncé le prophète Michée. Cela fait déjà quarante jours, et il est temps maintenant, pour Marie et Joseph, d’accomplir les rites de la Loi de Moïse, pour être purifiés et présenter Jésus au Seigneur. Ils portèrent donc l’Enfant au temple de Jérusalem. 

Le jour de la Présentation d’un enfant au Temple et de la Purification de sa mère était, pour les juifs de cette époque, une grande fête de famille. On peut donc imaginer la présence de Zacharie et peut-être d’Élisabeth. Il n’est même pas interdit de penser que Marie retrouva, à cette occasion, quelques-unes de ses anciennes compagnes et amies, pensionnaires comme elle l’était, il n’y a pas si longtemps, à l’”École du Temple”... 

Rien d’extraordinaire donc, dans cette rencontre familiale et amicale. Non, rien, sauf peut-être la venue inopinée d’un vieil homme, ”juste et pieux, qui attendait la consolation d’Israël. L’Esprit-Saint qui était sur lui, lui avait révélé qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ du Seigneur. Il vint au Temple poussé par l’Esprit,... prit l’Enfant dans ses bras et le bénit en disant: “Maintenant, ô Maître souverain, Tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole, car mes yeux ont vu ton salut que Tu as préparé à la face de tous les peuples, lumière pour éclairer les nations, et gloire d’Israël ton peuple.” 

Tout le monde s’étonnait de ces paroles, mais Marie et Joseph, quoique stupéfaits, gardaient le silence. Ils continueront à se taire ensuite, quand le saint vieillard Syméon se mettra à prophétiser: “Cet enfant est là pour la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction... “ Puis s’adressant à Marie: “Un glaive de douleur te transpercera l’âme, afin que soient dévoilées les pensées cachées de beaucoup de coeurs.” 

L’Évangile ne nous dit rien de plus. Il nous suggère seulement que les parents de Jésus ne comprirent pas très bien ce qu’on leur disait. Ils se contentèrent “d’achever ce qui était prescrit par la Loi, et s’en retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth.” (Luc 2, 39) 

Il faut méditer longuement les paroles prophétisées par le vieillard Syméon. Tout le monde parle pendant la Présentation de Jésus; tout le monde entend les prédictions terribles de Syméon. Seuls les principaux intéressés, Marie et Joseph se taisent: ils sont stupéfaits, ils achèvent ce qu’ils avaient à faire, et ils s’en retournent chez eux. Plus tard on nous dira que Marie gardait soigneusement toutes ces choses dans son coeur. 

L’Évangile ne dit rien de plus sur la suite des évènements. On peut supposer que la Sainte Famille s’en retourna d’abord à Nazareth, puis qu’elle revint un peu plus tard à Bethléem, auprès d’Élisabeth et de Zacharie. Ils y restèrent et demeurèrent dans une petite maison. Joseph avait trouvé du travail: la vie était modeste, mais on ne manquait de rien. 

On peut supposer également que c’est durant cette période que se présentèrent les mages. Toutes ces suppositions sont plausibles, car, même si les conditions de transport sont rudimentaires, les distances sont petites et par conséquent les déplacements possibles. Il suffit de remarquer que l’Évangile reste toujours muet lorsqu’il s’agit de présenter des détails inutiles pour notre salut, donc pour la Rédemption.

 

Cinquième mystère joyeux :

Recouvrement de Jésus au Temple

La Sainte Famille est installée à Bethléem, dans un petit logement. Certains mystiques ont dit que Joseph avait quitté Nazareth pour répondre à une suggestion de Zacharie: “L’enfant est le Messie; il doit donc être élevé près du Temple, et bénéficier, pour son éducation, de la présence des docteurs.” Pourquoi pas? Joseph, toujours docile, était donc revenu à Bethléem. Ce faisant, il obéissait encore, sans le savoir, aux prophéties qui disaient: “d’Égypte, j’ai rappelé mon Fils!”

La volonté du Père conduisit en Égypte Joseph et sa famille, dans les conditions dramatiques que l’on connaît. Puis “quand ceux qui en voulaient à la vie de l’enfant” furent disparus, Joseph rentra à Nazareth. Joseph et Marie se taisaient toujours: ils se contentaient d’obéïr en silence.

Et les années passèrent. Jésus se fortifiait, en taille et en sagesse. Jésus, enfant docile, apprenait le métier de son père, comme tous les enfants juifs de l’époque. Joseph contemplait en silence l’adresse et le doigté de cet enfant remarquable. Joseph enseignait aussi à Jésus: la Thorah, toute la Loi et les prophètes, ainsi que toutes les prières rituelles qui ponctuaient la journée des juifs. Et Jésus eut douze ans.

À douze ans, le jeune juif devenait majeur après avoir subi les examens prouvant que, dorénavant, il pouvait aller seul dans la vie, et prendre ses responsabilités. La Sainte Famille, profitant d’un pèlerinage, retourne à Jérusalem. Les femmes et les enfants vont d’un côté; les hommes se regroupent entre eux: c’est la coutume. Les familles ne se reconstituent que le soir, quand on arrive au camp pour passer la nuit. Cela explique que Joseph et Marie n’aient pu s’apercevoir de la fugue de Jésus.

Pendant trois jours Joseph et Marie chercheront Jésus. Trois longs jours! Comme si Jésus, déjà, voulait préparer Marie à une absence beaucoup plus douloureuse. Mais il se taira. Il ne dira qu’un seule chose à sa mère éplorée: “Pourquoi me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas que je dois être chez mon Père?” Marie et Joseph ne comprirent pas ces paroles. Mais Marie, en silence, conservait toutes ces choses dans son coeur.

La Sainte Famille rentre à Nazareth. La vie simple pourra reprendre. La prière de la Sainte Famille se fera de plus en plus fervente, de plus en plus hymne de louange au Père des Cieux. La vie douce et silencieuse de Nazareth pourra continuer dans la paix. La vie laborieuse de Joseph et de Marie se poursuivra sans à-coup: car Jésus leur était soumis...

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Mystères Lumineux

Premier mystère lumineux :

Le Baptême de Jésus

Jean le Baptiste est descendu dans le Jourdain. L’eau monte jusqu’à sa ceinture... Jean se sent bien dans l’eau. Certes il fait chaud, mais la chaleur n’est pas accablante, et l’eau est fraîche. Les gens se pressent autour de lui: est-ce pour l’écouter, ou pour apprécier la fraîcheur de l’eau? Jean ne se fait pas trop d’illusion: il sait qu’il y a là, autour de lui, des disciples sincères, des gens qui ont vraiment pris conscience des erreurs de leur vie, et qui s’en repentent sincèrement... Ceux-là accueillent avec un cœur purifié le Baptême de pénitence que leur offre l’étrange prophète qui annonce déjà “celui qui viendra après lui...”

Les gens se pressent autour du Baptiste qui, maintenant, demande le silence :

— Mes amis, vous avez reconnu vos péchés, vous savez que votre vie n’a pas toujours été pure, que vous avez souvent violé la Loi de Dieu. Mais maintenant que vous êtes purifiés, nous devons rendre grâce au Béni. Nous allons d’abord chanter l’hymne d’action de grâce, puis nous remercierons notre Créateur dans le silence de notre cœur.

L’hymne éclate, joyeux :

“Louez Dieu par vos cris de joie...”

L’hymne se termine dans une joie profonde, puis, solennel, le silence s’établit, impressionnant. La foule impressionnée n’ose plus bouger, quand, bientôt, un léger remous se fait sentir, et quelqu’un s’approche de Jean :

— Maintenant baptise moi.

Jean s’écarte un peu, comme apeuré :

— C’est moi qui devrais être baptisé par Toi.

— Laisse faire afin que toute justice s’accomplisse.

Les personnes présentes regardent, intéressées: que se passe-t-il pour que Jean ait eu un bref moment de recul, lui toujours accueillant ? Le silence devient encore plus profond, mais Jean baptise le nouveau venu, avec une étrange humilité, semble-t-il.

L’homme prie avec Jean, et soudain éclate une voix puissante :

— Celui-ci est mon Fils Bien-Aimé. Il a toute ma confiance. Écoutez-Le.

Une colombe est venue se poser sur l’épaule de l’homme. Une colombe ? Cet oiseau ne vient généralement pas dans cet endroit sauvage. Le site es devenu impressionnant. LE SILENCE S’EST RÉTABLI, UN SILENCE VIVANT, PLEIN DE DIEU...

 

Deuxième mystère lumineux :

Les noces de Cana

La fête bat son plein. On mange, on boit bien, on rit et, de temps en temps on s’interrompt pour porter un toast en l’honneur des mariés et les féliciter. On félicite aussi le maître et la maîtresse de maison pour la qualité des plats, et, bien sur, des vins. Grande joie à Cana !

Oui, grande joie. C’est sûr, les jeunes que l’on vient de marier seront heureux, car vraiment, tout laisse présager un bonheur sans faille. Ces jeunes sont si purs, et si pieux, et la mariée si belle... Voici qu’un psaume de louange s’élève: il convient de louer le Seigneur, même un jour de noces, et peut-être encore plus un jour de noces... Car tout vient de Dieu. Et le bonheur est là, presque palpable. Le Seigneur est présent dans cette joie si simple quoique parfois un peu bruyante...

Tout le monde a prié joyeusement et recommence à bavarder tranquillement; un serviteur s’approche de Marie et lui dit quelques mots d’un air inquiet. Marie se lève... Au bout de quelques instants, elle revient et se penche vers Jésus :

— Ils n’ont plus de vin.

— Femme, qu’y puis-je ?

Marie regarde Jésus sans rien dire. Jésus regarde Marie profondément, puis se lève et se dirige vers les cuisines. Ses disciples l’ont suivi: peut-être veut-Il discrètement quitter la noce... Mais non, Jésus parle aux serviteurs :

— Remplissez d’eau ces jarres.

Remplir les jarres avec de l’eau ? Pourquoi faire ? Serait-elles vides ? Mais on ne sert pas d’eau pendant une noce, et surtout au moment du dessert...

— Puisez de cette eau et portez-en au maître d’hôtel.

Le maître d’hôtel, qui n’était au courant de rien, goûte cette eau et s’exclame :

— Pourquoi avoir gardé ce bon vin pour la fin? Ce n’est pas dans les habitudes !

Alors les disciples comprennent, les serviteurs aussi... L’étonnement est à son comble. Jésus vient de manifester sa gloire. Jésus peut s’en aller, on n’a plus besoin de Lui, dans cette noce, il doit aller ailleurs porter la Bonne nouvelle... Il fait un petit signe à ses disciples qui maintenant croient en Lui. Ils peuvent Le suivre... 

Et discrètement et en silence, pour ne pas se faire remarquer, Jésus et ceux qui vont devenir ses apôtres quittent la salle des noces. Ils s’en vont avec Celui que déjà ils aiment et admirent, ils s’en vont vers leur nouveau destin.

 

Troisième mystère lumineux :

L’enseignement de Jésus

“Personne n’allume une lampe pour la recouvrir d’un récipient ou la mettre sous le boisseau; on la met au contraire sur un lampadaire pour que ceux qui entrent voient la lumière. Car il n’y a rien de caché qui ne sera mis au jour, ni rien de dissimulé qui ne sera connu et ne viendra au grand jour. Faîtes donc attention à la manière dont vous écoutez.” (Luc 8, 16-18)

“Faîtes donc attention à la manière dont vous écoutez !”

Jésus, répète deux fois cette petite phrase: c’est comme un reproche adressé aux disciples qui, pourtant placés tout près de Lui, se communiquaient maintes réflexions: leurs jugements personnels sur son divin enseignement. Jésus  s’arrête un moment, car les bavards continuent leurs bavardages...

Jésus s’arrête, Il se tait, Il attend... car Il sait que le silence est aussi un enseignement. Jésus se tait, Il attend que le calme revienne... Le calme        revient, en effet, car le silence qui est reproche est toujours une parole, une parole bien supérieure aux paroles inconséquentes de ceux qui ne savent pas et qui n’écoutent pas.

Jésus contemple ses auditeurs et soupire: ce sont de pauvres êtres, mais Il les aime, car ils L’aiment et leur présence ici, près de Lui, en est la preuve. Jésus contemple ses auditeurs qui, un peu confus, Le regardent enfin, et Lui sourient. Jésus leur sourit aussi, et d’une voix douce, faible tout en étant audible, Il ajoute :

— Mes amis, apprenez la valeur du silence, car le silence enseigne, le silence ouvre l’intelligence. Je vous parle, mais vous n’écoutez pas toujours. Pourtant mes paroles sont lumière, et ceux qui les écoutent pas sont comme des insensés qui mettent leurs lampes sous le boisseau. La lampe peut briller, mais personne ne la voit. Si vous n’écoutez pas les paroles de vie, c’est comme si vous vous bouchiez les oreilles pour les fermer à la vie, pour que mes paroles ne touchent pas votre cœur. Si vous parlez trop fort, vous ne pouvez pas entendre les  paroles de vie, et vous empêchez d’entendre ceux qui en ont besoin.

Les paroles de Jésus ont vraiment touché les cœurs. Le silence autour de Lui est devenu impressionnant. Même quelques enfants qui jouaient un peu plus loin se sont arrêtés dans leurs jeux et s’approchent de Jésus...

 

Quatrième mystère lumineux :

La transfiguration

Jésus grimpe les pentes du Mont Tabor. Il devance un peu ses trois disciples préférés qui peinent, s’essoufflent, et transpirent...Il fait chaud en ce début d’après-midi de printemps, et le sentier, raide, est devenu bien fatigant... Mais les trois apôtres suivent Jésus, en silence: curieusement, depuis que Jésus s’est un peu éloigné, ils se taisent...

Pierre, Jacques et Jean suivent Jésus, en silence... Parfois ils Le regardent comme pour voir s’Il va enfin s’arrêter, mais non, Jésus marche toujours, sans se retourner, comme s’Il allait à un rendez-vous...

Pierre, Jacques et Jean suivent Jésus, en silence... De temps en temps ils contemplent le paysage superbe qui s’étale nonchalamment devant leurs yeux. Ils voudraient bien s’arrêter un peu, respirer, mais le Maître avance toujours, alors les apôtres suivent... Ils suivent toujours Jésus, même s’ils ne Le comprennent pas toujours. Et aujourd’hui, ils ne savent pas où Jésus veut aller. Il leur a seulement dit, tout-à-l’heure :

— Venez avec Moi, j’ai quelque chose à vous montrer.

Pierre, Jacques et Jean suivent Jésus, en silence... Ils sont presque arrivés au sommet du Tabor. Jésus, Lui, est déjà perdu dans sa prière. Les apôtres sont sur le point de manifester leur contentement, quand, soudain, après un éclair prolongé, une grande lumière les enveloppe ; ils sont près de Jésus, mais Jésus n’est plus seul: voici Moïse, et Élie. Et Jésus s’entretient avec eux de sa Passion prochaine et de la délivrance prochaine de tous ceux qui sont morts depuis longtemps et qui L’attendent...

Pierre, Jacques et Jean écoutent avec une attention nouvelle, une attention qu’ils ne connaissaient pas encore, car Élie et Moïse parlent des prophéties et de leur prochaine réalisation. Ils évoquent un Serviteur souffrant et révèlent son identité: les apôtres sont tellement stupéfaits qu’ils se savent plus quelle attitude avoir. Seul Pierre peut réagir :

— Seigneur, c’est bien que nous soyons ici. Nous pouvons monter trois tentes: une pour Toi, une pour...

Pierre ne sait pas ce qu’il dit, mais il faut toujours qu’il parle... Jésus ne répond rien et poursuit sa conversation :

— Trois jours après ma Passion, je ressusciterai, et je viendrai vous délivrer des enfers. Le Fils de l’Homme doit beaucoup souffrir pour sauver tous les hommes et leur rendre la vie éternelle que le péché leur a fait perdre.

Moïse et Élie paraissent soudain encore plus lumineux, et Jésus n’est que lumière. Les trois disciples sont entrés dans le silence qui maintenant les enveloppe. Ils attendent, ils adorent quand, soudain, résonnant dans le silence, une voix grave et puissante :

— Celui-ci est mon Fils Bien-Aimé...

Les apôtres se sont prosternés, en adoration. C’est de nouveau le silence sur la montagne, un silence puissant, habité, le silence de Dieu.

 

Cinquième mystère lumineux :

L’Eucharistie

Jésus vient de laver les pieds de ses disciples. Le silence est écrasant: les apôtres se regardent sans dire un seul mot. Ils n’ont pas compris ce que le Maître venait de faire, mais ils n’osent pas l’interroger. Jésus se rassied, doucement, et pendant un instant Il contemple chacun de ses disciples... Puis, lentement Il articule :

— Vous ne comprenez pas ce que je viens de faire...

Tous les apôtres hochent la tête: non vraiment, ils n’ont pas compris. Jean essuie furtivement quelques larmes. Pierre est tellement bouleversé qu’il ne cherche même pas à retenir ses larmes.

— Vous ne comprenez pas ce que je viens de faire, reprends Jésus? Vous m’appelez Maître et Seigneur, et vous faites bien car je le suis vraiment.

Les apôtres relèvent la tête, comme rassurés.

— Si donc Moi, le Maître et Seigneur je vous ai lavé les pieds, vous devrez, dorénavant vous laver, vous aussi, laver les pieds de vos frères...

— Nous devrons laver les pieds de nos frères ?!!!...

Les apôtres manifestent un mouvement de recul et rompent soudain le silence. Mais Jésus reprend :

— Mes amis, Je vais maintenant conclure avec vous une Alliance Nouvelle. Quand je ne serai plus là, Je vous enverrai l’Esprit et vous découvrirez la richesse de mes enseignements. Les apôtres sont muets d’une attention nouvelle.

— L’Esprit vous enseignera toutes choses et ouvrira vos intelligences aux enseignements que je vous ai donnés. L’Esprit vous fera comprendre combien Dieu est Amour. Il vous dira que le Père vers qui Je retourne est tendresse et pitié, plein d’amour et de miséricorde... Et voici que Je suis avec vous jusqu’à la consommation des siècles.

Un nouveau silence emplit la salle du Cénacle, un silence d’amitié, de tendresse, un silence d’Amour. Jésus se lève, et prend le pain :

— Mes amis, J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous, cette Pâque nouvelle.

Jésus rompt le pain :

— Prenez, et mangez-en tous, ceci est mon Corps...

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Mystères Douloureux

Premier mystère douloureux :

L’Agonie de Jésus

Il y a tellement de choses à dire sur le silence de Gethsémani. Sur le silence et sur le bruit...

Sur le bruit, d’abord. Tout s’agite autour de Judas. Jérusalem a l’air calme,   mais, dans ce silence extérieur, se trame le forfait le plus noir et le plus tragique de toute l’histoire de l’humanité. Tout est calme dans Jérusalem, mais, au Sanhédrin, les langues vont bon train et les passions s’exaspèrent: car il faut se débarrasser du gêneur, coûte que coûte... et vite !

Autour de Jésus qui pénètre dans le Jardin, les apôtres, surtout ceux qui marchent en avant ou en arrière de Jésus, critiquent leur Maître. Tout semble si tranquille dans la ville : vraiment, de quoi Jésus peut-Il si fort s’inquiéter ? Au fond, Judas a peut-être raison, Jésus est trop fatigué, Il commence à perdre un peu la tête. Il faudrait qu’Il se repose, et qu’Il mange davantage: depuis plusieurs jours Il ne prend presque plus rien. Il ne parle que de sa mort prochaine, de son arrestation... Pourtant personne ne Lui en veut. Qui, d’ailleurs, pourrait Lui en vouloir ? Tout le monde était avec Lui et pour Lui, il y a juste quatre jours, quand le peuple L’acclamait.

Jésus entend mais ne dit rien; à quoi bon! Ils ne peuvent pas encore comprendre.

Jésus reste un moment avec les trois: Pierre, Jacques et Jean: “Demeurez là, près de Moi, et surtout priez, priez pour ne pas entrer en tentation. Veillez et prier. Veillez et priez, surtout ce soir, solennel entre tous.” Les trois apôtres promettent; ils commencent la récitation de la prière que Jésus leur a apprise, mais ils ne vont pas jusqu’au bout: déjà, ils s’assoupissent...

Tout est maintenant silencieux à Gethsémani. Jésus est seul avec le Père, le Père qui va bientôt L’abandonner: mais c’est la volonté du Père qu’il en soit ainsi. Jésus est seul et Satan arrive comme il l’avait déjà fait trois ans plus tôt, au désert. Çà n’avait pas marché alors... Mais maintenant, c’est son heure, l’heure de la puissance des ténèbres. Il faut profiter de l’opportunité !

Jésus est seul, seul dans la nuit où tout se tait. Oui, tout se tait, comme si la nature, elle aussi abandonnait son Créateur pour le laisser seul avec l’Ennemi. L’Agonie de Jésus peut commencer, rien ne viendra troubler la haine  déployée de Satan. Tout est nuit dans le Coeur de Jésus, tout est souffrance, tout est peine: Jésus porte déjà les souffrances et toute la peine des siècles passés et à venir, la douleur de tous les hommes pécheurs qu’Il est venu sauver. Jésus porte aussi le poids de tous les péchés du monde. Et l’intensité de sa détresse est telle au spectacle de la multitude de ceux qui Le refuseront définitivement et se damneront, que Jésus s’écrie : “Non pas çà, Père! Pas çà! Père, éloigne de Moi ce calice!... Mais pas ma volonté, seulement la tienne, Père.”

Le silence de la nuit se referme sur Jésus qui maintenant sue son sang... Ses préférés dorment. D’ailleurs, ils dorment tous. Jésus doit rester seul dans le désert muet de la nuit de son Agonie. Jésus doit rester seul pour vaincre Satan et déjouer tous ses pièges mensongers. Le silence de la nuit, maintenant se peuple de fantômes sans voix, mais Jésus lit leurs pensées destructrices. C’est le silence total, pesant, angoissant. Mais c’est dans ce silence que Jésus dit oui au Père: “Père, que ta volonté se fasse, et non la mienne.” L’humanité sera sauvée.

 

Deuxième mystère douloureux :

La Flagellation

Jésus vient d’être arrêté. Lui seul sait ce qui se passera durant ces heures atroces, son Heure. Lui seul sait qu’il va devoir subir des supplices horribles. Lui seul! Mais Il va avec ceux qui sont venus l’arrêter, suivant les conseils de Judas, l’ami de tout à l’heure...

Maintenant, Jésus, bien ligoté, va, de tribunal en tribunal, du Conseil au Prétoire. Et Pilate, pour Le sauver ?... va Le faire flageller. Jésus se tait. Depuis son arrestation Il n’a dit qu’une seul mot: Il est le Fils de Dieu.

Jésus est sur le lieu du supplice. On Le dépouille de ses vêtements ; on L’attache à une colonne. Les bourreaux frappent fort, en cadence, car les fouets sont lourds, et il faut se donner du courage. La douleur est épouvantable mais Jésus ne dit rien. Jésus se tait, et cela exaspère les bourreaux qui frappent encore plus fort : “Qu’est-ce que c’est que ce condamné qui ne crie pas sous les coups ? Qui ne hurle pas comme les autres ? Et qui ne blasphème pas ?”

Mais ce condamné a un regard étonnant, un regard qui transperce les coeurs, et les bourreaux, soudain, sont mal à l’aise.

Jésus se tait, mais son regard interroge ceux qui sont là : “Quel mal vous ai-Je fait pour que vous Me traitiez ainsi ?”

Jésus se tait mais son coeur prie: “Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font.”

Les bourreaux s’amusent moins car le regard muet de Jésus est allé jusqu’à leur coeur, leur coeur d’hommes perdus, mais un coeur d’homme quand même, un coeur qui peut s’ouvrir, qui va s’ouvrir, peut-être...

La flagellation s’achève. Jésus, détaché de la colonne s’écroule, mourant. Jésus se tait toujours.

 

Troisième mystère douloureux :

Le couronnement d’épines

Jésus vient d’être flagellé. Jésus a enfin pu remettre ses vêtements qui collent sur ses plaies. On a assis Jésus sur un tronc d’arbre, pour qu’Il se repose un peu, car voilà deux fois qu’Il se trouve mal, et Il doit absolument rester vivant : c’est la règle, on ne crucifie pas un mort.

Jésus est assis, les bourreaux Le contemplent en haussant les épaules. Les bourreaux qui viennent de remplacer l’équipe précédente fatiguée ne savent pas quoi faire avec le condamné, et ils s’ennuient...

Les bourreaux s’ennuient et ils cherchent un jeu. Soudain, l’un d’eux se souvient :

 Il prétend qu’Il est Roi! On doit Le couronner.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Les ronces d’un buisson d’épines du jardin voisin feront l’affaire. La couronne est vite faite et placée sur la tête du condamné. On appuie par-ci, par-là, pour mieux la faire tenir, et on admire l’œuvre : çà Lui va très bien. Maintenant son manteau royal : la vieille loque rouge qui est là conviendra à merveille. Et puis le sceptre de roseau...

 Salut Roi des juifs !

Jésus se tait. Jésus ne lâche pas le sceptre de roseau ; pourtant ses mains meurtries et ses doigts abîmés ne devraient pas pouvoir le tenir longtemps. Mais Jésus est Roi : son silence le crie, ses attributs de dérision l’affirment. Jésus est le Roi du monde, et ce sont des païens qui, malgré eux et sans savoir ce qu’ils font, aujourd’hui le proclament.

Les païens ont proclamé la Royauté de Jésus, sa Royauté qui n’est pas de ce monde, sa Royauté qu’Il confirmera bientôt à Pilate avant que ce dernier ne présente l’Homme à la foule hurlante des juifs : “Tu l’as dit, Je suis Roi... Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité.”

Jésus-Roi! Jésus couronné d’épines. Jésus, Tu Te tais, mais ton silence est plus éloquent que tous nos discours-fleuves. Jésus, Tu Te tais devant tes bourreuax, Tu Te tais devant Pilate qui ne veut pas de la vérité, Tu Te tais parce que tes divins enseignements ne peuvent être reçus et compris que dans le silence.

Jésus, Roi couronné d’épines, maintenant nous comprenons ton Amour, ton humilité, ta Miséricorde. Maintenant ta divinité éclate et le soldat romain qui tout à l’heure Te percera le Coeur, le soldat romain aussi, dans le silence du Calvaire, aura la confirmation éclatante de ta royauté : “Celui-ci était vraiment le Roi des juifs. Celui-ci est le Fils de Dieu.”

 

Quatrième mystère douloureux :

Jésus est condamné à mort

Jésus-Roi est présenté à la foule par Pilate de plus en plus inquiet. Mais la foule refuse l’Homme. La foule ne veut pas de Jésus-Roi, elle ne veut pas de Jésus-prophète, elle ne veut pas de Jésus-Fils de Dieu, elle ne veut pas de Jésus-Amour. Car la foule, aujourd’hui est entre les mains de la haine, entre les mains de Satan et des Puissances des Ténèbres dont c’est l’Heure.

Pilate reconnait encore une fois l’innocence de Jésus. Mais la foule veut la mort du Fils de l’Homme. La foule veut la mort du Sauveur, la mort de son Roi.

 Crucifierais-je votre Roi? crie Pilate.

 Nous n’avons d’autre Roi que César !

 Quel mal a donc fait cet homme ? Je ne trouve en lui rien qui mérite la mort.

 Mort à cet homme ! Relâche-nous Barrabas.

 Que ferai-je donc de Jésus qu’on appelle Christ ?

 Qu’il soit crucifié! À mort! Crucifie-le !...

Pilate se lave les mains :

 Je suis innocent du sang de cet homme.

 Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants !

Parole terrible que celle-là! Jésus, innocent, est condamné à mort par les chefs de son peuple, par ceux qui auraient dû Le recevoir et Le protéger. Parole terrible qui poursuivra tout le peuple juif, même le peuple innocent qui n’était pas présent chez Pilate ce jour-là, parole terrible qui poursuivra le peuple juif tout au long des siècles. Le sang de Jésus condamné à mort par les siens est retombé sur leurs enfants. Ici, on peut tenter et même réussir tous les pardons et toutes les réconciliations que l’on voudra, on n’effacera jamais la longue liste des persécutions, des mépris, des pogroms, et encore moins de la Shoah, subis par le peuple juif, le peuple de Dieu, au long des siècles.

Pourtant Jésus, innocent condamné à mort, pourtant Jésus a pardonné. Et bientôt, alors que jusqu’à ce moment Il s’était tu, ne laissant échapper aucune plainte, bientôt, juste avant de mourir, Jésus dira : “Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font !”

Ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient... C’est possible, c’est même certain puisque Jésus le dit. Mais le Père, malgré toute sa bonté et sa Miséricorde, le Père, ayant créé l’homme libre ne peut pas, ne veut pas empêcher les causes secondes d’agir, ni les conséquences naturelles ou humaines de se manifester. Parfois Dieu semble se taire.

Le Roi des juifs est condamné à mort. Jésus est chargé de sa Croix. Le long chemin du Calvaire commence. Le Chemin de Croix de Jésus est le Chemin de notre salut, de notre Rédemption. Nous aussi, tôt ou tard dans notre vie, nous aurons à suivre le Chemin de Jésus et à porter notre Croix, en silence, pour suivre Jésus, pour venir après Lui.

 

Cinquième mystère douloureux :

Jésus meurt sur la Croix

Jésus est sur la Croix, crucifié : Jésus va mourir, Jésus meurt.

Jésus a prononcé toutes les paroles annoncées par les prophètes. Jésus a dit tout ce qu’Il devait dire afin que tout fût accompli. Maintenant, Jésus peut remettre son âme entre les mains du Père...

Jésus va mourir et la terre gronde comme si elle avait peur. La terre gronde mais maintenant la foule se tait: elle a peur elle aussi.

La terre tremble et la foule frémit, et les hommes s’en vont. Ne restent sur le Golgotha que ceux qui doivent rester. Il y a là la Mère du Crucifié et quelques amis de Jésus.  Ils sont rares les amis de Jésus: Jean et quelques femmes, et ils pleurent. Nicodème et Joseph d’Arimathie ne sont pas loin non plus, juste un peu plus loin, car ils n’avaient pas le droit d’être plus près.

Il y a aussi quelques soldats qui voudraient bien partir, mais ils n’en ont pas le droit: leur loi leur impose de rester pour faire leur devoir. Alors tremblants, ils se taisent et s’éloignent un peu. Ils ont peur de rester trop près du Crucifié car le ciel semble, lui aussi, se mettre de la partie. Plus de soleil, plus de lumière, mais des éclairs puissants qui, parfois, déchirent silencieusement l’espace avant que tout redevienne ténèbres.

Tout est devenu ténèbres épaisses. La terre roule des grondements sourds, d’effrayants grondements qui semblent venir du plus profond de ses entrailles.

Le ciel aussi rugit et pleure: la détresse a saisi tous les éléments et l’angoisse est universelle. Maintenant tout se tait. Le silence est effrayant, prolongé, surnaturel. On n’entend que quelques sanglots étouffés, et les plaintes des larrons qui n’ont plus la force de blasphémer. La terre a peur; la terre se tait, la nature pleure, la nature attend, comme suspendue d’angoisse, d’une terrifiante angoisse.

Et soudain, comme un éclair sonore, un grand cri... Le grand cri de Jésus qui meurt... et le silence: total, épais, palpable, terrible. Jésus est mort. Jésus a remis son âme entre les mains du Père. La Création est orpheline.

Orpheline ? Peut-être pas. Car, au grand cri de Jésus un autre cri répond, celui d’un soldat romain : “Celui-là était vraiment le Fils de Dieu.”

È

Mystères glorieux

Premier mystère glorieux :

La Résurrection de Jésus

Personne n’a vu de ses yeux la Résurrection de Jésus. Les gardes, peut-être, mais il n’est pas certain qu’ils aient compris alors ce qui se passait: un éclair, un bref tremblement de terre...

La pierre qui fermait le tombeau est maintenant déplacée...

La peur saisit ces hommes frustes qui ne s’embarrassent pas de problèmes métaphysiques : décidément rien n’est vraiment normal autour de cet homme qu’on appelait Jésus! D’autant plus que, s’étant penchés pour voir si, au moins, tout était correct dans le tombeau, ils constatent qu’il est vide. Pourtant, ils avaient monté la garde sérieusement...

Voici que des voix de femmes se font entendre, tout près. Les gardes s’affolent : vite, il faut fuir pour informer ceux du Temple qui ne sont pas commodes du tout, et qui pourraient bien leur faire de fâcheuses histoires...

Le Jardin du tombeau est redevenu silencieux ; les femmes impressionnées se taisent. Elles ont senti le tremblement de terre tout-à-l’heure, et elles ont vu un grand éclair... Maintenant il fait clair, mais il règne ici une atmosphère étrange, comme si, malgré le drame qui s’est joué dans ces lieux il y a trois jours, la nature était en pleine effervescence, comme si la nature avait envie de chanter sa joie... mais quelle joie ?...

Les femmes restent toujours silencieuses, mais contemplent, sidérées, la transformation du verger : tous les arbres dont la végétation était tellement en retard, sont maintenant en pleine floraison, et c’est une coulée de blancheur qui recouvre les lieux. Et les oiseaux gazouillent à qui mieux mieux. Et une brise fraîche et douce secoue les branches enchanteresses. Un écureuil s’attarde sur une branche, comme en contemplation...

Les femmes continuent d’avancer, mais leur frayeur s’est dissipée. Leur immense chagrin s’est comme transformé en allégresse. Et le soleil rayonnant, éblouissant, rajeuni, inonde tout de ses rayons pleins d’une lumière de louange...

Un homme vient vers ces femmes étonnées :”Vous cherchez Jésus le Nazaréen, Jésus le Crucifié? Il n’est pas ici, Il est ressuscité comme Il l’avait dit. Allez prévenir ses disciples qu’Il les attend en Galilée.”

Les femmes se retournèrent avec grande joie, “et voici que Jésus vint à leur rencontre en disant: Je vous salue ! Elles s’approchèrent, saisirent ses pieds et se prosternèrent devant LUI.”

Les femmes ont reconnu Jésus tout de suite, instantanément... Elles n’eurent pas à demander à l’Homme venu vers elles : “Qui es-Tu ?” Non, les pauvres femmes, les humbles femmes courageuses, mésestimées, ont reconnu Jésus tout de suite. Elles l’adorèrent en silence...

Les grandes joies sont souvent silence, car elles sont trop grandes pour pouvoir être exprimées.

 

Deuxième mystère glorieux :

L’Ascension du Seigneur

Jésus bavarde avec ses apôtres. Le repas est achevé et les apôtres ont tout nettoyé et rangé. Maintenant ils écoutent Jésus qui se fait de plus en plus proche, de plus en plus amical, de plus en plus tendre. Les apôtres sont baignés d’amour, de l’Amour de leur Maître. Jean s’est glissé jusqu’aux pieds de Jésus et il a mis ses mains sur les genoux de Jésus qu’il regarde intensément, amoureusement. Jean recueille toutes les paroles de Jésus pour les inscrire en lui d’une manière indélébile. Jean se sent bien : il resterait bien ainsi jusqu’à l’éternité. Les autres apôtres aussi se sentent en paix. Ils écoutent Jésus, religieusement, et parfois posent une question à laquelle Jésus répond avec une inlassable patience.

Tout est calme et serein dans la salle du Cénacle. Bientôt Jésus se lève... Il se lève et fait mine de partir, mais par la porte, comme autrefois.

Aujourd’hui Jésus ne disparaît comme Il en avait pris l’habitude depuis qu’Il est ressuscité. Jésus se lève et fait signe à ses apôtres de Le suivre. La petite troupe est heureuse: Jésus va-t-Il revivre avec eux comme avant ? La petite troupe retrouve ses anciens réflexes et se met à parler, à accabler Jésus de remarques, de questions trop humaines: “Est-ce maintenant que Tu vas établir ta Royauté en Israël ?”

Jésus ne répond pas: ils n’ont pas à connaître les secrets du Père. Jésus avance avec ses disciples qui bavardent librement, et avec beaucoup d’agitation. Jésus se retourne, regarde ses amis qu’Il aime tant. Ils n’ont pas encore compris ; qu’importe, dans quelques jours ils recevront l’Esprit qu’Il va leur envoyer.

Jésus s’est arrêté. Il regarde ses disciples qui parlent sans arrêt, comme soudain libérés. Jésus les regarde et leur sourit. Oh! le sourire de Jésus !

Que se passe-t-il soudain? Tout le monde se tait. Les apôtres sont comme médusés. Ils regardent Jésus et ne cessent de lever leur regard toujours plus haut vers le ciel. Mais Jésus n’est plus là. Jésus qui montait doucement vers le Père n’était plus visible à leurs yeux de chair.

Et les apôtres restent là, immobiles, stupéfiés, silencieux, comme hébétés...

“Que faites-vous ici, hommes de Galilée ? Retournez à Jérusalem. Jésus, qui a été enlevé au Ciel du milieu de vous, reviendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le Ciel.”

Retour brutal vers les réalités terrestres. On ne reste jamais longtemps au ciel quand on vit encore sur la terre. Il faut toujours retourner à Jérusalem.

 

Troisième mystère glorieux :

La Pentecôte

Il y a déjà dix jours !... Dix jours que les apôtres enfermés dans la salle du Cénacle “par peur des juifs,”  attendent et prient avec la Mère de Jésus. Dix jours déjà, et rien ne se passe. Pourtant Jésus avait bien dit qu’Il leur enverrait son Esprit, bientôt. Mais rien, toujours rien. Alors les langues vont bon train ; chacun donne son avis, exprime une incompréhension, une nouvelle incrédulité, une perplexité... Seule Marie se tait. Marie écoute et se tait.

Parfois Marie sourit, et son merveilleux sourire d’ange rassure les apôtres agités et inquiets. Marie écoute et sourit, mais ne dit rien. Elle est comme en extase dans un extraordinaire monde intérieur, un monde d’amour et de paix qui rassure et calme les esprits incertains, agités et inquiets.

Marie sourit aux apôtres mais continue à se taire, et peu à peu sa sérénité et sa confiance semblent se communiquer aux disciples de Jésus. Comme pour suivre un mouvement de Marie, les apôtres se lèvent et récitent la prière de Jésus : “Notre Père qui es aux Cieux, que ton Règne vienne...”

Un grand bruit, une grande secousse, une intense lumière, un feu qui se partage en langues, un feu qui envahit les esprits “peu intelligents, lents à croire...” Un grand feu d’Amour emplit les esprits et les coeurs. Un grand feu qui pénètre les âmes, qui anime les corps, qui chasse toutes les craintes, qui illumine les intelligences...

Les apôtres se taisent. Ils regardent Marie qui leur fait signe d’aller. Les apôtres ouvrent les portes, les fenêtres, les apôtres sont dans la rue; les voici sur la place, là où tous les badauds et les hommes d’affaires, les gens d’ici, les gens d’ailleurs sont réunis. C’est une agitation inhabituelle car la grande secousse a été ressentie dans tout Jérusalem. Les hommes de toutes races et de toutes nations, tous ceux qui passent forcément par Jérusalem pour faire leurs affaires, tous ils arrivent, de tous les quartiers de Jérusalem, pour savoir ce qui se passe, pour se renseigner, pour entendre.

Et tous voient quelques hommes, quelques hommes du peuple, de ces gens méprisés parce qu’ils n’ont pas fait d’études. Ces quelques hommes parlent, et on les écoute... Et tous entendent, et comprennent, car ces gens du peuple, ces pauvres de Yahvé, ces gens ignorants parlent leur langue, à eux, les étrangers. Comment ces gens sans culture peuvent-ils connaître le grec, le latin, un latin et un grec très purs, sans faute de syntaxe? Même les Perses et les Iduméens arrivés là depuis la veille les comprennent et s’étonnent... Les docteurs d’Israël n’en croient pas leurs oreilles : “Ces gens sont ivres !” Mais non! ce n’est pas possible: on n’est pas ivre à neuf heures du matin.

Enfin, les bouches se ferment, et les esprits s’apaisent pour écouter l’Esprit qui parle par la voix de Pierre.

Marie est toujours dans son silence d’adoration. Elle a suivi les apôtres et contemple la scène. Marie qui a, toute sa vie, vécu dans la foi, reçoit, elle aussi, la lumière de l’Esprit, l’Esprit qui, il y a trente trois ans, la couvrit de son ombre.

Maintenant Marie comprend tout. Et Marie, silencieuse, adore dans son coeur les merveilles de Dieu.

 

Quatrième mystère glorieux :

L’Assomption de Marie

Marie est seule... Jean a dû s’absenter quelques heures. Marie s’active dans la maison : il y a tant de choses à ranger. Les apôtres se sont réunis ici il y a quelques jours, et ils ont laissé bien du désordre : Ah ! ces hommes ! Pierre a même oublié un vêtement, un vêtement déchiré. Marie prend ce pauvre vêtement et le raccommode: ainsi, ce sera mieux.

Marie va chercher quelques légumes dans un coin de la petite cuisine et les épluche. Puis, comme à son habitude, elle les accommode au goût de Jean. Elle le soigne ce petit Jean que son Fils lui a laissé... ce petit plein d’amour qui ne parle que d’Amour. Maintenant, tout est prêt, la maison est rangée, le repas préparé : Jean peut revenir.

Tiens ! Marie va dans sa petite chambre et, de son grand coffre, sort quelques objets qu’elle touche avec un amour infini : des souvenirs de son Fils. On dirait qu’elle les adore en silence. Et Marie prend sa jolie robe claire, la déplie et l’essaie. Il n’y a pas de glace chez Marie, cela ne se faisait pas dans son temps. Mais si Marie avait pu se voir, elle ne se serait certainement pas reconnue tant elle est rajeunie : on dirait une toute jeune fille. Seul son visage porte des signes de fatigue. Soudain Marie soupire, va dans le petit jardin, et lève les yeux vers le ciel. Puis Marie s’assoit sur le vieux banc placé là par Jean.

Marie s’assoit et prie. La prière de Marie est extase. Marie sourit, son visage s’illumine. Jésus ne doit pas être bien loin dans sa pensée, dans son coeur car Marie a soudain l’air heureux, tellement heureux... Marie rajeunit encore... Marie se lève et tend les bras comme pour répondre à un appel muet.

“Oui, Jésus, je viens. Jésus, mon Jésus, mon Fils, je T’aime, Je T’attendais Jésus, avec tant d’espérance... Oui, je viens, Jésus !...”  Soudain Marie devient lumière...”

“Mère, où es-tu ?” C’est Jean qui, de retour à la maison, s’inquiète de ne pas voir la Mère de Jésus, la Maman qui lui a été confiée. Jean appelle, cherche dans toute la maison silencieuse, mais Marie n’est plus là. Tout est silence dans la maison paisible...

Plus personne sur la terre ne reverra jamais Marie. Elle est montée au Ciel, avec son corps, avec son âme. Car Marie, la toute pure, la toute sainte, ne pouvait pas connaître la corruption. Marie est au Ciel avec son corps mortel devenu glorieux. Marie, est au Ciel, avec son Fils, vivante, intacte : c’est la foi de l’Église.

 

Cinquième mystère glorieux :

Le Couronnement de Marie

Marie est partie vers le Ciel, sans bruit...

Marie va retrouver son Fils et l’étreindre dans un embrassement infini d’amour. Marie peut s’extasier devant le Père qui la reçoit, royalement. Marie rejoint l’Esprit d’Amour, l’Époux mystique de l’Annonciation. Le Ciel contemple les retrouvailles de la Trinité avec la plus pure, la plus belle, la plus sainte des créatures. Le Ciel se tait... émerveillé et ravi.

Le Ciel se tait... émerveillé et ravi. Les Anges sont comme en extase. Le Ciel se tait, car pour l’instant Dieu contemple la plus parfaite de ses créatures: et Dieu la trouve bonne, la trouve belle, la trouve admirable. Dieu contemple ses mérites de Créateur-Amour. Dieu-Amour contemple la seule créature qui ait jamais répondu aussi totalement et parfaitement à son Amour.

Dieu se contemple en Marie comme dans un miroir. Et dans sa pensée éternelle, Dieu se “souvient”. Dieu se “souvient” de la faute de Lucifer, de l’erreur d’Ève et d’Adam. Dieu se “souvient” aussi de sa colère quand Il ordonna à l’Archange de chasser le pauvre couple humain hors du Paradis.

Dieu se “souvient” également de sa mansuétude et de sa miséricorde quand, apitoyé par la détresse de l’Homme, Il promit un Sauveur, un Sauveur qui naîtrait d’une femme, la Femme qui écraserait de son talon la tête du serpent.

Tout est silence dans le Ciel qui contemple la contemplation de Dieu. La Femme promise est là, la Femme aimée de Dieu, la Femme qui a répondu à tout l’Amour de Dieu, à tous les espoirs que Dieu avait mis en elle. La Femme-Mère, Mère de Dieu est là, adorant son Seigneur qu’elle vient de rejoindre. Dieu peut couronner son Œuvre. Car Marie c’est le super Chef-d’oeuvre de Dieu, la Merveille des merveilles, la Reine immaculée, l’Image parfaite du Créateur qu’Il va maintenant couronner.

Alors, soudain, rompant le silence d’attente, le Ciel éclate de joie. Dieu le Père couronne sa Fille bien-aimée, Dieu l’Esprit-Saint couronne son Épouse fidèle. Et Dieu le Fils couronne sa Mère. Les choeurs célestes explosent en chant de gloire, de louanges, et d’amour.

Sur terre, rien ne se passe. Les apôtres sont seulement un peu plus heureux dans leur coeur, plus heureux que d’habitude. Et plus confiants aussi. Les apôtres sont envahis comme d’un grand silence intérieur qui les comble de joie. Le Ciel éclate en cris d’allégresse, en l’honneur de Marie, et la terre se tait, de joie... et de reconnaissance.

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