Disons-nous en toute vérité :
« Mon âme, tu n'as rien fait
jusqu'à ce jour. Commence, aujourd'hui même, à faire le bien. »
Vivons à tout moment en présence de
Dieu.
« Dieu me voit. » Il faut se le
répéter à longueur de journée.
Le Seigneur est aussi mon juge. Il
me voit et il me juge.
Plaise à Dieu qu'à la fin de ta
journée ta conscience n'ait rien à te reprocher.
Ne perdons pas notre temps. Il ne
faut pas remettre au lendemain ce que l'on peut faire aujourd'hui …les
tombeaux débordent de bonnes intentions... et d'ailleurs, qui pourrait
dire si nous serons encore en vie demain ?
Oh ! Comme notre temps est
précieux !
Heureux ceux qui savent en
profiter, car, au jour du jugement, nous devrons tous en rendre compte
au Juge suprême.
Si nous arrivions à comprendre la
valeur du temps, chacun de nous s'efforcerait d'en tirer le maximum de
profit (CS, 169).
Écoutons la voix de notre
conscience ; c'est la voix du prophète : Aujourd'hui écouterez-vous la
parole du Seigneur ? Ne fermez pas votre cœur...
Nous ne possédons que l'instant
présent : veillons donc, et vivons-le comme un trésor qui nous est
donné. Le temps ne nous appartient pas, ne le gaspillons pas.
« Mes frères, nous n'avons encore
rien fait jusqu'à maintenant : commençons donc dès aujourd'hui. »
C'est vrai, nous n'avons encore
rien fait, ou si peu ! Les années se sont succédé sans que nous ne nous
soyons demandé ce que nous avons bien pu en faire ; n'y avait-il donc
rien à modifier, à ajouter ou à retrancher dans notre conduite ?
Nous avons vécu avec insouciance,
comme si le jour ne devait jamais venir où le Juge éternel nous
rappellera à lui, et où nous devrons rendre compte de nos actions et de
ce que nous aurons fait de notre temps.
Et pourtant, c'est de chaque minute
qu'il nous faudra très précisément rendre compte, de chaque grâce, de
chaque inspiration de l'Esprit, de chaque occasion de faire le bien qui
se sera présentée. La plus légère transgression de la Loi divine sera
prise en considération.
Cherchons à acquérir toujours
davantage ces deux vertus :
Dieu nous laisse dans nos ténèbres
en vue de sa gloire et pour notre plus grand profit spirituel.
Il veut que nos misères constituent
le trône de sa miséricorde et notre impuissance le siège de sa toute
puissance !
N'ayez pas peur de toutes les
embûches que vous tend le démon : le Seigneur est toujours avec vous. Il
combattra avec vous et pour vous. Jamais il ne permettra que vous soyez
trompés ou vaincus.
La tentation est un signe de
bienveillance de la part du Seigneur.
Ne te laisse jamais aller.
Mets toute ta confiance en Dieu
seul. Je ressens toujours plus le besoin de m'abandonner à la
miséricorde de Dieu. Et c'est en lui seul que je mets tout mon espoir.
Quand l'âme gémit et craint
d'offenser Dieu, elle ne l'offense pas et elle est bien loin de pécher.
La justice de Dieu est terrible.
Mais, ne l'oublions pas, sa miséricorde est infinie.
Cherchons à servir le Seigneur de
tout notre cœur. Il nous rendra toujours beaucoup plus que ce que nous
méritons. C'est à Dieu seul que revient la louange, et non pas aux
hommes. C'est le Créateur qu'il faut honorer, et non pas la créature.
Puisses-tu savoir faire face aux
amertumes de la vie pour mieux partager les souffrances du Christ...
Seul un général sait quand et
comment se servir de ses soldats : attends donc, ton tour viendra aussi
.Vois : l'un se noie en haute mer, l'autre dans un verre d'eau. Où est
la différence ? Ne sont-ils pas morts tous les deux ?
Dieu voit tout : garde toujours cela à l'esprit.
Dans la vie spirituelle, plus l'on
court et moins on se fatigue. Plus nous ferons vivre le Christ en nous
par des mortifications, et plus nous serons en paix, heureux et forts.
Cette paix prélude à la joie éternelle.
La Providence fait alterner joies
et larmes dans l'existence des individus et des nations, pour les
conduire à leur fin ultime.
Ne trahissons pas ses desseins. Il
faut savoir reconnaître la main de Dieu qui se cache derrière la main de
l'homme .
Si l'on veut faire une bonne
récolte, il est moins important de semer que d'ensemencer une bonne
terre ; et quand la plante apparaîtra, il faudra avoir à cœur de veiller
à ce que l'ivraie n'étouffe pas les jeunes pousses .En chaque événement
humain, apprenez à reconnaître et à adorer la volonté de Dieu.
Dans la vie spirituelle, il faut
toujours aller de l'avant. Ne reculons jamais ; sinon, il en serait
comme d'une barque : si elle s'arrête au lieu d'avancer, aussitôt le
vent la fait repartir en arrière.
Une mère qui apprend à marcher à
son enfant commence par le soutenir, mais ensuite il faut que celui-ci
marche tout seul. Toi aussi, apprends désormais à penser et à agir en
personne responsable.
« — Tant que tu craindras, tu ne
pécheras pas.
‑ Oui, père, mais je souffre
tellement.
‑ On souffre, c'est certain, mais
il te faut faire confiance ; il y a la crainte de Dieu et la crainte de
Judas. »
Une crainte excessive fait agir
sans amour. Et une confiance excessive empêche de bien mesurer et de
redouter le danger qu'il faut surmonter.
Les deux doivent aller de pair
comme deux sœurs. C'est nécessaire. Quand on se rend compte que l'on a
trop de peur, il nous faut augmenter notre confiance. Mais il est utile,
aussi, d'avoir quelque crainte : car lorsque l'amour désire l'objet
aimé, il est aveugle, il ne voit pas et c'est la crainte de Dieu qui
l'éclaire.
Nul ne parvient au salut sans
traverser une mer de tempêtes, sous la perpétuelle menace d'un naufrage.
Mourir ou aimer Dieu : je n'ai pas
d'autre désir. La mort ou l'amour : car vivre sans aimer est pire que la
mort : cela me serait plus insupportable que la vie présente.
La prière, c'est un cœur à cœur avec Dieu...
L'oraison bien faite touche le cœur
de Dieu et l'incite à nous exaucer.
Quand nous prions, que ce soit
notre être tout entier qui se tourne vers Dieu : nos pensées, notre
cœur...
Le Seigneur se laissera fléchir et
nous viendra en aide.
La prière est notre meilleure arme
: c'est la clé qui ouvre le cœur de Dieu.
Il te faut t'adresser à Jésus moins
avec les lèvres qu'avec le cœur ; il y a d'ailleurs certaines
circonstances où tu ne dois lui parler qu'avec le cœur.
Si tu le peux, parle au Seigneur
dans l'oraison, loue-le.
Si tu n'y parviens pas parce que tu
n'es pas encore bien avancé dans la vie spirituelle, ne t'inquiète pas :
enferme-toi dans ta chambre et mets-toi en présence de Dieu. Il te verra
et appréciera ta présence et ton silence. Ensuite, il te prendra par la
main, te parlera, fera les cent pas dans les allées de ce jardin qu'est
l'oraison, et tu y trouveras ta consolation.
Lorsque tu es uni à Dieu par la
prière, examine qui tu es, en vérité ; parle-lui si tu le peux, et si
cela t'est impossible, arrête-toi, reste devant lui. Ne te donne pas
d'autre peine.
Prier sans cesse pour sauver des âmes.
Il arrive que les abeilles
traversent de grandes distances dans les prés avant de parvenir aux
fleurs qu'elles ont choisies ; ensuite, fatiguées mais satisfaites et
chargées de pollen, elles rentrent à la ruche pour y accomplir la
transformation silencieuse, mais féconde, du nectar des fleurs en nectar
de vie.
Faites de même : après avoir écouté
la Parole, méditez-la attentivement, examinez ses divers éléments,
cherchez sa signification profonde.
Alors elle vous deviendra claire et
lumineuse elle aura le pouvoir de transformer vos inclinations
naturelles en une pure élévation de l'esprit ; et votre cœur sera
toujours plus étroitement uni au Cœur du Christ.
Il faut imiter le Christ. Pour y
parvenir, il est nécessaire de méditer chaque jour et avec persévérance
l’Évangile. De cette méditation jaillit l'amour de Jésus et le profond
désir d'imiter ses actes .
La véritable raison pour laquelle
tu ne réussis pas toujours ta méditation, la voici ‑ et je ne me trompe
pas !
Tu commences ta méditation dans
l'agitation et l'anxiété. Cela suffit pour que tu n'obtiennes jamais ce
que tu recherches, car ton esprit n'est pas concentré sur la vérité que
tu médites et il n'y a pas d'amour dans ton cœur.
Cette anxiété est vaine. Tu n'en
retireras qu'une grande fatigue spirituelle et une certaine froideur de
l'âme, surtout au niveau affectif.
Je ne connais à cela nul autre
remède que celui-ci : sortir de cette anxiété. C'est en effet un des
obstacles majeurs à la pratique religieuse et à la vie de prière. Elle
nous fait courir pour nous faire trébucher.
Nous ne voulons pas admettre que la
souffrance est nécessaire à notre âme ; que la croix doit être notre
pain quotidien.
La croix est nécessaire à l'âme
comme la nourriture au corps, jour après jour ; c'est elle qui la
purifie et la libère de son attachement aux créatures.
Nous avons du mal à comprendre que
Dieu ne veut pas, ne peut pas nous sauver sans la croix ; et plus il
attire une âme à lui, Plus il la purifie par la croix.
Ne redoutez pas les adversités :
elles conduisent l'âme au pied de la Croix, et la Croix nous amène aux
portes du Ciel : là, se tient Celui qui a triomphé de la mort, et il
nous introduira aux joies éternelles.
Le Dieu des chrétiens est le Dieu
de la métamorphose. Offrez-lui vos peines, et vous en retirerez la paix.
Abandonnez-lui vos désespoirs, il vous restera l'espérance.
Il y a une chose que les anges
eux-mêmes nous envient : ils ne peuvent pas souffrir pour Dieu.
Or seule la souffrance permet à une
âme de dire en toute vérité : « Mon Dieu, vous voyez bien que je vous
aime ! »
L'Esprit-Saint ne nous dit-il pas
qu'au fur et à mesure que l'âme devient proche de Dieu, elle doit se
préparer à être tentée ? Courage, donc.
Sois fort dans le combat et tu
recevras la récompense promise aux âmes vaillantes.
Les tentations ne doivent pas
t'effrayer ; par elles Dieu veut éprouver et fortifier ton âme, et il te
donne en même temps la force de les vaincre.
Jusqu'ici, ta vie a été celle d'un
enfant ; désormais, le Seigneur veut te traiter en adulte. Or les
épreuves de l'adulte sont bien supérieures à celles de l'enfant, et cela
explique pourquoi tu es, au début, toute troublée.
Mais la vie de ton âme retrouvera
vite son calme, cela ne tardera pas. Aie encore un peu de patience, et
tout ira pour le mieux.
Les tentations contre la foi et la
pureté proviennent de l'ennemi : mais il n'y a pas lieu de les craindre
si tu les traites par le mépris.
Si le démon fait du tapage, c'est
signe qu'il n'a pas encore réussi à prendre possession de ta volonté.
Ne te laisse donc pas troubler par
tout ce que cet ange rebelle essaie de faire contre toi ; oppose
toujours ta volonté à ses suggestions et reste sereine. Car non
seulement il n'y a pas là de faute de ta part, mais Dieu te manifeste sa
bienveillance, et c'est tout au profit de ton âme.
C'est au Seigneur que tu dois
recourir face aux assauts du démon, c'est en lui que tu dois espérer et
de lui qu'il te faut tout attendre.
Ne t'arrête pas sur ce que le démon
te présente. Souviens-toi que le vainqueur est souvent celui qui sait
fuir à temps.
Et dès que tu ressens les tout
premiers mouvements d'aversion envers les personnes dont tu me parles,
tâche de penser à autre chose et demande de l'aide au Seigneur. Plie le
genou devant lui et, en toute humilité, répète cette courte prière :
« Aie pitié de moi, car je suis si faible ! »
Puis relève-toi et reprends avec
une sainte indifférence ce que tu étais en train de faire.
Je comprends bien que les
tentations puissent donner l'impression plutôt de troubler l'esprit que
de le purifier.
Écoutons Saint François de Sales :
il soutenait que les tentations ‑ pour les âmes vertueuses — ont le même
effet que le savon sur le linge : il semble tout barbouiller, mais en
réalité il nettoie.
Je vous le répète : ayez
confiance ! Une âme qui met son espoir en Dieu n'a rien à craindre.
L'ennemi rôde sans cesse autour de
nous pour arracher de notre cœur la confiance en Dieu notre Père. Mais
soyons forts ! Ne permettons pas que le démon nous dépouille de cette
planche de salut.
Veille à ne jamais perdre courage
quand tu te vois accablée de faiblesses d'ordre spirituel.
Si Dieu permet que tu fasses
quelque chute, ce n'est pas qu'il t'abandonne, mais c'est pour
t'apprendre l'humilité et te rendre vigilant à l'avenir.
La confession est un moyen
privilégié pour purifier notre âme. Il faut la faire fréquemment. J'ai
l'impression que les âmes qui la négligent sont moins délicates.
Il n'y a qu'une porte par laquelle
le démon puisse pénétrer dans notre âme : c'est la volonté. Il n'y a pas
de portes secrètes. Rien n'est péché si la volonté n'y a pas coopéré.
Car il ne s'agit plus dans ce cas de péché, mais de simple faiblesse
humaine.
Le démon ressemble à un chien
enragé tenu en laisse. Au-delà de cette limite, il ne peut mordre
personne. Il te suffit donc de t'en tenir éloigné ; mais si tu
t'approches trop, il t'attrapera.
L'espérance en la miséricorde
inépuisable de Dieu nous soutient dans le tumulte des passions et le
flot des contrariétés : c'est avec confiance que nous accourons au
sacrement de pénitence où le Seigneur nous attend à tout moment comme un
Père de miséricorde.
Certes, nous sommes bien
conscients, devant lui, de ne pas mériter son pardon ; mais nous ne
doutons pas de sa miséricorde infinie.
Oublions donc nos péchés,
comme Dieu l'a fait avant nous.
Quand vous passez devant une
image de la Vierge Marie, dites :
« Je vous salue, Marie.
Saluez Jésus de ma part ».
Les gens du monde qui ne sont
plongés que dans leurs problèmes matériels vivent dans l'obscurité et
dans l'erreur ; ils ne se soucient pas des réalités spirituelles, ne
pensent guère à leur salut éternel et n'ont aucune hâte de connaître ce
Messie dont la venue est attendue par toutes les nations.
Quand notre dernière heure aura
sonné, quand les battements de notre cœur se seront tus, tout sera fini
pour nous, le temps de mériter et le temps de démériter.
Nous nous présenterons au
Christ-Juge tels que la mort nous trouvera. Nos cris de supplication,
nos larmes, nos remords, qui sur la terre encore, auraient touché le
cœur de Dieu et auraient pu, grâce aux sacrements, nous faire passer de
l'état de pécheurs à celui de saints, n'auront alors plus aucune
valeur ; le temps de la miséricorde sera terminé, celui de la justice
commencera.
C'est par les épreuves que Dieu
attire les âmes qui lui sont chères.
Celui qui s'attache à la terre y
reste accroché.
Il vaut mieux s'en détacher petit à
petit qu'en une seule fois. Pensons sans cesse au ciel.
Tu as peur même dans les bras du
Bon Dieu ?
Autant que possible, vis dans le
recueillement, car le Seigneur parle alors librement à l'âme, et
celle-ci est plus disposée à écouter sa voix.
Non, Dieu ne saurait nous
abandonner alors même que nous persévérons dans nos résolutions de ne
pas l'abandonner.
Le monde pourrait bien chavirer et
tomber dans les ténèbres, s'en aller en fumée... Mais Dieu est avec
nous. De quoi aurions-nous donc peur ?
Si Dieu demeure même dans les
ténèbres, au milieu des éclairs et des grondements du tonnerre, ne
devons-nous pas nous réjouir de nous savoir proches de lui ?
Dieu est si bon que non seulement
il ne rejette pas les âmes qui se convertissent, mais il part même à la
recherche des obstinées.
Souvenez-vous que nous sommes avec
Dieu quand notre âme est en état de grâce, et loin de lui quand nous
sommes en état de péché grave ; mais son ange
―
notre ange gardien
―
ne nous abandonne jamais...
C'est notre ami le plus sûr et le
plus sincère quand nous n'avons pas le tort de l'attrister par notre
mauvaise conduite.
Il y a des joies si sublimes et des
souffrances si profondes que les mots ne sauraient les rendre.
Face au bonheur inexprimable comme
aux moments d'accablement extrême, le silence est le dernier recours de
l'âme.
Il convient de bien accepter les
tourments que le Seigneur voudra bien vous envoyer.
Si vous agissez de la sorte, vous
vous soucierez moins d'en être délivrés, et Jésus, qui ne supporte pas
longtemps de vous voir affligés, viendra bien vite vous réconforter et
vous rendre courage.
Pourquoi le mal dans le
monde ?
Réponse :
‑ Écoute-moi bien : imaginons une
mère en train de broder. Son petit enfant assis sur un tabouret bas, la
regarde travailler ; mais par-dessous, à l'envers. Il voit les nœuds de
la broderie, l'enchevêtrement des fils...
« Et il dit : "Maman, qu'est-ce que
tu fais ? Ton travail est tout embrouillé !"
« Alors sa mère abaisse le tissu et
lui montre le bon côté de la broderie. Chaque couleur est à sa place et
la variété des fils se fond dans l'harmonie du dessin.
« Nous, nous voyons l'envers de la
broderie. Nous sommes assis sur le petit tabouret... »
Le Seigneur révèle et appelle ;
mais bien souvent nous ne voulons ni voir ni répondre, car nous
préférons nos vues personnelles.
Ne te décourage pas s'il t'arrive
de beaucoup travailler et de récolter si peu.
Si tu savais combien une seule âme
coûte à Jésus, tu ne te plaindrais jamais !
L'Esprit de Dieu est esprit de
paix ; même lors de nos manquements les plus graves, il nous fait
ressentir une douleur tranquille, humble et confiante, due précisément à
sa miséricorde.
Au contraire, l'esprit du mal
excite, exaspère, et nous fait éprouver, lors de nos manquements, une
sorte de colère contre nous ; et pourtant c'est bien envers nous-mêmes
que nous devrions exercer la première des charités.
Donc, quand tu es tourmenté par
certaines pensées, cette agitation ne provient jamais de Dieu, mais du
démon ; car Dieu étant esprit de paix, c'est la sérénité qu'il te donne.
L'inquiétude est un grand danger
pour la pratique des vertus et de la prière. Elle ne nous fait courir
que pour nous faire trébucher ; par conséquent il nous faut nous en
garder en toute occasion, mais spécialement dans l'oraison.
Et pour mieux y parvenir, il sera
bon de se rappeler ceci :
La grâce et le goût de l'oraison ne
viennent pas de la terre, mais du ciel ; il s'ensuit que tous nos
efforts n'y peuvent rien, même s'il reste nécessaire de s'y disposer
avec sérieux, humblement, et paisiblement.
Il suffit de garder son cœur
ouvert, tourné vers le ciel, et d'attendre ainsi la rosée céleste.
Pourquoi vous soucier de savoir si
le Seigneur veut vous faire arriver à la patrie céleste par la traversée
du désert ou par la plaine, quand la même éternité bienheureuse nous
attend ?
Repoussez toute inquiétude
excessive qui peut naître des épreuves par lesquelles le Seigneur vient
vous rendre visite.
Et si cela n'est pas possible,
fixez ailleurs vos pensées et vivez à tout moment dans l'obéissance à la
volonté de Dieu
Reste toujours joyeux, en paix avec
ta conscience ; pense bien que tu es au service d'un Père infiniment
bon ; car c'est uniquement par tendresse qu'il vient rejoindre sa
créature, qu'il l'élève et la transforme en lui-même, son créateur.
Et fuis la tristesse, parce qu'elle
est l'apanage des cœurs qui sont attachés aux réalités de ce monde
Comme elles sont malheureuses, ces
personnes qui se jettent dans le tourbillon des soucis du monde !
Plus elles aiment le monde, plus
leurs passions se multiplient, plus leurs désirs s'enflamment, et plus
elles sont incapables de progresser dans la vie spirituelle ; c'est
alors qu'apparaissent les soucis, les impatiences, et ces terribles
conflits qui brisent leurs cœurs où il n'y a pas le Saint amour.
Prions donc pour ces âmes si
malheureuses, misérables, afin que le Seigneur leur pardonne et que,
dans sa grande miséricorde, il les attire à lui.
Tu t'essouffles à la recherche du
Bien suprême. Mais en réalité, il est à l'intérieur de toi !
Il te tient étendue sur la Croix
nue et son souffle te communique sa force pour supporter ce martyre
insupportable, ou encore pour aimer cet Amour amer...
Autant tu crains de perdre Dieu ou
de l'offenser, et autant il est proche de toi.
L'angoisse de , l'avenir est tout
aussi vaine, puisque ton état présent est un amour crucifié.
Avancez avec simplicité sur les
voies du Seigneur, et ne vous faites pas de souci.
Détestez vos défauts, oui, mais
tranquillement, sans agitation, ni inquiétude. Il faut user de patience
à leur égard et en tirer profit grâce à une sainte humilité.
Faute de patience, vos
imperfections, au lieu de disparaître, ne feront que croître. Car il n'y
a rien qui renforce tant nos défauts que l'inquiétude et l'obsession de
s'en débarrasser.
Méfie-toi des anxiétés et des
soucis ; rien ne fait plus obstacle sur les voies qui mènent à la
perfection.
Mets ton cœur sur les plaies du
Christ, doucement et en toute confiance. Il te faut avoir une grande foi
en sa bonté et sa miséricorde, sachant qu'il ne t'abandonnera jamais. Et
ne néglige pas de te tenir bien accrochée à sa Croix.
Cultive ta vigne d'un commun accord
avec Jésus.
A toi revient la tâche d'enlever
les pierres et d'arracher les ronces. A Jésus, celle de semer, planter,
cultiver et arroser.
Mais même dans ton travail, c'est
encore lui qui agit. Car sans le Christ, tu ne pourrais rien faire.
Reste humble en toute chose et
garde toujours soigneusement ta pureté de cœur et de corps, parce que ce
sont là comme deux ailes qui nous élèvent à Dieu et vont presque jusqu'à
nous diviniser.
Qu'est-ce que le bonheur sinon la
possession de tout bien ?
L'homme pourrait être pleinement
heureux dans la fidélité totale à Dieu. Cependant, nous ne sommes jamais
vraiment heureux, ici sur terre, parce que notre cœur est plein de
méchanceté.
C'est seulement au ciel que nous
vivrons le vrai bonheur, pour l'éternité, avec notre Seigneur Jésus
Christ.
S'il nous faut de la patience pour
supporter les misères d'autrui, il en faut davantage pour apprendre à
nous supporter nous-mêmes.
Vous désirez savoir ce qui doit
être considéré comme la meilleure façon de parvenir au dépouillement de
soi.
C'est préférer ce que nous n'avons
pas choisi, ou ce qui nous est le moins agréable ; et pour être tout à
fait clair, c'est le dépouillement que nous demande notre vocation.
Qui nous accordera la grâce d'aimer
notre dépouillement ? Personne, si ce n'est Celui qui l'aima au point
d'en mourir.
L'humilité est vérité, et la
vérité, c'est que je ne suis que néant. Par conséquent, tout ce qui est
bon en moi vient de Dieu.
Or, il arrive souvent que nous
gaspillions ce que Dieu a mis de bon en nous.
Quand je vois les gens me demander
quelque chose, je ne pense pas à ce que je pourrais leur donner, mais à
ce que je ne suis pas capable de donner ; de la sorte, bien des âmes
restent sur leur soif parce que je n'ai pas su leur transmettre le don
de Dieu.
L'idée que, chaque jour, le
Seigneur vient chez nous et nous donne tout, cela devrait nous rendre
Je ne peux souffrir la médisance,
ni ceux qui disent du mal de leurs frères.
Parfois, c'est vrai, je m'amuse à
taquiner mon prochain, mais la médisance me révolte. Nous avons déjà la
possibilité de corriger tellement de défauts en nous-mêmes, pourquoi
donc aller encore en chercher chez les autres ?
Et manquer ainsi à la charité
revient à entamer l'arbre de vie à sa racine, au risque de le faire se
dessécher.
Il te faut être toujours prudent et
plein d'amour, en même temps. La prudence a les yeux, l'amour a les
jambes.
L'amour voudrait courir vers Dieu,
mais son enthousiasme pour s'élancer vers lui est aveugle.
La simplicité est une vertu, mais
jusqu'à un certain point seulement. La prudence ne doit pas lui faire
défaut; en revanche, la fourberie comme la duplicité proviennent du
démon et font bien du mal !
Manquer de charité, c'est comme
atteindre quelqu'un à la prunelle de l’œil : qu'y a-t-il de plus délicat
que la prunelle de l’œil ?
Manquer de charité, c'est aussi
comme pécher contre nature.
Exerce-toi tout particulièrement à
la douceur et à la soumission à la volonté de Dieu, et cela non
seulement dans les choses extraordinaires de la vie, mais aussi dans
toutes ces petites choses qui forment la trame du quotidien.
Fais-le au matin, pendant la
journée, et le soir, en gardant ta paix et ta joie. Et s'il t'arrivait
d'être pris en défaut, fais un acte d'humilité, prends une nouvelle
résolution, puis relève-toi et continue tout simplement ce que tu étais
en train de faire.
C’est un bel acte de foi est celui
qui jaillit sur tes lèvres en pleine obscurité, parmi les sacrifices,
les souffrances, le suprême effort d'une ferme volonté de faire le
bien ; comme la foudre, cet acte de foi déchire les ténèbres de ton
âme ; au milieu des éclairs de l'orage, il t'élève et te conduit à Dieu.
A notre triste époque de foi morte
et d'impiété triomphante, le meilleur moyen de nous préserver de ce mal,
c'est de nous fortifier par la nourriture eucharistique.
En admettant même que tu aies
commis tous les péchés du monde, le Seigneur te le répète : « Tes
nombreux péchés te sont remis parce que tu as beaucoup aimé ».
Que l'espérance en la miséricorde
de Dieu nous soutienne dans la tumulte des passions et des contrariétés.
Courons avec confiance vers le sacrement de pénitence, où le Seigneur
nous attend à tout moment avec une tendresse infinie.
Et une fois nos péchés pardonnés,
oublions-les, car le Seigneur l'a déjà fait avant nous.
Mais même le péché peut devenir un
gradin qui nous élève vers Dieu et nous conduit à lui de façon sûre, si
nous le faisons suivre de la douleur profonde de l'avoir commis, jointe
à la ferme résolution de ne plus recommencer et au vif sentiment du tort
que nous avons occasionné à la miséricorde de Dieu.
Il en est de même si nous en avons
le cœur déchiré jusque en ses replis les plus durs, au point de faire
jaillir de ces larmes des sentiments de remords et d'amour.
Ne t'étonne pas de tes faiblesses.
Accepte-toi plutôt comme tu es ; rougis de tes infidélités envers Dieu,
mais fais-lui confiance, et abandonne-toi tranquillement à lui, comme un
petit enfant dans les bras de sa mère.
Devant les tentations, comporte-toi
en fort et combats avec l'aide du Seigneur.
Si tu tombes dans le péché ne reste
pas là, découragée et abattue. Humilie-toi, mais sans perdre courage ;
abaisse-toi, mais sans te dégrader ; verse des larmes de contrition
sincères pour laver tes imperfections et tes fautes, mais sans perdre
confiance en la miséricorde de Dieu, qui sera toujours plus grande que
ton ingratitude ; prends la résolution de te corriger, mais sans
présumer de toi-même, car c'est en Dieu seul que tu dois mettre ta
force ; enfin, reconnais sincèrement que si Dieu n'était pas ton armure
et ton bouclier, ton imprudence t'aurait entraînée à commettre toutes
sortes de péchés.
Sois toujours fidèle à Dieu et aux
promesses que u lui as faites, sans te soucier des railleries des sots.
Sache que les saints se sont toujours moqués du monde et de toute
mondanité.
Le lieu du combat entre Dieu et
Satan, c'est l'âme humaine, à chaque instant de la vie. Il est donc
nécessaire que l'âme laisse libre accès au Seigneur pour qu'il la
fortifie de tout côté et par toutes sortes d'armes.
Ainsi sa lumière peut venir
l'illuminer pour mieux combattre les ténèbres de l'erreur ; revêtue du
Christ, de sa vérité et de sa justice, protégée par le bouclier de la
foi et par la parole de Dieu, elle vaincra ses ennemis, aussi puissants
soient-ils.
Mais pour être revêtu du Christ,
encore faut-il mourir à soi-même.
As-tu déjà vu un champ de blé
parvenu à maturité ?
Tu auras observé que certains épis
sont grands et vigoureux, tandis que d'autres penchent vers la terre.
Regarde les plus grands : tu verras
qu'ils sont vides ; en revanche, si tu prends les épis qui penchent vers
le sol, ils sont lourds de grains.
Conclusion : la vanité est vide.
Choisis comme pénitence de repenser
avec contrition aux offenses que tu as faites à Dieu ; ou bien prends la
résolution d'être constant dans le bien ou de combattre tes défauts.
Mon enfant, tu ne sais pas ce que
l'obéissance est capable de produire : par un oui, par un seul oui,
(qu'il me soit fait selon ta parole !) Marie devient la Mère du
Très-Haut ; ce faisant elle se déclarait sa servante mais gardait
intacte sa virginité qui était si chère à Dieu et à ses propres yeux.
Par ce oui de Marie le monde
obtient le salut, l'humanité est rachetée.
Alors, tâchons nous aussi de faire
la volonté de Dieu et de toujours dire oui au Seigneur.
Le Christ règne au Ciel avec la
nature humaine qu'il tient de Marie. C'est pourquoi il a voulu que sa
Mère s'y trouve avec lui et partage pleinement sa gloire, et avec son
âme et avec son corps.
Le corps de Marie, pas un instant
n'avait été, esclave du démon et du péché ; il était donc normal qu'il
ne le soit pas non plus de la corruption.
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