LA VOIE MYSTIQUE

adveniat regnum tuum

saint
PIERRE DE ALCANTARA
franciscain, fondateur
(1499-1562)

 

EXTRAIT BIOGRAPHIQUE

Pierre Garavito né en 1499 à Alcantara, petite ville de la province espagnole d'Estramadure, où son père était gouverneur. A quatorze ans, il perdit son père, sa mère se remaria et il partit étudier les arts libéraux, la philosophie et le droit canon à l'université de Salamanque où il décida d'entrer chez les Frères Mineurs dont il reçut l'habit, en 1515, au couvent de Los Majaretes. En 1519 il est choisi comme gardien du couvent de Badajoz ; ordonné prêtre en 1524, il commença une si brillante carrière de prédicateur qu'on l'appelât à la cour du Portugal. Élu provincial de son Ordre (province Saint-Gabriel) en 1538, instaure un régime très austère et, son mandat terminé, il se retire dans un désert, à l'embouchure du Tage, où il fonde un couvent d'ermites (1542). Rappelé dans sa province (1544), il y fonde, près de Lisbonne, un couvent qui sera le germe d'une province nouvelle (1550). Lors d'un voyage à Rome, il reçoit l'approbation de Jules III pour expérimenter une réforme radicale, sous la juridiction des mineurs observants dont le commissaire général le nomme commissaire général des mineurs réformés d'Espagne (1556) ; Paul IV lui donne tous pouvoirs pour ériger de nouveaux couvents (1559).

Pierre d'Alcantara mourut au couvent d'Arenas (province d'Avila) le 18 octobre 1562. Mes fils, dit-il, ne pleurez pas. Le temps est venu pour le Seigneur d'avoir pitié de moi. Il ne vous oubliera point. Pour moi, je ne suis plus nécessaire ; au frère qui voulait remonter sa couverture, il dit : Laisse-moi, mon fils, il y a encore du danger. Si les cèdres du Liban tremblent, que fera le roseau ? Il se mit à genoux pour recevoir le viatique ; le lendemain, à quatre heures du matin, il reçut l'extrême-onction, embrassa et bénit tous ses frères, puis, immobile, se recueillit longuement ; Ne voyez-vous point, mes frères, la Très Sainte Trinité, avec la sainte Vierge et le glorieux évangéliste ? Il expira doucement en murmurant des psaumes. Il fut inhumé près de l'autel de l'église des franciscains d'Arénas.

Pierre d'Alcantara, calme et prudent, pauvre et généreux, obéissant et humble, pénitent et accueillant, disponible et magnanime fut un des grands orateurs sacrés du Siècle d'Or espagnol.

Grégoire XV qui l'appelait docteur et maître éclairé en théologie mystique, béatifia Pierre d'Alcantara par la bulle In sede Principis Apostolorum  (18 avril 1622) ; le décret de canonisation fut rendu sous Clément IX (28 avril 1669) et Clément X donna la bulle de canonisation le 11 mai 1670 (Romanorum gesta pontificum) et Clément X étendit sa fête à l'Eglise universelle en 1670.

Pierre d'Alcantara vu par sainte Thérèse

"Et quel bon modèle de vertu Dieu vient de nous enlever en la personne du béni Frère Pierre d'Alcantara ! Le monde aujourd'hui n'est plus capable d'une telle perfection. On dit que les santés sont plus faibles et que nous ne sommes plus au temps passé. Ce saint homme était de notre temps, mais sa ferveur était robuste comme celle d'autrefois : aussi tenait-il le monde sous ses pieds. Sans aller déchaussé comme lui, sans pratiquer une pénitence aussi âpre, il y a bien des moyens de fouler le monde aux pieds, et le Seigneur nous les enseigne, quand il voit qu'on a du coeur. Mais quel courage Sa Majesté a donné à ce saint pour faire quarante-sept ans si âpre pénitence, comme chacun sait ! Je veux en dire quelque chose : c’est la pure vérité, je le sais. Il me l’a dit à moi et à une autre personne dont il se gardait peu ... Pendant quarante ans, je crois, m’a-t-il dit, il avait dormi seulement une heure et demie par jour. Le plus dur, dans les débuts, avait été de vaincre le sommeil ; pour cela, il était toujours à genoux ou debout. Le temps qu’il dormait, il était assis, et la tête appuyée sur un morceau de bois fixé au mur. Se coucher, s’il l’avait voulu, il n’eût pu le faire, car sa cellule, comme on sait, n’avait que quatre pieds et demi de long. Pendant toutes ces années, jamais il ne mit le capuchon, en dépit du soleil ou de la pluie ; il n’avait rien sur les pieds ; comme vêtement, un habit de bure, sans rien d’autre sur la chair, et aussi étroit que possible ; et un petit manteau de même étoffe. Il me conta que pendant les grands froids il le quittait, laissait ouvertes la porte et la petite fenêtre de la cellule ; puis il mettait le manteau et fermait la porte, pour contenter le corps et l’apaiser par un meilleur abri. Manger tous les trois jours était très ordinaire. Il me dit qu’il n’y avait là rien d’étonnant : c’était très possible à qui s’accoutumait à cela. Un sien compagnon me dit qu’il lui arrivait de rester huit jours sans manger. Ce devait être lorsqu’il se tenait en oraison, car il avait de grands ravissements et transports d’amour de Dieu. De quoi une fois je fus témoin".

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