CHEMIN DE SAINTETÉ

adveniat regnum tuum

.

La PASSION de MARIE
selon
Maria VALTORTA

7
Après la mort de Jésus

 

Ouverture du côté de Jésus. Mort des larrons

Bientôt on voit arriver Joseph d’Arimathie et Nicodème. Ils viennent trouver Longin et réclamer le cadavre.  Mais seul le proconsul peut accorder le cadavre de Jésus. Aussi Joseph et Nicodème se précipitent-ils vers Jérusalem. “C’est alors que Longin s’approche de Jean et lui dit un mot, que Maria Valtorta ne comprend pas, et se fait donner une lance par un soldat. Il regarde les femmes qui s’occupent toutes de Marie. Elles tournent le dos à la Croix.

Longin se met en face du Crucifié, étudie bien le coup, et puis le donne. La lance pénètre profondément de bas en haut, de droite à gauche... C’est fait, ami, dit Longin qui ajoute: c’est mieux ainsi. Comme à un cavalier, et sans briser les os... C’était vraiment un Juste!

De la blessure suinte beaucoup d’eau et à peine un filet de sang qui, déjà, forme des grumeaux. “Suinte” précise Maria. Il ne sort qu’en filtrant par la coupure nette qui reste inerte. S’il avait encore respiré, elle se serait ouverte et fermée par le mouvement du thorax et de l’abdomen.”  (page 299)

Sur le Calvaire le silence  n’est interrompu que par les pleurs de Marie. Les bourreaux vont achever les larrons. Joseph et Nicodème reviennent avec des échelles. Marie se lève, s’approche, et se place au pied de la Croix, assise en lui tournant le dos, prête à recevoir son Jésus sur ses genoux. (page 302 et 303)

Descente de Croix

Jésus est maintenant sur les genoux de sa Mère. Sa tête est sur l’épaule maternelle... Marie l’appelle de sa voix déchirante, le caresse, prend les mains, les baise, et pleure sur les blessures... Elle retire la couronne d’épines, met un peu d’ordre dans les cheveux... et essuie le corps.  “C’est en le faisant que sa main rencontre l’ouverture du côté. La petite main, couverte d’un linge fin, entre presque tout entière dans le large trou de la blessure. Marie regarde... elle voit le côté ouvert et le cœur de son fils. Elle crie alors. Il semble qu’une épée lui ouvre le cœur à elle aussi. Elle crie, et puis se renverse sur son Fils et paraît morte, elle aussi.”

Mais c’est la Parascève: il faut faire vite. Marie laisse enlever Jésus de ses genoux, et se lève, angoissée. Nicodème, Jean et Joseph soulèvent la Dépouille enveloppée d’un drap, et étendue sur des manteaux qui font office de brancard. (page 304)

Le corps de Jésus est embaumé et  mis au tombeau  

Le petit cortège arrive au tombeau après avoir descendu le Calvaire. Au centre de la chambre sépulcrale se trouve une table de pierre sur laquelle on pose le corps de Jésus.  Marie et Jean sont là aussi. Pendant que Joseph et Nicodème préparent  les aromates, Marie se penche sur Jésus et elle pleure, et de nouveau elle l’essuie avec le voile qui est encore aux reins de Jésus. C’est l’unique toilette que reçoit le corps de Jésus, celle des larmes maternelles... Marie ne se lasse pas de caresser les membres glacés de son Fils, de peigner ses cheveux, de redresser les membres tordus. (page 305) Marie voit de nouveau la plaie du côté et crie comme sur le Calvaire. “Il semble que la lance la transperce tant elle se tord dans sa douleur en portant les mains à son cœur, transpercé comme celui de Jésus...”  commente Maria Valtorta. (page 306)

Est présenté alors un épisode de la vie de Marie que Maria Valtorta a qualifié d’angoisse spirituelle. (chapitre 30 à partir de la page 307) C’est la longue agonie de Marie qui commence et qui se poursuivra jusqu’au  matin de la Résurrection. On pourra être surpris d’apprendre que pendant cette longue agonie, Marie aussi a souvent été tentée par Satan, et qu’elle a dû faire appel, tout comme nous, à toute sa foi pour croire en la Résurrection.

Marie a lavé le corps de Jésus de ses larmes. Maintenant elle contemple longuement, en gémissant et parfois en criant, les terribles blessures de son Fils. Par moments elle évoque la naissance de Jésus, et même sa Conception, la Conception de Jésus “formé de pureté, et d’obéissance.” Ou encore elle supplie qu’on l’enferme dans le tombeau avec Jésus et veut chasser ceux qui sont avec elle dans le sépulcre: “Partez! moi je reste. Vous reviendrez dans trois jours et nous sortirons ensemble... De grosses larmes roulent sur les joues très pâles de son visage dévasté.” Puis Marie prend Jean à témoin, se souvient des heures passées à attendre Jésus pendant sa vie publique. “La douloureuse délire presque.”  Joseph et Nicodème la regardent avec compassion, mais il faut préparer le corps de Jésus.

Maintenant Marie évoque les résurrections de la fille de Jaïre et du jeune homme de Naïm, et les promesses de Jésus: “le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes qui Le tueront, mais le troisième jour Il ressuscitera.”  Madeleine cherche à l’apaiser, à la consoler, mais elle est aussi impuissante que les autres à calmer cette douleur surhumaine. Marie demande qu’on lui dise le passage d’Isaïe sur la Passion: “...Il a livré sa vie à la mort et on l’a compté parmi les malfaiteurs, Lui qui a enlevé les péchés du monde et a prié pour les pécheurs.” Marie s’est souvenue qu’Il avait dit qu’Il ressusciterait le troisième jour. Puis le doute l’envahit: “Arrière! Arrière, cruel! Pas cette vengeance! Tais-toi! Je ne veux pas t’entendre! Tais-toi! Ah! il me mord le cœur!... Oh! Jean, c’est Satan! Satan qui me dit: 'Il ne ressuscitera pas. Aucun prophète ne l’a dit...'

"Que disent les prophètes?” demande alors Marie. C’est la Magdeleine qui dit le psaume de David sur la Passion du Christ. Marie supplie le Très-Haut de protéger sa foi: “Dieu! Dieu! Dieu! Ne permets pas que je me méfie! Ne laisse pas le doute me glacer! Ne donne pas à Satan la liberté de m’amener au désespoir!... Fils, mets ta main sur mon cœur. Elle chassera Satan. Sanctifie mes lèvres pour qu’elles aient la force de dire: ”Je crois.” Père! Il faut beaucoup pardonner à celui qui ne croit pas... Père pitié pour les sans foi!...”

Peu à peu Marie se calme et prie. Madeleine peut enfin éloigner Marie de son fils... (Page  314)

Le récit s’interrompt car Jésus dit à Maria Valtorta: “La torture a continué avec des assauts périodiques jusqu’à l’aube du dimanche. J’ai eu, dans la Passion, une seule tentation. Mais la Mère, la Femme, a expié pour la femme, coupable de tout mal, de très nombreuses fois. Et Satan sur la Victorieuse s’est acharné avec une frénésie centuplée. Marie l’avait vaincu. Sur Marie la plus atroce tentation. Tentation contre la chair de la Mère. Tentation contre le cœur de la Mère. Tentation contre l’esprit de la Mère. Le monde croit que la Rédemption prit fin avec mon dernier soupir. Non. La Mère l’a accomplie, en y ajoutant sa triple torture pour racheter la triple concupiscence, en luttant pendant trois jours contre Satan qui voulait l’amener à nier ma parole et à ne pas croire en ma résurrection. Marie fut la seule qui  continua de croire. Elle est grande et bienheureuse à cause de sa foi.” 

Jésus ajoute: “Le monde ne comprendra pas cette page. Mais ceux qui sont dans le monde sans être du monde la comprendront et auront un amour plus fort pour la Mère douloureuse.”  (page 314)

L’ensevelissement de Jésus est terminé. “Désormais Jésus est annulé. Même sa forme est confondue avec les linges... Marie pleure plus  fort. “  (page 315)

Le retour du tombeau. 

Maintenant, il faut partir. “Marie s’incline encore une fois pour baiser le Fils à travers les couvertures.... Quand elle est toute proche du visage voilé, elle ne se domine plus et tombe dans une nouvelle crise de désolation.” 

C’est difficilement qu’on l’éloigne du lit funèbre.

Tout le monde sort dans le jardin silencieux, dans la lumière du soir. “Dans le jardin de Joseph, sous les branchages épais bien qu’encore sans feuillage et à peine garnis des boutons blancs roses des pommiers étrangement retardés alors qu’ailleurs ils sont couverts de fleurs épanouies et même déjà fécondées en fruits minuscules, la pénombre est encore plus avancée qu’ailleurs.”  On roule la lourde pierre du tombeau dans son logement. Alors Marie, soutenue par Jean et relativement tranquille a une terrible crise de désespoir. “Elle n’a plus rien de la douce Vierge de Nazareth, de la femme patiente que l’on connaissait jusque là. C’est la mère seulement et simplement la mère attachée à son enfant par toutes les fibres et tous les nerfs de sa chair et de son amour... Toute la révolte et toutes les révoltes qu’en trente-trois ans toute autre femme aurait eues contre l’injustice du monde envers son enfant, toutes les férocités saintes et licites que toute autre mère aurait eues durant ces dernières heures pour frapper et tuer de ses mains les assassins de son enfant, toutes ces choses que par amour du genre humain elle a toujours domptées, s’agitent maintenant dans son cœur, bouent dans son sang et, douce aussi dans la douleur qui la fait délirer, elle ne fait pas d’imprécations, elle ne s’acharne pas. Mais elle demande seulement à la pierre qu’elle s’ouvre, qu’elle lui cède le pas car sa place est à l’intérieur, où Lui est...”  Elle commande qu’on  lui ouvre le tombeau...

Mais Marie perd tout d’un coup la véhémence de sa volonté et le caractère impérieux de son commandement. Elle reprend son doux regard de femme torturée. Elle revit toutes les phases de la Passion et refuse de quitter les lieux. (pages 316 et 317) Les gardes du Temple arrivent. C’est la Madeleine qui trouve les mots qui convaincront Marie: “Tu es bonne, tu es sainte, et tu crois, et tu es courageuse. Mais nous, que sommes-nous?... Tu le vois! La plupart ont fui, ceux qui restent tremblent; le doute, qui est déjà en nous, nous dominerait. Tu es la Mère. Tu n’as pas seulement des droits et des devoirs sur ton Fils. Tu dois revenir avec nous, pour nous rassurer, pour nous infuser ta foi.... Mère de mon Sauveur, reviens avec nous, toi, amour de Dieu, pour nous donner  cet amour que tu possèdes. ”

Et Marie répond à Marie-Madeleine et dit, entre autres: “Tu as raison, je dois revenir... chercher les apôtres... dire: Il vous pardonne... A qui l’ai-je déjà dit?...  Ah! à l’Iscariote. Il faudra... le chercher, même lui, car c’est le plus grand pécheur...”  (page 319) Sur le chemin qui mène au Cénacle, Joseph d’Arimathie a une violente altercation avec  un passant, Elchias, un homme du Temple. Comme Elchias insulte Marie en s’enfuyant, Jean s’élance et le terrasse. Mais Marie intervient, et c’est lui qui maintenant laisse échapper  toute sa peine et son indignation.  (page 323)

On arrive au Cénacle. Il est temps car Marie est épuisée. Elle dit: "Que d’heures, que de siècles sont passés depuis que je suis entrée hier soir et depuis que je suis sortie ce matin!... Il me semble avoir vécu toute la douleur du monde et qu’elle soit toute sur mes épaules qui plient sous le poids. Croix immatérielle, mais si lourde!...”   (page 324)

Remarques:

Les scènes qui précédent, et qui ont été rapidement résumées, sont véritablement insoutenables. On n’a pas l’habitude en effet, de voir Marie dans un tel état d’exaltation ou de désolation. Mais il convient, pour comprendre, de se souvenir de deux choses:

          – d’abord Marie a vu mettre à mort son Fils devant elle, dans des souffrances épouvantables. Quelle mère aurait réussi à conserver son sang froid après avoir vécu de telles épreuves?

          – ensuite il ne faut pas oublier que Marie est une orientale, qui réagit comme les personnes de son peuple et de sa condition. Cela peut surprendre des sensibilités occidentales trop introverties, mais reste cependant tout à fait conforme aux mœurs des juifs de son temps.

   

 

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