VOIE VERS DIEU

adveniat regnum tuum

     
 

 

Mieux connaître Marie

   
   
   
 

Paulette Leblanc

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La Passion de Jésus et de Marie
 

Marie et Jean sont vite arrivés sur les lieux du drame. Marie ne reconnaît plus Jérusalem; qui a ainsi transformé cette ville si calme en un lieu où l'émeute gronde? Comment les habitants qui acclamaient son Fils, il n'y a pas huit jours, sont-ils devenus une foule hargneuse qui hurle à la mort, la mort de son Jésus? Comment tous les infirmes, les malades que son Fils a guéris sont-ils devenus ces bêtes féroces? Marie s'accroche au bras de Jean de toutes ses forces pour ne pas tomber... La foule est si dense maintenant qu'ils ne peuvent plus avancer: aussi s'arrêtent-ils tous les deux auprès d'une fontaine.

Les cris de la foule se font de plus rauques et violents. Que font tous ces soldats armés jusqu'aux dents? Marie aperçoit deux hommes qui portent une croix, deux bandits dont les crimes viennent d'être condamnés. Marie avait rencontré, il y a longtemps, l'un de ces deux hommes: il n'était pas méchant, juste un peu faible et incapable de résister aux mauvais exemples: mais pourquoi une telle peine? La croix se justifie-t-elle vraiment pour lui? Marie regarde celui que nous appelons le "Bon Larron"; elle prie pour qu'il revienne à Dieu...  

Le cortège des crucifiés ralentit, la foule n'est plus la même, les cris deviennent des pleurs. Voici que des soldats amènent un homme qui se débat: c'est qu'il est impératif d'aider 'le Roi des juifs' à porter sa croix, sinon il n'arrivera pas vivant au lieu de la crucifixion. En effet, "comme ils l'emmenaient, ils saisirent un certain Simon de Cyrène, qui revenait de la campagne, et ils le chargèrent de la croix, pour qu'il la portât derrière Jésus. Or, il était suivi d'une grande masse du peuple et de femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur lui. Se tournant vers elles, Jésus dit: 

— Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi, mais pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants, car voici venir des jours où l'on dira: heureuses les stériles, et les entrailles qui n'ont point enfanté et les mamelles qui n'ont point allaité! Alors on se mettra à dire aux montagnes: tombez sur nous! et aux collines: recouvrez-nous! Car, si l'on traite ainsi le bois vert, qu'en sera-t-il du sec? " (Matthieu 26, 26 à 31) 

Soudain Marie pousse un cri: elle vient d'apercevoir Jésus. Elle se précipite vers lui, bousculant un peu les soldats qui, se doutant qu'il s'agit de la mère du condamné, la laissent passer sans rien dire. Elle n'en croit pas ses yeux: son fils n'est qu'un pauvre moribond, portant des plaies profondes partout sur le corps; même sa tête, que de longues épines traversent, n'a pas été épargnée. Tout n'est que plaies et que sang en Jésus. Marie entend aussi la voix de Jésus parlant aux femmes de Jérusalem: ainsi, pense Marie, même dans cet état, il a encore la force de consoler ceux qui pleurent...  

Toujours suivie de Jean qui, voyant Jésus dans un tel état, se met à trembler violemment, Marie s'approche encore. Jésus la voit, leurs regards se croisent. Marie pleure en suivant le regard de Jésus que Simon de Cyrène vient de soulager un peu. Marie ne comprend pas que celui qui n'est que bonté, charité, soit traité ainsi. Marie ne comprend pas que l'Amour subisse tant de haine. Pourquoi? Est-ce ainsi que le monde doit être sauvé, par toute cette souffrance? Le cœur de Marie n'est plus qu'une douleur inqualifiable, un cœur que le glaive de douleur annoncé commence à transpercer. Marie semble défaillir; pourtant elle reste debout, elle sait qu'elle doit partager la souffrance du Rédempteur, jusqu'au bout, jusqu'à la mort de Jésus.

Dès lors, ayant compris cela et le vivant présentement comme elle le vivra jusqu'au bout, Marie ne quittera plus Jésus, souffrant avec Lui la Passion rédemptrice. 

Et nous? Comprenons-nous la douleur de Marie, douleur d'une mère, douleur de celle qui répare avec Jésus, douleur de celle qui vivra avec nous et pendant tous les siècles, la douleur de Jésus contemplant la haine des hommes qui détruisent sa création et tant de ses enfants? Comprenons-nous la douleur de Marie? 

Marie, toujours soutenue par Jean avance au pas de son Fils. Les soldats tolèrent ce "couple" si douloureux... Parfois Jésus tombe, épuisé, mourant. Et Marie sanglote plus fort. Un homme ordinaire se laisserait aller, mais Jésus n'est pas un homme ordinaire: il est le Fils de Dieu, et Il doit continuer. Jésus a été brutalement relevé par les soldats impatients d'arriver au Calvaire. 

Enfin, les deux bandits et Jésus sont arrivés sur le lieu de leur crucifixion. Toute la foule est écartée car les soldats ont besoin de la place. Marie et Jean eux aussi sont écartés, mais d'où ils sont ils peuvent voir ce qui se passe. Marie doit vivre la Passion dans sa totalité. "On menait aussi deux autres, des malfaiteurs, pour être exécutés avec lui. Lorsqu'ils furent arrivés au lieu appelé Calvaire, ils l'y crucifièrent, ainsi que les malfaiteurs, l'un à droite, l'autre à gauche. Et Jésus disait: 

— Père, pardonnez-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font."  

Marie entend la voix de Jésus. Marie entend Jésus supplier le Père de pardonner à ses bourreaux. Doit-elle pardonner elle aussi? Pour l'instant elle ne peut pas car elle a trop mal. Tout son être est comme pris comme dans un étau qui l'écrase et l'empêche de penser. Tout l'être de Marie est tendu vers son Fils crucifié et mourant, mais qui pardonne à ses tortionnaires. Marie s'efforce de rejoindre l'amour de son Fils quand soudain elle aperçoit la tunique de Jésus, celle qu'elle a tissée il y a si peu de temps. Elle voudrait la récupérer pour la garder auprès d'elle, mais les soldats, "se partageant les vêtements de Jésus, les tirèrent au sort." Marie se tourne légèrement et voit, non loin d'elle, "le peuple qui se tenait là et regardait. Même les chefs raillaient, disant:

— Il en a sauvé d'autres, qu'il se sauve lui-même, s'il est le Christ de Dieu, l'Élu, le Messie!"  

Ici, nous nous étonnons. Marie et Jean ont forcément entendu ces étranges paroles: "Il en a sauvé d'autres, qu'il se sauve lui-même, s'il est le Christ de Dieu, l'Élu!" Ainsi, même ceux qui ont tellement désiré la mort de Jésus, sont obligés de reconnaître, peut-être malgré eux, que Jésus a fait beaucoup de guérisons miraculeuses. Pourquoi ne l'ont-ils pas suivi??? 

Il y a tant de mystères dans la vie de Jésus, et tant d'orgueil dans le cœur des hommes. Mais ce n'est pas tout: "Les soldats aussi se moquèrent de lui, s'avançant pour lui présenter du vinaigre, et disant:

— Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même!" 

Comment les soldats ont-ils été informés que Jésus était le Roi des juifs? Au moment de la flagellation et du couronnement d'épines, ceux qui avaient participé à cette horreur l'avaient appris, mais les autres? Les moqueries s'étaient donc transmises avec tant de rapidité? Mais il faut surtout remarquer que c'est Pilate lui-même, un païen, qui avait reconnu que Jésus était le Roi des Juifs, car il avait fait inscrire, "au-dessus de Jésus, une inscription en caractères grecs, latins et hébraïques: 'Celui-ci est le roi des Juifs'." 

Enfin, et bien plus surprenant, "l'un des malfaiteurs, mis en croix, l'injuriait, disant:

— N'es-tu pas le Christ? Sauve-toi toi-même et sauve-nous aussi! "  

Comment, au moment de la mort, un homme peut-il être si inconscient? Comment peut-on être tellement endurci dans le péché qu'il ne reste plus, dans le cœur et dans l'âme, la moindre étincelle permettant le retour à Dieu? Heureusement, "l'autre le reprenait, disant:

— Tu n'as pas même la crainte de Dieu, toi qui subis la même condamnation! Pour nous, c'est justice, car nous recevons ce que méritent les choses que nous avons faites; mais lui n'a rien fait de mal.

Et il dit:

— Jésus, souvenez-vous de moi, quand vous serez dans votre royaume.

Et Jésus lui répondit:

— Je te le dis en vérité, aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis." (Luc 26, 32 à 44) 

Ici, nous devons nous arrêter un peu et contempler Marie. Elle est, avec Jean, au pied de la croix. Le supplice de Marie est inimaginable. Nous ne pouvons pas savoir ce qu'elle pouvait penser à cet instant, pendant lequel le "glaive" lui infligeait le maximum de souffrances. On peut simplement imaginer que Marie, entendant Jésus dire que ce larron serait avec Lui, ce soir, au paradis, reçut une immense grâce de consolation. En effet, malgré les apparences, Jésus ne serait pas mort au sens où les hommes comprennent la mort. Certes son corps mort serait toujours sur la Croix, mais son âme aurait retrouvé le Père... Et puis, le troisième jour, Jésus ressuscitera comme il l'a dit: de cela, Marie est absolument sûre car Jésus ne se trompe jamais. Aussi se redresse-t-elle pour regarder Jean: comme elle l'aime déjà cet ami de Jésus! 

Alors, comme s'il avait "entendu" la pensée de Marie, Jésus va prononcer une parole de bénédiction. Jean raconte: "Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie-Madeleine. Jésus ayant vu sa mère, et auprès d'elle le disciple qu'il aimait, dit à sa mère:

— Femme, voilà votre fils.

Ensuite il dit au disciple:

— Voilà votre mère. 

Et depuis cette heure-là, le disciple la prit chez lui."  (Jean 18, 25 à 27)

   

 

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