VOIE VERS DIEU

adveniat regnum tuum

     
 

 

Mieux connaître Marie

   
   
   
 

Paulette Leblanc

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La femme forte
 

Nous connaissons tous le texte des Proverbes qui fait le portrait de la Femme forte de l'Ancien Testament, devenue la Femme forte de l'Évangile. "Cette femme forte, qui la trouvera? Sa valeur surpasse de beaucoup celle du corail. Le cœur de son mari s'assure en elle, et il ne manquera de rien. Elle lui fait du bien et non du mal, tous les jours de sa vie. Elle se pourvoit de laine et de lin, et travaille d'une main joyeuse." (Pr. 31, 10 à 13)

Cette femme forte, n'est-ce pas la Vierge Marie? Immaculée, sa valeur est inexprimable, incommensurable. Mère de Jésus, donc Mère de Dieu, elle a sur le Cœur de Dieu, dont elle est cependant toujours la servante, une puissance incalculable, et son Fils exauce toujours sa prière. Durant sa vie sur la terre, Marie n'avait pas encore cette puissance, mais Dieu était tout son amour. Et Dieu l'aimait comme la plus parfaite de ses créatures. Car, servante de Dieu, elle était déjà Reine du Cœur de Jésus.

Mais Marie est à Nazareth; elle vit comme toutes les femmes de son temps et Joseph est sûr d'elle. Il peut s'appuyer sur elle, car il sait qu'il ne manquera jamais du nécessaire. Il sait que Marie l'aime, lui son très chaste époux. Sa Marie ne lui fait que du bien et, lorsqu'il est fatigué, son sourire le réconforte. Oui, Marie est sa force, le rocher sur lequel il peut s'appuyer tous les jours de sa vie, car Marie est sûre. Et puis, il est toujours si bien habillé! Curieusement, quand il était plus jeune, Joseph se souciait peu de ses vêtements. Mais maintenant il est très fier lorsque ses clients ou ceux qu'il rencontre à la synagogue, lui font des compliments au sujet de sa tenue: sa tunique ou son manteau. Et il est si content de sa femme qui sait toujours "se pourvoir de laine et de lin, et qui travaille d'une main, toujours joyeuse mais aussi si adroite."

Joseph est à la synagogue. Il pense; intérieurement il contemple son épouse, et il se récite, pour lui-même, le texte des Proverbes. Oui, Marie "est comme les navires marchands; elle fait venir sa subsistance de loin. Elle se lève quand il fait encore nuit; Elle distribue la nourriture à sa maison et la tâche à ses servantes." (Pr. 31, 14 et 15) Mais Marie n'a pas de servante, pense Joseph: "Je ne suis pas assez riche pour lui donner une servante. Et puis, elle n'en voudrait pas, car elle s'estime servante elle-même, servante de Dieu. Mais elle est si habile, si ingénieuse, "sa lampe ne s'éteint point durant la nuit. Elle met la main à la quenouille, et ses doigts manient le fuseau." (Pr. 31, 18 et 19) Elle sait tout faire, ma Marie. Ô Seigneur, soyez béni pour tous vos bienfaits.

Et Joseph poursuit, devant Dieu, sa contemplation. Il ne sait pas qu'en contemplant Marie, c'est Dieu qu'il contemple et qu'il loue. Oui, c'est sûr,  "son fils se lève et la dit heureuse; son mari aussi, et il la loue" (Pr. 31, 28) Joseph sourit, heureux. Ceux qui le regardent, à la synagogue, se demandent ce qu'il a pour paraître si heureux. Ce n'est qu'à la sortie de l'office qu'ils comprendront lorsque Joseph leur dira:

— Ah! une femme forte, c'est le plus grand des bonheurs après Dieu!

Oui, vraiment, "son mari (celui de la femme forte) est considéré, lorsqu'il siège parmi les Anciens du pays". (Pr. 31, 23) 

Joseph est un admirateur incontesté de Marie qui l'émerveille de plus en plus. Quand il se récite les versets du Livre des proverbes vantant la femme forte qu'il a tendance à comparer un peu à Marie, il est parfois bien étonné. Ainsi quand il dit: "Elle songe à un champ et elle l'acquiert; avec le produit de son travail elle plante une vigne." (Pr. 31, 23, 16) Joseph n'est pas tellement d'accord, car Marie n'a jamais acheté un champ ni planté une vigne. Mais Joseph comprend que ces mots sont des symboles, et que la richesse de Marie c'est tout l'amour qu'elle donne, toute la joie qu'elle répand, tout le bonheur qui émane d'elle et qui change les cœurs qu'elle rencontre. Oui, elle est forte "sa Marie", elle a vraiment "ceint ses reins de force, et elle exerce la vigueur de ses bras. Elle voit que ce qu'elle gagne est bon." (Pr. 31, 17 et 18) Car ce qu'elle gagne, c'est l'amour qui se manifeste quand "elle ouvre ses mains au malheureux et les tend à l'indigent."   (Pr. 31, 20)

Joseph se tourne alors vers Dieu et Le remercie dans une intense action de grâce: "Que suis-je, mon Seigneur Yahweh, pour que vous m'ayez confié la garde d'une personne si sainte, et que vous m'ayez donné votre Fils en héritage. Mon cœur se fond d'amour, mon Seigneur bien-aimé, quand je pense à tous vos dons. Vraiment vos dons sont infinis, et je les vois quand je regarde ma bien-Aimée Marie. Au cours des siècles, dans le peuple juif, "des filles en grand nombre ont été vaillantes; mais toi, Marie, tu les surpasses toutes! Certes, la grâce peut être trompeuse, et la beauté, vaine; mais la femme qui craint l'Éternel est celle qui sera louée! Dieu lui donne le fruit de ses mains. Que ses œuvres la louent! (Pr. 31, 29 à 31) Et que son Jésus, mon Jésus, le fruit de son sein, l'œuvre de Dieu en elle, soit béni à jamais.

Joseph s'étonne; jamais auparavant il n'avait prononcé de telles paroles. C'est comme si, soudain, il réalisait toute la vérité qui réside en Marie, et en Jésus. Oui, le Seigneur lui avait à plusieurs reprises fait comprendre l'immensité des dons qu'il lui avait faits, à lui, Joseph, mais jamais il n'avait senti à un tel point, la richesse de ces dons: Marie et Jésus. Joseph se sent bizarre; il se sent tout petit. Il n'osera plus leur parler à Marie et à Jésus, ses bien-aimés. Comment devra-t-il se comporter avec eux, dorénavant? Il n'est pas digne d'eux; il n'est pas digne d'être appelé: mon époux, ou mon Père. Et ce sont eux qui me servent! Et j'ose faire travailler Jésus!

Joseph essuie quelques larmes en disant:

— Mon Dieu! Que dois-je faire, maintenant? Comment me comporter?

— Joseph, ne change rien à tes habitudes, répond une voix venant du fond de lui-même. C'est la volonté de Dieu. Et puis, ta Marie, contemple-la de plus en plus; écoute-la aussi: elle te dira les choses de Dieu, car "elle ouvre sa bouche avec sagesse, et une instruction aimable est sur ses lèvres. Elle surveille la marche de sa maison, et ne mange pas le pain de la paresse." (Pr. 31, 26 et 27)

L'office à la synagogue est terminé. Joseph n'a pas entendu grand'chose des explications du rabbin. Il rentre lentement chez lui en pleurant. Et quand il rencontre Marie qui s'inquiète, il la prend dans ses bras et lui chante:

— Ô ma femme, ma femme forte! Ô ma Marie! Si tu savais comme je suis heureux!

   

 

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