La spiritualité de sainte
Mechtilde
d’après le Livre de la Grâce spéciale
Jésus enseigne à Mechtilde comment
elle doit saluer Marie?
― Salue
le cœur virginal de ma Mère à cause de la surabondance de tous les biens qui
l’ont rendue si secourable aux hommes; ce cœur était si pur qu’il a émis le
premier vœu de virginité.
Salue ce cœur à qui son humilité
a mérité de concevoir du Saint-Esprit. Salue ce cœur plein de dévotion et de
désirs qui m’ont attiré en lui.
Enfin, salue :
Ce cœur très brûlant
d’amour envers Dieu et envers le prochain.
Ce cœur qui a si
fidèlement conservé en lui-même toutes les actions de mon enfance et de ma
jeunesse.
Ce cœur qui a été
transpercé dans ma Passion par des stigmates dont il ne put jamais perdre le
souvenir.
Ce cœur très fidèle,
car il consenti à l’immolation de son Fils unique pour la rédemption du monde.
Ce cœur sans cesse
incliné à intercéder pour le bien de l’Église naissante.
Puis, salue ce cœur
tout adonné à la contemplation et qui, par ses mérites, obtint la grâce pour les
humains. (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre 5, 9)
La Vierge Marie parut aussi sur la
montagne, revêtue d’un manteau semblable à celui de l’Amour. Elle dit :
― Toutes
les douleurs que j’ai endurées avec mon Fils et à cause de mon Fils, je les ai
supportées en silence et patience. J’offrais au Seigneur une prière continuelle
pour l’Église naissante... (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie,
chapitre XX, 37)
Une veille de la fête de
l’Assomption, pendant son oraison, Mechtilde vit une maison. Marie reposait sur
un petit lit. À une demande de Mechtilde qui s’étonnait que Marie ait pu
souffrir avant de quitter la terre, puisqu’elle était étrangère aux douleurs de
la mort, Marie répondit:
― Pendant
que je priais et me rappelais les bienfaits de Dieu envers moi, je fus embrasée
d’un ineffable désir de voir Dieu et d’être à lui. Cette ardeur séraphique
s’accrut à tel point que les forces de mon corps m’abandonnèrent. Je m’étendis
sur un lit où tous les chœurs des anges vinrent m’assister.
Les Séraphins m’apportaient
l’amour, allumant de plus en plus en moi ce feu divin. Les Chérubins me
donnaient la lumière de la science, en sorte que mon âme voyait à l’avance les
grandes merveilles que le Seigneur, mon Fils et mon Époux, allait accomplir pour
moi...Les Trônes conservaient en moi, dans un calme parfait, ce repos dans
lequel je jouissais de Dieu. Les Dominations m’assistaient avec le respect que
les princes observent à l’égard de la reine et de la mère de leur roi. Les
Principautés empêchaient par leur présence qu’aucun de ceux qui m’approchaient
ne pût rien dire ou faire pour troubler la quiétude de mon âme. Les Puissances
contenaient les troupes des démons à distance... Les Vertus, ornées et parées de
leurs dons en mon honneur, faisaient bonne garde autour de moi? Les Anges et les
Archanges, par leur attitude, enseignaient aux personnes présentes à me servir
avec révérence et dévotion. (Le Livre de la Grâce spéciale, Première partie,
chapitre XXVI, 47)
Il lui fut donné
de comprendre que la suprême grandeur de l’infinie majesté s’inclinait vers
l’abîme profond, c’est-à-dire jusqu’au cœur très humble de la Vierge, et le
remplissait du torrent de ses divines voluptés, à tel point que cette âme
bienheureuse, totalement absorbée fut introduite en Dieu... C’est ainsi que
l’âme très sainte de Marie, étrangère à toute douleur, sortit joyeusement de son
corps et s’envola légère dans les bras de son Fils, se reposant sur son Cœur
avec un tendre amour, accompagnée par les applaudissements joyeux de tous les
saints jusqu’au trône de la très sainte Trinité... Et Dieu prenait enfin sa
joie dans le cœur de la Vierge comme dans le sien.
Curieusement sainte Mechtilde ne
vit pas le corps de Marie rejoindre son âme au ciel. (Le Livre de la Grâce
spéciale, première partie, chapitre XXVI, 48)
Les servantes de Marie, furent
présentées à Mechtilde sous la forme de vierges. Marie dit :
― Ces
vierges étaient mes servantes sur la terre. La première est la sainteté... La
seconde est la prudence... La troisième est la chasteté... La quatrième est
l’humilité: c’est elle qui m’a faite Mère de Dieu dont je me confessais la
servante. La cinquième est la charité...La sixième est la diligence attentive
qui m’a servie dans toutes mes démarches, à la naissance de mon Fils; elle m’a
fait accomplir pleinement la volonté du Père à son égard. La septième est la
patience... De plus la crainte de Dieu se fit ma camérière et ne laissa jamais
mes pieds glisser. (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre
XXXVI, 1)
La Vierge Marie conduisit Mechtilde
vers une maison magnifique, construite en pierres de taille, sans aucune
fenêtre et pourtant très éclairée à l’intérieur... Une petite porte en jaspe
rouge était fermée par une chaîne d’or.
Cette maison figurait la
glorieuse Vierge Marie... la hauteur et la clarté indiquaient sa contemplation
si élevée et sa science si parfaitement lumineuse. La porte exprimait sa
miséricorde... le jaspe rouge, son admirable patience, et la chaîne d’or, son
amour.
La Vierge Marie dit :
― Si tu
désires devenir la maison de Dieu... pratique ces vertus.
La main droite de Marie portait
quatre anneaux ornés de pierres précieuses. Elle plaça cette main sur le cœur de
Mechtilde en lui disant:
― Par ces
pierres tu triompheras de toute espèce de tentation. Les tentations naissent de
quatre vices: l’orgueil, la colère, la luxure et la paresse spirituelle. Si tu
te sens enflée par la superbe, oppose-lui ma sainte humilité; si la colère te
chagrine, rappelle-toi ma douceur... si l’impureté te poursuit, recours à ma
très sainte chasteté; et si tu es tentée de paresse, réfugie-toi près de mon
amour si ardent. Ainsi tu repousseras toutes les armes de l’ennemi. (Le
Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XXXVII, 2)
Le manteau des vertus de Marie
La Reine des vierges se montra
une fois revêtue d’un manteau d’or broché de colombes rouges... Mechtilde
comprit que ce manteau d’or signifiait le très ardent amour de Dieu qui a
toujours embrasé la Vierge Marie, tandis que les oiseaux rouges figuraient bien
sa patience aussi invincible que celle d’une douce colombe parmi les
adversités.” (Le Livre de la Grâce spéciale, deuxième partie, chapitre
XXXVIII, 34)
Mechtilde s’accusait de ne pas
assez honorer Marie. Jésus lui dit :
― Pour
réparer cette négligence, loue ma Mère de l’incomparable fidélité qu’elle m’a
gardée durant sa vie, préférant en toutes ses actions ma volonté à la sienne.
Exalte ensuite la fidélité avec laquelle ma Mère s’est toujours trouvée présente
lorsque j’avais besoin de son secours. Vois: elle a été jusqu’à ressentir en son
âme tout ce que mon corps a souffert. Proclame en troisième lieu la grandeur de
cette fidélité qu’elle me conserve dans le ciel où elle travaille encore pour
moi par la conversion des pécheurs et la délivrance des âmes. Ses mérites ont
ramené d’innombrables pécheurs; des âmes que ma justice équitable destinait aux
peines éternelles en ont été sauvées par sa miséricorde; d’autres ont été
retirées des feux du purgatoire. (Le Livre de la Grâce spéciale, première
partie, chapitre XLIV, 7)
Un jour, pendant une apparition,
Marie énuméra ses joies :
― La joie
qui lui fut donnée lorsque le Fils de Dieu, sortant du sein du Père, vint comme
un époux dans son sein, et s’élança comme un géant pour courir sa voie,
― La joie
qu’elle éprouva lorsqu’au sortir de son sein virginal il lui devint un Fils de
douceur et d’allégresse ,
-Sa joie lors de l’offrande des
Mages,
― Sa joie
lorsqu’elle offrit son Fils au temple. Là il fut pour elle un Fils de pureté et
de sainteté,
― Alors
qu’en sa Passion il fut pour elle un Fils de tristesse, de douleur et de
rédemption, en sa Résurrection il lui fut un fils de joie et d’allégresse,
― Enfin,
dans son Ascension, il lui fut un fils plein de majesté divine et de royale
dignité. (Le Livre de la Grâce spéciale, Première partie, Chapitre XLI, 4)
Et Marie ajouta un peu plus tard,
au cours de la même messe :
― Aucun
homme ne peut me saluer plus agréablement qu’en se servant du mot: AVE, que Dieu
le Père m’adressa, confirmant ainsi par sa toute-puissance mon exemption de
toute malédiction. (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre
XLI, 5)
Au cours d’une vision durant
laquelle la Vierge Marie et Jésus étaient présents, Mechtilde vit venir sainte
Anne et se placer à la gauche du Seigneur. Alors Mechtilde interrogea la sainte
Vierge :
― Combien
de temps sainte Anne a-t-elle vécu sur la terre?
― Jusqu’au
moment où je ramenai mon Fils d’Égypte. (Le Livre de la Grâce spéciale,
première partie, chapitre XII, 19)
Pendant un office, Mechtilde “vit”
la glorieuse Vierge se
lever de son trône... et voici que, du Cœur divin où sont cachés les trésors de
toute béatitude, sortit un triple lien semblable à une chaîne d’or. Après avoir
traversé le cœur très aimant de la Vierge Mère, ce lien passa à travers le cœur
de toutes les vierges jusqu’à ce que de la dernière de ces saintes, il revint
pénétrer dans le Cœur du Seigneur lui-même... Le triple lien lui parut
signifier l’amour de l’adorable Trinité, c’est-à-dire du Père, du Fils et du
Saint-Esprit, qui, par l’intermédiaire de la très digne Mère de Dieu, Marie,
pénètre les cœurs amoureux des vierges d’un suavité spéciale, afin de se les
unir. (Le
Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XXXI, 55)
Comment se consacrer à Marie?
Un jour le Seigneur approcha
Mechtilde de son Cœur. Elle sentit tomber en son âme, comme des gouttes d’une
eau céleste, ces paroles, concernant Marie, qu’elle n’avait jamais entendues :
― Salut,
ô Vierge très illustre, en cette douce rosée qui, du Cœur de la très sainte
Trinité se répandit en vous, dès l’éternité, à cause de votre bienheureuse
prédestination!
Salut, ô Vierge très sainte, en
cette douce rosée qui a coulé sur vous en vertu de votre vie très heureuse, du
Cœur de la très sainte Trinité.
Salut, ô Vierge très noble, en
cette douce rosée qui a distillé sur vous, du Cœur de la très sainte Trinité, en
vertu de la doctrine et de la prédication de votre très doux Fils.
Salut, ô Vierge très aimante, en
cette douce rosée que la très sainte Trinité fit découler sur vous par la très
amère passion et par la mort de votre Fils.
Salut, ô Vierge très vénérée, en
cette douce rosée qui, du Cœur de la très sainte Trinité, tomba en vous. Salut,
dans cette joie et cette gloire dont vous jouissez maintenant... Amen
Un Ave Maria de louange
À la demande de Marie qui réclamait
un Ave Maria, sous l’inspiration divine, Mechtilde éclata en ces paroles de
louanges :
― Je vous
salue au nom de la toute-puissance du Père, je vous salue au nom de la Sagesse
du Fils, je vous salue au nom de la bonté du Saint-Esprit, ô très douce Marie,
lumière du Ciel et de la terre, pleine de grâce. Votre plénitude découle sur
tous ceux qui vous aiment. Le Seigneur est avec vous, Fils unique du Père, Fils
unique de votre cœur virginal, votre ami et très doux Époux. Vous êtes bénie
entre toutes les femmes, car vous avez mis en fuite la malédiction et attiré
l’éternelle bénédiction. Le fruit de vos entrailles est béni, lui le Créateur et
le Seigneur de l’univers, qui bénit et sanctifie tout, qui unifie et enrichit
toutes choses. (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XI,
18)
Comment s’associer à
Jésus-Christ
Parole de Marie: L’âme qui veut
entrer en société avec mon Fils doit se comporter comme une noble jeune fille
unie à un époux d’un rang très supérieur au sien, et qui, pour l’honneur de cet
époux, respecte attentivement toutes les règles de l’étiquette, de crainte de
lui déplaire par la moindre incorrection. Ainsi l’âme ne doit se laisser
entraîner volontairement à aucun péché, si léger qu’il soit. Ensuite, dans tous
ses besoins, qu’elle cherche en Dieu son refuge assuré... Enfin qu’elle imite
les vertus du Christ autant qu’il lui est possible. Puisque Jésus-Christ fut
humble et obéissant, qu’elle s’efforce de se soumettre à toute créature, et même
si la circonstance l’exige, d’obéir jusqu’à la mort. (Le Livre de la Grâce
spéciale, quatrième partie, chapitre XXXIII, 33)
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