CHEMIN DE SAINTETÉ

adveniat regnum tuum

 

La spiritualité de sainte Mechtilde
d’après le Livre de la Grâce spéciale

 

3-Le mystère pascal

Le repas de la Pâque juive s’achève. Jésus est au milieu de ses apôtres et il prie intensément car le Mystère Pascal va commencer officiellement.  Bientôt Jésus se lève, et les yeux dirigés vers Ciel il dit:

 Père, glorifie ton Fils!

L’instant est solennel car c’est l’Heure du plus grand Sacrifice que le monde ait jamais connu, et le Père accepte le Sacrifice du Fils qu’il glorifie.

Après avoir été effectivement glorifié, quoique invisiblement et mystérieusement, Jésus peut instituer l’Eucharistie et dire:

 Prenez et mangez-en tous, car ceci  EST mon Corps livré pour vous... Prenez et buvez-en tous, car ceci EST mon Sang versé pour vous.

Cette offrande totale du Seigneur se concrétisera bientôt sur la Croix, par sa mort et par sa Résurrection.

L’Eucharistie fait partie intégrante du Mystère Pascal. Cependant, la messe, donc l’Eucharistie, ayant eu une importance prépondérante dans la vie et les révélations de sainte Mechtilde, nous avons fait de l’Eucharistie un chapitre à part. En conséquence, ce présent chapitre, consacré au Mystère Pascal, n’abordera que les thèmes liés à la Passion et à la Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ.

        3-1-La Passion-La Croix

            3-1-1-Ce sont nos péchés qui lient Jésus à sa croix

Un jour de la fête des morts, Mechtilde vit tout à coup Jésus suspendu dans l’air, pieds et poings liés. Il dit:

 Chaque fois qu’un homme pèche mortellement, il me lie ainsi, il me retient lié tant qu’il persévère dans le péché. (Le Livre de la Grâce spéciale, cinquième partie, chapitres XVII, 19) 

            3-1-2-La Passion du Seigneur. La réparation et l’importance de l’obéissance

Un Vendredi Saint, Mechtilde s’inquiétait :

 Ô très doux Dieu, qu’est-ce que l’homme peut vous rendre pour vous être ainsi laissé arrêter et garrotter pour son salut?

 Qu’il se laisse spontanément et librement attacher par les chaînes de l’obéissance, pour mon amour.

 Et quelles louanges vous offrira-t-il en compensation des crachats immondes et des soufflets cruels que vous avez reçus des juifs?

 En vérité je te le dis, quiconque méprise ses supérieurs, me crache à la face. Si quelqu’un donc veut réparer cet outrage, qu’il respecte son prélat.

 Et pour les soufflets, quelles actions de grâce accepterez-vous, ô très miséricordieux Seigneur?

 Que l’on tienne aux coutumes et aux statuts de son ordre avec une stricte fidélité.

Et un peu plus tard, elle demanda :

 Quelles actions de grâces, ô douceur sans égale, doit-on vous rendre pour cette plaie d’amour que vous avez reçue sur la Croix lorsque l’amour invisible perça de sa flèche votre très doux Cœur d’où sortirent alors, pour nous guérir, le sang et l’eau; quand vaincu par l’amour que vous inspirait votre  Épouse, vous êtes mort de la mort d’amour?

 Que l’homme conforme toujours sa volonté à la mienne, et que ma volonté lui plaise en tout et par-dessus tout.

Et le Seigneur continua:

 Je te le dis en vérité, si quelqu’un verse des larmes par dévotion à ma Passion, je les accepterai comme si celui-là l’avait soufferte pour moi.

 Ô mon Seigneur, comment obtenir ces larmes?

 Écoute-moi: pense d’abord à la tendresse avec laquelle je partis à la rencontre des ennemis qui me cherchaient, armés de glaives et de bâtons, pour me faire mourir comme un voleur et un brigand. Moi, j’allais vers eux comme une mère vers le fils qu’elle veut arracher à la dent des loups... (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XVIII, 27)

        3-2-Valeur de nos croix et de notre souffrance

            3-2-1-En cas de maladie

Le Seigneur dit :

 Quand une personne est malade, je me revêts de son âme comme d’un manteau de gloire, et dans la joie de mon Cœur je me présente à mon Père, lui rendant grâces et louanges pour toutes les soufrances qu’elle endure...

Le Seigneur dit encore :

 Les soupirs ont de grands effets. Jamais on ne gémit devant Dieu sans se rapprocher de lui. Les soupirs qui ont pour cause l’amour, le désir de moi-même ou de ma grâce ont trois bons effets dans l’âme. Premièrement, ils la fortifient, comme un parfum suave et fort réconforte l’homme. Secondement, ils l’illuminent comme le soleil éclaire une maison obscure. Troisièmement, en adoucissant ses actions et ses souffrances, ils leur communiquent une agréable saveur. (Le Livre de la Grâce spéciale, quatrième partie, chapitre XXX, 29)

            3-2-2-Valeur des services que l’on rend aux malades

Parfois, Mechtilde malade s’inquiétait quand elle recevait trop de soulagements. Le Seigneur lui dit:

 Ne crains pas, ne te trouble pas, car c’est moi qui supporte véritablement tout ce que tu souffres; ainsi je considère comme donnés à moi-même les soins qu’on a pour toi; je les récompenserai comme si je les avais reçus. (Le Livre de la Grâce spéciale, deuxième partie, chapitre XLI, 37)

            3-2-3-La souffrance, les peines et les épreuves nous associent à la croix du Christ

Pendant un ravissement, Mechtilde se vit dans une grande maison qu’elle reconnut comme étant le Cœur du Christ. Elle entra, se prosterna et trouva sur le pavé, une grande croix. Elle entendit le Seigneur lui dire:

 Tout ce qui est sur la terre ne saurait donner de joie; mais le salut, la souveraine gloire sont dans les souffrances et la tribulation... Comme une étoffe de soie est souple et mœlleuse, ainsi toute souffrance et tribulation est douce pour l’âme qui aime vraiment Dieu.

Cette vision était le présage de la maladie qui lui arriva peu après... elle fut alors saisie d’une douleur aiguë. Cette douleur dura très longtemps, mais Mechtilde ne se plaignit jamais. (Le Livre de la Grâce spéciale, deuxième partie, chapitre XXV, 22)

Pour expliquer sa patience Mechtilde utilisa une comparaison: La brebis au pâturage bêle souvent; mais, conduite à la mort, elle se tait devant le bourreau. Ainsi l’âme fidèle doit être dans la crainte quand elle ne ressent aucun genre de peine; mais au temps de la tribulation, elle est en pleine sécurité. (Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre XVI, 16)

            3-2-4-La contrition et la conversion

Par sa Croix le Seigneur a sauvé tous les pécheurs, donc tous les hommes. Mais nous ne pouvons bénéficier des grâces de la Croix de Jésus que si nous regrettons nos péchés. Un jour de fête de dédicace, Mechtilde vit la Jérusalem céleste et le trône de Dieu qui y est établi. Cette cité était construite de pierres précieuses: les saints. Les anges étaient placés devant le trône, selon leur ordre.

Bientôt le Seigneur lui dit :

 Demande pour toi la rémission de tous tes péchés, car c’est ce qu’il y a de plus salutaire pour l’homme et le meilleur moyen d’obtenir la joie véritable. Quiconque, en effet, vraiment pénitent, avoue ses péchés, se jette à mes pieds avec la volonté sincère de les confesser pour obtenir le pardon, celui-là sera certain d’avoir pleine rémission, pourvu qu’il trouve dans son cœur un sentiment assez humble pour être prêt à l’obéissance envers toute créature. (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XXXV , 61)

        3-3-La Résurrection

Un étonnant festin.

Nous avons déjà dit que Dieu se faisait généralement connaître par des images que nous pouvons comprendre. Pour décrire sa joie du soir de Pâques, il nous invite à un étonnant festin.

Un soir de Pâques, Jésus dit:

 Voici que je veux ce soir vous offrir un festin composé de cinq mets; je vous servirai d’abord la joie mutuelle que ma Divinité et mon Humanité se sont données aujourd’hui; puis la joie que j’ai ressentie lorsque, pour compenser les amertumes de ma passion, l’amour fit tressaillir mes membres sous l’effet des délices surabondantes de sa douceur. Je vous servirai aussi la joie que j’ai éprouvée lorsque je présentai à mon Père comme un gage de haut prix, mon âme avec toutes les âmes que j’ai rachetées; et cette autre joie que me donna mon Père en me communiquant la pleine puissance d’honorer, d’enrichir et de récompenser mes amis acquis par moi au prix de tant de labeurs. Enfin, le dernier de ces mets sera la joie que j’éprouvai en voyant le Père associer à mon règne éternel, mes rachetés devenus mes cohéritiers et les convives de ma table... Si donc quelqu’un veut me faire ressouvenir de ces cinq joies spéciales, pour la première je lui donnerai, dès ce monde, s’il le désire, le goût de ma divinité; pour la seconde, le don de me connaître; pour la troisième, je présenterai son âme à mon Père à l’heure du trépas; pour la quatrième, je l’associerai au fruit de ma Passion et de mes souffrances; enfin, pour la cinquième, je lui donnerai l’aimable société de mes saints. (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XIX, 34)

Mechtilde rend grâce, et le Seigneur lui dit qu’il considère la gloire de ses membres comme étant sa propre gloire... et qu’il a le pouvoir de récompenser, honorer et élever ses amis et celui de leur témoigner son amour selon sa libre volonté... La gloire donnée à son corps, c’est qu’il puisse être partout, en son Humanité, comme il l’est par sa Divinité, avec tous et chacun de ses amis, partout où il veut. Aucun homme, si puissant qu’il soit, n’a jamais et ne pourra jamais posséder ce pouvoir. (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XIX, 35)

    

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