Gloire et louange, amour et reconnaissance soient à jamais
rendus à Jésus au saint sacrement de l’autel, au Père
et au Saint-Esprit dans tous les siècles des siècles, Amen.
Le Sauveur Jésus m’a tout appris. C'est lui qui a fait
connaître à mon intelligence ces vérités admirables
de l’ordre surnaturel qu'elle connaissait si peu; c'est lui qui, par des
images, des figures des comparaisons, les a gravées ineffaçables
dans mon esprit. Il m’a dit un jour : « Ma fille, quand j’étais
sur la terre, j’aimais à parler en paraboles; je veux aussi vous
parler comme cela. »
Or, dans les instructions diverses que m’a données le
Sauveur, il m’a souvent montré combien l’Ancien Testament était
l’image du Nouveau; comment l’action de Dieu sur le peuple juif était
la figure de son action sur les âmes.
Je vais rapporter tout ce qu'il ma dit de cette manière,
autant que je pourrai me le rappeler et selon que je saurai m’exprimer.
CHAPITRE I
Le Sauveur Jésus m'a dit un jour : « Ma fille, il
est rapporté dans les saints Livres que Noé envoya une colombe
de l’arche où il s’était enfermé pour ne point mourir
dans le déluge, afin de connaître si les eaux avaient baissé,
et que la colombe rentra dans l’arche portant dans son bec une branche
d’olivier.
« Cette colombe est l’image de l’âme solitaire.
Il n'est point nécessaire, pour trouver la solitude, de se retirer
dans les couvents ou dans les cloîtres; on la trouve dans les villages,
les cités, et même à la cour des rois; et, de toutes
les solitudes, la meilleure et la plus utile est la solitude intérieure.
Il est des âmes qui ont besoin de la solitude extérieure pour
parvenir à l’intérieure; mais il en est d’autres qui se trouvent
aussi solitaires au milieu du plus grand tumulte, du plus grand mouvement,
que dans la profondeur d’un désert. L’âme solitaire fait ses
délices de la solitude, car elle y trouve Dieu, et Dieu lui suffit;
elle s’y unit à Dieu, et cette union lui suffit, rien ne l’y sépare
de Dieu, et cette tranquillité est le seul objet qu'elle désire.
Vivre pour Dieu, souffrir pour Dieu, mourir pour Dieu et se reposer en
lui, voilà toute l’ambition de cette âme.
« Elle est simple et innocente comme une colombe, elle
laisse son cœur tout ouvert à Dieu, elle le lui donne tout entier.
Elle est timide et craintive comme une colombe, et cette crainte la rend
sage, lui donne la victoire sur ses ennemis, parce qu'elle ne s’expose
pas aux dangers. Elle craint le monde; elle n’ose y poser ses pieds; elle
entre dans sa solitude, portant l’olivier de sa victoire sur le monde,
sur ses ennemis, sur elle-même, et goûte à longs traits
les douceurs suaves de l’amour de Dieu.
« Les mondains ne comprennent point les délices
de la solitude et ressemblent au corbeau envoyé de l’arche et qui
ne revient pas. La solitude est plus qu'un mystère pour eux; elle
est un objet d’ennui, et ils dépensent dans le tumulte et les agitations
de la terre leurs années et leur vie.
« Il y en a qui ont des yeux et ne voient point, des oreilles
et n’entendent point, des mains et ne touchent point, des pieds et ne marchent
point, des narines et ne sentent point, une bouche et ne parlent point.
Mais l’âme solitaire, comme la maison d’Israël, a espéré
dans le Seigneur; il est son appui et sa protection. L'âme solitaire,
comme la maison d’Aaron, a espéré dans le Seigneur; il est
son appui et sa protection. L'âme solitaire, comme ceux qui craignent
le Seigneur, a espéré dans le Seigneur; il est son appui
et sa protection.
« Aussi Dieu bénit l'âme solitaire, l'âme
retirée en elle-même, comme il a béni la maison d’Israël,
la maison d’Aaron et tous ceux qui craignent le Seigneur, grands et petits.
« Que le nombre des âmes solitaires et des âmes
saintes croisse et se multiplie, afin que le nom du Très-Haut soit
glorifié dans Sion et exalté dans Jérusalem. »
CHAPITRE II
Le Sauveur Jésus me dit un jour : « La fille de
Pharaon étant venue se baigner dans le Nil, aperçut, exposé
sur l’eau, un enfant si beau, qu'elle le prit et le fit élever à
la cour de son père. Cet enfant grandit, devint un homme fort et
vigoureux et délivra les enfants de Jacob, ses frères, de
la servitude des Pharaons. Pour quitter l’Égypte, il dut traverser
la mer avec le peuple qu'il conduisait. Il étendit sa baguette sur
les eaux, et elles s’arrêtèrent pour laisser un passage aux
Israélites. Quand tous eurent atteint le bord, il étendit
de nouveau sa baquette et les eaux reprirent leur cours, ensevelissant
toute l’armée des Égyptiens qui s’étaient mis à
la poursuite des Israélites.
« La fille de Pharaon qui va se baigner dans le Nil est
l’image des pécheurs convertis, qui, venant se baigner dans les
eaux salutaires de la pénitence, y trouvent la charité qui
est plus belle de beaucoup que l’enfant exposé.
« Le pécheur converti prend la charité,
la place dans son cœur, au milieu de ses passions; il l’élève,
il la fait croître et grandir, il la défend contre elles,
comme la fille de Pharaon défendait son protégé contre
les Égyptiens qui se trouvaient à la cour de son père.
La charité croît, se fortifie, et délivrant l'âme
de ses passions, elle la tire de l’Égypte, figure du monde, pour
lui faire embrasser la vie religieuse; ou bien de la vie de dissipation
et de péchés, pour la mener au désert, c'est-à-dire
pour la faire vivre d'une vie tout intérieure et retirée
en Dieu. Mais, pour arriver au désert, il faut traverser la mer
Rouge, image de la mortification. L'homme alors s’arme de la croix, et
le passage de cette mer devient facile et aisé.
« Quand l'âme se trouve ainsi délivrée;
quand elle a atteint le sol de la terre de sûreté, elle étend
de nouveau la croix avec reconnaissance pour rapporter tout à Dieu;
et les passions, les tentations, et Satan lui-même se trouvent désormais
sans force ni puissance contre cette âme qui poursuit son chemin
vers la terre promise, le ciel. »
CHAPITRE III
Un autre jour le Sauveur Jésus m'a ainsi parlé
: « Ma fille, les Israélites se trouvant dans le désert,
sans nourriture, commencèrent à murmurer contre Dieu et contre
Moïse, qui les avaient retirés de la servitude d’Égypte.
Moïse essaya de calmer le peuple et pria le Seigneur, et Dieu envoya
aux Israélites, malgré leur indignité, la manne pour
les nourrir.
« Ne reconnaissez-vous point là, ma fille, la dégradation
et l’ingratitude de l'homme? Ne voyez-vous point là l’image d’une
âme convertie, qui a embrassée la vie intérieure? Dieu,
pour l’éprouver, la prive de ses douceurs et de ses consolations,
et cette âme s’impatiente, murmure et regrette les consolations du
monde auxquelles elle a renoncé, comme les Israélites regrettaient
les oignons d’Égypte.
« Que ceux qui sont dans l’affliction ou dans les épreuves
imitent plutôt la conduite de Moïse. Qu’ils mettent en Dieu
leur confiance; qu'ils espèrent tout de lui et il leur enverra toutes
sortes de biens; il les comblera de tous ses bienfaits, et la grâce
coulera sur eux comme une manne céleste qui leur donnera force,
courage et vigueur pour traverser le désert de la vie. »
En une autre circonstance, le Sauveur Jésus me dit :
« Ma fille, pendant que Moïse recevait de Dieu les lois qui
devaient régir son peuple, les Israélites firent un veau
d’or et l’adorèrent. Moise, descendant de la montagne, brisa ce
veau d’or avec indignation.
« Quelle folie, quelle ingratitude et quel aveuglement
dans les Israélites en agissant ainsi! Ainsi agissent les orgueilleux
vis-à-vis de Dieu. Ils aiment à être élevés,
à être honorés et glorifiés; ils se complaisent
en eux-mêmes, et loin de rapporter à Dieu le bien qui est
en eux ils se l’attribuent comme s’ils en étaient les auteurs véritables.
Agir comme cela, c'est dérober à Dieu l’honneur qui lui est
dû.
« Je viendrai comme Moïse briser ces ingrats, ces
aveugles et ces orgueilleux, et ils ne se relèveront point.
« Ma fille, fuyez l’orgueil, les honneurs et l’estime
des hommes; ne cherchez que l’humilité et l’oubli, et vous ne perdrez
point la gloire seule véritable, qui consiste dans la vue, la possession
et l’amour de Dieu.
CHAPITRE IV
« Ma fille, me dit un jour le Sauveur Jésus, Josué
succéda à Moïse, et fut placé par Jéhovah
à la tête du peuple juif, qu'il introduisit dans la terre
promise. Or, Moïse et Josué peuvent servir de modèles
à tous ceux qui sont chargés de la conduite temporelle ou
spirituelle des peuples.
« Ils sont les modèles des rois et de tous ceux
qui sont établis sur la terre pour maintenir la justice dans la
société. Quelle sagesse et quel désintéressement
en eux! Leur désintéressement était le fondement inébranlable
de leur sagesse. Que de potentats, que de princes, que de puissants, que
de juges marqués du sceau de la folie à cause de leur cupidité!
Cupidité de l’or et de l’argent, cupidité de leurs aises
et de leurs plaisirs, cupidité de leurs passions et de leurs vices.
Malheur à ces potentats, à ces rois, malheur à ces
princes, malheur à ces puissants, malheur à ces juges! Ils
sont établis pour faire régner la justice de Dieu sur la
terre, et par eux l’injustice règne partout. Ils oppriment la veuve
et l’orphelin, le faible et l’innocent.
« En vérité, je vous le dis, ces hommes
sont fous; aussi au lieu de ramener les peuples à Dieu, ils les
enchaînent pour les rendre tributaires de Satan. Qu'ils mettent la
main sur leur conscience, qu'ils s’interrogent eux-mêmes et qu'ils
répondent à celui qui leur demande à chaque instant
du jour : Faites-vous régner la justice parmi vos peuples? Si vous
voyez l’injustice, la détruisez-vous selon votre pouvoir ou bien
ne cherchez-vous pas à l’augmenter? Un jour leur conscience s’élèvera
contre eux avec la voix de tous ceux qu'ils ont opprimés.
« Les rois devraient avoir une seule vue, une seule idée,
celle de soutenir parmi leurs peuples l’ordre et la justice; or, cet ordre
et cette justice ne peuvent exister, ni être soutenus que par la
conformité à l’ordre souverain, à la justice éternelle,
Dieu. Le Seigneur a tracé aux princes et aux rois ses commandements,
comme il les a donnés à Moïse et à Josué.
S’ils les font observer comme eux, ils rendront leurs peuples heureux et
feront couler dans tout leur empire le lait et le miel en abondance, c'est-à-dire
que Dieu bénira le roi et les sujets, et les comblera de biens,
comme les Israélites dans la terre promise. Les bons rois font les
bons peuples, et les pervers les pervertissent.
« Moïse et Josué sont encore les modèles
de ceux qui sont chargés de la conduite spirituelle des âmes.
Ils avaient à gouverner et à maintenir un peuple grossier,
difficile et opiniâtre, et tous leurs actes sont empreints néanmoins
de sagesse, de douceur et de charité. Quand le zèle et l’intérêt
de la gloire de Dieu les obligeaient à user de sévérité,
ce n’était point par caprice ni par un mouvement de leur volonté
propre, mais toujours selon l’esprit de Dieu, afin de rappeler les coupables
à une sincère pénitence et de faire sur le reste du
peuple une salutaire impression. Enfin, ils s’interposaient entre Dieu
et le peuple pour fléchir la colère du Tout-Puissant par
leurs prières et leurs larmes.
« Ainsi doivent faire les directeurs des âmes, en
enseignant, en exhortant, en reprenant, en corrigeant, en punissant toujours
avec sagesse, et surtout en priant beaucoup pour eux qu'ils dirigent, afin
de fléchir la colère divine.
« S’ils font comme cela, Dieu les récompensera,
quand même ils auraient obtenu peu de succès : par Dieu récompense
toujours la bonne volonté et ne demande point le succès pour
couronner ses serviteurs.
CHAPITRE V
Voici ce que m’a dit un jour le Sauveur Jésus : «
Après la mort de Moïse et de Josué Dieu suscita des
chefs à son peuple pour le délivrer de l’oppression de ses
ennemis.
« Jabin, roi de Chanaan, voulant opprimer les Israélites,
Dieu donna pour chef à son peuple une femme nommée Débora,
et cette femme gouverna avec empire ceux que Moïse avait eu tant de
peine à contenir. Elle se mit à leur tête et marcha
contre les Chananéens quelle mit en déroute. Sisara, commandant
des troupes chananéennes, prit la fuite et se retira sous la tente
d’Haber, ami de Jabin, où il s’endormit. Jahel, femme d’Haber, profita
du sommeil de Sisara pour lui donner la mort en enfonçant un clou
dans sa tête. Ainsi, par le ministère de deux femmes, Dieu
délivra son peuple des Chananéens.
« Que de leçons admirables vous pouvez tirer naturellement
de ce fait rapporté par les saints Livres! Ne voyez-vous point comment
Dieu se sert des instruments les plus vils et les plus faibles en apparence
pour opérer des prodiges? C'est une femme qu'il envoie à
la tête de quelques hommes pour combattre un peuple puissant. C'est
une femme qu'il donne aux Israélites pour leur assurer la liberté.
C'est une femme aussi qui met à mort le chef de leurs ennemis.
« Ma fille, Dieu, par cet exemple, n’ôte-t-il point
aux faibles tout faux prétexte pour excuser leur faiblesse, et ne
condamne-t-il point les plus forts qui osent copter sur eux-mêmes
quand il suffit de si peu de chose pour les renverser à jamais?
« Que les faibles espèrent en Dieu, ils pourront
tout par Celui qui est et qui veut être leur force.
« Que les puissants cessent d’espérer en leur puissance,
et s’ils se reposent sur elle, qu'ils s'y reposent non comme possédant
cette puissance par ex-mêmes, mais comme l’ayant reçue de
Dieu.
« Si vous êtes faible, ma fille, venez à
moi, je serai votre force. Si vos sentez la force en vous, confiez-la moi,
elle sera en bonnes mains et nul ne pourra vous la ravir.
CHAPITRE VI
Voici encore ce que m’a dit le Sauveur Jésus :
« Dieu ayant choisi Gédéon pour délivrer
son peuple, lui envoya un ange pour lui intimer ses ordres. Gédéon
se défiant de lui-même dit à l’ange : Donnez-moi un
signe auquel je reconnaîtrai la mission que vous me donnez au nom
du Dieu d’Israël. Laissez-moi offrir un sacrifice à Dieu, je
retourne vers vous. Gédéon rentra dans sa maison et apporta
près de l'ange la chair d’un chevreau et des pains azymes. L’ange
lui dit alors : Mettez sur cette pierre ce que vous venez d’apporter. Gédéon
ayant obéi, l'ange toucha avec l’extrémité de sa baguette
le sacrifice de Gédéon et le feu sortit de la pierre qui
portant l’offrande; tout fut consumé et l'ange disparut.
« La crainte de Gédéon, ma fille, figure
ces âmes pusillanimes qui sont tout étonnées des grâces
que Dieu leur accorde, et qui semblent ne savoir que devenir après
un tel bienfait.
« Mais il y avait encore plus de prudence et de sagesse
que de crainte dans la conduite de Gédéon, qui voulait s’assurer
de la volonté bien expresse de Dieu. Grande et admirable leçon
pour ceux qui Dieu appelle à diriger et à commander autrui!
Il ne faut point ambitionner le commandement ni l’autorité. Il ne
faut le prendre et l’accepter qu’autant qu'on se voit appelé véritablement
de Dieu.
« Ce n'est pas à dire pour cela qu'il faille demander
à Dieu un miracle pour connaître sa volonté; ce serait
de la présomption.
« Il suffit d’avoir une certitude morale de cet appel
de Dieu par les circonstances qui se présentent, et par la vue claire
et nette qu'on n’a rien fait soi-même pour obtenir l’autorité
et le commandement.
« Alors on sera béni par le Très-Haut, pourvu
qu’on imite la conduite de Gédéon, en immolant à Dieu
toutes les passions de l’âme, toutes les attaches coupables et criminelles,
en les consumant par le feu brûlant de la croix, et répandant
sur elles les larmes de la pénitence et du repentir. »
CHAPITRE VII
Le Sauveur Jésus m’avait parlé un jour de la communion
indigne. Il ajouta : « Ma fille, ceux qui me reçoivent indignement
imitent les Philistins, qui s’étant emparés de l’arche d’alliance
la placèrent dans leur temple près de l’idole de Dagon. Oui,
ma fille, on me place non seulement près d’une idole, mais encore
près de Satan.
« Qui pourra comprendre l’énormité de ce
crime et les châtiments qu'il attire sur celui qui le commet?
« Vous savez, ma fille, que je suis réellement
présent dans la sainte hostie ave ma divinité et mon humanité,
avec toutes mes grâces et tous mes mérite. Or, je vous le
dis en vérité, le crime de celui qui prendrait une hostie
consacrée pour la fouler aux pieds ou la couvrir d’injures serait
inférieur au crime de celui qui me reçoit dans un cœur impur
et souillé. Quelle témérité, quelle insolence,
quelle audace!
« Oui, ma fille, la communion indigne est le plus grand
de tous les crimes; tous les autres ne sont qu'une attaque à la
loi de Dieu; celui-ci est une attaque contre Dieu lui-même.
« Communier indignement, c'est me recevoir pour me couvrir
d’ignominie, d’injures et d’affronts; c'est m’appeler pour être témoin
d’une apostasie contre ma divinité; c'est prendre mon sang et signer
avec ce sang l’acte de renoncement à ma loi, à ma croyance,
à mes mérites, à ma passion, à ma mort.
« La communion indigne est, par sa nature, un acte plus
coupable que celui des Juifs qui me crucifièrent; les Juifs, en
effet, ne me devaient point autant d’amour que celui qui communie indignement;
car je suis pour lui constamment dans le tabernacle; je suis là
à l’attendre pour être sa nourriture, sa vie, sa force et
sa vigueur; je suis là comme son Dieu, son frère et son ami,
et il vient abuser de mon amour, abuser de mon humiliation, abuser de ma
bonté. Malheur à lui!
« Oui, malheur à lui! Quelles peines ne mérite
pas, en effet, un crime si abominable? Ma fille, autant une communion bonne,
fervente et sainte donne à l'âme de grâces et de bénédiction,
autant une communion indigne et sacrilège attire sur elle la malédiction
et la colère de Dieu.
CHAPITRE VIII
Je faisais un jour une prière, j’entendis le Sauveur Jésus
me dire en mon cœur : « Saül mérita par sa désobéissance
la malédiction de Dieu, qui donna le trône d’Israël à
un petit berger nommé David. Saül se voyant abandonné
de Dieu et de son peuple, plein de fureur contre David, cherche à
le faire mourir, mais il ne peut y parvenir; le Seigneur Dieu veillait
sur David. Celui-ci connaissait les desseins de son ennemi; néanmoins,
au lieu de se venger de ses persécutions, comme il en aurait trouvé
mille occasions, il ne lui fit jamais que du bien.
« Saül, ma fille, est l’image du pécheur,
et David, du juste persécuté par le pécheur.
« Le pécheur est un roi déchu de son trône,
qui a perdu sa couronne, sa puissance et son autorité sur lui-même.
Il est possédé par le démon qui le torture sans fin,
et, pour avoir un moment de repos, il est obligé de regarder malgré
lui les actions du juste qui arrêtent son impulsion vers le mal,
comme les sons de la harpe de David arrêtaient le trouble du roi
Saül.
« Néanmoins le pécheur, jaloux de la tranquillité,
du bonheur et du calme du juste, le persécute par ses calomnies,
ses médisances, ses injures, son mépris, cherchant à
l’abaisser, à l’opprimer, à l’anéantir s’il le pouvait.
Que fait le juste? Il imite David; il n’oppose point la force à
la force, la calomnie à la calomnie, la médisance à
la médisance, l’injure à l’injure, le mépris au mépris.
Il souffre avec patience les persécutions, il cède et ne
se venge point.
« C'est ainsi que doivent agir les pauvres, les ignorants,
ceux qui sont faibles. Dieu les retirera un jour de leur faiblesse, de
leur petitesse, de leur pauvreté; il les prendra comme le berger,
fils d’Isaï, pour les établir sur le trône magnifique
de la sainteté que la grâce recouvrira du plus bel éclat,
et les asseoir plus tard sur un trône dans le ciel.
« C’est ainsi que doivent agir tous eux qui souffrent
persécution pour la justice. Ils recevront la bénédiction
de Dieu dans le temps et dans l’éternité. »
CHAPITRE IX
Le Sauveur Jésus me dit un autre jour : « David,
transporté de joie, dansa devant l’arche du Seigneur, et fut traité
d’insensé par son épouse elle-même.
« C’est comme cela que les âmes justes, pures et
saintes sont transportées de joie et marchent pleines d’allégresse
devant le Seigneur. Elles ne cherchent point la joie ni dans les festins,
ni dans les spectacles, ni dans les réjouissances, ni dans les plaisirs
du monde; elles la trouvent dans la retraite au pied des autels.
« Le monde s’étonne de les voir si joyeuses et
ne comprend point comment loin de ses fêtes elles peuvent ainsi se
réjouir. Le monde les traite d’insensées; et cependant, ma
fille, je vous le déclare, la joie véritable n’est pas parmi
les mondains, elle se trouve parmi les justes et les saints. Les peines,
les tribulations, la souffrance, rien n’est capable de leur enlever la
paix du coeur; et leur joie demeure, parce qu'elle repose sur un fondement
solide, la vertu. »
CHAPITRE X
Le Sauveur Jésus me dit un jour : « Ma fille, le
roi Salomon ayant fait bâtir à Dieu un temple magnifique,
y plaça l’arche d’alliance, et Dieu témoigna d’une manière
sensible qu'il y habitait. C'est pourquoi on y offrit de nombreuses victimes.
« Ce temple est l’image de l'âme que tout homme
tâche d’orner et d’embellir selon ses moyens, en la purifiant de
toute attache et de toute affection au péché, pour y placer
la véritable arche d’alliance qui est le Fils de Dieu fait homme,
dans l’Eucharistie. Je préfère un cœur pur à des tabernacles
de pierre ou de bois doré, j’y établis ma demeure avec plaisir;
et Dieu, mon Père, manifeste dans ce cœur sa présence et
la mienne, car il est partout où je suis, par les pensées,
les désirs et les œuvres de celui en qui nous habitons. Aussi, que
de sacrifices offerts à mon Père par celui qui nous reçoit
et en qui nous habitons; sacrifices du cœur, sacrifices de la volonté,
sacrifices des passions, sacrifices de l’amour-propre. C'est une victime
qui s’immole sans cesse.
« Quelle beauté dans cette âme! Elle surpasse
de beaucoup celle du temple de Salomon, et il doit en être ainsi.
De quelle honte ne seront pas couverts un jour ceux qui verront la différence
de leurs sentiments d’avec ceux des Juifs? Ceux-ci les couvriront de confusion
et se révolteront contre eux au dernier jour.
« Recevez-moi souvent et d’après le conseil de
votre directeur. Je serai en vous l’arche de l’alliance véritable
entre vous et mon Père, et rien ne brisera cette alliance qui durera
à jamais.
CHAPITRE XI
Il m’a dit encore : « Les Madianites étaient les
ennemis du peuple de Dieu; ils ravageaient et désolaient leur terres.
Ils sont l’image des passions qui sont comme l’ennemi de l'homme. Quand
Dieu par le baptême fait entrer l'âme dans la véritable
terre promise, en éloignant le péché et lui donnant
la grâce, il n’éloigne pas à ce point les passions
et l’inclination au mal que l'homme n’ait plus rien à opérer.
Non, l'homme doit toujours demeurer uni à Dieu.
« S’il se révolte, Dieu le livre encore aux Madianites,
c'est-à-dire aux passions, aux mouvements déréglés,
à l’entraînement au mal, à ses péchés.
Ce n’est qu’à l’heure du repentir et de la contrition que Dieu le
délivre, comme il délivrait les Juifs alors qu'ils revenaient
à lui. »
CHAPITRE XII
Une autre fois il me parla ainsi : « Ma fille, les Juifs
captifs à Babylone soupiraient sans cesse vers Jérusalem,
leur patrie, désirant se voir encore réunis dans le temple
du Seigneur. C'est ainsi qu'ils se préservèrent de l’idolâtrie
des Babyloniens.
« Il en est de même de l’âme chrétienne.
L'homme dès le commencement était chez lui, parce qu'il n’avait
point péché; mais sa révolte l’éloigna de l’état
de grâce pour le reléguer dans la Babylone du péché,
dans la disgrâce de Dieu, l’éloignement du ciel. Je suis venu
le délivrer, et à la vue des effets et des malheurs du péché,
à la vue de ce qu'il possède par la grâce et de ce
qui l’attend au ciel, il s’écrie : Assis sur les bords du fleuve
de Babylone, je versais des pleurs au souvenir de Sion. O sainte Jérusalem,
si jamais je t’oublie, que ma main droite se sèche, que ma langue
s’attache à mon palais! Puis, considérant le monde et ses
abominations, elle lui dit en personnifiant tous ses crimes : Heureux celui
qui prendra tes enfants et les brisera contre la pierre!
« Ma fille, la grâce, la vie de la garce est la
vie de la liberté; le péché est l’esclavage de l’âme.
Soyez libre, et vous jouirez un jour de la vie dans le ciel, votre patrie.
»
CHAPITRE XIII
Voici ce que me dit un jour le Sauveur Jésus : «
La gloire et la grandeur éblouirent tellement Nabuchodonosor qu'il
s’imagina que sa puissance était au dessus de toute puissance. Dieu,
pour le punir, le réduisit non seulement au dernier rang parmi ses
sujets, mais encore au rang des animaux sans raison, lui donnant le même
toit, les mêmes vêtements et la même nourriture.
« Il est des hommes qui ne poussent point l’orgueil et
la fatuité comme ce prince jusqu’à se faire offrir de l’encens,
mais ils recueillent précieusement tous les honneurs, toutes les
louanges qui leur sont adressées, et au lieu de tout rapporter à
Dieu, ils rapportent tout à eux-mêmes. Tout est orgueil en
eux, dans leur démarche, dans leurs regards, dans leurs paroles,
dans leurs pensées et leurs actions. Dieu s’élèvera
contre eux et les réduira, non plus au rang des animaux dénués
d’intelligence, mais au rang des démons.
« Si vous voulez toujours avoir part aux bienfaits de
Dieu, vivez dans l’humilité, et les bienfaits qu'il vous accordera
dans le temps ne seront que l’avant-goût des biens qu'il vous donnera
dans l’éternité. »
CHAPITRE XIV
Un autre jour le Sauveur Jésus me parla ainsi : «
Ma fille, le roi Assuérus ayant résolu de perdre la nation
juive, Mardochée conseilla à Esther, sa nièce et l’épouse
d’Assuérus, de demander grâce pour le peuple juif. Elle se
présenta devant le roi, et, saisie de frayeur, elle tomba évanouie.
Le roi lui fit aussitôt prodiguer des soins; Esther reprit ses sens
et retomba de nouveau sans connaissance. Le roi, ému de compassion,
lui promit de lui accorder tout ce qu'elle demanderait. C'est ainsi qu’Esther
put sauver son peuple.
« Ma fille, je vous le dis en vérité, il
est quelquefois assez d’une âme qui se présente devant Dieu
dans la crainte et le tremblement, et qui lui adresse ses supplications,
pour arrêter son bras vengeur déjà levé contre
une nation tout entière.
« Priez, ma fille, priez beaucoup pour la France : le
nombre de ses iniquités s’accroît de jour en jour; priez pour
elle, et désarmez le courroux de mon Père. Joignez-vous aux
âmes pieuses et saintes qui lui adressent leurs incessantes supplications.
Si Dieu veille sur la France et la protège malgré ses iniquités,
ce n'est qu’en vue des prières et des supplications nombreuses qui
lui sont adressées, et qui montent jusqu’à lui pour le fléchir.
»
CHAPITRE XV
C'est ainsi que le Sauveur Jésus a voulu m’instruire,
tantôt par des exemples, tantôt par des figures, des images,
tantôt enfin par la vue claire et nette de ce qu'il m’avait appris
ou de ce qu'il voulait lui-même m’enseigner.
« J’ai tâché de tout exprimer selon que je
le trouvais gravé dans mon cœur et ma mémoire. Il est bien
des instructions, probablement, qu'il m’a adressées et que je n’ai
point consignées dans ces cahiers. J’ai tâché d’y supplier
par les lettres que j’ai écrites à mon directeur, qui ne
sont autre chose que la suite des instructions renfermées dans mes
cahiers, ou bien des instructions que j’écrivais le jour même
où je les avais reçues.
J’ai écrit selon que mon esprit me le rappelait. Ce que
je sais, c'est que le Sauveur m’a promis dès le commencement de
m’instruire de la véritable science, de la science du salut. Il
devrait donc y avoir, dans ce que j’ai écrit par obéissance
à mon directeur et aussi par obéissance à mon Sauveur,
de quoi satisfaire les désirs de toute intelligence appliquée
à son salut, de toute âme qui tend vers Dieu. Il sera facile
de suppléer à ce qui manque; il sera facile surtout de disposer
mes écrits de manière à ce qu'ils puissent être
livrées aux fidèles et qu'ils en retirent un grand fruit.
C'est là la promesse que me fit le Sauveur Jésus,
alors qu'il m’entretint à peu près en ces termes : «
Ma fille, c'est moi-même qui ai inspiré à votre directeur
de vous faire écrire ce que vous éprouviez et ce que vous
entendiez. Je vous ordonne de lui obéir comme vous l’avez fait jusqu’à
ce jour. Je désire que les instructions que je vous ai données
soient livrées plus tard aux âmes qui auront de la dévotion
à mon Cœur sacré. Conservez-les toutes précieusement.
Je veux me servir de vous comme d’un instrument, et je rendrai votre nom
illustre parmi les dévots au sacrement de mon amour. Néanmoins,
ne vous enorgueillissez point de mes faveurs. Par vous-même vous
ne savez rien; vous tenez tout de moi, de quoi vous glorifieriez-vous?
Je vous défends de jamais parler de ce que vous avez éprouvé
à d’autres qu’à votre directeur et à ceux qui seront
préposés à la direction de votre âme. Livrez
et abandonnez vos manuscrits à celui qui vos dirige en ce moment.
C'est lui qui les conservera jusqu’à l’heure que j’ai déterminée,
et que je lui ferai connaître, pour les livrer aux âmes qui
me sont attachées comme à leur seul bien véritable
ici-bas. »
J’ai fait selon les commandements que j’ai reçus. Je
l’ai fait, et je n’ai eu d’autre désir en le faisant que de faire
la volonté de Dieu. J’ai eu aussi un autre désir, celui de
rendre, autant que cela pouvait dépendre de moi, gloire, honneur
et louange à jamais à Jésus, au saint sacrement de
son amour. Amen.
SOURCE : http://jesusmarie.free.fr/ |