CHEMIN DE SAINTETÉ

adveniat regnum tuum

Troisième partie
LES Œuvres
DE Marie Lataste
(1822-1847)

 

Chapitre II
 

Le Verbe de Dieu fait homme

 

7
L'Eucharistie

 

7-1-Le sacerdoce du Christ  (Livre 2, chapitre 13)

Marie Lataste lisait les paroles du Psalmiste: "Le Seigneur l’a juré, et il ne s’est point repenti de son serment. Vous êtes prêtre selon l'ordre de Melchisédech." Le Seigneur Jésus lui fit comprendre que ces paroles le concernaient, car lui seul est ce prêtre éternel selon l'ordre de Melchisédech, qui a été oint de l’huile du Seigneur, sacré roi et prêtre par Dieu le Père.

Jésus dit: "Je suis venu sur le Calvaire remplir ma fonction de prêtre en lui offrant le sacrifice de ma vie, comme un sacrifice d’agréable odeur et seul capable de l’apaiser. Je fus ainsi prêtre et victime tout à la fois. Prêtre et Dieu, je m’adressais à Dieu, et lui offrais pour victime un Dieu immolé pour sa gloire. Ce sacrifice du calvaire, je le renouvelle chaque jour par le ministère du prêtre au saint sacrifice de l’autel, qui est une représentation du sacrifice de la croix. Là, je ne m’offre plus d’une manière sanglante comme sur la croix, mais, c'est néanmoins un véritable sacrifice qui est offert, et je suis là encore prêtre et victime, sacrificateur et sacrifié, Dieu immolant et Dieu immolé. C'est toujours la même victime qui est offerte à Dieu, parce que c'est la seule qui lui soit agréable, la seule qu'il demande, la seule qu'il veuille accepter."

Tous les chrétiens, en assistant à la messe, peuvent offrir à Dieu la victime de l'autel, pour le glorifier, pour l'aimer de plus en plus, et de plus en plus satisfaire pour leurs péchés ainsi que pour les offenses de leurs parents et amis, et de tous ceux pour qui ils ont quelque obligation particulière de prier. Ils peuvent offrir à Dieu la victime de l’autel pour le remercier de toutes les grâces qu'ils ont reçues de Lui, et pour Lui demander les grâces qui leur sont nécessaires, à eux et à tous leurs parents et amis, ainsi qu'à la sainte Église, ou pour les âmes du  Purgatoire.

Jésus va plus loin encore: "Le sacerdoce, selon l’ordre de Melchisédech, vous donne, ma fille, la continuation du grand bienfait de la rédemption. Ce sacerdoce, dans sa plénitude, réside en moi. Je l’ai déversé sur mes apôtres, et mes apôtres, par eux et leurs successeurs, l’ont transmis et le transmettront à jamais, jusqu'à la fin des temps, à ceux qui seront élus par mon Père, afin que, par toute la terre, l’oblation sainte lui soit offerte jusqu'à la consommation des siècles... Tous les effets du sacrifice de mon sacerdoce... sont tous contenus dans le sacrement de mon amour, sacrement qui perpétue le sacrifice de la victime immolée sur le Calvaire par les mains du souverain prêtre, qui était à la fois Fils de Dieu et Fils de l'homme." (Livre 2, chapitre 13)

7-2-Le sacrement de l'amour  (Livre 2, chapitre 14) 

Jésus parle de son sacrement d'amour qui est comme le trésor de sa miséricorde. Pourtant les hommes ne le reconnaissent pas et Jésus se plaint: "Ah! ma fille, je suis tout amour pour les hommes dans ce sacrement, et eux, ils n'ont que de la froideur pour moi!… J’épanche quelquefois mon cœur dans le vôtre, prenez part à ses sentiments, vous que j’ai mise au nombre de mes amis et de mes confidents. Tandis que mon cœur brûle d’amour pour les hommes, quelle n'est pas leur indifférence! Je leur fais entendre ma voix... par mes serviteurs et par ma grâce: ils méprisent ma grâce, ils méprisent mes serviteurs... Ah! pourquoi donc faites-vous ainsi? Que vous ai-je fait pour que vous me traitiez de la sorte? De quoi vous plaignez-vous?... Quelle est la raison qui vous oblige à m’abandonner?... Pour vous, ma fille, qui connaissez ces choses, aimez-moi, unissez-vous à mes serviteurs... réparez en quelque sorte l’indifférence des autres...

Ne croyez-vous pas qu'il faille toute la force de l’amour d'un Dieu pour rester toujours dans ce sacrement, malgré les sacrilèges, les outrages, les irrévérences, les injures que j’y reçois tous les jours et à toutes les heures?... Sachez que je connaissais jusqu'à la moindre parole, jusqu'à la moindre pensée de mépris, les offenses contre mon Père et contre moi-même... Mais je voyais une infinité de biens produits par ce sacrement: tant de malades y trouveront leur remède et leur guérison; tant de faibles, la force; tant de pécheurs, le sceau de leur réconciliation et de leur sanctification; tant de justes, leur consolation et de nouvelles grâces pour se sanctifier davantage!... La vue... de tant d'âmes qui ne seraient pas sauvées sans ce sacrement, me le fit instituer malgré tous les outrages, tous les mépris que j'y recevrais! Ah! Ne faut-il pas toute la force de l'amour d’un Dieu, ne faut-il pas un amour comme celui d’un Dieu pour faire une pareille chose, et cela sans jamais se démentir?"

Brusquement Jésus s'adresse directement à la mystique qu'il s'est choisie: "Allons, ma fille, resserrons de nouveau les doux liens qui nous unissent. Aimez-moi de plus en plus: nous avons eu le bonheur d'être unis si souvent!... Vous ne pourrez jamais comprendre le plaisir que j'ai à visiter les âmes qui m’aiment..."

Dans le sacrement de l'Eucharistie Dieu montre sa puissance. Jésus explique: "Cette petite hostie est ce qu'il y a de plus auguste dans la religion, puisqu’elle renferme Dieu lui-même, toutes les perfections de Dieu, tous mes mérites, en sorte que celui que la reçoit peut dire: je possède dans mon cœur Celui qui a tout fait, qui soutient tout, Celui que le ciel et la terre ne peuvent contenir, tous les mérites de mon Sauveur, enfin je possède tout..."

Dans le mystère de l’Incarnation, Dieu... cache sa divinité en prenant la nature humaine. Mais dans ce sacrement, il cache sa divinité et son humanité sous la forme d'un peu de pain. Jésus est dans mille hosties, aussi bien que dans une; il est également présent dans tous les lieux où il y a une hostie consacrée.

Jésus s'écrie: "Quel amour pour les hommes! Non content de prendre leur forme et de vivre au milieu d’eux... et d'être mort pour eux, je ne peux me résoudre à me séparer d’eux. Et comme l'amour est insatiable et ne peut se satisfaire que dans l'amour même, qu’un cœur dévoré et consumé par l'amour ne peut se désaltérer qu’en aimant davantage, ainsi j’instituai ce divin sacrement, afin d’être toujours auprès d’eux pour les aider, les fortifier et les assister dans leurs besoins... Je ne suis pas dans mon sacrement pour quelques-uns, dans quelques endroits en particulier, ou pour quelque temps, mais pour tous, par toute la terre, et dans tous les temps que le monde subsistera...

C’est dans ce sacrement de son amour que le Seigneur a ouvert le trésor de sa miséricorde... Dans cette hostie sont toutes les perfections de Dieu, toutes les vertus, toutes les grâces, puisque celui qui y réside est l'auteur de la grâce et le Dieu des vertus. C’est là que Dieu aime à faire miséricorde, y étant par bonté et par miséricorde... Ah! ma fille, je vous le dis en Vérité, si les hommes sont si faibles, si dépourvus de vertus, c'est qu'ils ne demandent pas assez: la plus grande partie se rassemble dans ma maison, dit quelques prières, avec quelque ferveur, parfois; d’autres les disent du bout des lèvres, dans l’égarement et la dissipation de leur esprit. Et comment voulez-vous qu'un Dieu jaloux et juste puisse recevoir et exaucer ces prières?...

J'ai dit: 'Venez à moi, vous tous qui êtes chargés, et je vous soulagerai.' J’invite non seulement les justes, mais encore les pécheurs, pourvu qu'ils veuillent renoncer sincèrement à leurs péchés... et à leurs habitudes coupables... et je suis prêt... à déverser sur eux toute la miséricorde de mon cœur, à leur donner tout mon amour, à les prendre dans mes bras comme des brebis errantes retournées au bercail... N’est-ce point un mystère insondable de miséricorde divine que l'abaissement par lequel le Fils de Dieu se met tout entier à la disposition des hommes avec tout ce qu'il est, avec tout ce qu'il a?..."

7-3-Il faut recevoir ce sacrement dignement

Cet enseignement de Jésus, si important, se renouvela durant plusieurs jours. Tous les aspects du sacrement de l'Eucharistie furent abordés y compris les problèmes de discipline, car c'est dans le sacrement de son amour que le Seigneur fait connaître la sévérité de ses jugements et la rigueur de sa justice envers ceux qui le profanent. Jésus dit: "Ces jugements retomberont sur deux sortes de personnes: sur celles qui ne me reçoivent pas et sur celles qui me reçoivent indignement. Les premières sont dans un état de mort... Celui qui ne mange point ma chair eucharistique et ne boit point mon sang, n’aura point la vie; il meurt chaque jour davantage. Quant aux sacrilèges, on ne peut trouver de termes pour exprimer la noirceur de leur crime..." 

Jésus va très loin dans sa condamnation: "De quels châtiments ne vous rendez-vous pas dignes, que vous soyez instruits ou ignorants? Vous qui êtes instruits et qui connaissez mieux la grandeur de ce sacrement, vous êtes plus coupables, ministres de Satan, que les docteurs et les princes des prêtres, puisque vous devez connaître mieux qu’eux ma divinité. Ils me livrèrent entre les mains des hommes, et vous me livrez entre les mains de mes plus grands ennemis, les démons. Et vous, qui êtes ignorants, faites-vous instruire. Êtes-vous si ignorants que vous ne sachiez pas que recevoir ce sacrement en état de péché mortel, c'est faire un sacrilège?

Celui qui communie indignement se rend coupable du sang d’un Dieu... et sur sa tête pèse la justice. La communion indigne est un si grand péché que tout le monde en a horreur; et cependant, il n'y a rien de plus ordinaire... Celui qui communie indignement tombe dans une indifférence, qui le rend insensible à tout... et le conduit dans une léthargie mortelle... La plus grande partie de ces gens-là meurt dans cette insensibilité, et souvent en pensant à toute autre chose qu’à moi... Ainsi, il est vrai de dire que le Seigneur fait paraître dans ce sacrement la sévérité de ses jugements et la rigueur de sa justice. Il ne punit aucun autre péché aussi sévèrement que la communion sacrilège. Enfin, tout est renfermé dans ces paroles que j'ai dites: 'Celui qui me reçoit indignement mange et boit sa condamnation'."

7-4-Les communions indignes. L'idole de Dagon (Livre 13, chapitre 7)

Le Sauveur Jésus parla encore de la communion indigne. Il dit: "Ma fille, ceux qui me reçoivent indignement imitent les Philistins, qui s’étant emparés de l’arche d’alliance la placèrent dans leur temple près de l’idole de Dagon. Oui, ma fille, on me place non seulement près d’une idole, mais encore près de Satan. Qui pourra comprendre l’énormité de ce crime et les châtiments qu'il attire sur celui qui le commet?

Vous savez, ma fille, que je suis réellement présent dans la sainte hostie avec ma divinité et mon humanité, avec toutes mes grâces et tous mes mérite. Or, je vous le dis en vérité, le crime de celui qui prendrait une hostie consacrée pour la fouler aux pieds ou la couvrir d’injures serait inférieur au crime de celui qui me reçoit dans un cœur impur et souillé. Quelle témérité, quelle insolence, quelle audace! Oui, ma fille, la communion indigne est le plus grand de tous les crimes; tous les autres ne sont qu'une attaque à la loi de Dieu; celui-ci est une attaque contre Dieu lui-même.

Communier indignement, c'est me couvrir d’ignominie, d’injures et d’affronts... c'est prendre mon sang et signer avec ce sang l’acte de renoncement à ma loi, à mes mérites, à ma passion, à ma mort. La communion indigne est, par sa nature, un acte plus coupable que celui des Juifs qui me crucifièrent... car je suis constamment dans le tabernacle à vous attendre pour être votre nourriture, votre vie... Je suis là comme votre Dieu, votre frère et votre ami, et communier indignement, c'est abuser de mon amour et de ma bonté. C'est un crime abominable... Ma fille, autant une communion bonne, fervente et sainte donne à l'âme grâces et bénédiction0s, autant une communion indigne et sacrilège attire sur elle la malédiction et la colère de Dieu." (Livre 13, chapitre 7)

Marie Lataste avoue être très malheureuse quand elle pense aux pécheurs, aux injures que Jésus reçoit, et à la peine qui l'afflige; alors, elle souffre plus que la mort... Jésus lui dit: "Ma fille... vous avez raison de vous attrister à la vue des outrages que je reçois, à la vue de l’ingratitude et de l’indifférence des pécheurs, à la vue surtout des nombreux sacrilèges qui se commettent chaque jour. Vous vous attristeriez bien plus encore si vous compreniez la grandeur et la réalité des offenses que je reçois, mais vous ne pouvez le comprendre: votre intelligence est trop bornée pour cela et même votre amour encore trop faible..."

D'où le conseil: "Ah! du moins, pénétrez chaque jour de plus en plus dans mon cœur: étudiez-en chaque jour de plus en plus tous les secrets et toutes les amabilités... Vous me dédommagerez ainsi, ma chère fille, de l’indifférence de tant d’autres par l'ardeur de votre amour. Ma fille, ma bien-aimée, l’épouse de mon cœur... Pourquoi m’est-il agréable de vous donner de si hauts témoignages de mon amour? C'est pour que vous ne me refusiez rien... pour que vous soyez humble comme moi, soumise et obéissante comme moi, sainte comme moi, en un mot, pour que vous m’aimiez comme je vous aime." (Livre 2, chapitre 14)

7-5-Notre âme a soif du Dieu vivant...

Le sacrement de l'Eucharistie, mystère ineffable de miséricorde pour le temps et pour l’éternité, permet, à ceux qui le reçoivent avec amour, de resserrer leurs liens avec Jésus. Jésus parla de l'attrait que beaucoup ressentent près du tabernacle. L'âme est "comme le cerf altéré qui soupire après une source d’eau vive", et qui la trouve près du saint Sacrement. L'âme ressent aussi le besoin d’épancher son cœur dans celui de Jésus, de lui parler comme à un ami.  On comprend les réflexions de Marie Lataste disant à Jésus présent dans l'hostie consacrée: "Vous êtes tout pour moi, mon Dieu, et je comprends bien la vérité des paroles de votre Prophète, qui s’écriait: 'Mon Dieu, que vos tabernacles sont pleins d’amabilité: un seul jour passé près de vous vaut mieux que mille passés sous les tentes des pécheurs.' Votre cœur est tout brûlant d’amour... et je suis toujours heureuse... quand je ne pense qu’à vous... parce que je sais que vous m’aimez et que je veux vous aimer de plus en plus."

Un autre jour, Marie Lataste, très émue par les paroles du Sauveur Jésus, "se sentit pénétrée par une force intérieure qu'elle n’avait encore jamais ressentie encore et... elle fut saisie du plus profond respect pour la présence de Dieu... À la consécration, elle vit Jésus descendre sur l’autel couvert de gloire et les mains pleines de grâces." Un ange prit ces grâces des mains du Sauveur et les répandit sur les fidèles, et spécialement sur Marie. Son bonheur était immense. Elle se sentait transformée tant son âme était pleine de Dieu, son cœur plein de Dieu, tout son être plein de Dieu. Au moment de la communion, elle se reposa sur Jésus et s’endormit comme un enfant près de sa mère; cependant ce sommeil n’était pas un sommeil véritable. Ce n’était pas le réveil non plus. Qu’était-ce? Marie Lataste fut  incapable d'exprimer son bonheur.

   

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