LA VOIE MYSTIQUE

adveniat regnum tuum

Sœur Marie de Saint-Pierre
(Perrine Éluère)
1816-1848

JOURNAL SPIRITUEL

37
“Les plaies que me font les péchés...”

« Depuis une quinzaine de jours, Notre-Seigneur m’avait mise en retraite; il ne s’était point communiqué à mon âme d’une manière extraordinaire; j’étais tout occupée à me renouveler dans mon intérieur, et à  m’humilier à la vue de mes nombreuses infidélités. Ayant fait hier la confession de toutes ces fautes, je me suis ce matin approchée de la sainte Communion, avec la ferme résolution d’être plus fidèle. Comme l’enfant prodigue, je me suis humiliée en disant: “J’ai péché.” Puis, comme je voulais m’anéantir, et le considérer couvert de gloire, il a prononcé ces paroles:

Ah! ma fille, considérez-moi plutôt couvert de plaies que me font les pécheurs.

Et à l’instant il m’a semblé le voir en cet état; alors il m’a dit:

Ma fille, approchez et prêtez l’oreille...

Et ce divin Sauveur m’a fait entendre ces lamentables plaintes, qui m’ont brisé le cœur et fait verser un torrent de larmes:

Je ne suis point connu, je ne suis point aimé, on méprise mes commandements.

Et il a ajouté ces mots, qui me font frémir:

Les pécheurs sont enlevés de ce monde comme des tourbillons de poussière que le vent emporte, et sont précipités dans l’enfer ; ayez pitié de vos frères, priez pour eux ; essuyez, par votre amour, le sang qui coule de mes plaies ; aimez-moi et ne craignez point ; quand vous élevez votre cœur vers moi par l’amour, je le reçois dans mes mains, alors il est en sûreté.

Ensuite il m’a insinué qu’il était content de ma petite retraité, et il a ajouté:

Si les méditations que vous avez faites vous ont fait trouver en vous tant de défauts, pensez à une foule de malheureux qui ne méditent jamais ces grandes vérités. Ainsi, travaillez pour vous et pour eux ; faites comme une mère qui ne saurait prendre de nourriture sans partager avec son enfant.

Voilà ce que Notre-Seigneur m’a fait entendre. Oh! que cette perte éternelle des pécheurs me touche vivement! Que je désire ardemment devenir une bonne carmélite pour en gagner beaucoup à Dieu! Aidez-moi, s’il vous plaît, ma Révérende Mère, n’épargnez point mon orgueil et mon amour-propre; il est grand temps que j’immole toute cette méchante nature pour me revêtir de Notre-Seigneur Jésus-Christ. »[1]


[1] Document B. Lettre XXI.

   

 

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