« Il y a près de
huit mois que Notre-Seigneur ne s’était communiqué à mon âme au
sujet de cette œuvre (de la Réparation); Il me conduisait
par une voie de sécheresse et de ténèbres et de tentations. J’ai
cependant continué, par la grâce de Dieu, à faire réparation à
son divin Nom pour les blasphémateurs. Mais je confesse avoir un
peu tombé dans les pièges de Satan, qui faisait tout ce qu’il
pouvait pour m’en dégoûter. Après m’être humiliée devant Dieu de
ma négligence, en priant Notre-Seigneur de vouloir bien se
choisir un plus digne instrument, ce divin Sauveur a bien voulu
alors me favoriser de nouvelles lumières malgré mon indignité,
en me faisant connaître l’état déchirant où le mettent les
blasphémateurs, le désir qu’Il avait de l’établissement de cette
œuvre de Réparation pour la gloire de son divin Père.
Notre-Seigneur m’a fait entendre qu’il fallait sans cesse prier
Dieu par les mérites de son Fils et le désir de sa gloire qu’Il
avait quand Il était sur la terre, pour obtenir cette œuvre à la
gloire se son Nom. Ce divin Sauveur m’a fait entendre que les
hommes ne sont pas capables de comprendre l’injure que Dieu
reçoit par ce péché de blasphème;
et Il m’a fait entendre que ces pécheurs Lui perçaient le Cœur
et faisaient de Lui un second Lazare, couvert de plaies. Il m’a
invité à imiter les chiens qui consolaient le pauvre, en venant
lécher ses plaies. Il m’a fait comprendre que je Lui rendais un
grand service en employant ma langue à glorifier tous les jours
les saint Nom de Dieu, méprisé et blasphémé par les pécheurs,
sans considérer si cet exercice me donnait des consolations
intérieures, mais de penser qu’il cicatrisait ses divines plaies
et Lui causait une grande satisfaction. Il me semblait qu’Il me
disait :
— Faites tous vos
efforts pour l’établissement de cette œuvre. Je vous donne tous
mes mérites pour l’obtenir de mon Père; demandez en mon Nom et
elle vous sera accordée... ».
« C’est dans le
Sacré-Cœur de Jésus que j’ai trouvé cette Œuvre de la
Réparation: c’est aussi dans ce divin Cœur brûlant de zèle pour
la gloire de son Père, que je la remets, par les mains de la
très Sainte Vierge et du glorieux saint Joseph, sous la
protection des Anges et des Saints, en implorant la divine
miséricorde de Dieu, qui a daigné se servir d’un si vil
instrument.
Je déclare avec
simplicité, pour la plus grande gloire de Dieu, que c’est
moi-même, Sœur Marie de Saint-Pierre de la Sainte Famille,
carmélite indigne, qui ai reçu ces lumières pour l’Œuvre de la
Réparation des blasphèmes, malgré mon indignité, et qui les ai
écrites dans ce présent cahier, par obéissance à mes Supérieurs
et pour la plus grande gloire de Dieu, et aussi l’acquit de ma
conscience; car je tremble à la vue de la mission que Dieu
m’a imposée. Elle doit sauver bien des âmes, si les desseins de
Dieu sont accomplis. Je déclare aussi que j’ai parlé dans la
vérité et dans la simplicité de mon âme et que j’en ferais le
serment s’il était nécessaire pour la gloire de Dieu.
Maintenant, je crois inutile de garder ces lettres que j’ai
exactement copiées ; c’est pourquoi je vais les brûler. »
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