« Vendredi 3
novembre — premier vendredi du mois —, j’eût le bonheur de faire
la sainte Communion pour l’accomplissement des desseins du
Sacré-Cœur de Jésus, selon le voeu que notre Révérende Mère a
fait pour un an: que chaque vendredi, deux religieuses
communieraient à cette intention.
Aussitôt que
l’on exposa le Saint-Sacrement, Notre-Seigneur recueillit les
puissances de mon âme dans son divin Cœur et me fit entendre
qu’Il désirait que la dévotion de la réparation soit imprimée,
répandue et que ce soit la Communauté qui lui rende ce service,
puisqu’elle désirait l’accomplissement des desseins de son Cœur
et priait pour cela ; qu’il était juste qu’elle eût l’honneur de
donner naissance à cette dévotion. Alors, il se passa en moi
quelque chose de bien extraordinaire. Mon âme était dans le Cœur
de Jésus comme dans une fournaise embrasée; il me semblait
qu’elle eût pour quelques instants quitté son misérable corps
afin de se réunir à Dieu; elle se trouvait délicieusement
perdue, anéantie en lui; elle sentait vivement qu’il était son
principe et sa bienheureuse fin. Je ne pouvais plus agir; je
disais seulement intérieurement :
—
Mon Dieu, que vos opérations sont
admirables! Vous n’êtes point un Dieu si caché!
J’aurais
ajouté volontiers :
—
Seigneur, qu’il fait bon ici! dressons-y trois tentes pour y
tenir captives les trois puissances de mon âme.
Voilà ce que
j’ai éprouvé pendant la messe; ayant eu le bonheur de recevoir
la sainte Communion, j’ai pris la liberté de dire :
—
Maintenant, mon Seigneur, que me
voilà plus proche de vous, si vous vouliez bien me répéter ce
que vous m’avez dit au commencement du sainte sacrifice ?
Mais j’ai
senti qu’il ne le voulait pas en ce moment; alors je me suis
unie à ce qu’il opérait en moi par cet anéantissement dont j’ai
parlé. Il a semblé me déclarer, après quelques instants, qu’il
avait gardé le silence pour m’avertir qu’il n’était pas en mon
pouvoir d’entendre cette parole intérieure quand je voulais.
Après cette petite leçon, il a continué :
— Ma fille,
vous m’avez plus offensé, vous avez plus blessé mon cœur que
toutes vos sœurs ensemble, en mettant obstacle à mes desseins
sur votre âme ; maintenant tâchez de les surpasser toutes en
amour et en zèle pour les intérêts de ma gloire. Ce n’est pas
pour vous troubler que je vous découvre vos péchés; ayez
confiance, je les oublierai tous. Voici deux raisons pour
lesquelles je veux me servir de vous : d’abord, parce que vous
êtes la plus misérable ; ensuite, parce que vous vous êtes
offerte à moi pour accomplir mes desseins ; cette offrande a
gagné mon Cœur. Soyez humble et simple ; faites connaître vos
misères, cela même servira à ma gloire.
Il me fit
entendre aussi qu’il voulait me sanctifier, et que la réparation
des blasphèmes serait imprimée et répandue. Jusqu’alors il
m’avait dit de demander à mes Supérieurs l’impression de ces
prières; mais dans ce moment, il voulut bien me donner
l’assurance que j’aurais la consolation de voir son désir
accompli.
Voilà à peu
près ce qui s’est passé: cette communication a produit en moi un
profond sentiment d’anéantissement et de mépris pour moi-même. »
« Le divin
Maître m’a dit de vous demander si vous voulez bien lui arracher
la glaive des mains: car les épouses ont tout pouvoir sur le
cœur de l’Époux. Il veut que vous fassiez faire à la communauté
une neuvaine de réparations pour les blasphèmes. S’il choisit
cet asile pour exhaler ses soupirs, c’est afin de recevoir de
vous des consolations. Il me semblait lire dans son Cœur qu’il
avait grand désir de cette œuvre, afin d’accorder miséricorde.
Notre-Seigneur désire que ce soit la communauté qui couvre les
frais de cette impression, pour la combler ensuite de plus
grandes bénédictions et le lui rendre au centuple. Je ne peux
porter davantage ce lourd fardeau. Je le dépose avec confiance
entre vos bras, ma Révérende Mère, et je vous prie bien
humblement d’examiner cette affaire devant Dieu; car je crois
qu’il veut que vous lui rendiez ce service. Pour moi, voilà ma
commission faite et mon âme déchargée. »
« Notre
Révérende Mère ayant aperçu en moi un trop grand empressement et
de trop vifs désirs pour propager la réparation dur au saint Nom
de Dieu, et m’ayant fait voir comme j’étais orgueilleuse de
demander qu’on imprimât et qu’on répandit les prières propres à
cette œuvre, tandis qu’il y avait tant de belles prières
composées par les saints Pères, me défendit de m’en occuper
davantage et elle eut la bonté de m’imposer une pénitence pour
l’expiation de mes péchés. Pendant cette très charitable
correction et une seconde que je dus encore recevoir au
chapitre, je ne sais, grâce à Dieu qui a eu pitié de sa petite
commissionnaire, ce qu’était devenue ma méchante nature, qui est
si orgueilleuse, car tous les compliments du monde ne sauraient
me procurer la joie intérieure que j’éprouvais. J’ai tâché
d’entrer dans les sentiments que la charité de notre bonne Mère
me proposait. Je me suis humiliée devant Notre-Seigneur; je lui
ai fait le sacrifice de ne plus solliciter l’établissement de
cette dévotion et de ne plus m’en occuper, afin d’être bien
obéissante.
Notre-Seigneur m’attirait toujours à compatir aux douleurs de
son Cœur: car si ce divin Maître était capable d’éprouver des
amertumes, il serait triste jusqu’à la mort en voyant que les
hommes, loin de s’unir à lui pour suppléer à leur impuissance,
et ainsi aimer et glorifier son Père céleste, blasphèment
continuellement son saint Nom et s’unissent à Lucifer et aux
réprouvés. Combien, au contraire, Notre-Seigneur serait
satisfait si quelques enfants fidèles et reconnaissants se
joignaient à lui dans le Sacrement de l’autel et aux saints
Anges, pour aimer et bénir le Nom de ce Père qu’il aime si
tendrement ! C’est dans ces sentiments que je faisais au saint
Nom de Dieu mes petites dévotions particulières, m’unissant
toujours au Cœur de Jésus, aux anges et aux saints, trouvant en
cette compagnie un riche supplément à mon indignité. Je les
dépose ensuite dans le Sacré-Cœur par les mains de Marie et de
Joseph, priant notre adorable Sauveur de les multiplier par
millions, avec la même puissance qui lui fit multiplier les
pains dans le désert.
Dans le même
but, Notre-Seigneur m’a inspiré une couronne ou chapelet
composée de prières de réparation. Un jour, pendant la sainte
messe, ce divin Maître m’a recueillie dans son Cœur, et il m’a
semblé le voir me présenter ce chapelet qui me paraissait être
d’or fin et enrichi de pierres précieuses. Mais, me trouvant
bien indigne de posséder un si grand trésor et craignant d’être
assaillie par les voleurs, c’est-à-dire par le démon et ses
suppôts, j’ai prié la très sainte Vierge de vouloir bien me
garder ce beau chapelet dans son aimable Cœur, et j’ai prié le
Sauveur de lui appliquer des indulgences. Je crois que cette
couronne est très agréable à Notre-Seigneur et très peu du
goût de Satan. Je n’ajoute pas foi aux songes, mais depuis que
je m’applique à la dévotion du saint Nom de Dieu et que je prie
pour la conversion des blasphémateurs, voilà deux fois que je
vois en rêve les démons sous la figure d’animaux furieux prêts à
me dévorer: je ne me sauve de leurs dents que par l’invocation
de Notre-Seigneur et de la très sainte Vierge. Peut-être quelque
proie leur est-elle échappée par cette neuvaine de réparation
qu’on a faite en la communauté. Un jour, à l’oraison, le bon
Maître m’avertit de la rage de Satan au sujet de cette dévotion,
et en même temps il me fit entendre ces paroles :
— Je vous
donne mon Nom, pour être votre lumière dans vos ténèbres et
votre force dans vos combats. Satan fera tous ses efforts pour
étouffer cette œuvre dès sa naissance ; mais le très saint Nom
de Dieu triomphera, et les saints Anges gagneront la victoire.
[Pour
l’avenir de l’Œuvre] « je fis une petite lettre que je remis
entre les mains de la sainte Vierge;
depuis ce temps, mon âme est demeurée calme, et j’ai tâché
d’être bien obéissance à notre Révérende Mère. »
A la place du Credo, on dira :
Nous vous adorons, ô Jésus, et nous vous bénissons, parce que
vous avez rachetez le monde par votre sainte Croix.
Sur les trois petits grains de la Croix, on dira :
Que
le très saint Nom de Dieu soit glorifié par la très sainte âme
du Verbe incarné.
Que
le très saint Nom de Dieu soit glorifié par le Sacré-Cœur du
Verbe incarné.
Que
le très adorable Nom de Dieu soit glorifié par toutes les plaies
du Verbe incarné.
Sur les cinq gros grains, on dira :
Nous vous invoquons, ô Nom sacré du Dieu vivant, par la bouche
de Jésus au très Saint-Sacrement, et nous vous offrons, ô mon
Dieu, par les mains bénies de la divine Marie, toutes les
saintes hosties qui sont sur nos autels, en sacrifice d’amende
honorable et de réparation pour tous les blasphèmes qui
outragent votre saint Nom.
Sur chaque petit grain, on dira :
1
Je vous salue, ô Nom sacré du Dieu vivant, par le Cœur de
Jésus au très Saint-Sacrement.
2
Je vous révère, ô Nom sacré du Dieu vivant, par le Cœur de
Jésus au très Saint-Sacrement.
3
Je vous adore, ô Nom sacré du Dieu vivant, par le Cœur de
Jésus au très Saint-Sacrement.
4
Je vous glorifie, ô Nom sacré du Dieu vivant, par le Cœur de
Jésus au très Saint-Sacrement.
5
Je vous loue, ô Nom sacré du Dieu vivant, par le Cœur de
Jésus au très Saint-Sacrement.
6
Je vous admire, ô Nom sacré du Dieu vivant, par le Cœur de
Jésus au très Saint-Sacrement.
7
Je vous célèbre, ô Nom sacré du Dieu vivant, par le Cœur de
Jésus au très Saint-Sacrement.
8
Je vous exalte, ô Nom sacré du Dieu vivant, par le Cœur de
Jésus au très Saint-Sacrement.
9
Je vous aime, ô Nom sacré du Dieu vivant, par le Cœur de
Jésus au très Saint-Sacrement.
10
Je vous bénis, ô Nom sacré du Dieu vivant, par le Cœur de
Jésus au très Saint-Sacrement.
PRIÈRE:
Nous vous invoquons, ô Nom sacré du Dieu vivant, par la bouche
de Jésus au très Saint-Sacrement, et nous vous offrons, ô mon
Dieu, par les mains bénies de la divine Marie, toutes les
saintes hosties qui sont sur les autels, en sacrifice d’amende
honorable et de réparation pour tous les blasphèmes qui
outragent votre saint Nom. »
[Notre-Seigneur], « Il souhaitait, et me demandait cette
donation de moi-même. Il me la demanda pour la première fois
quelques jours après mon entrée en religion. Ses desseins alors
m’étaient inconnus, mais ils commencèrent à se manifester à mon
âme par la communication qui m’a été faite sur l’œuvre de la
réparation du blasphème, et je me sens pressée intérieurement de
faire à Dieu la sacrifice de toute ma personne et de tous les
mérites que je puis acquérir en la sainte maison où j’ai le
bonheur d’habiter. »
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