LA VOIE MYSTIQUE

adveniat regnum tuum

Dix-neuvième lettre

L’apparition de La Salette
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R., le 29 septembre 2004
fête de saint Michel Archange

Très cher ami,

Il m’a paru bon de t’écrire une nouvelle fois ce mois-ci pour t’entretenir de l’apparition de la Vierge Marie à La Salette, car, je n’avais pas pu finir en une seule lettre.

Nous nous sommes quittés au moment où Notre Dame a commencé à parler aux enfants dans le patois de Corps, car ils avaient du mal à comprendre le français.

Il est bon de penser et de croire que la Vierge connaissait ce détail, mais, peut-être pour mieux faire comprendre aux autorités ecclésiastiques qui bientôt allait être appelées à étudier cette apparition, Elle commença son intervention en français, puis continua dans le patois local.

Marie commence par leur donner un conseil, non pas aux enfants eux-mêmes, mais à ceux à qui ils allaient bientôt faire part de ce qu’ils avaient vu et entendu :

« Si vous avez du blé, il ne faut pas le semer. Tout ce que vous sèmerez, les bêtes le mangeront, et ce qui viendra tombera en poussière quand vous le battrez. »

Puis la Mère de Dieu annonce un malheur prochain, qui présage bien d’autres…

« Il viendra une grande famine. Avant que la famine vienne, les enfants au-dessous de sept ans prendront un tremblement et mourront entre les mains des personnes qui les tiendront. Les autres feront pénitence par la famine. Les noix deviendront vides, les raisins pourriront. »

Soudain la Belle Dame continue à parler, mais seul Maximin l'entend ; Mélanie voit remuer ses lèvres mais ne l'entend pas. Quelques instants plus tard, Mélanie, à son tour, peut l'écouter, tandis que Maximin, que n'entend plus rien, fait tourner son chapeau au sommet de son bâton ou, de l'autre extrémité, pousse devant lui de petites pierres. “Pas une n'a touché les pieds de la Belle Dame !” s'excusera-t-il, quelques jours plus tard. “Elle m'a dit quelque chose en me disant : ― “Tu ne diras pas ça, ni ça”. Après je n'entendais rien, et pendant ce temps, je m'amusais.

Donc, la “Belle Dame” a bien confié un secret à Maximin puis à Mélanie…

Le secret confié à Mélanie, mon cher ami, est très fort et très dur à entendre. Je ne t’en parlerai pas ici. Je t’invite à te le procurer directement sur Internet : il y est sur plusieurs sites.

Et de nouveau, la Vierge parle à tous les deux :

― Si ils se convertissent, les pierres et les rochers deviendront des monceaux de blé et les pommes de terre seront ensemencées par les terres.

Puis, après ce message très “terre à terre”, Marie revient à la spiritualité et leur demande :

― Faites-vous bien votre prière, mes petits ?

― Pas guère, Madame ― répondent les deux enfants.

― Ah ! mes petits, il faut bien la faire, soir et matin, ne diriez-vous qu'un Pater et un Ave Maria quand vous ne pourrez pas mieux faire. Et quand vous pourrez mieux faire, dites-en davantage.

Puis Notre-Dame se plaint non seulement du peu de foi de ses enfants mais aussi du travail du Dimanche, le Jour du Seigneur :

L'été, il ne va que quelques femmes un peu âgées à la messe. Les autres travaillent le dimanche tout l'été. L'hiver ; quand ils ne savent que faire, ils ne vont à la messe que pour se moquer de la religion. Le carême, ils vont à la boucherie, comme les chiens.

― N'avez-vous jamais vu du blé gâté, mes petits ?

― Non, madame ― répondent-ils.

Alors Elle s'adresse à Maximin :

― Mais toi, mon petit, tu dois bien en avoir vu, une fois, vers le Coin, avec ton papa. Le maître du champ dit à ton papa d'aller voir son blé gâté. Vous y êtes allés. Il prit deux, trois épis dans sa main, les frotta, et tout tomba en poussière. Et vous en retournant quand vous n'étiez plus qu'à une demi-heure loin de Corps, ton papa te donna un morceau de pain en te disant : “Tiens, mon petit, mange encore du pain cette année, que ne je sais pas qui va en manger l'an que vient si le blé continue comme ça”.

Maximin répond : ― C'est bien vrai, Madame, je m'en souviens maintenant, tout à l'heure, je ne m'en souvenais pas.

Et la Belle Dame de conclure non en patois, mais en français :

― Eh bien, mes enfants, vous le ferez passer à tout mon peuple.

Voila l’une des phrases les plus célèbres de cette apparition mariale ; une phrase qui revêt une très grande importance, quand on connaît tout le contenu du message de La Salette, le secret y compris.

― Vous le ferez passer à tout mon peuple !

Bien entendu, les enfants, lorsqu’ils descendirent de la montagne, se sont précipités chez leurs parents pour leur faire part de ce qu’ils venaient de vivre. Ceux-ci en parlèrent au curé de Corps qui aussitôt les interrogea longuement : ensemble, puis séparément et, comme leurs récits étaient identiques et, comprenant qu’ils n’auraient pas pu inventer une telle “histoire”, le bon curé en fit part à son évêque, Monseigneur Bruillard, évêque de Grenoble.

Après une enquête sérieuse, menée par des experts en théologie, le même évêque décida de donner crédit aux enfants et reconnu l’apparition.

En voici le passage essentiel :

« Nous jugeons que l'apparition de la Sainte Vierge à deux bergers, le 19 septembre 1846, sur une montagne de la chaîne des Alpes, située dans la paroisse de La Salette, de l'archiprêtré de Corps, porte en elle-même tous les caractères de la vérité, et que les fidèles sont fondés à la croire indubitable et certaine ».

Voici, mon ami, un évêque courageux qui ose dire oui à un message céleste. Il n’en sera pas toujours de la sorte et bien des apparitions qui semblent avoir toutes les caractéristiques de la vérité et de leur provenance, restent dans un oubli affligeant et très pénible. Que la volonté du Seigneur soit faite, car Lui seul connaît le pourquoi des choses !

Le retentissement de ce mandement est considérable. De nombreux évêques le font lire dans les paroisses de leurs diocèses. La presse s'en empare pour le meilleur ou pour le pire. Traduit en plusieurs langues, il paraît notamment dans l'Osservatore Romano du 4 juin 1852.

Les lettres de félicitations affluent à l'évêché de Grenoble. L'expérience et le sens pastoral de Monseigneur Philibert de Bruillard ne s'arrêtent pas là. Le 1er mai 1852, il publie un nouveau mandement annonçant la construction d'un sanctuaire sur la montagne de La Salette et la création d'un corps de missionnaires diocésains qu'il nomme “les Missionnaires de Notre Dame de La Salette”. Mais il ajoute : “La Sainte Vierge a apparu à La Salette pour l'univers entier, qui peut en douter ?”

Et que sont devenus les voyants ?

Maximin fut pendant un temps zouave pontifical, puis se retira dans sa région natale et est mort saintement.

Quand à Mélanie, elle vécut un certain temps en France, puis en Angleterre et ensuite en Italie où elle eut comme Directeur spirituel le Père Di Francia, que l’Église s’apprête à placer sur les autels.

Ce fut en Italie, à Castellamare, qu’elle rédigea le fameux “Secret”, le 21 novembre 1878, lequel reçut l’imprimatur de l’évêque du diocèse le 15 novembre 1879. Le secret est contesté par un certain nombre d’ecclésiastiques, surtout en France, car il commence par une diatribe assez dure envers les prêtres.

En voici le premier paragraphe, afin que tu t’en fasses une idée plus précise :

« Les prêtres, ministres de mon Fils, les prêtres, par leur mauvaise vie, par leurs irrévérences et leur impiété à célébrer les Saints Mystères, par l'amour de l'argent, l'amour de l'honneur et des plaisirs, les prêtres sont devenus des cloaques d'impureté. »

Voila, mon ami, ce que je pouvais te dire sur l’apparition de La Salette.

Prions ensemble Notre-Dame et demandons-lui de nous protéger toujours, afin que nous soyons des enfants fidèles et toujours obéissants aux enseignements de son Divin Fils.

Ton ami dévoué

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