LA VOIE MYSTIQUE
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Onzième LETTRE La moisson est grande, mais…
R., le 21 janvier
2004 Mon bien cher ami, tu me demandes de te parler de la “vocation”… Bien vaste sujet, car très délicat en notre temps où les vocations semblent éteintes… Mais, avec la grâce de Dieu et l’aide indispensable de l’Esprit Saint, je vais essayer de répondre à ton souhait. Voici donc, tirés de l’Évangile de saint Mathieu, quelques versets qui nous aideront, j’en suis persuadé : “Jésus parcourait toutes les villes et les villages, enseignant dans leurs synagogues, proclamant la Bonne Nouvelle du Royaume” (Mt. 9, 35). Il est bien dit que “Jésus parcourait”, autrement dit, il ne restait pas sédentarisé à un endroit bien précis, même s’il est écrit aussi qu’il “enseignait dans leurs synagogues”, mais le fait d’enseigneur dans les synagogues ne veut pas dire qu’il y restait plus de temps qu’il ne lui fallait pour annoncer “la Bonne Nouvelle du Royaume”. Il parcourait donc “les villes et les villages”, même si ces villes et villages ne possédaient pas toutes une synagogue, ce qui lui donnait l’occasion d’enseigner à ses endroits préférés : la montagne, la plage, la mer, endroits pour lesquels Jésus semble avoir eut toujours une certaine prédilection. La pureté de son enseignement et la force de ses mots, sans oublier les miracles qui jalonnaient sa route, faisaient venir à lui de foules avides ; avides non seulement de vivres matériels, mais aussi de nourriture spirituelle. C’est au cours de l’un de ces voyages à travers les campagnes de Palestine que Jésus, “à la vue des foules, il en eut pitié, car ces gens étaient las et prostrés comme des brebis qui n’ont pas de berger” (Mt. 9, 36). Voilà donc, qu’“à la vue des foules”, Jésus est profondément interpellé par le manque de “bergers”. Puis, comme s’il voulait partager avec ses disciples cet angoissant constat, il leur dit, ou plutôt il leur en explique la raison : “La moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux” (Mt. 9, 37). Ceci veut dire que les cœurs avides de spiritualité, avides de Dieu, sont très nombreux, mais, par contre, ceux qui pourraient les nourrir de cette “manne” qu’est la Parole divine, sont en petit nombre, ne suffisent pas, ni à les nourrir ni à les garder dans un même pâturage : toutes ces brebis avides de la bonne nourriture qu’est l’annonce de la “Bonne Nouvelle du Royaume”, restent affamées, “las et prosternées”. Jésus nous fait ici “toucher du doigt” et nous montre la carence de vocations, le manque d’hérauts capables de porter la divine semence et de l’épandre dans tous les champs de moisson ; il nous manque des prêtres, il nous manque de vraies vocations sacerdotales et missionnaires. Que faire alors ? C’est encore Jésus lui-même qui nous donne la solution, la seule qui puisse vraiment faire naître ces ouvriers intrépides et fiers de leur mission : “Priez le Maître de la moisson d'envoyer des ouvriers à sa moisson” (Mt. 9, 38). Mais, le faisons-nous ? Prions-nous le Maître de la moisson pour qu’Il envoie des ouvriers ? Ne sommes-nous pas comme ces foules de jadis, dont parle Jésus, « fatigués et abattus comme des brebis sans berger », comme des voyageurs sans guide ? Il nous faut absolument l’écouter, entendre sa voix qui nous appelle avec amour : « Venez dans sa maison lui rendre grâce, dans sa demeure chanter ses louanges ; rendez-lui grâce et bénissez son nom ! » (Ps. 100) Car il nous faut nous souvenir que « le Seigneur est bon, éternel est son amour, sa fidélité demeure d'âge en âge. » (Ps. 100) Les prêtres manquent, les vocations sont rares ? Passons à une autre dimension, celle du vrai amour et, nos cœurs tournés vers le Seigneur qui nous aime, demandons-lui avec insistance « d'envoyer des ouvriers pour sa moisson », car nous avons faim, faim de sa parole, faim de son amour, faim de son aliment : sa Chair et son Sang eucharistiques. Si nous sommes tous malades du péché, il nous faut vite des médecins, des médecins qui guérissent nos âmes qui appliquent sur nos blessures causées par ce même péché le baume du pardon de nos fautes ; que nous puissions dire comme une âme choisie et bien connue : « ma médecine c’est Jésus ! » Après avoir expliqué la manière d’obtenir de son Père céleste des ouvriers pour la moisson, “Jésus appela à lui ses douze disciples et leur donna pouvoir sur les esprits impurs, de façon à les expulser et à guérir toute maladie et toute langueur” (Mt. 10, 1). Mais, ce n’est pas tout ; il a encore d’autres conseils et d’autres consignes à leur donner : “Ne prenez pas le chemin des païens et n'entrez pas dans une ville de Samaritains ; allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d'Israël” (Mt. 10, 5-6). Le bon disciple, le bon ouvrier, ne doit jamais “prendre de chemin des païens”, car ce faisant, il se tromperait de route, se fourvoierait et irait à l’encontre de la mission à laquelle il a été appelé, mission sublime qui consiste à ramener au bercail “les brebis perdues”, pour lesquelles Jésus a versé son Sang. Le Maître conseille encore : “Chemin faisant, proclamez que le Royaume des Cieux est tout proche” (Mt. 10, 7). En effet, le Royaume des Cieux est plus que proche : il est là et se manifeste à tous, y comprises les “brebis perdues”, d’où qu’elles soient, d’Israël ou d’ailleurs. Puis, Jésus leur confère des pouvoirs, des charismes extraordinaires, propres à la mission qui est la leur et celle de leurs successeurs : “Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, expulsez les démons” (Mt. 10, 8). Même s’il est vrai que chaque “ouvrier mérite sa nourriture”, Jésus les met en garde contre les biens matériels qui sont souvent occasion de détournement de vocation ; c’est pourquoi il leur dit : “Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. Ne vous procurez ni or, ni argent, ni menue monnaie pour vos ceintures, ni besace pour la route, ni deux tuniques, ni sandales, ni bâton : car l'ouvrier mérite sa nourriture” (Mt. 10, 8-10). Puis, encore ces conseils pratiques qui sont, à eux seuls, un chemin à suivre, une ligne de conduite à respecter par chaque ouvrier du Seigneur, car de ceci dépendent le succès de l’“annonce de la Bonne Nouvelle du Royaume” et le retour des “brebis égarés d’Israël” : “En quelque ville ou village que vous entriez, faites-vous indiquer quelqu'un d'honorable et demeurez-y jusqu'à ce que vous partiez. En entrant dans la maison, saluez-la : si cette maison en est digne, que votre paix vienne sur elle ; si elle ne l'est pas, que votre paix vous soit retournée. Et si quelqu'un ne vous accueille pas et n'écoute pas vos paroles, sortez de cette maison ou de cette ville et secouez la poussière de vos pieds” (Mt. 10, 11-14). Et, Jésus termine ses instructions par cet avis qui est aussi un aveu : “Voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups ; montrez-vous donc prudents comme les serpents et candides comme les colombes” (Mt. 10, 16). Voilà, mon ami, ce que j’ai pu dire, pour te parler de la vocation. Je n’ai certes pas été assez explicite, je l’avoue, mais c’est ce que le Seigneur a mis dans mon cœur. Une autre fois peut-être, Il voudra bien que je t’en dise d’avantage. Que sa volonté soit faite et son très Saint Nom glorifié pour les siècles des siècles. Amen. Ton ami dévoué.
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