LA VOIE MYSTIQUE

adveniat regnum tuum

LETTRES À UN AMI

INTRODUCTION

R., le 20 mars 2003
 

Mon cher ami,

« Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation, qui nous console dans toute notre tribulation, afin que, par la consolation que nous-mêmes recevons de Dieu, nous puissions consoler les autres en quelque tribulation que ce soit » (II Co 1 ; 3-4).

J’ai bien reçu ta lettre — une longue lettre de dix pages — dans laquelle tu me demandes de commenter pour toi quelques textes de l’Écriture Sainte, et mon avis sur quelques-unes des apparitions mariales de notre temps, et d'autres thèmes que tu m'indiqueras le moment venu.

Je me sens honoré d’une telle demande, mais il ne faut pas que tu oublies que je ne suis qu’un simple laïc, même si, pour les raisons que tu connais, je me suis engagé, autant que je le peux, au service de l’Église, pensant, bien humblement, pouvoir apporter une aide — quelque mince qu’elle soit ! — à mes frères dans la foi.

Pour ce qui concerne les textes sacrés, tu comprendras bien que je prendrai les plus grandes précautions, afin de ne pas t’induire en erreur, ce qui serait un mal, sous des habits de bien. Souviens-toi de l’ange qui a l’habitude de se vêtir d’habits de lumière pour mieux tromper ses proies.

Pour ce qui est des apparitions de notre temps, et particulièrement celles que l’Église universelle n’a pas encore reconnues comme étant des messages célestes dignes de foi, je ne pourrai exprimer que ma propre opinion, que mon humble jugement — sans vouloir pour autant devancer le jugement de l’Église qui est le seul qui engage chaque chrétien — basé sur les écrits que j’ai pu lire à leur sujet et aussi sur les informations que j’ai pu obtenir par d’autres sources tout aussi dignes de foi que les écrits eux-mêmes.

Tu me parles également de ton étonnement à la lecture de certains écrits mystiques, la plupart résultant de messages privés, reçus par des âmes d’exception, et tu me cites quelques noms, pêle-mêle : saint Jean de la Croix, sainte Thérèse d’Avila et sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, pour citer en premier ceux que l’église a élevés au « rang » — pardonne-moi cette appellation très terre à terre — de Docteurs de l’Église universelle.

Tu me cites également d’autres noms, moins connus, certes, mais tout aussi intéressants : le bienheureux Nicolas Roland, fondateur à Reims de la Communauté du Saint-Enfant-Jésus ; la bienheureuse Alexandrina Maria da Costa, mystique portugaise presque notre contemporaine (décédée le 13 octobre 1955) ; Marguerite du Saint-Sacrement, la carmélite de Beaune qui vécut au XVIIe siècle et qui fut à l’origine de la dévotion à Jésus enfant ; Gaston de Renty, contemporain de cette dernière, et excellent «directeur spirituel» laïc; ainsi que quelques autres connus et moins connus : je pense par exemple à l’abbé Jean-Jacques Olier et au Père de Condren, né tout près de Soissons, dans l’Aisne.

Pour ces derniers, je te conseille vivement de lire l’excellent travail du père Henri Brémond « L’histoire du sentiment religieux… », où tu pourras lire quelques dizaines de pages sur cette dernière période, c’est-à-dire, celle du XVIIe siècle, que certains n’hésitent pas à qualifier de « voie lactée », à cause du nombre si élevé de saints, bienheureux, serviteurs de Dieu et vénérables qu’elle a produits. Je ne te parlerai donc pas de cette période, car d’autres, bien plus savants que moi, l’ont déjà merveilleusement expliquée. Ce livre, tu pourras le trouver à la bibliothèque diocésaine de Tours, la plus proche de ton domicile. Tu n’auras qu’à traverser la Loire...

Comme tu le sais, je ne suis pas partisan des longues lettres —  je ne critique pas pour autant ta dernière — car lorsqu’elles sont trop longues l’attention s’en ressent et le profit est moindre. Si cela est nécessaire, je traiterai un même sujet en deux volets, voire davantage, si nécessaire.

Il est utile, dès le départ, de fixer une sorte de calendrier des thèmes que tu souhaites voir éclaircis et, comme je sais que tu aimes le bon ordre et les suites logiques, je commencerai donc « par le commencement », si j’ose dire. Je te parlerai en premier lieu de la naissance de Jésus et des enseignements que nous pouvons en tirer pour notre bénéfice spirituel.

Pour ne pas te charger, dès le début, des commentaires sur la Sainte Écriture, j’intercalerai les autres sujets dont tu souhaites qu'ils te soient expliqués. Dans un deuxième temps — ou une deuxième lettre — je te parlerai des apparitions de Fatima, qui à mon sens sont les plus importantes du XXe siècle, et celles qui serrent de plus près la parole divine laissée par Jésus sur les bords du Jourdain.

Il va de soi que cette méthode — ou cette suite des thèmes traités — pourra être changée, si pour une quelconque raison, tu viendrais à souhaiter que tel ou tel sujet fût traité en priorité, par rapport à un autre. Je suivrai, autant que faire se peut, tes désirs et tes suggestions

Venant de relire ta lettre, je constate que j’ai oublié une demande assez particulière de ta part : tu veux que je te parle également de la carmélite de Tours, sœur Marie de Saint-Pierre. Cela m’étonne quelque peu, car habitant tout près de la capitale de l’Indre-et-Loire, tu pourrais très bien te rendre au Carmel de cette ville, pour y chercher les renseignements que tu souhaites avoir, ou le cas échéant à la Maison de Monsieur Dupont, le saint Homme de Tours, où tu trouveras également ces renseignements. Il va de soi que je ne refuserai aucunement de t’en parler, si d’aventure tu ne trouvais pas sur place la réponse aux questions que tu pourrais te poser au sujet de cette âme d’exception que fut sœur Marie de Saint-Pierre, comme aussi Monsieur Dupont, d’ailleurs.

Toujours sur ce sujet, je peux te dire que les archives de l’Archevêché de Tours possèdent aussi une importante documentation sur sœur Saint-Pierre, et c’est logique, vu qu’elle communiquait toujours, avec la plus grande simplicité et humilité, à Monseigneur de Tours, tous les messages ou locutions intérieures dont elle était favorisée.

Il serait intéressant et bénéfique pour toi que tu prennes quelques notes, car ce que l’on écrit s’incruste d’avantage dans la mémoire et pénètre plus profondément notre cœur de chair. Je dois t’avouer, pour ma grande confusion que c’est ma pratique courante : je remplis des carnets et des carnets de notes, car j’ai peur que ma mémoire — qui devient chaque jour davantage paresseuse ! — me joue quelque mauvais tour, lorsque je dois faire une conférence ou donner quelque conseil spirituel, ce qui m’arrive de temps à autre et, plutôt fréquemment, ces temps derniers. La misère de notre monde actuel y est certes pour beaucoup, car, comme tu le sais, à force de le constater à chaque instant, la morale est bafouée et semble même disparaître de la surface de la terre.

Une autre suggestion qui me semble très importante : avant toute lecture spirituelle, ou tout acte de foi, invoque l’Esprit Saint, demande-lui de te venir en aide, par ses lumières et sa Sagesse infinie. Fais-le humblement et avec un cœur sincère ; demande-lui un cœur d’enfant, car pour être grand dans le Royaume de Dieu, il faut être aussi humble, aussi petit et aussi naïf qu’un enfant, auxquels, comme l’a dit Jésus, appartient son Royaume.

Dans tes prières n’oublie jamais la Mère de Jésus, car si Dieu l’a jugée digne de porter son divin Fils, Il l’écoutera également, lorsqu’Elle interviendra en ta faveur. Ne te couche jamais, mon bon ami, sans lui avoir adressé trois « Je vous salue, Marie », si tu veux qu’en bonne Mère, Elle veille sur ton sommeil et surtout sur ton âme.

N’oublie jamais non plus ton Ange Gardien, ton compagnon de chaque instant, ton ami et ton conseiller, si seulement tu apprends à reconnaître sa voix et à suivre humblement ses suggestions.

Je suis tout à fait persuadé que tu accomplis toutes ces dévotions, mais il n’est jamais superflu de les rappeler. Pardonne-moi de le faire, mais je sens que je dois le faire, non seulement au nom de notre amitié de toujours, mais aussi au nom de notre fraternité en Jésus et Marie.

Je vais maintenant mettre fin à cette première missive, qui a été plus longue que je ne le pensais. Mais si Dieu l’a voulu ainsi, que son saint Nom soit à jamais béni.

Restant toujours attentif à tes progrès spirituels et à l’élévation de ton âme, je suis à jamais ton ami et frère en Jésus notre Sauveur. Amen.

Alphonse Rocha

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