DISCOURS V
DE LA
VISITATION DE MARIE
Marie est la trésorière de toutes les grâces divines. Celui
qui désire des grâces doit donc recourir à Marie, et celui qui l'invoque doit
être certain d'obtenir les grâces qu'il désire.
Une famille s'estime heureuse lorsqu'elle est visitée par un
prince, à cause de l'honneur qu'elle en reçoit et des avantages qu'elle en
espère. On doit appeler bien plus heureuse l'âme qui visite la Reine de
l'univers, la très sainte Marie, qui ne saurait manquer de combler de biens et
de grâces les âmes fortunées qu'elle daigne visiter au moyen de ses faveurs. La
maison d'Obédédom fut bénie, lorsqu'elle fut visitée par l'arche du Seigneur.
Mais ne sont-elles pas enrichies de bien plus grandes bénédictions, les
personnes qui reçoivent l'amoureuse visite de l'arche vivante de Dieu, de la
divine Mère ? La maison de Jean-Baptiste y eut-elle pénétré qu'elle combla toute
la famille de grâces et de bénédictions célestes ; aussi la fête actuelle de la
Visitation est-elle appelée communément la fête de Notre-Dame des Grâces.
Examinons donc dans le présent discours comment Marie est la trésorière de
toutes les grâces, et divisons-le en deux points. Dans le premier, nous verrons
que celui qui désire des grâces doit recourir à Marie, dans le second, que celui
qui invoque Marie, doit être certain d'obtenir celles qu'il désire.
PREMIER POINT. La sainte Vierge, ayant appris de
l'archange saint Gabriel que sa cousine Elisabeth était enceinte de six mois,
intérieurement éclairée du Saint-Esprit, elle connut que le Verbe incarne et
devenu son Fils voulait commencer à manifester au monde les richesses de sa
miséricorde, en accordant ses premières grâces à toute cette famille. Aussitôt,
sortant du repos de la contemplation à laquelle elle était continuellement
appliquée, et abandonnant sa chère solitude, elle partit pour se rendre à la
maison d'Elisabeth. Comme la charité supporte tout et qu'elle ne souffre aucun
retard, dit saint Ambroise sur cet Évangile (Lc. I, 35), sans s'inquiéter des
fatigues du voyage, la faible et délicate Vierge se mit promptement en route.
Arrivée à la maison, elle salua sa cousine, et suivant la réflexion de saint
Ambroise, la salua la première. La visite de la Bienheureuse Vierge ne fut pas
comme celles des mondains, qui se réduisent d'ordinaire à des cérémonies et à de
fausses démonstrations : la visite de Marie apporta dans cette maison un trésor
de grâces. En effet, à son entrée et à son premier salut, Elisabeth fut remplie
de l'Esprit saint, et saint Jean-Baptiste fut lavé de la tache originelle, et
sanctifié ; c'est pourquoi il donna un signe de joie, en tressaillant dans le
sein de sa mère, voulant par là révéler la grâce qu'il avait reçue au moyen de
la Bienheureuse Vierge, comme le déclara Elisabeth. En sorte, dit saint
Bernardin de Buste, qu'en vertu du salut de Marie, Jean reçut la grâce du
Saint-Esprit qui le sanctifia.
Or, si ces premiers fruits de la Rédemption passèrent tous
par Marie, véritable canal par lequel étaient communiques la grâce à
Jean-Baptiste, l'Esprit saint à Elizabeth, le don de prophétie à Zacharie, et
tant d'autres bénédictions à cette famille, qui furent les premières grâces que
nous sachions avoir été faites sur la terre par le Verbe depuis son incarnation
; il est très raisonnable de croire que Dieu avait des lors établi Marie cet
aqueduc universel, suivant l'expression de saint Bernard, par lequel devaient
ensuite découler vers nous les autres grâces que le Seigneur voudrait nous
dispenser comme nous l'avons dit au chapitre V de la 1ere partie (GLOIRES DE
MARIE).
C'est donc avec raison que la divine Mère est nommée le
trésor, la trésorière et la dispensatrice des grâces célestes.
Saint Bonaventure, parlant du champ dont l'Évangile dit qu'un
trésor y est caché et qu'on doit l'acheter à tout prix (Matth. 13, 44), déclare
que ce champ n'est autre que Marie notre Reine, en qui est Jésus-Christ, le
trésor de Dieu, et avec Jésus-Christ le principe et la source de toutes les
grâces. Saint Bernard affirme que le Seigneur a place entre les mains de Marie
toutes les grâces qu'il veut nous dispenser, afin que nous comprenions que tous
les biens qui nous arrivent, nous arrivent par son intercession. Marie nous en
donne elle-même l'assurance par ces mots: En moi sont toutes les grâces des
vrais biens que vous pouvez désirez en cette vie (Eccl. 24). Oui, notre Mère et
notre espérance, nous savons, lui disait saint Pierre Damien, que tous les
trésors des divines miséricordes sont dans vos mains. Avant lui, saint
Idelphonse l'affirmait avec une plus grande force d'expression lorsque,
s'adressant à la Vierge, il s'écriait : Ma Souveraine, toutes les grâces que
Dieu a résolu de faire accorder aux hommes, il a résolu de les accorder toutes
par votre entremise ; c'est pourquoi il vous a confié tous les trésors des
grâces. De telle sorte, ô Marie, conclut saint Germain, qu'il n'y a point de
grâce dispensée à l'homme, sinon par vos mains.
Sur les paroles par lesquelles l'ange rassurait la sainte
Vierge (Lc. I), le Père Albert le Grand fait cette belle réflexion : O Marie,
vous n'avez pas ravi la grâce, comme Lucifer voulait la ravir ; vous ne l'avez
point perdue, comme Adam ; vous ne l'avez point achetée, comme voulait l'acheter
Simon le magicien ; mais vous l'avez trouvée, parce que vous l'avez désirée et
cherchée. Vous avez trouvez la grâce incréée, qui est Dieu lui-même, devenu
votre Fils, et avec elle vous avez trouve et obtenu tous les biens crées. Cette
pensée est confirmée par saint Pierre Chrysologue, lorsqu’il déclare que la Mère
de Dieu a trouve cette grâce pour procurer ensuite le salut à tous les hommes.
Il dit ailleurs que Marie a trouve une grâce telle qu'elle suffit pour sauver
chacun de nous. De telle façon, fait observer Richard de Saint-Laurent, que
comme Dieu a créé le soleil pour éclairer la terre de ses rayons, ainsi il a
créé Marie pour dispenser au monde par son moyen toutes les miséricordes
divines. Et saint Bernardin ajoute que la sainte Vierge, du moment qu'elle
devint la Mère du Rédempteur, acquit une sorte de juridiction sur toutes les
grâces.
Concluons ce point avec les paroles de Richard de saint
Laurent : si nous voulons obtenir quelque grâce, recourons à Marie, qui ne peut
manquer d'obtenir pour ses serviteurs tout ce qu'elle demande, puisqu'elle a
trouvé la grâce divine et qu'elle la trouve toujours. Saint Bernard en dit
autant. Si donc nous désirons des grâces, il faut nous adresser à la trésorière
et à la dispensatrice des grâces, puisque la volonté suprême de l'auteur de tout
bien, nous assure le même saint Bernard, est que toutes grâces soient dispensées
par les mains de Marie. Qui dit toutes, n'en excepte aucune. Mais, comme pour
obtenir les grâces il faut avoir la confiance, voyons maintenant combien nous
devons être assurés de les recevoir en recourant à Marie.
DEUXIEME POINT. Pourquoi Jésus-Christ a-t-il placé
dans les mains de sa Mère tous les trésors des miséricordes qu'il veut accorder,
si ce n'est pour qu'elle enrichisse tous ses serviteurs qui l'aiment, qui
l'honorent, et qui recourent à elle avec confiance (Prov. 8, 21) ? La sainte
Vierge nous l'assure dans un texte que l'Eglise lui applique. C'est uniquement
dans la vue de nous secourir, dit l'abbé Adam que ces richesses de vie éternelle
sont conservées par Marie, dans le sein de laquelle le Sauveur a placé le trésor
des malheureux, afin que les pauvres s'enrichissent en puisant à ce trésor.
Saint Bernard ajoute que, dans cette intention, Marie a été donnée au monde
comme un canal de miséricordes, pour que les grâces descendissent
continuellement par son intermédiaire du Ciel vers les hommes.
Le même Père a cherché pourquoi saint Gabriel, qui avait
trouvé Marie pleine de grâces (comme l'annonce son salut : Ave gratia plena),
ajoute que le Saint-Esprit allait descendre en elle pour la remplir encore plus
de grâces, et il s'est demande ce que pouvait opérer encore la venue du
Saint-Esprit puisqu'elle en était déjà pleine ? Marie, dit-il, était déjà
remplie de grâces, il est vrai, mais le Saint-Esprit l'en combla surabondamment,
afin que cette surabondance pourvût à tous nos besoins, misérables que nous
sommes. C'est pourquoi Marie est comparée à la lune. Heureux qui me trouve, en
recourant à moi (Prov. 8, 35), dit notre Mère. Il trouver la vie et la trouvera
facilement ; car, de même qu'il est aisé de trouver de puiser autant d'eau qu'on
en désire à une grande fontaine, de même il est facile de trouver les grâces et
le salut éternel en recourant à Marie. Une âme pieuse disait qu'il suffit de
demander les grâces à Marie pour les avoir, et saint Bernard déclare qu'avant la
naissance de la Vierge, le monde n'avait pas cette abondance de grâces qu'on
voit aujourd'hui inonder la terre, parce qu'il n'en possédait pas encore
l'admirable canal, c'est-à-dire Marie. Mais, maintenant que nous avons cette
Mère de miséricorde, quelles grâces pourrions-nous craindre de ne point obtenir
en nous prosternant à ses pieds ? Je suis la ville et le refuge, lui fait dire
saint Jean Damascène, pour tous ceux qui recourent à moi. Venez donc, mes
enfants, et je vous accorderai des grâces en plus grande abondance que vous ne
pensez.
Il arrive à bien des âmes ce que la Vénérable soeur Marie
Villani aperçu dans une vision céleste : cette servante de Dieu vit un jour la
Mère de Dieu sous l'emblème d'une fontaine, où l'on accourait en foule pour y
puiser de l'eau de la grâce ; mais qu'arrivait-il ? Ceux qui portaient des vases
intacts conservaient en entier les grâces reçues ; mais ceux qui portaient des
vases fêlés, c'est-à-dire, les âmes chargées de péché, ne recevaient les grâces
que pour les perdre aussitôt. Au reste, il est certain que des grâces
innombrables sont accordées chaque jour aux hommes, même ingrats, pécheurs, et
des plus misérables. Saint Augustin l'indique dans un beau passage (S. Aug.
Serm. de Ass.)
Ranimons donc toujours de plus en plus notre confiance,
serviteurs de Marie, en recourant à elle pour lui demander des grâces. Et, afin
de ranimer notre confiance, souvenons-nous toujours des deux grands attributs de
cette bonne Mère, savoir, le désir qu'elle a de nous faire du bien, et le
pouvoir qu'elle tient de son Fils d'obtenir tout ce qu'elle demande. Pour
apprécier le désir qu'a Marie de nous secourir tous, il suffit de considérer le
mystère de la fête qui nous occupe, c'est-à-dire sa visite à sainte Elisabeth.
La distance de Nazareth à la Cité d’Hébron, ou de Judée, comme dit saint Luc,
était d'environ trente trois lieues ; la longueur du chemin, les fatigues du
voyage n'empêchèrent pas la sainte Vierge, faible et délicate qu'elle était, de
se mettre aussitôt en route, décidée par quel motif ? Par le vif sentiment de
charité, qui remplit toujours son tendre coeur, et qui la porte à aller
commencer dès lors son grand office de dispensatrice des grâces. Marie, dit
saint Ambroise, n'allait point vérifier si Elisabeth était enceinte, comme
l'ange le lui avait annoncé ; mais, transportée du désir d'être utile à cette
famille, ravie de joie de pouvoir faire du bien à son prochain, toute entière à
cet emploi de charité, elle partit sans diligence. Notez que l'Evangéliste,
parlant du voyage de Marie à la maison d'Elisabeth, dit qu'elle se hâta ; mais
que, parlant de son retour chez elle, il ne fait plus mention de son
empressement (Lc I, 56). Dans quel but, demande saint Bonaventure, la Mère de
Dieu aurait-elle mis tant d'empressement à visiter la maison de Jean-Baptiste,
si elle n'avait eu le désir d'être utile à cette famille ?
Cet esprit de charité envers les hommes, au lieu de
s'éteindre dans Marie lorsqu'elle monta au Ciel, y a plutôt augmenté, parce
qu'elle y connaît mieux nos besoins et compatit davantage à nos misères. Saint
Bernardin de Buste a écrit que Marie a plus de désir de nous faire du bien, que
nous n'en avons d'en recevoir d'elle. C'est au point, dit saint Bonaventure,
qu'elle se tient offensée par ceux qui ne lui demandent point de grâces. En
effet, son inclination est d'en combler surabondamment ses serviteurs.
Ainsi trouver Marie, c'est trouver toute espèce de biens.
Chacun peut la trouver, fut-il le plus grand pécheur du monde, puisqu'elle est
trop bonne pour repousser aucun de ceux qui l'invoquent. J'invite tout le monde
à recourir à moi (lui fait dire Thomas à Kempis), j'attends ; je désire tout le
monde ; je ne méprise aucun pécheur, quelque indigne qu'il soit, s'il implore
mon secours. Quiconque lui demande des grâces, dit Richard la trouve prête,
toujours disposée à le seconder et a lui obtenir les grâces du salut éternel par
sa puissante intercession.
J'ai ajouté : par sa puissante intercession, car le second
motif qui doit accroître notre confiance, c'est que Marie obtient de Dieu tout
ce qu'elle demande en faveur de ses serviteurs. Observez, fait remarquer saint
Bonaventure au sujet de la visite de Marie à sainte Elisabeth, quelle grande
vertu ont les paroles de Marie, puisqu' à sa voix la grâce du Saint-Esprit fut
conférée à Elisabeth et à Jean, son fils, comme le rapporte l'Evangéliste (Lc
I). Théophile d'Alexandrie dit que Jésus aime que Marie le prie pour nous, parce
qu'alors toutes les grâces qu'il accorde par son intercession, il les accorde
moins à nous qu' à sa Mère. Remarquez ces mots par son intercession, car,
suivant saint Germain, Jésus ne saurait rien refuser de ce que Marie lui
demande, voulant en cela lui obéir comme à sa véritable Mère ; d'ou le saint
conclut que les prières de cette Mère ont une certaine autorité sur
Jésus-Christ, en sorte qu'elle obtient le pardon des plus grands pécheurs qui se
recommandent à elle. Conséquence bien justifiée par ce qui arriva au noces de
Cana, où Marie demandant à son Fils de suppléer au vin qui manquait, le Sauveur,
quoique le temps destiné aux miracles ne fut pas encore venu, fit cependant,
pour obéir à sa Mère, celui qu'elle demandait, en changeant l'eau en vin.
Si nous voulons des grâces, allons au trône de la grâce, qui
est Marie, allons-y avec de l'espérance d'être certainement exaucés, moyennant
l'intercession de Marie, qui obtient tout ce qu'elle demande de son Fils. La
Vierge, Mère de Dieu, a déclare à sainte Mechtile que le Saint-Esprit, en la
remplissant de toute sa douceur, l'avait rendue si chère à Dieu, que quiconque
sollicitait des grâces par son entremise les obtenait.
Suivant une pensée célèbre de saint Anselme, quelquefois on
obtient plus promptement les grâces en recourant à Marie, qu'en s'adressant à
notre Sauveur Jésus lui-même : ce n'est pas qu'il ne soit la source et le maître
de toutes les grâces, mais c'est qu'en recourant à sa Mère, et celle-ci
s'intéressant pour nous, ses prières, étant celles d'une mère, ont plus de
forces que les nôtres. Ne quittons donc pas les pieds de cette trésorière des
grâces, et répétons-lui avec saint Jean Damascène : O Mère de Dieu, ouvrez-nous
la porte de votre miséricorde en priant toujours pour nous, car vos prières sont
le salut de tous les hommes. En recourant à Marie, il vaut mieux la prier de
demander pour nous et de nous obtenir les grâces qu'elle sait être plus
convenables à notre salut, comme le fit le dominicain Regnault, ainsi que le
rapporte les chroniques de l'ordre. Ce serviteur de Marie, se trouvant malade,
sollicitait la grâce de sa guérison ; la Reine du Ciel lui apparut accompagnée
de sainte Cécile et sainte Catherine, et lui dit avec une grande douceur : Mon
fils, que désirez-vous que je fasse en votre faveur ? Le religieux, confus à
cette offre gracieuse de Marie, ne savait que répondre. Alors, une des deux
saintes lui donna ce conseil : Regnault, savez-vous ce que vous devez faire ? Ne
demandez rien, et remettez-vous entièrement entre ses mains, parce que Marie
saura vous obtenir une grâce plus avantageuse que celle que vous demanderiez. Le
malade ayant suivi ce conseil, la divine Mère lui obtint la grâce de guérir.
Mais, si nous souhaitons d'être visites par cette Reine du
Ciel, il faut que nous la visitions souvent nous-mêmes, en allant prier devant
quelqu'une de ses images ou dans quelque église qui lui soit dédiée. Les pieuses
visites de ses serviteurs leur méritent des faveurs toute spéciales.
PRIERE
Vierge immaculée et bénie, puisque vous étés la dispensatrice
universelle de toutes les grâces divines, vous étés donc l'espérance de tous et
la mienne. Je remercie toujours le Seigneur qui m'a fait vous connaître et
connaître ainsi le moyen que je dois prendre pour obtenir les grâces et pour me
sauver. Ce moyen, c'est vous, ô puissante Mère de Dieu ! car je sais que c'est
d'abord par les mérites de Jésus-Christ et ensuite par votre intercession que je
dois me sauver. Ah ! ma Reine, qui avez mis tant de diligence à visiter et à
sanctifier par votre présence la maison d'Elisabeth, daignez visiter, mais
visiter promptement, ma pauvre âme. Faites diligence ; vous savez mieux que moi
combien elle est indigente, affligée de plusieurs maux, d'affections déréglées,
d'habitudes pernicieuses, de péchés commis : maux contagieux qui la conduiraient
à la mort éternelle. Vous pouvez l'enrichir, ô trésorière de Dieu ! et vous
pouvez la guérir de toutes ses infirmités. Visitez-moi donc pendant ma vie ;
visitez-moi surtout à l'heure de la mort, parce qu'alors votre assistance me
sera plus nécessaire. Je ne prétends pas et je ne suis pas digne que vous me
visitiez sur la terre par votre présence visible, comme vous avez visite tant de
vos serviteurs, mais qui n'étaient pas indignes ni ingrats comme moi ; je borne
mon désir à vous voir un jour face à face régner dans le Ciel, pour vous aimer
davantage et vous remercier de tout le bien que vous m'avez fait. A présent, je
ne vous demande que de me visiter par votre miséricorde, il me suffit que vous
priiez pour moi.
Priez donc, ô Marie ! et recommandez-moi à votre Fils. Vous
connaissez mieux que moi mes misères et mes besoins. Que vous dirai-je de plus ?
Ayez pitié de moi. Je suis tellement misérable et ignorant, que je ne saurais
connaître ni demander les grâces qui me sont le plus nécessaires. Ma Reine et ma
douce Mère, demandez-les pour moi, et obtenez de votre Fils les grâces que vous
savez être plus utiles, plus nécessaires à mon âme. Je m'abandonne tout entier
dans vos mains, je prie seulement la divine majesté de m'accorder, par les
mérites de mon Sauveur Jésus, les grâces que vous solliciterez pour moi.
Demandez, demandez donc, ô Vierge très sainte ! ce que vous croirez le plus
utile. Vos prières ne courent pas la chance d'un refus ; ce sont celles d'une
Mère à un Fils, qui vous aime tant et qui se plait à faire ce que vous lui
demandez, afin de vous honorer davantage par là, et de vous prouver en même
temps le grand amour qu'il vous porte. Ma Souveraine, faisons ce pacte ensemble
: je mets en vous ma confiance ; de votre côté, veillez à mon salut. Ainsi
soit-il.
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