LA VOIE MYSTIQUE

adveniat regnum tuum

Annexe 2

Récit de la marquise Maria Fassati: résurrection d'un adolescent qui a vu l'enfer où il devait aller à cause d'une confession sacrilège, c’est-à-dire une confession où il avait caché un péché mortel .

“Un jour, quelqu'un vint chercher Don Bosco pour un jeune qui fréquentait la paroisse et qui semblait gravement malade. Don Bosco n'était pas là et ne  revint à Turin que deux jours plus tard. Il ne put donc se rendre au chevet du malade que le jour suivant, vers 4 heures de l'après-midi.

En arrivant devant la maison où habitait le jeune homme, Don Bosco vit le drapeau noir à la porte, portant le nom du jeune qu'il venait voir. Il monta toutefois chez lui, pour voir et consoler les pauvres parents. Il les trouva en larmes. Ils lui racontèrent que leur fils était mort dans la matinée. Don Bosco demanda alors s'il pouvait se rendre dans la chambre où se trouvait le corps du défunt, pour le voir une dernière fois. L'un des membres de la famille l'accompagna.

“En entrant dans la chambre, a affirmé Don Bosco, l'idée me vint qu'il n'était pas mort; je m'approchai du lit et l'appelai par son nom :

 Charles !

Alors, il ouvrit les yeux et me salua d'un sourire stupéfait.

 Oh, Don Bosco, dit-il à haute voix, vous m'avez réveillé d'un mauvais rêve.

À ce moment, quelques personnes qui se trouvaient dans la chambre s'enfuirent effrayées, en poussant des cris et en renversant des chandeliers.

Don Bosco se hâta de déchirer le drap dans lequel le jeune était enveloppé, qui continua à parler ainsi :

 J'avais l'impression d'être poussé dans une longue caverne, obscure et si étroite que je pouvais à peine respirer. Au fond, j'apercevais un espace plus large et plus clair, où de nombreuses âmes étaient jugées. Mon angoisse et ma terreur augmentaient de plus en plus, parce que je voyais un grand nombre de condamnés. Et voilà que mon tour est arrivé et j'allais être jugé comme eux, terrorisé parce que j'avais mal fait ma dernière confession, lorsque vous m'avez réveillé !

Entre-temps, le père et la mère de Charles étaient accourus à la nouvelle que leur fils était vivant. Le jeune les salua cordialement, mais leur dit de ne pas espérer sa guérison. Après les avoir embrassés, il demanda à être laissé seul avec Don Bosco. Il raconta qu'il avait commis un péché qu'il pensait mortel et que, se sentant mal, il l'avait fait chercher dans la ferme intention de se confesser. Mais on ne l'avait pas trouvé. On avait donc appelé un autre prêtre qu'il ne connaissait pas et auquel il n'avait pas eu le courage de confesser ce péché. Dieu lui avait fait  voir qu'il méritait l'enfer à cause de cette confession sacrilège. Il se confessa douloureusement, et après avoir reçu la grâce de l'absolution, ferma les yeux et expira doucement. “

Annexe 3

Vie de Dominique Savio

Dominique Savio était le deuxième enfant d'une famille qui devait en compter dix. Il naquit en 1842, à Riva presso di Chieri, à une vingtaine de kilomètres à l'est de Turin. Sa famille était pauvre, ce qui obligeait son père à exercer à tour de rôle les métiers de forgeron ou de paysan suivant les nécessités et à changer plusieurs fois de lieu d'habitation. Deux ans après la naissance de Dominique, ses parents retournèrent dans leur pays d'origine, le hameau de Murialdo, village natal de don Bosco.

Dès l'âge de cinq ans, Dominique suivit la messe quotidiennement et, lorsque parfois l'église n'était pas encore ouverte, il s'agenouillait devant la porte et priait, quel que soit le temps. Le curé a raconté: "Encore très jeune et de petite taille, il ne pouvait transporter le missel; c'était curieux de le voir s'approcher de l'autel, se hausser sur la pointe des pieds, tendre les bras tant qu'il pouvait, faire tout son possible pour atteindre le porte-missel."

Il n'était pas étourdi et dissipé comme les garçons de son âge. On n'avait pas besoin de lui rappeler ses prières. C'est plutôt lui qui les rappelait à ses parents quand, pressés par la tâche, ils les oubliaient.

À cette époque on ne faisait la première communion qu'à 11 ou 12 ans, mais Dominique était si avancé qu'on lui permit de la faire à 7 ans, en 1849. Conscient de ce à quoi il s'engageait, il écrivit ses résolutions :

 Je me confesserai très souvent et je communierai toutes les fois que mon confesseur me le permettra.

 Je veux sanctifier les jours de fête.

 Mes amis seront Jésus et Marie.

 La mort mais pas de péchés. 

Ces résolutions, souvent répétées, orientèrent toute sa vie.

Don Bosco,[1] plus tard, fit cette réflexion : "Soyons persuadés qu'une première communion bien faite constitue un solide fondement moral pour toute la vie; et il est rare de trouver quelqu'un qui ait bien accompli ce devoir solennel qui n'ait pas mené ensuite une vie bonne et vertueuse. Au contraire, on compte par milliers les jeunes gens pervertis, qui désolent leur parents et ceux qui s'occupent d'eux; cherchez la racine du mal, vous verrez que le début de leur mauvaise conduite coïncide avec une première communion peu ou aucunement préparée. Il vaut mieux la renvoyer à plus tard ou même ne pas la faire du tout que de la mal faire."

Dominique travaillait très bien en classe, et il aurait aimé continuer son instruction, mais sa famille était pauvre et la seule école valable, celle de Castelnuovo, était éloignée. Sa ténacité vainquit tous les obstacles: il fera 4 fois par jour le chemin qui mène à cette école, soit en tout 17 ou 18 km... Ces marches quotidiennes ne durèrent que quelques mois, car en octobre 1852, ses parents vinrent s'établir à Mondonio, et là se trouvait une bonne école.

En octobre 1854, don Bosco passant dans la région rencontra Dominique pour la première fois. Don Bosco avait 39 ans et il mettait au point sa méthode pédagogique, appelée “système préventif”, basée sur la raison, la religion et l'affection. Dès qu’il vit Dominique, il “entra tout de suite avec lui dans une relation de pleine confiance mutuelle”, écrira-t-il plus tard, soulignant ainsi que la confiance, jointe à la lucidité, constitue le socle par excellence de toute pédagogie.

Tout en exprimant de l'amitié vis-à-vis de Dominique, don Bosco veillait à l'ouvrir sans cesse à cet Autre qu'est Jésus-Christ Vivant. Le souci majeur de don Bosco envers Dominique était de le renvoyer à son expérience quotidienne d'élève vivant en internat.

 Tu es élève..., élève-toi donc, grâce à l'Esprit, jusqu'à la connaissance du Christ Ressuscité, et vis pleinement ta condition de fils de Dieu.

Telle fut la consigne qui structura toute la  démarche proposée à Dominique Savio. “Être élève, cela veut dire d'abord assumer le mieux possible le travail scolaire. C'est aussi savoir trouver sa juste place à l'intérieur de la classe et parfois de l'internat dans lequel on vit. C'est encore se faire inventif pour ménager des espaces de loisirs où l'on fait l'expérience, jusque dans son corps, qu'il est bon de vivre. C’est témoigner de Dieu.”

Le jour de la proclamation du dogme de l'Immaculé Conception par le pape Pie IX, Dominique se consacra à la Sainte Vierge et renouvela les promesses faites à sa première communion, puis il répéta à plusieurs reprises les phrases suivantes: "Marie je vous donne mon cœur; faites qu'il soit toujours vôtre. Jésus et Marie, soyez toujours mes amis, mais de grâce, faites-moi mourir plutôt que d'avoir le malheur de commettre un seul péché." Dès lors don Bosco se mit à noter les faits et gestes de Dominique, pour ne pas les oublier.

La dernière étape de la vie de Dominique Savio fut encore mariale[2].  Le 8 juin 1856 –il n’avait plus que 9 mois à vivre– il fonda, avec un groupe d'amis, la Compagnie de l'Immaculée, dont le but était d'assurer à ses membres la protection de la Sainte Mère de Dieu pendant leur vie et surtout à l'heure de la mort.

Dominique était dévoré de zèle et cela n'était pas sans influer sur sa santé. Consciencieusement, don Bosco le fit examiner par plusieurs médecins. Tous, dit-il, admirèrent sa jovialité, sa présence d'esprit et le bon sens de ses réponses. L'un de ces médecins, le docteur François Vallavri, d'heureuse mémoire, dit plein d'admiration:

 Quelle perle, cet enfant !

 Mais d'où vient le mal qui l'affaiblit régulièrement d'un jour à l'autre? demande don Boso.

 Sa complexion chétive, son intelligence précoce, sa tension d'esprit continuelle sont comme des limes qui lui rongent insensiblement les forces vitales.

Dominique dut quitter l'Oratoire et rentrer chez lui. Il était navré car il savait qu'il n’y reviendrait plus. Le médecin de son pays crut bien faire en le soumettant à un remède très prisé à l'époque: la saignée. Dominique en subit 10 en 4 jours! Peu après, alors que le médecin et son entourage le croyaient hors de danger, il demanda le Sacrement des malades et on lui donna en même temps la bénédiction papale. Il en éprouva une grande joie. Le 9 mars 1857, quatrième jour de sa maladie, le dernier de sa vie, le soir, son curé vint le voir. Dominique se réveilla, et d'une voix claire et joyeuse, il dit en présence de ses parents:

 Adieu, mon cher papa, adieu, Monsieur le Curé! Je voulais encore dire autre chose, et je n'arrive plus à me le rappeler... Oh! que c'est beau ce que je vois...

À ces mots et toujours en souriant, le visage lumineux, il expira les mains jointes et croisées sur la poitrine, sans le moindre mouvement.

Telle fut la vie d'un saint. Elle fut écrite par un autre saint, don Bosco, lequel ne pouvait évoquer son souvenir sans pleurer. Saint Dominique Savio, canonisé en 1954, est le plus jeune des confesseurs non martyrs canonisés (il n'avait pas encore tout à fait 15 ans).

Béatification: 05.03.1950  à Rome  par Pie XII.

Canonisation: 12.06.1954  à Rome  par Pie XII.

Fête le 9 mars.


[1] Qui écrivit la vie de Dominique Savio.

[2] C'est la dévotion à Marie qui fera la gloire dans le ciel, de Dominique Savio, comme il le révèlera après sa mort à don Bosco, en lui apparaissant dans un songe.

 

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