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Sa
vie
Gemma
Galgani naquit le 12 mars 1878 près de Lucques, en Toscane. Elle mourut à Lucques, à l’âge de 25 ans. Elle fut béatifiée en 1933 par Pie XI, et
canonisée en 1940, par Pie XII. Gemma est un témoin précieux[2] pour
tous ceux qui sont appelés à la sainteté, dans le monde, et quel que
soit leur état de vie.
Gemma
Galgani, mystique et stigmatisée, appartient à la lignée des âmes que le
Seigneur se choisit, au cours des siècles, pour achever sa Passion et
son œuvre rédemptrice. On peut citer, par exemple, St Ignace d’Antioche,
Ste Agnès, au 4ème siècle, Ste Catherine de Sienne, au 14ème siècle,
Marthe Robin au 20ème siècle.
Gemma
fut une mystique comme le furent St Augustin, Thérèse d’Avila, St Jean
de la Croix, et de nombreux autres. Comme St Paul, Gemma pouvait dire:
“J’achève en ma chair ce qui manque aux souffrances du Christ.”
Ou encore: “Je porte visiblement les marques de la Passion du
Christ.” Vraiment, en Gemma, c’était le Christ qui vivait.
Gemma,
fille de la Passion du Christ, ne fut pas ce que l’on a coutume
d’appeler une sainte de l’Eucharistie. Mais, l’Eucharistie était toute
sa vie et sa force. Même pendant les périodes les plus douloureuses de
sa courte existence, elle continua à aller tous les jours à la Messe et
à communier: Jésus présent dans l’Eucharistie était vraiment le pôle de
toute sa vie spirituelle. Gemma connut aussi devant le Saint-Sacrement,
des expériences spirituelles très fortes, voire étonnantes.
Enfin,
il convient d’ajouter que lorsqu’Il institua l’Eucharistie Jésus vivait
déjà le Sacrifice de sa Croix. Chaque Eucharistie continue et renouvelle
le Sacrifice de Jésus; c’est pourquoi l’Eucharistie et la Passion sont
inséparables. Tous ceux qui vivent vraiment l’Eucharistie, vivent le
chemin de la Passion, et inversement.
1 - Les
grandes dates
de la vie de Gemma Galgani
12 mars
1878 - Naissance
de Gemma Galgani, au Borgho Nuovo de Camigliano, près de Lucques, en
Toscane. Son père est pharmacien-chimiste. Gemma est la cinquième de
huit enfants, dont plusieurs moururent jeunes.
13 mars
1878 - Baptême
de Gemma. Un mois plus tard, la famille s’installe à Lucques.
26 mai
1885 - Confirmation.
Gemma, âgée de sept ans, avait été préparée par sa mère qui mourut de
tuberculose, le 17 septembre suivant.
19 juin
1887 - Première
communion. Après sa première communion, Gemma retrouva le rythme de sa
vie d’écolière à l’Institution Sainte Zita. Ses maîtresses furent
toujours frappées par son intelligence hors du commun. Sœur Julie
Sestini rapporte: “Par son intelligence, elle se tenait au-dessus des
autres... et elle aurait pu enseigner toutes ses compagnes.” Outre
sa langue maternelle, elle maîtrisait parfaitement le français et était
douée en mathématiques.
Dès
l’âge de 13 ans Gemma fut assoiffée de Dieu. Elle obtint de l’Abbé Volpi,
qui deviendra et restera son confesseur, l’autorisation de se confesser
souvent et de communier trois fois par semaine, privilège rare à cette
époque.
11
septembre 1894 - Décès
de son frère Gino, séminariste, emporté à l’âge de 18 ans par la
tuberculose.
25
décembre 1896 - Vœu
de chasteté.
1897 - Mort
de Henri Galgani, son père, atteint d’un cancer à la gorge. La famille,
ruinée, fut réduite à une grande misère. Gemma, âgée de 17 ans, fut
accueillie par un oncle et une tante qui tenaient une petite
quincaillerie à Camaiore, et Gemma fut chargée de servir les clients du
magasin.
Gemma
exceptionnellement belle fut demandée en mariage à plusieurs reprises.
Mais, déjà donnée à Dieu, elle refusa ces offres et revint vivre à
Lucques, dans une extrême pauvreté.
En 1898,
Gemma tomba très malade: paralysie des jambes, mal de Pott (tuberculose
osseuse), tumeur au cerveau et otite purulente. Son état était désespéré
quand elle fut miraculeusement guérie, le vendredi 3 mars 1899, à la fin
d’une neuvaine à Ste Marguerite-Marie Alacoque et au Sacré-Cœur de Jésus.
Le Vénérable Gabriel Dell’Addolorata, jeune passionniste mort à 24 ans,
que Gemma ne connaissait pas, devint son protecteur. Gemma avait 21
ans.
Gemma
put reprendre un vie normale. Une véritable faim eucharistique la
dévorait: Jésus présent dans l’Eucharistie était le pôle de toute sa vie
spirituelle. Un matin, alors que Gemma était encore dans sa chambre, la
voix de Gabriel se fit doucement entendre: “Gemma, réjouis-toi, le
Cœur de Jésus te veut toute entière à Lui... Laisse-lui faire ce qui lui
plaira le plus de faire en toi.” Après la communion, c’est Jésus qui
lui dit: “Viens, pauvre petite fille, viens que je t’embrasse. Il y a
si longtemps que je t’attends; j’ai eu tellement de patience et j’ai
tellement souffert pour toi... Moi seul, je veux être le Maître de ton
cœur et de ses affections.”
Du 1er
au 21 mai 1899, Gemma fait une retraite chez les religieuses
Visitandines. Elle espérait être admise au postulat, mais son évêque s’y
opposa. Le Seigneur avait d‘autres projets pour elle. Gemma, déconcertée,
retourna dans sa famille.
8 juin
1899 - Impression
des stigmates, grâce redoutable. Gemma voit s’imprimer dans son corps
les marques sacrées de la Passion de Jésus. La stigmatisation se
reproduisit pendant deux ans, chaque semaine, du jeudi vers 20 heures,
jusqu’au vendredi 15 heures où elle disparaissait. C’est vers cette
époque que Gemma rencontra Madame Cecilia Giannini. Mgr Volpi, son
confesseur, souhaitant que Gemma fut cachée et entourée le plus
possible, la famille Giannini, qui comptait déjà onze enfants,
accueillit Gemma.
Juin
1899 - Gemma
rencontre les religieux Passionnistes. Jésus lui dit: “Tu seras une
fille de ma Passion, et une fille préférée. Un de ceux-ci sera ton Père.”
Début de
l’année 1900, Gemma est définitivement installée dans la demeure de la
famille Giannini.
Septembre 1900-Rencontre avec le Père Germano, qui deviendra son
directeur spirituel.
1902-1903 - La
santé de Gemma se détériore rapidement. Tuberculeuse et devenue
contagieuse, elle dut être séparée des Giannini et logée dans une petite
maison toute proche, le 24 janvier 1903.
Semaine
Sainte 1903 - L’agonie.
11 avril
1903, Samedi-Saint, Gemma meurt à 25 ans. On a dit qu’elle était morte
d’amour.
14 mai
1933 - Béatification.
2 mai
1940 - Fête
de l’Ascension-Gemma est canonisée par le pape Pie XII.
2 - Les
stigmates
2-1-Les faits
C’est le
8 juin 1899, que Gemma fut stigmatisée pour la première fois. La
stigmatisation se renouvela pendant deux ans, chaque semaine, du jeudi
soir vers 20 heures, pour disparaître le vendredi vers 15 heures.
Dans son
autobiographie, rédigée sur l’ordre de son directeur, religieux
passionniste, le Père Germano qu’elle rencontra en septembre 1900,
Gemma raconte: “C’était le soir: soudain, plus rapidement qu’à
l’accoutumée, je ressentis intérieurement une douleur de mes péchés plus
vive que jamais. Cette douleur me rendit pour ainsi dire comme morte.
Après
cela, je sentis toutes les puissances de mon âme se rassembler: mon
intelligence ne connaissait plus que mes péchés et l’offense faite à
Dieu; ma mémoire me les rappelait tous et me faisait voir tous les
tourments que Jésus avait soufferts pour me sauver; ma volonté me les
faisait détester pour les expier. Une foule de pensées m’assaillit
l’esprit: pensées de douleur, d’amour, de crainte, d’espérance et de
réconfort.
À ce
recueillement intérieur succéda bientôt le ravissement des sens. Je me
trouvai devant ma Maman du ciel qui avait à sa droite mon ange gardien.
Il m’ordonna tout d’abord de réciter l’acte de contrition. Lorsque je
l’eus terminé, ma Maman m’adressa ces paroles:
— Ma
fille, au nom de Jésus tous tes péchés te sont remis. Puis elle ajouta:
— Jésus,
mon fils, t’aime tant et veut te faire une grâce; sauras-tu t’en rendre
digne?
Ma
misère ne savait que répondre. Elle ajouta encore:
— Je
serai pour toi une mère, te montreras-tu ma vraie fille?
Elle
ouvrit son manteau et m’en recouvrit.
À cet
instant Jésus apparut avec toutes ses plaies ouvertes. De ces plaies ne
sortait plus du sang, mais comme des flammes de feu qui en un instant
vinrent me toucher les mains, les pieds et le cœur. Je me sentis mourir,
je serais tombée par terre. Mais ma Maman me souriait et me recouvrait
toujours de son manteau. Je dus rester dans cette position plusieurs
heures. Puis ma Maman me baisa au front; tout disparut, et je me
retrouvai à genoux par terre. Mais je sentais encore une forte douleur
aux mains, aux pieds, au cœur.
Je me
levai pour me mettre au lit et m’aperçus qu’il sortait du sang aux
endroits où j’avais mal. Je les recouvris le mieux possible, puis,
aidée par mon Ange, je pus monter sur le lit. Ces souffrances et ces
peines, au lieu de m’affliger, m’apportaient une paix parfaite. Le matin,
je pus aller communier avec peine et je mis une paire de gants pour me
cacher les mains. Je ne pouvais tenir debout, à chaque instant je
croyais mourir. Ces douleurs durèrent jusqu’à trois heures le vendredi,
fête solennelle du Sacré-Cœur de Jésus.”
Désormais, toutes les semaines, du jeudi soir aux environs de vingt
heures, jusqu’au vendredi quinze heures, le même phénomène se
reproduisait. Il faut ajouter à cela que Jésus lui-même, le jeudi,
enfonçait sa couronne d’épines sur la tête de Gemma, ce qui lui causait
de violentes douleurs de tête.
2-2-L’entourage
L’entourage familial trouvait le comportement de Gemma quelque peu
étrange. Elle quittait rarement sa chambre et portait toujours des gants.
Mais assez vite la vérité fut connue et Gemma devint la proie de la
curiosité des gens. Rapidement les médecins et les neurologues voulurent
examiner le cas Gemma Galgani... L’un deux, le docteur Pfanner prétendit
qu’il s’agissait d’hystérie. Toutefois, la plupart des témoins étaient
d’accord pour reconnaître la bonne santé physique et psychologique de
Gemma. Et le remarquable équilibre ainsi que le calme et la paix qu’elle
conservait malgré ces événements déconcertants.
Sur le
plan spirituel, Gemma continua à être suivie par son confesseur
habituel: Mgr Volpi, évêque auxiliaire de Lucques. Plus tard, Gemma
correspondit très fréquemment avec le Père Germano, prêtre passionniste,
éloigné géographiquement. Jésus exigeait que ces deux prêtres fussent
tenus régulièrement informés de ce qui se passait chez Gemma.
Mais la
vie de Gemma dans sa famille était devenue intolérable. Elle rencontra
providentiellement la famille Gianini qui l’accueillit avec amour. La
famille Giannini comptait déjà 11 enfants. Gemma pourrait s’occuper
d‘eux. La tante, Cécilia Giannini, qui vivait également au sein de cette
grande famille, sera non seulement la confidente de Gemma, mais son
appui le plus sûr. C’est à elle que le Père Germano demandera de noter
soigneusement chaque incident qui pourrait survenir et de lui en faire
part, afin qu’il puisse donner à Gemma les directives indispensables
pour suivre vraiment les appels du Seigneur.
3 - La
Passion de Gemma
La
“Pauvre” Gemma, comme elle se nommait elle-même, s’inquiétait beaucoup
de son avenir. Voici quelques paroles qu’elle adressa à Jésus pendant
une de ses extases et qui ont été relevées rapidement par ceux qui y
assistaient:
“ô
Seigneur, n’as-tu pas dit que le paradis est pour ceux qui vivent dans
le monde sans être du monde?... Ne m’as-tu pas dit que le paradis est
pour les innocents?... Et moi?... Mais que vas-tu faire de moi, que
feras-tu de moi, ô Seigneur?... Ô Seigneur, peut-être es-tu le seul à
savoir la raison pour laquelle tu me gardes dans le monde?... Pourquoi
ne daignes-tu le révéler à personne?...”
En fait
la “pauvre” Gemma fut “choisie” pour contempler et vivre la Passion de
Jésus. Le problème de la souffrance ne peut se comprendre que par
rapport à la Passion de Jésus. L’on peut s’étonner quand des saints
demandent au Seigneur toujours davantage de souffrances. Une telle
attitude n’est pas du masochisme mais seulement la réalisation d’un fait
qui ne peut trouver d’explication que dans la contemplation du Corps
mystique du Christ douloureusement blessé par le péché des hommes.
Quand un
corps vivant est gravement blessé, une opération est souvent
indispensable. Cette opération est douloureuse, et la cicatrisation
l’est parfois encore davantage. Pourtant le malade accepte cette
souffrance de guérison avec joie, ainsi que les soins et les pansements
obligatoires, souvent éprouvants... Il en est de même pour le Corps
mystique.
Le Corps
mystique du Christ est gravement blessé et il faut souvent opérer. Le
Christ a pris sur lui la presque totalité des douleurs de l’opération en
vue de la guérison. Mais, les péchés se multiplient dans le temps, et il
y a toujours des plaies à panser. Alors Jésus se choisit des membres de
son Corps sur lesquels les opérations seront effectuées. Les soins et
les cicatrisations sont pénibles, mais les âmes qui acceptent de
participer à la Passion de Jésus savent toute la valeur de leurs peines
et en demandent parfois davantage en vue d’accélérer la guérison de tout
le Corps. Dès lors on n’est plus étonné quand Jésus dit à Gemma:
“Vois, ma fille: le plus beau présent que je puisse faire à une âme qui
m’est bien chère, c’est de lui procurer la souffrance.”
C’est ce
que Gemma appelle les cadeaux du Seigneur, et il ne faut pas s’étonner à
la vue de Gemma suant du sang, subissant la flagellation, recevant la
couronne d’épines ou portant la Croix. Car Gemma allait tout connaître
de la Passion du Christ. Elle écrira: “Jésus connaît bien le désir
que j’ai de tout soufrir et de tout faire pour réparer les péchés commis
contre Lui...”
Le 30
octobre 1900, Gemma écrit au Père Germano: ”Depuis qu’il m’arrive ces
histoires bêtes au cœur, à tel point que j’ai l’impression de mourir à
tout instant, je ne peux plus rester une minute sans ma tante.” (Mme
Cecilia) Il s’agissait, en fait, d’étreintes amoureuses que
ressentait son cœur et qui la faisait beaucoup souffrir. À ce sujet, Mme
Cecilia écrit au Père Germano: “Gemma souffre d’une façon horrible,
il lui semble que son âme se déchire à chaque instant. Sous l’effet de
ces étreintes, trois de ses côtes se sont déplacées... C’est une vraie
torture.”
Treize
jours après la mort de Gemma, on procéda à l’autopsie. Le cadavre
commençait seulement à se décomposer... Les poumons avaient été minés
par la tuberculose, mais le cœur apparut plein de vie et d’une forme
anormale: plus large que haut. Trop à l’étroit dans sa cavité, il avait
soulevé les côtes en les incurvant. On fendit le cœur et il en sortit du
sang frais comme celui d’un être vivant.
3-1-La sueur de sang
“On
avait l’impression dit l’un des membres de la famille Giannini (Mateo)
que Gemma avait une goutte de sang à chaque cheveu: elle était tout en
sang. J’ai vu la tache sur le mouchoir dont se servait ma sœur (Cecilia)
pour l’essuyer... D’abord le sang sortait abondamment de la peau près
des cheveux. Ensuite, il se répandait sur le front, formant comme une
couronne de gouttelettes rouges qui s’écoulaient sur le visage. Et cette
sueur de sang, au front, je ne l’ai pas vue qu’une seule fois!...”
Cecilia
Giannini précise qu’il coulait aussi du sang de la plaie gauche et des
mains que Gemma enveloppait d’un mouchoir. Joseph Giannini ajoute:
“On avait vraiment l’impression que les gouttes de sang suintaient de la
peau.”
3-2-La flagellation
C’est le
jeudi et le vendredi que Gemma endurait les tourments de la
flagellation, ce qu’elle appelait les faveurs que lui fait Jésus.
Certains des médecins chargés d’examiner la stigmatisée prétendirent que
ces faits relevaient de l’hystérie. Matteo Giannini déclara: “Je ne
crois pas que Gemma ait pu se donner elle-même ces coups... Je considère
comme absolument certain qu’ils ont une origine surnaturelle...”
“Tante”
Cecilia écrit au Père Germano: “Elle a souffert comme d’habitude et
même davantage. Comme à l’ordinaire, c’est la flagellation. Si vous
aviez vu les jambes, les genoux, en un mot toute la personne. On peut
dire qu’elle n’était plus qu’une plaie, et ruisselante de sang. Tout
cela a duré jusqu’au vendredi trois heures.” Euphémia Giannini
constate “que les jambes, jusqu’aux genoux, étaient entièrement
recouvertes de grandes raies rouges, larges de deux centimètres et
longues de cinq à vingt centimètres.’
Gemma
vécut la Passion de Jésus avec Lui. Pendant certaines extases, Gemma
contemplait Jésus, le condamné du Calvaire comme celui qui avait été
transpercé à cause de nos fautes, broyé par nos péchés, mais qui, par
ses blessures, nous apporte la guérison.
Écoutons
Gemma: ”Jésus me fait voir ses plaies, ses mains ruisselantes du sang
de la Rédemption, ainsi que son Cœur embrasé du feu de la charité, et
ses bras ouverts pour nous étreindre. Alors il me dit qu’il est
totalement victime de son immense amour pour nous.”
3-3-Le couronnement d’épines
C’est
Gemma qui écrit: “Comme les autres fois, au recueillement a succédé
l’extase, et je me suis retrouvée avec Jésus qui endurait des
souffrances terribles... J’éprouvai alors un intense désir de souffrir...
Jésus me contenta aussitôt et il fit comme il faisait les autres fois:
il s’est approché de moi, il a retiré de sa tête la couronne d’épines et
l’a posée sur la mienne... de ses mains il me l’enfonça dans les tempes.”
Tante
Cecilia raconte: “Jeudi soir, Jésus lui a donné la couronne d’épines,
et, en l’enfonçant un peu, le sang a jailli comme une fontaine. Il s’est
répandu sur tout le visage, tachant l’oreiller. elle a souffert ainsi
pendant une heure; ensuite, Jésus l’a bénie.” Les douleurs sont si
fortes que durant tout le temps de l’extase, Gemma laisse échapper des
plaintes déchirantes.
Ceux qui
assistaient à ces scènes ne pouvaient plus douter. Joseph Giannini écrit:
“Durant une extase, le Vendredi-Saint, me semble-t-il, je l’ai vue
avec le sang qui, de toutes parts, lui coulait du front. Au front, elle
avait des marques plutôt longues d’où se répandait le sang. Je compris
bien que tout cela ne venait pas d’elle... Au matin, toutes ces marques
avaient disparu sans laisser de cicatrice.”
3-4-Les plaintes de Gemma couronnée d’épines[3]
Ô
Jésus, apaise un peu la douleur de ma tête... Apaise-la, Jésus. Jésus...
Jésus, bénis-moi encore une fois. Ta bénédiction me fait tant de bien.
C’est trop fort, Jésus... Jésus... Oui, je souffre tant... J’ai souffert
toute la journée... Aujourd’hui, Jésus, j’ai peur. Jésus... Ma tête!
C’est trop fort... Je n’en peux plus, je n’en peux plus, Jésus... Aide-moi,
Jésus... Jésus, que personne ne s’aperçoive de rien... Mon Dieu! Ô Jésus,
ma tête!... Ô Jésus!
C’est
cela souffrir... Jésus, je suis si heureuse... Je t’en supplie,
soulage-moi un peu: je ne peux plus... Je ne veux pas que quelqu’un s’en
aperçoive. Je me trouve mal. Jésus, que ce soit entre toi et moi
seulement...
Ô
Jésus, toutes ces peines je les souffre bien volontiers... Mais celle de
la tête, si tu ne m’aides pas, m’est un supplice.
Aujourd’hui j’ai pensé aux douleurs de ma tête. Je te le dis franchement:
j’y pense tellement quand ce jour arrive. L’esprit est prompt, c’est mon
corps qui se plaint. Oui, mon esprit est prompt, mais mon corps est
épuisé.
Ô
Jésus!... Ô mon Jésus!... Jésus, toi seul peux comprendre cette peine...
Ô Dieu!... Oui, Jésus, toi seul... Toi seul, Jésus... Ô Dieu!... Jésus,
ma tête!... Jésus, pardonne à tous ceux qui t’ont couronné... Ô Dieu!...
Jé...sus... Jésus, je meurs... Jésus, je meurs... Mon Dieu!...
Mais
souffrance et amour sont inséparables. Le vendredi 17 août 1900, Gemma,
stigmatisée, écrit dans son journal: “Il est absolument impossible,
oui, impossible de ne pas aimer Jésus... Mon Dieu, comment faire pour me
rendre digne de tant de grâces? Si je n’y parviens pas, mon cher ange
gardien y suppléera...”
Gemma
souffre beaucoup, mais Jésus est auprès d’elle. Il vient de retirer la
couronne d’épines qui était sur la tête de Gemma. Elle raconte:
“Jésus la tenait (la couronne) dans ses mains; toutes ses plaies
étaient ouvertes, mais ne saignaient pas comme à l’accoutumée; elles
étaient belles... Il a levé sa main droite, et alors, de cette main,
j’ai vu sortir une lumière beaucoup plus forte que la lumière d’une
lampe... J’aurais aimé savoir ce que signifiait cette lumière qui
provenait des plaies, particulièrement de la main droite qui m’avait
bénie. Mon ange gardien me dit: Ma fille, en ce jour, la bénédiction de
Jésus a répandu sur toi une abondance de grâces.”
3-5-Pourquoi la Croix?
Gemma
pensait: “Oh! Mon Jésus, je voudrais tant vous aimer, mais je ne sais
pas!” La voix habituelle lui répondit: “Tu veux aimer Jésus
toujours? N’arrête pas un instant de souffrir pour lui. La croix est le
trône des vrais amants de Jésus. La croix est l’héritage des élus en
cette vie.”
Gemma
confia un jour au Père Germano: “La Croix de Jésus est l’arbre de
l’amour qu’il a planté dans mon cœur.” Les profondeurs de l’Amour
divin sont joie et douleur. Tous les grands mystiques l’ont dit.
Germma
écrit aussi: “Jésus m’a dit ensuite: “Sais-tu, ma fille, pourquoi je
me plais à envoyer des croix aux âmes qui me sont chères? Je désire
posséder leur âme, mais entièrement. C’est pourquoi je les entoure de
croix et les enveloppe de tribulations afin qu’elles ne m’échappent pas.
C’est pour cela que je sème leur route d’épines afin qu’elles ne
s’attachent à personne et ne trouvent toute leur satisfaction qu’en moi.
Ma fille, me disait Jésus, si tu ne sentais pas la croix, on ne pourrait
pas l’appeler une croix. Sois donc sûre que sous la croix, tu ne saurais
te perdre. Le démon n’a aucun pouvoir contre les âmes qui, pour mon
amour, gémissent sous la croix. Ô ma fille, combien m’auraient abandonné,
si je ne les avais crucifiés! La croix est un don très précieux, c’est
l’école de bien des vertus.” (Lettre à Mg Volpi, du 12 septembre
1899)
“J’ai
déclaré à Jésus que je voulais l’aimer beaucoup, mais que j’avais le
cœur trop petit et ne savais comment faire. Alors, il s’est montré à moi
tout couvert de plaies en disant: ‘Regarde-moi, ma fille, et apprends
comment l’on aime: ne sais-tu pas que moi, c’est l’amour qui m’a tué? Tu
vois ces plaies, ce sang, ces contusions, cette croix, tout cela est
l’œuvre de l’amour. Regarde-moi, ma fille, et apprends comment l’on aime...’
Le signe le plus évident qu’il puisse donner à une âme qui lui est chère,
c’est de la faire souffrir et marcher sur le chemin du Calvaire... La
croix est l’échelle du paradis, elle est l’héritage de tous les élus en
cette vie.” (Lettre à Mg Volpi, d’octobre
1899)
3-6-La Croix et l’amour[4]
“C’est bien l’amour qui t’a tué! Jésus, moi aussi fais-moi mourir
d’amour... La vie est une torture: personne au monde que toi ne peut
satisfaire mon amour. Les épines, la croix, les clous, tout est œuvre
d’amour.
La
croix, Jésus, tu la donnes à celui que tu aimes. Tu me traites comme le
Père t’a traité. Jésus, fais-moi boire ta Passion jusqu’à la dernière
goutte.
Oui,
Jésus, tu sais à quel point l’on souffre lorsque l’on aime quelqu’un et
qu’on ne peut rester toujours ensemble. Là où je souffre le plus, c’est
lorsque tu es loin de moi. Mais, m’aimes-tu réellement, Jésus? J’ai
tellement péché, j’ai tant de défauts: dis-moi si je ne fais pas pitié.
Oh!
Oui, Jésus! Celui qui aime vraiment souffre de bon cœur.
3-7-Réponse de Gemma à la Croix et à l’amour
3-7-1-Pour
le salut des pécheurs
Voici
quelques paroles de Gemma, relevées pendant ses extases:
“Jésus n’abandonne jamais les pauvres pécheurs... Ils sont tous tes fils.
S’ils sont tous tes fils, ne les abandonne pas. Moi, Jésus, je veux les
sauver tous. Si toi, Jésus, tu les abandonnes, alors il n’y a plus
d’espérance. Je veillerai jusqu’à ce que tu m’aies dit que tu veux les
sauver tous... N’est-ce pas moi qui dois souffrir pour eux? Donc,
prends-t’en à moi. Des pécheurs, tu en as beaucoup, mais des victimes,
bien peu. Des victimes, tu les veux innocentes, et moi je ne le suis pas
du tout. Sauve-les, Jésus, sauve-les!
Moi,
Jésus, je veux être victime pour tous ces pécheurs.
Ô
sainte Croix, avec toi je veux vivre, et avec toi je veux mourir. Oui,
j’aime la croix, parce que je sais que c’est Jésus qui la porte.
Ta
croix, Jésus, oui je la veux... Bien sûr que je la veux, Jésus... Oui
Jésus, je te l’ai dit que désormais tout mon amour est pour ta croix. Je
l’aime parce que je sais que tu l’as aimée le premier.”
3-7-2-Un
acte d’offrande sans cesse renouvelé
“Alors, Jésus, voici de nouveau mes mains et mes pieds: tout ce que
voudra mon confesseur... Fais donc ce que tu veux, Jésus: je suis toute
à toi. Pour toi, Jésus, je sacrifie tout... Je te donne tout, ô Jésus...
mon âme, mon corps, mon esprit, tout... Jésus, je te donne mon cœur avec
toutes ses affections... Jésus, je te donne mon corps avec toute sa
faiblesse... Je te donne mon âme, mais comment?... Elle n’est plus à moi,
elle est à toi.”
Elle
écrira au Père Germano: “...Ce que je désire, ce que je veux, je ne
le sais pas moi-même... Je cherche et ne trouve pas, mais je ne sais pas
ce que je cherche... J’aime Jésus, je voudrais aimer beaucoup plus mon...[5] Je
sens que j’aime, mais celui que j’aime, je ne le comprends pas et ne le
saisis pas... Malgré ma grande ignorance, je sens que c’est un Bien
immense, un grand Bien, c’est Jésus... Je ne sais rien lui dire, ni lui
donner. Mais puisque je ne sais rien faire, aujourd’hui même je me
consacre à lui telle que je suis, sans réserve aucune.
(Lettre au Père Germano du 22 mai 1901)
4 - Les
relations privilégiées
de Gemma avec Jésus
4-1-Comment Gemma voit et entend Jésus
Méditons
ce que Gemma écrit à son Père spirituel: “Je vois Jésus non point
avec les yeux du corps, mais je le connais clairement parce qu’il me
fait tomber en un doux abandon et je le reconnais dans cet abandon. Sa
voix se fait entendre si fort que, plusieurs fois, j’ai dit que la voix
de Jésus me blesse plus qu’une épée à plusieurs tranchants, tant ele me
pénètre l’âme: ses paroles sont paroles de vie éternelle.
Lorsque je vois Jésus, lorsque je l’entends, il ne me semble pas voir la
beauté du corps, ni du visage, ni entendre un doux son, un chant suave.
Mais lorsque je vois Jésus et que je l’entends, je vois (jamais avec les
yeux) une lumière, un bien immense, une lumière infinie qu’aucun regard
mortel ne saurait voir, une voix que personne ne saurait entendre; ce
n’est pas une voix articulée, mais mon esprit l’entend mieux et plus
fort que si l’on prononçait des paroles.”
4-2-Ce que Gemma ressent lorsqu’elle est avec Jésus.
Gemma
continue sa relation au Père Germano: “Je me sens comme hors de moi,
je ne distingue pas où je me trouve, si je suis hors de mes sens ou bien...
dans une paix, un calme que je n’ai encore jamais connus. Je me sens
comme attirée par une force; non pas une force fatigante, mais douce.
Puis, lorsque je me trouve dans la plénitude de la douceur de posséder
Jésus, j’oublie complètement le monde; je sens mon esprit comblé, il ne
peut rien désirer, mon cœur ne cherche plus rien, il y a en lui un bien
immense, un bien infini, incomparable, sans mesure, parfait. C’est Jésus
qui m’emplit. Ni avant, ni après, je ne saurais volontairement
rechercher ou désirer quoi que ce soit, si grande est la douceur que
Jésus me fait goûter dans sa bonté et sa charité infinies. Mais il ne
s’agit pas toujours
d’un
amour de douceur: je suis parfois saisie d’une telle douleur de mes
péchés qu’il me semble que je vais en mourir.”
Et
devant le Saint-Sacrement
Il y
a une chose dont je ne sais que penser: samedi, je me trouvais à
l’église devant le Saint Sacrement exposé. J’ai voulu m’en approcher le
plus possible, Papa[6],
mais si je ne m’étais vivement échappée, je serais... Je me suis sentie
brûler entièrement, jusqu’à la tête, c’est-à-dire au visage... Papa, je
ne comprends pas comment tous ceux qui s’approchent de Jésus ne sont pas
réduits en cendres. Moi, j’ai l’impression que si je restais, ne
serait-ce qu’un quart d’heure, je ne serais plus qu’un tas de cendres.
(10 mai 1991)
4-3-Demandes de Jésus après la communion
“Viens pauvre petite fille... Cela fait si longtemps que j’attendais,
j’ai été si patient, j’ai tant souffert pour toi. Tu es revenue, cela
suffit. Comme je suis heureux! Je te retrouve après si longtemps, mais
désormais je deviens le Maître absolu de ton cœur. Je veux moi-même en
faire ce qu’il me plaira, ne me résiste pas comme par le passé, sinon je
t’en ferai repentir. Sois mienne. Moi seul veux être le Maître de ton
cœur et de ses affections. J’aime ton cœur, le sais-tu? Je l’ai toujours
aimé, je l’ai désiré, mais toi? Mais je te pardonne parce que tu ne me
connaissais pas.”
4-4-Les exigences de Jésus
4-4-1-Le
Cœur de Jésus veut tout, ou rien
[7]
Un jour,
après l’Heure Sainte du jeudi, Gemma entend la voix familière lui dire:
“Dis-moi, de quoi as-tu peur pour refuser le sacrifice de ton cœur à
Jésus? N’est-ce donc pas Jésus lui-même qui le veut? Allez, courage,
oublie tout, abandonne-toi à lui sans réserve. Aime beaucoup Jésus.
N’oppose jamais aucun obstacle à ses desseins et tu verras bientôt quel
chemin il t’aura fait parcourir sans que tu t‘en aperçoives. Ne crains
rien, car le Cœur de Jésus est le trône de la miséricorde où les
misérables sont les mieux accueillis, pourvu que par amour, ils se
présentent dans l’abîme de leurs misères.
Mais
souviens-toi que Jésus veut l’amour pur et que l’amour pur veut tout ou
rien. Ton cœur est si petit qu’il ne pourrait contenir deux amours. Or
comme il n’est fait que pour l’amour divin, il n’aura pas de repos tant
qu’un autre amour y est mêlé.”
Comme à
Thérèse d’Avila, Jésus reproche à Gemma ses bavardages. Elle raconte:
Un jour que je bavardais à la maison avec les autres... j’entendis la
voix habituelle: “Plus tu t’entretiens avec les tiens et plus Jésus
s’éloigne de toi avec ses anges.”
Un
autre jour, j’avais beaucoup de peine. Je disais à Jésus que j’aurais
voulu beaucoup l’aimer, mais la voix dit: “Tu es une de ces âmes qui
aiment Jésus tant qu’il leur apporte des consolations. Mais lorsqu’elles
rencontrent au contraire l’adversité, elles ont vite fait de s’attrister!
Toi, une chose t’est nécessaire: tu dois écarter complètement
l’amour-propre de ton cœur, parce que tu empêches Jésus de venir y
habiter.
Vaincs-toi toi-même et deviens chaque jour plus forte.”
(Ecrit par Gemma entre mars et décembre 1899)
4-5-Gemma et l’Eucharistie
4-5-1-L’union
à Dieu dans la communion [8]
Ce
matin, j’ai reçu Jésus, et maintenant je le possède tout-à-fait dans mon
âme misérable. À ces moments-là, mon cœur et celui de Jésus ne font
qu’un. Oh! Si je pouvais l’y garder toujours! Il faudrait que je ne
commette plus de péché. Oh! Combien ils sont précieux ces moments de
communion! Il me semble que la communion est un bonheur qui ne peut être
comparé qu’à la béatitude des saints et des anges. Ils contemplent Jésus
face à face, certains de ne pas pécher et de ne plus le perdre.
(22 avril 1901)
Jésus
est un amant bien-aimé auquel on ne peut résister!... Sa miséricorde me
ravit entièrement! Comment ne pas aimer Jésus de toute mon âme, de tout
mon cœur? Comment ne pas désirer me laisser absorber totalement par lui
et consumer au feu de son saint amour? (4
juillet 1901)
Laissez-moi vous parler de la communion... Y aurait-il des âmes qui ne
comprennent pas ce qu’est l’Eucharistie? Il est absolument impossible
qu’il se trouve des âmes insensibles aux étreintes divines, à la
mystérieuse et ardente effusion du Cœur Sacré de mon Jésus! Ô Jésus!
Comment ne pas vous consacrer tous les battements de nos cœurs, tout le
sang de nos veines? Cœur de Jésus, Cœur d’Amour!”
(18 juillet 1901) [9]
4-5-2-Grandeur
de Jésus
“Je
voudrais vous dire tant de choses sur Jésus. Je voudrais vous parler de
sa bonté si grande qui chaque jour m’invite à la fête de l’Amour et
nourrit de sa chair très sainte la vile créature que je suis... Je
voudrais dire qu’il est si bon, si affectueux, si aimable, si délicat
qu’un seul mot de lui nous fait éclater le cœur, une parole de lui
suffit à captiver notre amour, un regard de lui met la douceur en notre
âme. (Lettre du 5 octobre 1901, à Mère
Giuseppa du Sacré-Cœur)
[1] La
vie de Gemma Galgani est peu connue et elle est exceptionnelle.
Pourtant sa sainteté est réelle, et pour s’en convaincre, il
peut être utile de rapporter ici ce que Saint Maximilien Kolbe
écrivait à sa mère, le 1er mars 1921: “Voilà déjà trois fois
que j’ai lu la vie de Gemma Galgani, et cela m’a plu énormément:
cette lecture m’a fait plus de bien qu’une série d’exercices
spirituels.”
[2] Le
prénom Gemma signifie Perle ou Pierre précieuse
[3] La
plupart des textes écrits en italique, sont extraits, soit de
l’autobiographie, soit des lettres de Gemma. Il y a aussi
quelques paroles de Gemma qui ont été relevées par des proches
pendant les nombreuses extases de Gemma.
[4] Phrases
relevées par quelques témoins des extases de Gemma
[6] C’est
ainsi que Gemma appelle son directeur, le Père Germano
[7] Tous
les textes écrits en italique, sont extraits, soit de
l’Autobiographie, soit des lettres de Gemma. Il y a aussi
quelques paroles de Gemma qui ont été relevées par des proches
pendant les nombreuses extases de Gemma.
[8] Lettres
au Père Germano
[9] Il
est curieux de constater que Padre Pio, écrira presque la même
chose
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