LA VOIE MYSTIQUE

adveniat regnum tuum

Deuxième partie

Les enseignements de l’Incarnation
Dieu s’incarne. Dieu vit avec nous, comme nous

Chapitre 5

Cœur Eucharistique de Jésus

Cœur Eucharistique de Jésus, action de grâce du Fils

Jésus! Ton Eucharistie, c’est ton action de grâces. C’est le soir du Jeudi-Saint, c’est le soir de l’amitié intense, de l’union profonde de ton Cœur avec le cœur de chacun de tes apôtres. Ils n’ont pas tout compris de ton enseignement, mais ils T’aiment. Ils ne comprennent pas, ce soir, ce que Tu veux leur enseigner; c’est trop fort pour eux. Mais Toi, Jésus, Tu sais que Tu es déjà glorifié, Tu sais que le Père T’aime et que Tu fais toujours sa volonté.

Jésus, Tu es glorifié, et ton Cœur est action de grâces. Mais Tu dois partir, il le faut. Cependant Tu as promis de ne pas nous laisser orphelins, d’être avec nous jusqu’à la fin du monde... Mais comment cela se fera-t-il si Tu dois retourner vers le Père, si Tu dois être torturé, crucifié, et mourir sur la Croix? Oui, comment cela se fera-t-il? Comment pourras-Tu tenir tes promesses?

Jésus, Tu rends grâces au Père qui exauce toujours tes prières... Tu prends le pain,  fruit du travail des hommes, nourriture quotidienne des hommes affamés... Tu prends le vin, Jésus, le vin des bénédictions, le vin de la joie, le vin qui réjouit le cœur de l’homme.

Jésus ! Tu prends le pain, Tu prends le vin, et Tu rends grâces: la Pâque que Tu avais tellement désirée est arrivée. Le jour de ton triomphe, le jour de ta glorification est là. Tu retournes au Père, mais Tu veux rester avec nous, Tu veux être réellement présent près de nous, toujours parmi nous. Ta Présence réelle et éternelle, Tu nous la confies, Jésus:

– Voici mon Corps, livré pour Vous: il est votre nourriture. Voici mon sang, versé pour vous: il est votre breuvage. Mangez-moi, buvez-moi. Je suis votre force, je suis votre Ami, je suis avec Vous jusqu’à la fin du monde, éternellement avec vous.

Jésus, Tu sais que ta Passion est imminente. Tu sais que les heures qui viennent seront terribles. Mais ici, au Cénacle, au milieu de tes amis, Tu rends grâces et Tu es heureux. Jésus, Tu viens de nous donner ton Eucharistie, Tu viens de rendre grâces, Tu es glorifié. Bientôt, quand tes apôtres seront revenus de leurs faiblesses, quand ils auront reçu ton Esprit-Saint, ils comprendront, et comme Toi, ils sauront donner leur vie, pour Toi et pour tes amis.

Ton Cœur, Jésus est plein de joie et d’amour. Ton Cœur est dans la paix, la paix que Tu nous donnes aussi. Ton Cœur est amoureux des hommes, de tous les hommes que Tu as rachetés, sauvés. Ton Cœur, Jésus est bienheureux. Tu repenses, Jésus aux béatitudes que Tu as proposées à tes enfants et ton Cœur, ton Cœur de Dieu, ton Cœur de Fils de l’Homme déborde d’affection et de tendresse...

Jésus, quand nous regardons ton tabernacle, nous savons que Tu es là, présent, vivant, plein de la tendresse de Dieu pour ses enfants. Ton action de grâces continue et monte comme un encens devant Dieu et devant les hommes. Ton action de grâces est infinie, plénitude de joie, plénitude d’Amour, plénitude de paix, plénitude de miséricorde et de pardon. 

Cœur Eucharistique de Jésus, Cœur du bonheur infini de Dieu qui se donne à nous par son Fils, Cœur Eucharistique de Jésus, Tu es heureux. Jésus, nous Te contemplons dans ton Eucharistie, et nous T’aimons.

Nous allons essayer encore de contempler ta Cène, de Te revoir, Jésus, au Cénacle,  et de contempler le brasier ardent de ton Cœur qui nous fait le don de ton Amour, de ton être tout entier qui va être livré pour notre salut. Nous Te contemplons, Jésus, instituant l’Eucharistie. Tu Te livres à la mort, mais Tu es glorifié, le Père Te glorifie et bientôt Tu seras ressuscité. Et ton Eucharistie, ce sera Toi, vivant et glorieux, car Ressuscité d’entre les morts, Premier né d’entre les morts. Et ton Eucharistie, Toi livré, mort et ressuscité, c’est Toi glorieux toujours présent sur notre terre, multiplié à l’infini, dans tous les siècles, dans toutes les régions de la terre, c’est Toi l’Amour infini de Dieu, l’Amour qui Te lie au Père dans l’unité de la Sainte Trinité, c’est Toi, Jésus, vivant au milieu des hommes que Tu aimes et qui font tes délices.

Lorsque Tu inventas l’Eucharistie, Tu savais que les hommes pécheurs, c’est-à-dire nous tous, Tu savais que les hommes pécheurs cherchaient à Te tuer, qu’ils allaient Te crucifier dans des conditions atroces, Tu savais que beaucoup mépriseraient ton sacrifice... Tu savais, et pourtant Tu continuais à nous aimer, Tu suppliais le Père de nous pardonner... Et Dieu-Trinité dont Tu es, continuait à faire ses délices de la compagnie des hommes!

Mais qu’est Dieu ? Et qu’est l’homme pour qu’il soit aimé ainsi ?

Jésus-Eucharistie, Jésus vivant chez nous pour nous montrer le chemin qui mène à Dieu, le chemin de l’Amour, nous essayons d’entrer dans ton Cœur, d’entrer dans ton Amour, mais ce n’est pas facile: nous n’avons que des mots d’hommes quand il faudrait les mots de Dieu, nous n’avons que des petits cœurs d’hommes quand Il faudrait l’immense Cœur de Dieu. Nous n’avons que de pauvres amours d’infinie petitesse, de pauvres amours pécheurs, blessés et misérables, boiteux de trop d’infirmités, et Toi, Tu es l’Amour infini de Dieu-Créateur-et-Amour, Amour de toute pureté, de tout don, et de toute puissance.

Notre cœur est sec, Jésus, et Tu es la Tendresse, la douceur, la compassion, le pardon, l’accueil et la consolation. Notre Cœur Te cherche, Jésus, pour entrer dans ton Cœur et se donner à Toi. Notre cœur Te cherche, Jésus, et notre âme Te contemple pour contempler l’Amour.

Jésus-Hostie, Jésus-Eucharistie, Jésus-pour-nous, Jésus-avec-nous, Jésus présent au milieu des hommes, dans tous les tabernacles du monde, Jésus-Amour et notre amour, Jésus-Eucharistie, nous T’adorons et nous T’aimons.

Jésus-Eucharistie, Cœur de la deuxième personne de la Trinité, Cœur de Jésus éternellement uni au Cœur du Père, Jésus, un avec le Père et l’Esprit, Jésus-Eucharistie, Tu es le Cœur de Dieu sur la terre, Tu es le Cœur de Dieu, UN et Trine, au milieu des hommes. Cœur de Jésus, Cœur de Jésus-Hostie, de Jésus Eucharistique, de Dieu-Eucharistie, Cœur de Jésus, nous Te contemplons et nous T’adorons. Nous T’aimons aussi... mais si mal, car nous ne sommes pas de taille, pas à la bonne taille. Cœur de Jésus-Eucharistie, laisse-nous Te contempler, Te vénérer, T’adorer, et Te dire tout notre amour, même si c’est un pauvre amour, même si c’est avec nos pauvres mots humains.    

Cœur Eucharistique de Jésus, le Père est toujours avec Toi, l’Esprit jaillit de ton Cœur et du Cœur de ton Père. Cœur de Jésus UN avec le Cœur du Père et l’Amour qu’est l’Esprit, Cœur de Jésus, Cœur de Dieu, nous T’adorons dans l’Eucharistie. Et nous savons qu’en adorant l’Hostie de ton Eucharistie, c’est Toi Jésus que nous adorons. Nous savons qu’en adorant ton Cœur Eucharistique, nous adorons aussi le Père, nous adorons aussi l’Esprit, nous adorons le Dieu unique.   

Tu es, ô Cœur de Jésus, Cœur Eucharistique de Jésus, Cœur du Christ ressuscité,  Tu es, Jésus-Hostie, la Présence de Dieu au milieu de nous. La présence de QUELQU’UN, ce QUELQU’UN qui nous aime et que nous cherchons. Mais, Seigneur, envoie ton Esprit saint pour que nous Te trouvions, Toi, la joie de Dieu.

Cœur Eucharistique de Jésus-La joie de Dieu et notre joie

Cœur Eucharistique de Jésus, Tu es la Joie de Dieu. Jésus, envoie ton Esprit-Saint pour qu’Il remplisse nos cœurs de ton Amour, de la joie de ton Eucharistie, de l’humilité de ton Cœur Eucharistique. Envoie-nous ton Esprit-Saint pour qu’Il nous fasse découvrir le bonheur de ton Cœur Eucharistique. 

Il est toujours bouleversant de lire les témoignages des martyrs contemporains. Ainsi, celui de Mgr Van Thuan, archevêque de Saïgon, qui passa treize ans en prison. Il nous dit comment le Seigneur lui montra qu’il fallait distinguer entre Dieu et les œuvres de Dieu; le Seigneur lui fit comprendre aussi qu’il devait choisir Dieu, et pas les œuvres de Dieu. Il raconte comment, avec trois gouttes de vin, une goutte d‘eau et un petit morceau d’hostie, le soir, dans l’obscurité, caché sous une couverture, il célébra les plus belles messes de sa vie. Et il se souvient de la manière dont, sous les moustiquaires, il passait la communion aux prisonniers chrétiens.

Mg Van Thuan raconte également comment, chaque semaine, après les séances de lavage de cerveau, il profitait des pauses pour distribuer à chaque groupe de la prison un petit sachet (de papier à cigarette récupéré) contenant une parcelle de l’Eucharistie:

“L’un des prisonniers du groupe a l’Eucharistie dans sa poche. Ils sont heureux parce qu’ils se savent près de Jésus. Et le soir, ces prisonniers, qui souvent avaient abandonné la pratique ou vivaient une vie plus ou moins chrétienne, retournent de plus en plus vers Jésus. C’est l’Eucharistie qui opère la conversion et chaque soir, l’un après l’autre fait l’Heure Sainte, pour veiller auprès de Jésus pendant la nuit, malgré les fatigues du jour.”

Cœur Eucharistique de Jésus, Joie de Dieu, Tu es vraiment la joie des hommes, Tu es la force qui nous soutient dans les combats de la vie, Tu es la Vie, notre vie, celle que ta bonté nous donne, la Vie de Dieu, ta vie d’Amour que Tu nous confies pour que nous fassions tes délices. Jésus-Eucharistie, nous contemplons ta joie, et nous voyons ton humilité.

Jésus-Hostie, nous contemplons ta solitude dans les tabernacles, nous contemplons ton humilité; parfois nous nous effrayons du mépris dans lequel on Te tient, surtout dans nos pays occidentaux. Nous pleurons aussi en voyant les innombrables sacrilèges qui se commettent, car peu de gens savent encore que Te recevoir en état de péché mortel, c’est un sacrilège. Tant de gens ne savent plus ta présence, ta Présence réelle dissimulée dans l’Hostie, dans toutes les Hosties, étincelles d’amour de ton Amour divin.

Jésus, nous ne comprenons pas ton apparente inertie, et souvent nous avons  envie de nous fâcher: mais enfin, Seigneur, agis, cesse de Te laisser faire ainsi, de Te laisser malmener, outrager, humilier. Jésus, Tu es Puissant, Tu es la Force de Dieu, Tu es la Vie, Tu es la Vérité. Fais que nous la connaissions ta Vérité! Tu es le Chemin: montre-le nous. Jésus, fais quelque chose, manifeste-Toi!

Tout ceci est d’une stupidité rare car nous oublions généralement que Tu as dit: “Apprenez de Moi que je suis doux et humble de Cœur.” Tu es toujours humble dans ton Eucharistie, Toi, doux et humble de Cœur. Tu dois demeurer dans une extrême petitesse pour atteindre tous les petits de la terre, tous les humbles de la terre, les méprisés de nos sociétés, les oubliés des lois sociales, les blessés par le manque d’amour. Tu dois être solitaire pour entrer dans les cœurs délaissés et trop abandonnés. Tu dois être méconnu pour atteindre les persécutés, les prisonniers des prisons des régimes totalitaires, pour rendre leur liberté aux prisonniers à cause de ton Nom. Tu dois être oublié pour que ceux que l’on oublie ne soient plus seuls.

Jésus Tu dois rester petit pour pouvoir aller jusque dans les cœurs les plus meurtris par la haine des hommes. Tu dois être prisonnier pour nous donner ta liberté. Tu dois souffrir la haine des bourreaux de tous les temps pour leur porter ton Amour...

Jésus, ton Eucharistie, c’est ta Joie. Ton Eucharistie c’est ta Présence qui apaise, qui panse les plaies, qui redonne courage, qui donne l’espérance et qui permet aux désespérés de pouvoir vivre encore et de trouver ta Joie. Jésus ton Eucharistie, c’est la joie qui console les cœurs des hommes pécheurs.

Jésus, ton Eucharistie, c’est notre consolation. Merveille des merveilles! Jésus, dans ton Eucharistie Tu es Joie, Tu es Vie. Et ton humilité, Jésus, c’est ta grandeur! Mais voici qui est encore plus étonnant: la joie de ton Eucharistie, l’humilité de ton Cœur Eucharistique, ce fut aussi la consolation de ton Agonie.

Présence réelle de Jésus Vivant et tendresse de Dieu

Quand on pense à l’Eucharistie, on peut parfois être étonné, et même se demander: “Est-ce possible que Jésus soit vraiment là?” Une réflexion approfondie devient nécessaire pour, non pas comprendre l’incompréhensible divin, mais au moins conforter notre foi. Il suffit de regarder un peu autour de soi pour constater que même les choses les plus simples nous entourant renferment bien des mystères.

Nous n’avons qu’une seule possibilité de connaître le monde: nos sens. Et encore, ils sont incroyablement limités; de toutes les forces qui nous entourent, nous ne connaissons à peu près rien. Pour en détecter quelques-unes, il nous faut des instruments parfois très sophistiqués. Même les forces que nous connaissons le mieux et que nous utilisons tous les jours, comme l’électricité, restent indétectables par nos seuls sens. Nous n’en percevons que les effets.

Nous savons si peu de choses de la création dans laquelle nous sommes plongés. Tant d’éléments nous sont cachés qui existent pourtant. Les scientifiques savent depuis longtemps qu’on ne peut plus se contenter de “ne croire que ce que l’on voit”. Nous commençons à mieux savoir que tous les êtres vivants, animaux ou végétaux, émettent des signaux, révélant des réactions profondes et vraies chez ces êtres qui ne peuvent pas communiquer avec nous. Nos sens humains ne voient rien, ne sentent rien, n’entendent rien, et pourtant les êtres vivants sont capables de sensations et peut-être de “sentiments”. 

Mais l’Eucharistie dans tout ceci? C’est exactement la même chose. Même si nous ne voyons que du pain apparemment inerte, insensible, Jésus est pourtant là, vivant, présent, plein d’amour et de tendresse pour les hommes qu’Il attend.

Le Cœur de Jésus Eucharistique bat pour nous au rythme de l’Amour, au rythme du Cœur de Dieu. Et l’on peut supposer que lorsque des saints mystiques nous disent que Jésus se plaint de nos froideurs, de notre manque de foi, de nos indifférences, ils ne sont peut-être pas aussi illuminés que certains veulent le laisser croire.

Quand le Cœur de Jésus révèle à Marguerite-Marie, ou à d’autres mystiques, qu’Il nous aime à la folie, que son Cœur est plein d’Amour, de tendresse pour nous, que son Cœur est un cœur chaud, vivant, qui brûle d’Amour et de vie, nous avons tendance à considérer ces révélations privées comme les imaginations d’esprits un peu exaltés. Pourtant! La vérité est peut-être là, plus vraie, plus réelle que ce que nous voyons, que ce que même nous croyons. Car nos sens sont peu ouverts aux forces qui nous entourent et dont certaines nous “créent” constamment. Notre cœur est souvent si sec, si aride et fermé qu’il est incapable de sentir les battements de l’Amour, la Présence de Dieu.

Parfois, pour nous extraire de notre monde mort à Dieu, Jésus veut faire “sentir” sa présence, son Amour, la réalité de sa Vie. Jésus Eucharistie est vraiment vivant, car Il est le Vivant. Il y a eu, au cours des siècles, de nombreux miracles eucharistiques pour nous le prouver.

Quelle merveille! Ainsi notre science dont nous sommes si fiers et que nous utilisons si mal, peut aussi servir notre foi. Il nous reste à découvrir la tendresse de Dieu dans son Eucharistie.

Quelques prophètes dont les textes sont rassemblés dans l’Écriture sainte, ont cherché à nous faire comprendre la tendresse de Dieu. Ils nous font part de ses reproches: “Vous avez fait de Moi un Dieu dur, un Dieu dont la justice est terrible, un Dieu au Cœur impitoyable...”  Pourtant, l’Amour de Dieu, même dans l’Ancien Testament déborde de sa tendresse. Partout Dieu se présente comme un Père aimant, comme une Mère pleine de tendresse, de bonté, de gentillesse, de chaleur humaine. Dieu est Père et Mère, Dieu est Famille et son nom est Amour, et son nom, pour les hommes pécheurs que nous sommes, est Miséricorde.

Il ne faut jamais oublier la tendresse de Jésus, sa tendresse humaine, amoureuse, maternelle, paternelle ou fraternelle, en un mot, sa tendresse sensible. Nous sommes des êtres sensibles, faits de chair et de sang, et nous n’avons pas à vivre comme des Anges. Car “qui veut faire l’ange fait la bête!”

Tous les matins, l’Église fait prier le Benedictus, la fameuse prière de Zacharie, père de saint Jean Baptiste. Nous y lisons : “Et toi, petit enfant... pour donner à son peuple de connaître le salut, grâce à la tendresse, à l’amour de notre Dieu, quand nous visite l’astre d’en haut.” Oui, depuis que Dieu s’est révélé aux hommes, depuis qu’Il a révélé son Amour, Il nous a manifesté sa tendresse!

Les chrétiens connaissent tous la Miséricorde de Dieu, Miséricorde liée au péché, mais également la tendresse du Père, son amour proche, intime, plein de sollicitude, de bonté, de délicatesse, de gentillesse. L’Amour de Dieu sait se manifester comme un amour humain sensible car nous sommes des êtres de chair et de sang qui ne pouvons connaître que par nos sens. Nous sommes chair, corps et âme, et pas seulement esprit, pas seulement intellect. Et nous avons parfois besoin des caresses de la tendresse de Dieu, nous avons parfois besoin de “sentir” que Dieu est un Père plein d’Amour, et une Mère qui sait câliner ses petits.

Notre monde en folie veut chasser l’Amour, veut bannir la vie. Mais notre monde appelle le secours de Dieu et sa Miséricorde, c’est-à-dire sa tendresse pour tous les hommes, même s’ils se sont égarés, souvent malgré eux ou à leur insu. Le Christ savait la détresse des hommes pécheurs, aussi nous a-t-il laissé son Eucharistie, sa Présence réelle parmi nous.  Et le Cœur de Jésus présent dans son Eucharistie, son Cœur Eucharistique, c’est la tendresse de Dieu pour nous.

Eucharistie, Cœur de Jésus, Cœur Eucharistique de Jésus, tendresse de Dieu pour nous, ses enfants! Présence de Dieu vivant parmi nous... Pourquoi ne le savons-nous plus? Pourquoi le taisons-nous? Dieu le Père est tendresse pour le Fils et pour nous. Dieu le Fils est tendresse pour nous dans son Eucharistie. Dieu Esprit est tendresse d’Amour dans la Trinité Sainte.

Cœur de Jésus, Cœur Eucharistique de Jésus, Tu es la Tendresse du Père dans l’amour de l’Esprit-Saint!

L’Eucharistie, c’est le Cœur brûlant d’Amour de Jésus qui retourne au Père. L’Eucharistie, c’est aussi le Cœur brûlant d’Amour de Jésus qui veut rester avec nous sur la terre.

Ô Seigneur ! Si votre Eucharistie est le Pollen sacré qui féconde les fleurs que sont les enfants des hommes pour qu’elles produisent des fruits de sainteté, de la même façon que la sainteté de l’homme vivant en Dieu est la Gloire du Père, alors, Jésus, votre Eucharistie, votre Cœur Eucharistique qui féconde les fleurs de sainteté, c’est la Gloire du Père ! Ô Seigneur, laissez-nous quelques instants pour contempler cette merveille : votre Cœur Eucharistique, fierté du Père, est aussi sa gloire...

Jésus ton Cœur Eucharistique, ton Corps Sacré, Pollen divin que Tu nous partages tous les jours, ton Sang versé pour l’éternelle joie, c’est la Gloire du Père! Jésus fait homme pour sauver les hommes, Jésus obéissant jusqu’à la mort, et la mort sur une Croix, Jésus humilié, méconnu, rejeté et maintenant délaissé, Jésus eucharistié dans une éternelle action de grâce, Jésus, Tu nous donnes ton Cœur qui résume tout ce que Tu es pour nous. Tu nous partages la Gloire, la Gloire du Père quand Tu nous donnes ton Eucharistie!...

L’Amour de Dieu, dans toute l’Écriture sainte, déborde de sa tendresse. Partout Dieu se présente comme un Père aimant, comme une Mère pleine de tendresse, de bonté, de gentillesse, de chaleur, de chaleur humaine. Dieu est Père et Mère, Dieu est Famille et son nom est Amour, et son nom, pour les hommes pécheurs que nous sommes, est Miséricorde.

Alors ? D’où vient que si souvent nous oublions la tendresse de Dieu, la tendresse de Jésus, sa tendresse humaine, amoureuse, maternelle, paternelle ou fraternelle, en un mot sa tendresse sensible. Nous sommes des êtres sensibles, faits de chair et de sang, et nous avons voulu vivre comme des Anges... 

Nous ne sommes que presque rien, perdus dans le cosmos qui nous semble infini malgré ses limites que nous devinons sans les connaître, sans les appréhender. Où allons-nous ? Que sommes-nous, si petits, si minuscules, totalement dépendants de... mais au juste de quoi ? Que sommes-nous et où allons-nous entraînés malgré nous dans la course effrénée des éléments constituants de l’univers, le nôtre -mais peut-être y en a-t-il un ou plusieurs autres que nous ignorons- entraînés dans cette course aveugle et monstrueuse qui conduit vers... vers quoi, vers quel but ? Et y a-t-il un but ?

Et que sont ces éléments matériels qui nous sont si familiers, que nous croyons connaître, mais qui ne sont en fait que des arrangements étonnants mais inconnus de forces que nous ne soupçonnons même pas? Qui sommes-nous ? Où allons-nous ? Pire, existons-nous ? Affrontés à ces mystères terribles, nous pouvons nous sentir comme entraînés dans ces flots agités des mondes inconnus, perdus, impuissants, livrés à ces énergies qui nous dominent, et dont nous avons peur... Et nos intelligences défaillent, et nos corps se tordent d’effroi, d’angoisse, de vertige innommable.

Alors spontanément nous nous tournons vers Dieu... Mais où est-Il ? Lui le Maître et créateur de tout, comment peut-Il nous connaître, nous qui sommes si infimes, comme inexistants dans ces univers démentiels? Et qu’est notre humanité qui ne vaut pas plus que chacun d’entre nous malgré ses milliards d’unités. Et comment Dieu peut-Il nous aimer ? Et, question essentielle, comment Dieu-Fils a-t-Il pu vouloir s’incarner dans une chair humaine, prendre un corps qui n’est rien, et vivre avec nous qui ne sommes que des riens perdus dans nous ne savons quel néant ?

Oh ! Mon Dieu! Quand vous nous conduisez en esprit, dans ces mondes sidéraux pour nous faire prendre conscience de la réalité de notre néant, comme s’éclaire la remarque de Jésus à Catherine de Sienne : “Je suis Celui qui suis, Tu es celle qui n’est pas!” Et pourtant Dieu nous aime!!!

Tu es le Seul, Jésus, Fils de Dieu, à nous avoir enseigné toute la profondeur de la Loi de Dieu, c’est-à-dire la Loi de l’Amour, à avoir mis en pratique la volonté du Père. Et à nous avoir donné l’exemple en vivant avant nous, avec nous et pour nous ce que nous devions mettre en pratique.

Alors, nous Te contemplons, Jésus, Fils de Dieu, d’abord à Nazareth, là où pendant trente ans Tu as vécu, avec Marie et Joseph, ce que nous appellerons plus tard la pauvreté évangélique. Nous Te regardons vivre, Jésus, Toi le Pauvre de Cœur selon le Cœur de Dieu. Nous Te regardons, Jésus, pour Te comprendre, et mieux T’aimer.

Jésus, à Nazareth, Tu vis dans un milieu de juifs pieux. Chez Toi, comme dans la plupart des autres foyers, on vit selon la Loi juive. Et le Seigneur est constamment présent à tous les instants de la vie. Tu vis dans ce milieu, Jésus, avec les tiens, au sein de la Sainte Famille. Et rien ne distingue la Sainte Famille de Nazareth des autres familles du pays, aucune singularité.

Jésus, à Nazareth Tu vis comme tous les autres juifs pieux. En Te levant, Tu pries. Avant de prendre tes repas, Tu pries pour remercier Dieu de ses dons. Les plus humbles actions de la vie humaine sont toutes accompagnées de prières adéquates. Ton travail est offert au Père. Tu reçois les clients en rendant grâce. Tu souris, Seigneur, et Tu ne fais payer que le juste prix; parfois même, Tu oublies de Te faire payer quand celui qui est là, devant Toi, n’a pas les moyens de le faire.

Jésus, Tu n’écrases personne. Ton foyer est pauvre, mais il est digne. Il y a tout ce qu’il faut chez Toi, et Marie est économe, et Joseph est un excellent professionnel: il travaille vite, et bien. Il y a tout le nécessaire pour vivre chez Toi, Jésus, tout, sauf le luxe. La vie simple mais digne Te suffit; la vie simple de la Sainte Famille est la source du bonheur. Chez Toi, Jésus, on prie, on rend grâce, on partage avec ceux qui n’ont rien, on n’envie pas ceux qui ont plus: on est heureux chez Toi, Jésus. Tu vis selon le Cœur de Dieu. Il fait pauvre chez Toi, Jésus, mais c’est la pauvreté des pauvres de cœur, de ceux qui possèdent le Royaume de Dieu.

Jésus, apprends-nous ton Amour, apprends-nous à vivre, avec Toi, chez Toi, ta pauvreté, la pauvreté des pauvres de cœur, la pauvreté des humbles et des doux. Jésus, Dieu-vivant, incarné dans un corps d’homme, Tu es QUELQU’UN, Tu es Dieu, et Dieu est QUELQU’UN.

Cœur Eucharistique de Jésus

Jeudi Saint, jour béni, jour de joie infinie pour Jésus, jour de son l’Action de grâces éternelle de Jésus Fils de Dieu! Et joie pour les hommes qui accueillent le don de Dieu.

Jeudi Saint ! Jésus sait qu’Il va mourir, dans d’atroces souffrances et livré par l’un de ses meilleurs amis...

Depuis qu’Il est au monde Jésus ne cesse de dire oui au Père, et aujourd’hui encore Il fait la volonté du Père, cette volonté si déconcertante que parfois Jésus Lui-même en frémit. Aujourd’hui, c’est l’Heure de Jésus, cette Heure qu’Il a désirée d’un si grand désir, puisqu’Il était venu pour elle. Mais cette heure est particulièrement douloureuse car c’est l’Heure de notre Rédemption. C’est aussi l’Heure de l’Amour, de l’Amour de Dieu qui se donne, qui se livre pour nous faire entrer dans l’Amour. Mystère de l’Amour, mystère de la douleur de l’Amour, mystère impossible à comprendre, mystère qui oblige l’homme à se prosterner pour adorer.

Jeudi Saint, mystère du Cœur Eucharistique. Mystère du Cœur de Jésus, du Sacré-Cœur qui va jusqu’au bout de l’amour.

Jésus sait qu’Il va mourir. Jésus sait qu’Il sera abandonné de tous. Jésus sait que son Agonie quotidienne va atteindre tout-à-l’heure un paroxysme exceptionnel, tellement infini car à la taille de Dieu, que, Verbe de Dieu, Il suppliera pourtant le Père d’éloigner le Calice. Jésus sait, mais Il sait aussi que l’Homme, malgré toutes ses misères dues au péché, -ce péché qui l’enserre et lui ôte sa liberté-, Jésus sait que l’Homme est un pauvre petit qui a été trompé, un pauvre petit malheureux mais capable d’amour, et même souvent de beaucoup d’amour.

Jésus sait que les hommes sont des pauvres trop souvent malmenés par les puissances mauvaises qu’ils ne détectent pas toujours. Jésus sait que ses amis L’aiment vraiment malgré leur immense fragilité. Jésus sait qu’Il ne peut laisser seuls ses apôtres désemparés. Alors Jésus rend grâces, car dans quelques instants Il donnera son Corps, Il donnera son Sang, mais son Corps livré et son Sang répandu resteront présents aux hommes dans le Pain et le Vin sacrés, la nourriture de Vie envoyée à tous les hommes, de toutes races, de toutes nations, dans toutes les parties de la terre, étincelles d’amour multipliées partout et pour les siècles des siècles. Et Jésus sait cela, et Jésus est heureux, et Jésus rend grâces au Père.

C’est la Pâque nouvelle de la Nouvelle Alliance. Jésus est au milieu des siens et son Cœur, déjà, saigne d’Amour. Jésus sait que Judas le trahit, en ce moment même, car le cœur de Judas s’est donné à Satan. En ce moment même Jésus sait que, dans quelques instants, tous ses apôtres s’enfuiront, L’abandonneront. Et Pierre Le reniera! Mais Jésus sait qu’ils reviendront de leurs péchés, qu’ils se convertiront, qu’un jour ils accepteront tous le martyre par amour. Jésus sait qu’ils seront fidèles car ils pourront sans cesse puiser des forces en mangeant le Pain de Vie, en buvant le Vin d’Amour, le Pain qu’Il va donner maintenant, le Vin qu’Il va distribuer.

Jésus est heureux et son action de grâces, qui remplit l’univers, monte vers le Père en un hymne plein d’amour. Le Cœur de Jésus est action de grâces: “Prenez, et mangez-en tous car ceci est mon Corps qui va être livré pour vous, pour vous donner ma vie. Prenez et buvez-en tous, car ceci est mon Sang qui va être répandu pour vous, le sang de l’Alliance Nouvelle et éternelle, le Sang de la Rédemption, le Sang du Sacrifice unique et éternel, le Sang de l’Amour Eucharistique, le Sang du Cœur Eucharistique.”

Dans deux ou trois heures, pas plus, Jésus va commencer son Chemin vers la Croix. Son humanité tremble en pensant à ce qui L’attend... Mais pour l’instant, son Cœur est action de grâces, car Il sait que le Père agrée le Sacrifice qui glorifie le Fils. Le Cœur de Jésus n’est que bonheur car Il sait qu’Il sera toujours avec les enfants des hommes, s’ils le veulent, et qu’ainsi ils ne seront jamais seuls, ils ne seront jamais abandonnés aux pièges de l’Ennemi, même les plus redoutables.

Jésus sait que l’Espérance renaît et son Cœur Sacré, son Cœur Eucharistique, est inondé d’amour et de joie.

Les apôtres n’ont pas très bien compris l’incomparable don que Jésus vient de leur faire; qu’importe, ils comprendront plus tard...

Jésus sait qu’Il a vaincu la mort, qu’il a vaincu Satan, qu’Il a vaincu le mal. Il sait que le monde est sauvé, Il sait qu’un jour l’Amour régnera sur la terre. Et cela L’emplit de bonheur.

Cœur Eucharistique de Jésus sois à jamais béni!

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