CHEMIN DE SAINTETÉ
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Comment passer la journée saintement
«Ma chère Fille, que votre principale maxime soit de servir Dieu avec ferveur, vous souvenant dès le moment de votre réveil, soit le matin ou de nuit, que tout ce que nous pouvons faire pour la gloire et le service de Dieu est bien au-dessous de ce que nous Lui devons, à ce titre même de simple créature, sans compter ce à quoi nous Lui sommes obligés en qualité de ses épouses, du nombre desquelles vous avez le bonheur d’être, par un choix particulier de son amour, et non point par hasard, ni inclination de votre jeunesse, ni poursuites de vos parents. "Que tous les jours de votre vie soient donc de nouveaux jours de ferveur. Dès le point de votre réveil, souvenez-vous des paroles de l’Époux: “Venez, ma colombe, au trou de la pierre”, c’est-à-dire de son côté, puiser de l’amour de son cœur pour en remplir le vôtre, afin de conserver son souvenir le reste du jour. Allez à l’Office divin, entendez la sainte Messe, vaquez et conversez dans l’esprit de victime destinée à être égorgée sans cesse, par la mort à vous-même, à tous vos sens et passions, ce que vous obtiendrez par la fidélité à la sainte oraison, si vous y êtes fidèle: 1° à n’y jamais manquer; 2° à ne rien épargner pour vous la rendre fructueuse; ainsi que je vous l’ai déjà marqué ailleurs. Dans le reste du temps de vos exercices, et parmi les emplois et offices, n’épargnez pas les points de lecture spirituelle, courts et succincts: le livre de l’Imitation, ou d’autres livres de sentences sont tout propres pour cela. Que les oraisons jaculatoires soient votre entretien fréquent; mais je souhaiterais que vous les fassiez sur les principes qui doivent animer nos actions et entretiens, c’est-à-dire selon les occasions que vous en avez journellement, comme par exemple quand vous voyez ou entendez quelque misère, souffrance, pauvreté corporelle ou spirituelle dans les autres, que vous disiez en vous-même: O mon Dieu, pourquoi gratifiez-vous ainsi votre chétif créature, que vous la préserviez de telle peine ou indigence? Quelle reconnaissance vous dois-je, ô mon Dieu! ou autre semblable. Si vous voyez ou entendez dire que les riches manquent de compassion pour les pauvres, que les ignorants sont sans instruction, que les bons sont opprimés, calomniés, comme cela se répand souvent dans les conversations, tâchez, de même, de former des conceptions humbles et charitables qui vous fassent réparer, autant qu’il est en vous, la gloire que Dieu perd par les outrages qu’Il reçoit des pécheurs. Cette occupation est salutaire, et de grande utilité pour empêcher de meubler l’esprit des dissipations qu’apportent les conversations avec les gens du siècle; ce que je vous conseille de faire autant que vous pourrez, car ce n’est qu’un air empesté. Voilà ce que j’ai cru vous devoir marquer pour répondre à vos désirs. Pour ce qui est de votre autre article sur la peine que vous pouvez avoir de ce que l’on ne vous accorde pas pour le bien du prochain, je remercie Notre-Seigneur des sentiments qu’Il vous donne là-dessus; mais je vous dis, ma chère Fille, qu’il faut gémir de voir une moisson si grande et si peu d’ouvriers. je veux dire que tant de personnes passent, ou, pour mieux dire, perdent le temps et l’argent à se parer, nourrir, vêtir, divertir. Cependant, « le juste périt », dit le Prophète. Personne n’y prend garde et ne veut aider à sauver une âme, ni par ses soins charitables, ni par dépense, bien qu’il ne faudrait pour cela qu’une partie du superflu. Bénissez Dieu de ce qu’Il vous à retirée des engagements du siècle et des convoitises, où vous vous seriez peut-être laissée engager comme les personnes pour lesquelles je vous exhorte de gémir et de répandre des larmes devant Celui qui a donné son sang pour vous. C’est en son amour que je suis tout à vous».
Bienheureux Nicolas Roland, "Lettres
spirituelles",
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